Ecarts revenus : mea culpa du réd-chef des Echos

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Les inégalités ont-elles augmenté, ou sont-elles stables ? Dans une chronique publiée la semaine dernière, le rédacteur en chef France et International des Echos, Dominique Seux, par ailleurs chroniqueur à France Inter, écrivait qu'il n'y avait pas d'explosion générale des inégalités. La preuve, avançait-il : l'écart du niveau de vie entre les plus riches et les plus modestes serait "stable depuis 15 ans". Mais il s'était fondé sur une lecture erronée des chiffres de l'Insee, comme il l'a reconnu dans une nouvelle chronique.

La semaine dernière, Dominique Seux écrivait que "l’Insee tord le cou à un fantasme, celui sur l’explosion générale des inégalités. Le niveau de vie de 10% de Français les plus aisés est 3,4 fois plus élevé que celui des 10% les plus modestes. 3,4 fois, ce rapport est le même depuis 15 ans au moins. Que le gouvernement soit de droite ou de gauche". Une lecture des chiffres aussitôt contestée dans les commentaires par un internaute, selon qui l'écart de niveau de vie s'est bien accentué entre les plus riches et les plus pauvres.

Effectivement. En réalité, comme l'a reconnu Seux dans une nouvelle chronique, il a confondu "deux choses : les bornes et les moyennes". C'est-à-dire ? Le chiffre de 3,4, cité par erreur par Seux, correspond en fait à l'écart qui existe entre le "niveau de vie plancher" des 10% personnes les plus aisées et "le revenu plafond" des 10% les plus modestes. En clair, ce chiffre de 3,4 mesure l'écart entre deux niveaux de revenus: celui au-dessus duquel on est compté parmi les 10% les plus riches de la population, et celui en-dessous duquel on fait partie des 10% les plus pauvres.

Selon l'INSEE, en 2009 (derniers chiffres disponibles), les 10% les plus modestes ont un niveau de vie inférieur à 10 410 euros par an et par personne, alors que les 10% les plus aisés ont un niveau d'au moins 35 840 euros par an. Mais ces chiffres sont des seuils, et ne disent rien de la moyenne des revenus des groupes concernés.

Pour affiner la comparaison, l'INSEE établit donc des moyennes au sein de chaque décile (groupes rassemblant 10% de la population). Ainsi, en 2008, les 10% les plus riches avaient un niveau de vie moyen évalué à 53 800 euros par an (bien supérieur, c'est logique, au seuil de 35 840 euros nécessaire pour être compté parmi les riches). Les 10% les plus pauvres avaient quant à eux un niveau de vie moyen de 8 070 euros (largement inférieur, donc, au seuil). Et c'est précisément l'écart entre ces niveaux de vie moyens qui s'est accentué entre 2003 et 2008. "L’écart entre les 10% les plus pauvres et les plus riches s’est accru de 10% en cinq ans", reconnaît finalement Dominique Seux.

Comment l'expliquer ? "Les écarts de niveau de vie ont progressé en raison de l’envol des revenus, non pas de la catégorie relativement large du dernier décile (comme on dit), mais des très hauts revenus. Le dernier pour cent, ou le dernier millième. Ce sont ces quelque dizaines de milliers-là qui expliquent les évolutions d’ensemble", affirme le rédacteur en chef. Qui reconnaît que "l’envie de simplifier pour clarifier, et de résumer pour expliquer, conduit parfois à déformer".

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