-
mariette.feltin-102702 mariette.feltin
Bravo pour cette émission passionnante tant sur le fond, la question du "dramatiquement blanc" que sur son aspect pédagogique relatif à la pratique documentaire. Je suis moi-même documentariste et intervenante à la fac, je pense que je vais l'utiliser, la réalisatrice parle fort bien de son travail. J'ai raté son film sur A/I mais ce sera l'occasion de m'abonner à TENK, et bravo à la collaboration avec Lussas, festival que j'ai fréquenté durant des années.
Mariette FELTIN, de Strasbourg -
Antoine S.
J'ai bien aimé le documentaire, un peu moins l'émission. J'ai ressenti un certain malaise (et peut-être ce fut aussi le cas des invités). Dès le début, on suggère que Steve Tientcheu pourrait lui-même s'imaginer être relégué à un rôle de banlieusard noir (alors que, franchement, beaucoup d'éléments montrent cela est bien réel), qu'il ne parvient à "s'intégrer" (quel mot dégueulasse quand on y pense) au groupe d'apprentis acteurs parisiens: et pourquoi ce serait pas les autres qui ne parviennent pas à l'intégrer lui, par exemple? Après avoir vu le documentaire, à choisir c'est plutôt comme ça que je présenterais les choses.
De même, j'ai été choqué par la question de Daniel Schneidermann sur la supposée contradiction entre les gens qui ne peuvent s'empêcher de dire à Steve qu'il "fait peur" et la violence avec laquelle Steve dénonce cette forme de racisme. Pour moi, seul le racisme est violent. Si on ressent de la violence dans la forme du propos, c'est parce que les faits mêmes sont violents, et parce que - entre blancs CSP+ - on a pas l'habitude de voir des gens s'exprimer de cette manière. Par exemple, cela ne semble pas être le cas d'Alice Diop n'est pas du tout apeurée par ce ton "violent" pris par Steve, elle est plutôt révoltée par le racisme même. Finalement, c'est un peu comme si Daniel se mettait à son tour à lui dire qu'il faisait peur, alors que c'est juste lui, sa manière d'être. Et puis quelle est l'idée? "Ok, tu subis du racisme, mais pourquoi pas le dire plus calmement?"...
Bref, je me doute que Daniel est conscient du problème et que tout ceci n'est pas simple, mais j'ai quand même du mal avec sa manière de faire. Aussi, j'ai souvent eu l'impression qu'il coupait Alice Diop ou ne la laissait pas aller au bout de sa pensée.
Ravi d'avoir découvert tous ces gens à part ça. -
Nicolas T.
Mais c'est çaaaa qu'on veut vôaaar...!! -
Ervé
Et contrairement à ce qu'on aurait pu supposer, Plenel n'est pas blanc ! -
petit - saconnex
le documentaire était très réussi, l'émission également .Merci . Je ne vois pas pourquoi un comédien noir ne pourrait pas jouer Danton . -
Jenny
Super ! Très bon début de nouvelle saison !!
Je n'ai pas compris la surprise. Pourquoi c'était une surprise ?? -
laudou92
On peut émettre une critique?
J'ai bien peur que ces émissions autour d'un documentaire d'auteur, malgré toutes les belles intentions, les qualités remarquables d'Unetelle et Untel, et cette mise en lumière d'aspects trop rarement vus de ceci et de cela... soient... hum! barbantes. Voilà, le mot est dit, méchamment. Au bout d'une dizaine de minutes de cette première mouture, j'ai ressenti exactement le même ennui qui m'avait pris lors des premiers numéros d'"Hors Série" que j'ai fini par abandonner. Je n'aimerais pas qu'il m'arrive la même chose avec arrêtsurimages !
D'abord vous ne pouvez pas espérer proposer un documentaire génial par mois. Le génie, c'est rare. C'est comme si, après l'émission sur "Merci Patron!" vous aviez eu envie de faire des émissions mensuelles sur les films d'auteurs indépendants. Des films comme "Merci Patron!" il n'y en a pas tous les mois. Ni même forcément tous les ans.
