Sondage avec marges d'erreur : un cas d'école

"Présidentielle 2012 : quel suspens !" Le titre qui accompagne le nouveau sondage sur les intentions de vote, réalisé par l'Ifop et publié aujourd'hui par France Soir, veut souligner que cette enquête d'opinion tranche avec les sondages controversés d'Harris interactive et du Parisien de dimanche et mardi. Il donne en effet Dominique Strauss-Kahn en tête (29% des voix) devant Nicolas Sarkozy (23%) et Marine Le Pen (21%), alors que pour Harris et le journal concurrent, c'était la candidate Front national qui arriverait en tête.

Un article du Monde.fr vient ironiquement souligner que ce titre est particulièrement bien choisi : lorsqu'on prend en compte les marges d'erreurs, on réalise qu'il est en fait illusoire de départager des candidats ayant peu d'écart entre eux. Le site du Monde s'appuie sur le tableau que publie l'Ifop depuis la mi-février avec chacune des fiches détaillées de ses sondages (celle de France Soirest ici), en détaillant les marges d'erreurs, en fonction du nombre de personnes interrogées, et des résultats obtenues : dans le cas d’un échantillon de 1 000 personnes, si le pourcentage mesuré est de 20 %, la marge d’erreur atteint 2,5. Le vrai pourcentage est donc compris entre 17,5 % et 22,5 %. Ce sont ces précisions que les sénateurs espéraient voir apportées par les médias à chaque présentation de sondages, lorsqu'ils ont voté à l'unanimité la proposition de loi des sénateurs Jean-Pierre Sueur et Hugues Portelli mi-février. LeMonde.fr s'est donc prêté à l'exercice, et en conclut… qu'on ne peut presque rien en conclure :

"Le sondage IFOP publié jeudi dans France-Soira, quant à lui, été mené auprès de 1 046 personnes, soit une marge d'erreur d'environ 2,5 %. Avec les résultats suivants :

- DSK 29 %, Nicolas Sarkozy 23 %, Marine Le Pen 21 %. L'écart entre les candidats UMP et FN est inférieur à la marge d'erreur.
- Martine Aubry 24 %, Nicolas Sarkozy 24 %, Marine Le Pen 22 %, un résultat qui rend difficile de prévoir tout ordre d'arrivée du trio."

Quant aux fameux sondages Harris interactive, Sueur observe qu'à chaque fois, "la marge d'erreur est égale – voire supérieure – à l'écart entre les candidats retenus. On ne peut donc rien déduire de ce sondage, par exemple, sur l'ordre d'arrivée des candidats."

Les sondeurs vont-ils donc tous publier leur marge d'erreur ? Cela semble loin d'être acquis, si l'on en croit les réactions enflammées des sondeurs sur le plateau de notre dernière émission Ligne j@une...