La France lance l'opération militaire en Libye
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La France a lancé les opérations contre les forces de Mouammar Kadhafi en Libye. Ce samedi après-midi, Nicolas Sarkozy a annoncé le début d'une action militaire, en accord avec Londres, Washington et des partenaires arabes qu'il venait de réunir à Paris pendant plusieurs heures, alors que la bataille faisait rage dans le bastion anti-Kadhafi de Benghazi.
"En accord avec nos partenaires, nos forces aériennes s'opposeront à toute agression des avions du colonel Kadhafi contre la population de Benghazi. D'ores et déjà nos avions empêchent les attaques aériennes sur la ville, a déclaré le Président. D'ores et déjà, d'autres avions, français, sont prêts à intervenir contre des blindés qui menaceraient des civils désarmés." Ecoutez sa déclaration, reprise par Le Figaro |
Peu avant 18 heures, le ministère de la Défense indiquait qu'"une vingtaine d'avions" avaient participé aux opérations. Ces déclarations ferment une étrange séquence de communication internationale, où la Libye s'acharnait à démentir la France et ses alliés, qui affirmaient que Kadhafi violait le cessez-le-feu qu'il avait promis d'appliquer après le vote de la résolution de l'ONU : ce matin à 8h52, l'agence Reuters, donnait la parole à un porte-parole du gouvernement libyen, assurant que "les forces de Mouammar Kadhafi n'effectuent aucune intervention militaire à Benghazi", le fief des insurgés dans l'est du pays. "Il n'y a aucune attaque d'aucune sorte sur Benghazi. Comme nous l'avons dit, nous respectons le cessez-le-feu et nous souhaitons la venue d'observateurs internationaux." Il répondait ainsi à l'ambassadrice américaine à l'ONU, Susan Rice, qui était interrogée la veille sur CNN. Elle avait affirmé que "oui" le leader libyen violait la résolution de l'ONU, en continuant d'attaquer les insurgés.
Les événements s'emballent donc. Et selon le Figaro, très louangeur, Bernard-Henry Lévy, "arrivé en retard en Égypte" est un "artisan important du virage diplomatique international qui vient de s'opérer vis-à-vis de la Libye". Le quotidien raconte en détail les coulisses de cette diplomatie BHL :
"Il y a dix-huit ans, Bernard-Henri Lévy avait déjà réussi un beau coup diplomatique en emmenant personnellement le président bosniaque Alija Izetbegovic (...) dans le bureau de François Mitterrand à l'Élysée. Mais, cette fois, notre dandy national, «ministre des Affaires étrangères» à ses heures, aura fait encore plus fort." En Libye, "vendredi 4 mars, (...) BHL parvient à se faire conduire dans la villa de Moustapha Abdeljalil, l'ancien ministre de la Justice devenu le chef politique de la rébellion. (...) Il parvient, depuis son téléphone satellite, à joindre Nicolas Sarkozy: «Accepterais-tu de recevoir les Massoud libyens?» Le président de la République donne aussitôt son accord." "Le jeudi 10 mars, à 10 heures, dans le salon vert du 1er étage du palais de l'Élysée, le chef de l'État reçoit le philosophe et les trois émissaires libyens du CNT. À ses côtés, le conseiller diplomatique Jean-David Lévitte et, tout pâle, le conseiller spécial Henri Guaino qui, en 2007, traita BHL de «petit con prétentieux». (...) Sarkozy, alors, annonce aux Libyens éberlués et ravis (...) la reconnaissance du CNT comme seul représentant légitime de la Libye ." "Deux heures plus tard, alors que les Libyens ont déjà annoncé aux médias du monde entier la bonne nouvelle, Alain Juppé descend du Thalys à Bruxelles. Les caméras se jettent sur lui. Le masque. Manifestement, le ministre des Affaires étrangères n'est au courant de rien. (...) Les médias se déchaînent contre l'improbable duo Sarkozy-BHL et leur «diplomatie de perron»." |  |
La semaine suivante, jeudi, "Sarkozy appelle BHL. Il a pris sa décision. Il envoie Juppé à New York." La résolution autorisant des frappes en Libye est votée dans la nuit de jeudi à vendredi.