"Sarko m'a tuer", premier livre-choc de la rentrée
La rédaction - - 0 commentairesLa Une de Libération, les bonnes feuilles et une interview des auteurs dans L'Express, un service avant-vente assuré sur Lemonde.fr ou Europe 1 : le livre de Gérard Davet et Fabrice Lhomme, Sarko m'a tuer (éd. Stock), premier poids lourd de la rentrée médiatico-éditoriale, bénéficie ce mercredi 31 août d'un impressionnant plan com'. Appuyé sur une révélation-choc (même si le livre en comporte beaucoup d'autres) : la juge Isabelle Prévost-Desprez, qui a instruit l'affaire Bettencourt, révèle dans ce livre qu'un témoin lui a confié, hors procédure, avoir vu Nicolas Sarkozy recevoir des espèces chez Liliane Bettencourt.
Vingt-quatre heures avant la publication du livre de Gérard Davet et Fabrice Lhomme, les lecteurs impatients en ont un avant-goût dans Libération et L'Express ce matin. Les deux journalistes du Monde, qui ont couvert l'affaire Bettencourt l'année dernière (Davet pour Le Monde, Lhomme pour Mediapart avant de rejoindre le quotidien), publient un ouvrage comportant le témoignage de "27 victimes du sarkozysme". A lire entre autres, les témoignages de hauts fonctionnaires écartés par Sarkozy, de policiers ou gendarmes mutés, ou encore celui de Claire Thibout (l'ex-comptable de Liliane Bettencourt). Mais c'est bien évidemment les déclarations détonantes de la juge Isabelle Prévost-Desprez, à propos de l'affaire Bettencourt, qui font office de bande-annonce.
Libération y consacre sa Une : "La juge qui accuse Sarkozy". Dans le livre de Davet et Lhomme, celle qui a instruit l'affaire Bettencourt (avant d'en avoir été dessaisie) met en cause indirectement Sarkozy en citant un témoin qui aurait confirmé que Sarkozy avait reçu de l'argent liquide de la milliardaire pour financer sa campagne de 2007. "L’infirmière de Liliane Bettencourt a confié à ma greffière, après son audition par moi : "J’ai vu des remises d’espèces à Sarkozy, mais je ne pouvais pas le dire sur procès-verbal"", a déclaré la magistrate. Si ces suspicions avaient déjà filtré dans la presse (l'ex-comptable de Bettencourt était ensuite revenue sur ses déclarations), "la plus grande nouveauté tient au fait qu’une haute magistrate, intègre et rompue aux affaires politico-financières sensibles, s’exprime publiquement. Et donne de surcroît du crédit à un récit mettant en cause Nicolas Sarkozy", explique Libération. Première étape du plan com', la Une de Libé |
L'Express, qui publie les bonnes feuilles de Sarko m'a tuer en plus d'une interview des auteurs, a également choisi de mettre en avant le témoignage de la magistrate.
Mais le site de l'hebdomadaire préfère insister sur la peur des témoins de cette affaire en sélectionnant un autre passage du témoignage de la juge : "Ce qui m'a frappée dans le supplément d'information que j'ai conduit, c'est la peur des témoins, confie Isabelle Prévost-Desprez. Ils étaient effrayés de la violence avec laquelle Claire Thibout avait été déstabilisée, ils ne voulaient pas connaître son sort. [...] Les témoins me demandaient avec crainte : "Dites, on ne va pas voir l'autre ?" L'autre, c'était Courroye. Donc, les témoins avaient peur de parler sur PV à propos de Nicolas Sarkozy", a-t-elle confié aux auteurs de Sarko m'a tuer. Les bonnes feuilles dans L'Express |
Du côté de l'Elysée, on dénonce des "boules puantes". Interrogé par Libération, un proche de Sarkozy déplore une "situation affolante, d’un régime où l’on peut professer des accusations sans en assumer la responsabilité. Si cette infirmière dit vrai, alors la justice se devait d’ouvrir une enquête. La magistrate avait le devoir de ne pas garder cette information pour elle. Et là comme par hasard, l’accusation ressort un an et demi après les faits. Qu’est ce que cela veut dire ? C’est une atteinte grave à sa déontologie de magistrat". L'affaire n'en restera pas là. "Il ne fait aucun doute que des suites judiciaires seront données aux déclarations de la juge de Nanterre, dont l’entourage s’attend à «des poursuites disciplinaires»", précise le quotidien.
En attendant, Lefigaro.fr a déjà donné des éléments de langage pour l'Elysée en titrant sur "l'ex-juge" qui "met en cause Nicolas Sarkozy" afin de relativiser l'origine de l'attaque. Une ex-juge ? Certes, Isabelle Prévost-Desprez a été dessaisie de l'affaire mais elle est toujours magistrate et préside actuellement la 15e chambre du tribunal de grande instance de Nanterre (Hauts-de-Seine). |
A suivre (car nous aussi, on maîtrise l'art du teasing) : une synthèse des différentes affaires dans lesquelles les "bannis du sarkozysme" ont été impliqués. A noter également que notre émission de vendredi sera consacrée à ce livre en présence des deux auteurs Gérard Davet et Fabrice Lhomme.