Ensuite quelle difficulté à trouver un fil directeur dans votre "déconstruction" du documentaire...! Quel est l'enjeu de cet exercice? A quoi sert-il de faire des remarques intelligentes sur une oeuvre qui fait elle-même (en quelque sorte) des remarques intelligentes sur tel ou tel fait de société? Je ne suis pas du tout convaincu qu'il existe des grilles d'analyse pertinentes concernant la réalisation des documentaires. La meilleure chose que l'on puisse faire pour promouvoir cet art difficile et méconnu, c'est d'en proposer, le plus possible, et sur des sujets variés, c'est d'en faire éventuellement une critique enthousiaste pour inciter à les regarder (ce que font Télérama et Mediapart). Mais à quoi bon une émission d'une heure pesamment didactique, donnant l'impression de s'immerger dans l'infiniment petit alors qu'on devrait se sentir s'élever....?
Avec tous mes regrets. -
alain-b
Excellente émission, prometteuse pour la suite. J'ai regardé dans la foulée le magnifique et bouleversant documentaire d'Alice Diop passé sur Arte. -
ChrisC
Ravi de ce partenariat, premier documentaire très bon, ca me donne envie d’aller voir « la permanence ».
2 points divers sur l’émission :
- Une tentative d’explication (pas de justification ou d’approbation) de pourquoi on peut avoir un Danton noir au théâtre alors que ça serait moins accepté au cinéma. Au théâtre, c’est en direct et il n’y a qu’une scène où tout doit se passer. Techniquement, on n’a pas les moyens du cinéma. Pour pallier ces contraintes, depuis toujours, on est obligé de faire appel à l’imaginaire du spectateur, alors qu’au cinéma, on est plus souvent dans le réel en terme de visuel.
- Pour relativiser un peu ce que dit Alice Diop sur le peu de réalisateur noir (je suis plutôt d'accord avec Lucien Jean-Baptiste, il faut aller s'imposer). La difficulté d’un cinéaste (scénariste/réalisateur) aujourd’hui, est plus lié au fonctionnement du cinéma qu’au fait d’être noir (même si cela est malheureusement probablement une difficulté supplémentaire). Je connais également des centaines d’acteurs (blancs, un peu moins de noirs) qui galèrent, idem pour les réalisateurs, c’est malheureusement intrinsèque au métier. Lorsqu’un scénariste/réalisateur fait un scénario, il est constamment modifié par toutes les personnes qui financent : producteur, ceux qui subventionnent (CNC et autres, type fondations), chaines et distributeur (qui en bout de chaine a droit de vie et mort sur un film). Il entendra des phrases type (toutes entendues) :
- il y a une scène d’émeute, c’est trop cher on enlève,
- il y a une scène de sexe trop osé, ça sera pour les moins de 16 aux US, donc on réduit le nombre de spectateurs potentiel, donc on enlève,
- tu as un très bon acteur pour le rôle, mais il est moins connu qu’untel (qui va bcp moins bien pour le rôle), on le remplace
- etc.
Il devra modifier son scénario de nombreuse fois en conséquence (il y a toujours la pression de ne pas faire le film, ce qui arrive très fréquemment). Au final, le scénariste/réalisateur s’il a la chance d’aller au bout, proposera un film très différent de son scénario d’origine (ce n’est pas que négatif). Le problème plus global est plutôt au niveau du financement du cinéma. Il y a un très fort interventionnisme à tous les niveaux, ce qui malheureusement peut déborder sur les phrases (inadmissibles) du type "pas un film avec que des noirs". -
Arnaud StA
Le rapport à la langue française me semble une clé de compréhension qui, sauf inattention de ma part, n'a pas été abordée au cours de l'émission. En effet, le plateau d'@SI m'a semblé très clivé : d'un côté la quasi totalité des participants, parfaitement à l'aise dans l'expression de leurs idées, de leurs sentiments, la clarté de leurs arguments, etc. Alice Diop par exemple est impressionnante dans l'autorité de ses réponses, leur intelligence, parfois leur dogmatisme (sur la vraisemblance des rôles par exemple).
