Le Monde : Bergé n'aime pas le traitement de Mitterrand

Pierre Bergé, un des actionnaires du Monde,a envoyé un e-mail à la direction du Monde pour se plaindre de la façon dont le journal avait couvert l'anniversaire des 30 ans de l'élection de François Mitterrand. Le site Electron Libre publie une copie du message, pour le moins incisif.

"Je tiens a vous faire part de mon profond désaccord avec le traitement réservé à Mitterrand dans le Monde. Cet article immonde, à charge, digne d’un brûlot d’extrême droite est une honte qui n’aurait jamais dû être publié", s'indigne Bergé,dans son message adressé au directeur Erik Izraelewicz, avec copie à la société des rédacteurs et aux autres actionnaires, Xavier Niel et Matthieu Pigasse. Bergé, qui fut un fidèle de François Mitterrand, se plaint du contenu du journal daté du 10 mai, qui "célébrait" l'élection du 10 mai 1981 en publiant sur une page les "photos taboues" du Président socialiste.

La page suivante accueillait une tribune de l'historien des idées François Cusset, intitulée... "Critique des années Mitterrand".

"Les journalistes du Monde ne sont pas libres mais prisonniers de leurs idéologies, de leurs règlements de compte, et de leur mauvaise foi", s'énerve Pierre Bergé, qui assure (naïvement ?) regretter de s'être "embarqué dans cette aventure" :"Payer sans avoir de pouvoirs est une drôle de formule à laquelle j’aurais du réfléchir!"

@si a déjà évoqué récemment la volonté de Pierre Bergé de "peser" au sein du Monde. C'était sur le plateau de D@ns le texte, consacrée aux millionnaires et à leurs journaux. A partir de la 51e minute, il y est question d'un précédent coup de gueule de Bergé, alors que les nouveaux actionnaires venaient de prendre le contrôle du Monde. Un article daté du 15 octobre évoquait longuement un livre de Benjamin Stora et François Malye, rappelant qu'en pleine guerre d'Algérie, Mitterrand, garde des Sceaux de 1956 à 1957, avait refusé sa grâce à plusieurs condamnés à morts pour l'exemple : "A juridiction d’exception, verdict d’exception. Les condamnations à la peine capitale pleuvent, racontait notamment l'article. La guillotine, jamais utilisée contre un nationaliste depuis le début des «événements», fait son office à Paris comme à Alger. Les têtes des fellaghas tombent à une cadence oubliée depuis l’Occupation allemande : jusqu’à cinq certains jours.

(...) Pendant des décennies, on a ignoré dans quel sens s’était prononcé François Mitterrand au cours des seize mois où il fut ministre de la justice. Ses biographes assuraient que la peine de mort lui répugnait, et qu’il avait sauvé des têtes. L’examen du registre des grâces (partiellement ouvert depuis 2001) contredit cette image: (...) «Dans 80% des cas connus, il a voté la mort.»"

Hasard ou non, cet article qui aurait suscité l'ire de Pierre Bergé n'était pas disponible sur Lemonde.fr cet après-midi. Après vérification auprès du site, il se serait agi d'un souci technique, corrigé vers 18 heures.

(Gilles Klein et Dan Israel)