Ferry, le Fig mag et les rumeurs sur un "ancien ministre"

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Entretenir une rumeur tout en faisant mine de se féliciter de l'existence de la loi interdisant de la relayer, c'est tout un art.

Admirons la manière Ferry: sur le plateau du Grand journal, le philosophe, ancien ministre de l'Education nationale, s'est félicité que la presse n'ait pas le droit de déballer toutes les rumeurs qui circulent sur la vie privée des politiques. "Les journalistes ne peuvent pas dire les choses qu'ils savent. Et je pourrais vous donner beaucoup d'exemples que vous connaissez comme moi parce que vous tombez sous le coup de la diffamation !, a-t-il affirmé. Le problème c'est : est-ce qu'on veut une presse qui fait fi du principe de la diffamation et du respect de la vie privée, ou pas ? Est-ce qu'on veut une presse à l'américaine ou pas ? Nous n'en voulons à aucun prix, pour l'essentiel des journalistes que je connais."

Il donne ensuite un exemple : un "ancien ministre qui s'est fait poisser à Marrakech dans une partouze avec des petits garçons (…) Probablement nous savons tous ici de qui il s'agit. (…) Je sais, je pense que je ne suis pas le seul (…) L'affaire m'a été racontée par les plus hautes autorités de l'Etat."

Il sait que c'est "vrai", assure-t-il, d'ailleurs "le Premier ministre" le lui a ditpicto

Avec ces accusations graves, floues, et "évidemment" sans la moindre preuve, Ferry évoque un encadré publié ce week-end dans LeFigaro Magazine, au sein du dossier consacré au silence de la presse et des politiques sur les affaires de vie privée.

"Il y a quelques années, des policiers de Marrakech effectuent une descente nocturne dans une villa de palmeraie où une fête bien spéciale bat son plein. Les participants, des Français, sont surpris alors qu'ils s'amusent avec de jeunes garçons", rapportait le magazine. Un ancien ministre aurait fait partie des adultes. "Le consul de France local est aussitôt avisé, qui informe à son tour l'ambassade à Rabat. L'affaire est rapidement arrangée et "l'excellence" libérée sur le champ." Après ces affirmations, qui si elles sont vraies sont gravissimes, le magazine s'arrête là. Et indique ingénument : "Faute d'éléments de procédure ou de témoignage, la loi nous interdit légitimement de nommer le personnage."


De quoi, ou de qui, parle-t-on ? Jusqu'ici, ni Le Figaro Magazine ni Ferry n'ont cité de nom. Voici donc le troisième temps: comme le souligne sur Twitter Guy Birenbaum, ces rumeurs avaient été évoquées, et "évacuées", par L'Express en 2005, dans un article entièrement consacré aux rumeurs sur la vie privée de Jack Lang. Il s'annonçait alors comme candidat potentiel à la présidentielle, et le magazine s'était employé à tester la solidité des rumeurs traînant sur son compte, en démontant la plupart et dénonçant les "calomnies" . Lang lui-même y rapportait qu'en 1995, des jospinistes l'avaient traité de "pédophile" : "C'était immonde. J'ai trouvé les deux personnages qui racontaient cela. Le premier a fait amende honorable. Le second, je ne lui parle plus."

Au paragraphe suivant, L'Express citait la fameuse rumeur du Figaro et de Ferry. En la faisant démentir par un proche anonyme, de façon très générale : "A l'approche de la présidentielle de 2002, quelques chiraquiens racontent une arrestation de Jack Lang au Maroc, dans une affaire de mœurs, suivie d'une exfiltration discrète organisée par l'Elysée. Pas la moindre preuve, mais les missiles anti-Jospin se préparent, que le 21 avril rendra caducs. «Le plaisir est important dans sa vie privée, conclut un proche, mais il est trop soucieux de la liberté d'autrui pour se livrer à quoi que ce soit d'illégal en la matière.» La capacité de Jack Lang à endurer ces rumeurs et à en parler lui-même, comme il l'a fait avec L'Express, témoigne en tout cas de sa détermination à aller au bout de l'aventure présidentielle."

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