Et j'ai trouvé dommage que personne ne cherche à comprendre pourquoi Steve Tientcheu, l'ami d'enfance d'Alice Diop, son voisin d'enfance, de cité, soit dans un rapport totalement différent à la langue : sur le plateau comme dans le documentaire j'ai trouvé l'acteur pataud, parlant par formules lapidaires, mais sincère et vrai dans ses maladresses.
Le point commun entre la réalisatrice Alice Diop et l'acteur Steve Tientcheu (la couleur de leur peau) ne compte-t-il pas moins que la différence dans leur rapport à la langue française ? D'où les exercices d'orthophonie auquel l'élève du cours Simon doit s'astreindre, son débit de parole toujours trop rapide, parfois sa difficulté pour faire parler un texte au travers de tout son corps lorsqu'on le voit à l’œuvre sur les planches. D'où enfin la trop grande difficulté pour l'élève acteur que représenterait le fait de jouer un rôle trop éloigné de son identité physique et surtout psychique. -
Bruanne
Entièrement d'accord pour considérer qu'un Noir peut jouer un Blanc, une femme un homme, etc...
Mais pas du tout d'accord pour enchaîner sur " et d'ailleurs, ça donne une tonalité et un écho particulier au texte".
Quand un comédien joue, si je ne suis pas en mesure d'oublier qui il est et ce qu'il est en dehors du rôle...c'est que le job n'est pas fait ! Ou alors que ceux qui disent qu'on ne peut jouer que ce qu'on est ont raison !!!
Si un Japonais aveugle obèse joue bien Juliette, j'en ai rien à faire de savoir si ça me fait réfléchir sur les Japonais ou sur les aveugles ou sur les obèses et le rapport entre tout ça et l'amour et la mort.
C'est Juliette que je veux voir. Juliette est universelle, et de ce fait elle n'a pas besoin d'être jouée par une Blanche jeune belle et amoureuse passionnée. Si le Japonais aveugle et obèse est bon, je verrai Juliette.
La discrimination existe, elle est violente, et il faut la combattre. Mais pas au point d'utiliser un paradoxe comme argument. -
Didier Marlier
Ben moi, le ton et la manière de parler du prof ne m'ont pas choqué; je trouvais au contraire qu'il s'adressait à l'élève comme à un élève et sans lui faire de cadeaux, parce que il veut faire son travail, lui le prof! Toute proportion gardée, il me rappelle Mireille et son petit conservatoire. Bon, bien entendu, c'était la vieille école;-) -
geandrot-200743 geandrot
Je voudrais d'abord remercier a@i pour cette excellente et salutaire initiative qui est de proposer une réflexion mensuelle sur le documentaire d'auteur, de surcroit en partenariat avec Tenk, dont j’apprends l'existence et qui va enfin me permettre de voir de la création documentaire !!!
J'ai adoré l'intelligence, la finesse et le propos du documentaire d'Alice Diop mais je voulais surtout revenir sur l'intervention de Mr Barbe : il affirme que le documentaire pour lequel le réalisateur aurait obtenu des scènes ou des témoignages en "mentant" sur ses intentions, ou en passant outre la volonté des personnages de ne pas apparaître dans le film serait un film de "propagande". Mazette, le mot est fort ! Car dans ce cas que pense-t-il par exemple des procédés que Claude Lanzman - qui n'est certes pas exempt de toute critique par ailleurs- utilise pour filmer certains de bourreaux de Shoah? Jean-Marie Barbe est-il en train de nous expliquer que Shoah est un film de propagande ?
Je pense que comme le suggère Daniel Schneidermann, cette question mérite de la nuance, même s'il est juste que le lien idéal entre un réalisateur et son sujet est un lien de confiance et de loyauté. Et oui, en effet, comment filmer le "mal" ? Peut-on et doit-on filmer le porteur, l'agent du "mal" malgré lui si celui qui le porte refuse d'en témoigner ? Tout le monde n'a pas l'absence de surmoi, la perversité d'un Duch qui jouit de se raconter devant la caméra de son ex victime... Ne peut-on en filmer que les victimes, les effets ? Une question complexe. -
Holden
Si, pour le théâtre classique, on peut, à la rigueur, admettre qu'il serait difficile de trouver des rôles pour des noirs (et encore, c'est très discutable), autant pour le théâtre moderne, c'est plus douteux.
