"Présomption de véracité" (Théry / lemonde.fr)
Dan Israel - - 0 commentairesFemme de chambre contre directeur du FMI, un symbole des inégalités sociales dans le monde, mais pas seulement.
Dans un intéressant point de vue sur "l'affaire DSK", publié sur Lemonde.fr, la sociologue Irène Théry déplore la place trop peu importante accordée en France à ce qu'elle appelle "la présomption de véracité" dans les affaires de violences sexuelles.
La sociologue, qui s'intéresse notamment aux rapports entre les sexes, souligne que les défenseurs de Dominique Strauss-Kahn brandissent "avant tout la valeur fondamentale de la présomption d'innocence à laquelle a droit l'auteur allégué des faits". Mais en faisant de cette présomption d'innocence leur "boussole unique", ils en oublient la victime. Qui a pourtant droit à la présomption de véracité, autrement dit "la présomption selon laquelle la personne qui se déclare victime d'un viol ou d'une atteinte sexuelle est supposée ne pas mentir jusqu'à preuve du contraire".
Et ce crédit apporté aux victimes de violences sexuelles n'est pas une évidence aujourd'hui, assure l'auteure de la tribune : "Le propre des agressions sexuelles, on le sait, est qu'à la différence des blessures ou des meurtres, leur réalité "objective" ne s'impose pas d'elle-même aux yeux des tiers. Ont-elles seulement existé? (…) On accueille de mieux en mieux, dans nos commissariats, les victimes sexuelles qui déposent plainte. Mais sommes-nous prêts, dans la culture politique française, à considérer la présomption de véracité comme un véritable droit ? Rien n'est moins sûr."