Mam a appelé Ben Ali pendant ses vacances

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Deux nouvelles révélations de presse mettent à mal, une nouvelle fois, la version élaborée par la ministre des Affaires étrangères de ses vacances tunisiennes. Contrairement à ses premières déclarations, Michèle Alliot-Marie a téléphoné à l'ex-président Ben Ali, pendant son séjour à Tabarka. Pendant ce même séjour, ses parents ont acheté des parts de Société Civile Immobilière à l'homme d'affaires tunisien qui avait prêté son jet privé à la famille, contredisant ainsi le caractère "fortuit" de ces voyages aériens.

Mediapart révèlait hier que la ministre des Affaires étrangères s'est entretenu avec l'ex-président de Tunisie Ben Ali alors qu'elle était en vacances à Tabarka, et alors même que la répression contre les manifestations faisait rage. Le ministère des Affaires étrangères a confirmé à Médiapart l'existence de cette conversation.

Cette révélation remet en cause ce qu'avait dit jusqu'à présent la ministre : elle assurait n'avoir eu "aucun contact privilégié" avec Ben Ali avant sa fuite.

"Lors de cet entretien, le président Ben Ali a-t-il demandé l'assistance de la France pour mater la rébellion?", demande Mediapart. "Une source au Quai d'Orsay" dément, selon le site. Deux semaine plus tard, à l'Assemblée Nationale, la ministre proposait au gouvernement tunisien "le savoir -faire reconnu dans le monde entier de nos forces de sécurité".

Autre révélation, celle du Canard enchaîné d'aujourd'hui : les parents de Michèle Alliot-Marie ont profité de leur voyage pour racheter des parts d'une société civile immobilière détenue par Aziz Miled, homme d'affaire proche du régime, propriétaire d'un jet dans lequel la ministre a voyagé quatre fois lors de son séjour.

Epinglée pour avoir profité du jet de Miled, Mam avait pourtant semblé assurer que la rencontre avec lui, le 29 décembre, à l'aéroport de Tunis, était fortuite.

Les parents de Mam étaient déjà associés minoritaires (avec environ 13% du capital) dans la société civile immobilière (SCI) Ikram dont étaient propriétaires Miled et son fils Karim. Selon le Canard enchaîné, les Miled leur ont vendu, le 30 décembre, à Tabarka, toutes leurs parts de la SCI. La ministre était alors présente dans l'hôtel, propriété de Miled. Cette SCI serait propriétaire d'un appartement, dont la surface n'a pas été précisée. Par ailleurs, les factures du séjour de la famille Alliot-Marie à l'hôtel appartenant à Aziz Miled, et dont la ministre affirme qu'elles ont été acquittées par ses parents, n'ont toujours pas été produites.

"Leur vie privée leur appartient. Les acquisitions qu'ils effectuent pour eux-mêmes ne concernent qu'eux, et personne d'autre", a réagi la ministre dans un communiqué. Dans un communiqué transmis à l'AFP, son père, Bernard Marie, s'est expliqué sur cette transaction. "M. Miled est un de mes amis. Les transactions que nous menons mon épouse et moi avec lui ne regardent et n'engagent que nous", a-t-il expliqué.

Le Canard révèle par ailleurs d'autres amitiés françaises, socialistes, de l'homme d'affaire Miled : la socialiste Elisabeth Guigou préside le comité de parrainage politique de l'institut de prospective économique du monde méditerranéen (Ipremed), dont Miled est précisément un des financiers, mais aussi le vice-président du conseil national de surveillance.

Dans ce contexte, Le Monde, qui vient de changer de directeur, publie un virulent éditorial, dans le journal daté de jeudi, dans lequel il appelle clairement à la démission de la ministre. "Cette affaire n'a rien d'illégal. Elle est tout simplement scandaleuse. Et dangereuse. Elle témoigne de l'indifférence d'une des principales ministres du gouvernement à ce qui devrait être une évidence : on ne peut exercer de telles fonctions sans être au-dessus de tout soupçon. Ne pas le comprendre, c'est saper tout respect vis-à-vis de l'autorité publique".

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