Hélas, le théâtre français est écrit par des blancs pour des blancs.
Et ce problème est loin d'être limité au théâtre. -
Robert·
"l'universel est blanc" Alice Diop ("20' 50") -
Yannix
COUCOU,
Ceci est une décision du Comité Révolutionnaire Populaire et Debout (CRPD) :
Par décret, et dans l'intérêt du Peuple, le comité désigne Madame Alice Diop Ministre de la Culture.
Merci de votre attention. -
sergent pepper
Il y a quelque chose qui m'a marqué en regardant le documentaire, et je suis étonné que le débat n'ait pas abordé la question : on voit la confrontation de deux mondes, deux cultures, deux classes sociales, et les maladresses des théâtreux à l'égard de Steve sautent aux yeux, mais l'inverse est également vrai ! Steve est une tête de lard ! Extrêmement attachante, mais une tête de lard quand même ! Ce que j'aurais voulu savoir, c'est quelle est la part de honte, d'une part, et d'autre part de mépris envers les blancs bourgeois qui expliquerait son attitude. A cela Steve ne répond pas. Il dit : j'ai fais mon truc, sans rien demander à personne, puis je suis parti. C'est un peu utilitariste comme manière de faire, et pas très "ouverture au autres". La question c'est : est-ce qu'on lui pardonne d'emblée parce qu'il serait la "victime" ? Ces frontières sociales sont-elles si puissantes que toute tentative pour les abattre sont-elles vaines ? Le professeur qui dit à Steve qu'il s'isole n'est-il pas finalement le seul à lui dire les choses de manière franche ? -
FORTUNALAND
SYNOPSIS
La permanence Pendant un an, la réalisatrice Alice Diop a installé sa caméra à la Permanence d’accès aux soins de santé (Pass) de l'hôpital Avicenne de Bobigny (Seine-Saint-Denis). Ce centre propose des consultations gratuites et sans rendez-vous aux migrants primo-arrivants. Aidé de deux psychiatres et d'une assistante sociale, le médecin généraliste Jean-Pierre Geeraert y reçoit des hommes et des femmes aux vies brisées. Les patients évoquent leurs souffrances, leurs blessures, leurs plaies ouvertes... Parfois, dans ce cabinet médical, l'espoir renaît.
CRITIQUE DE LA RÉDACTION
Top
La réalisatrice Alice Diop (« La Mort de Danton », « Vers la tendresse ») signe un huis clos édifiant au cœur de la Permanence d'accès aux soins de santé de l'hôpital Avicenne de Bobigny (93). Elle filme sans fard ce bureau de prise en charge médicale et sociale, synonyme de refuge et d'écoute pour des migrants et des exilés, face caméra ou de dos. Son documentaire montre autant l'acte professionnel que l'engagement de l'équipe médicale, porté par la bienveillance du Dr Jean-Pierre Geeraert.
Et oui, il y avait ce soir sur ARTE un AUTRE reportage de cette réalisatrice.
Pourquoi ne pas l' avoir signalé ? :P
Même ordre d' idée il y avait, il y a trois jours, un reportage sur LCP consacré à l' ANPE : vous aviez reçu la réalisatrice l' an dernier... et le sujet de l' émission ETAIT ce film.
Hey, ne croyez vous pas qu' il serait bon, sur votre site, de signaler à vos abonnés les passages à la télévision de documentaires susceptibles de les intéresser ? -
Catala93
C'est avec une émission comme celle-ci que je suis heureux d'être abonné depuis le début. Exploration d'autres champs et formes journalistiques pour rendre compte de la société. Impatient de regarder la prochaine émission avec Tenk. -
Sebastien Lemar
Merci beaucoup pour ce débat, foisonnant et passionnant, qui fait vraiment réfléchir à la complexité des rapports entre le filmeur et les filmés dans le cadre étroit et immense à la fois du documentaire.
De plus, ça a déjà été noté plus haut, Alice Diop est d'une intelligence et d'une finesse remarquables.
On attend les prochaines avec impatience.
Re-merci.