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MyrETON
Comme quoi les morts n'ont pas beaucoup d'esprit, comme disait Deleuze! Au moins ne sera-t-il pas mort d'humilité.
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Anne Reynaud
Dans ce forum fourni, je signale aux asinautes le post de Judith du 28/04/2009 qui prolonge le re-visionnage de l'émission, c'est à environ 1/4 de la page. Les votes semblent impuissants à faire remonter des posts de 2009, alors je me permets de le faire par voie de copie :
Judith - 28 avril 2009 à 14:30:05
Salut à tous,
J'ai laissé passer beaucoup de messages sans réponse... Je réponds ici en vrac à quelques remarques saillantes.
D'aucuns déplorent que nous ayons manqué de respect à notre invité, que je n'aie pas assez su l'écouter. Je crois en effet que j'ai des progrès à faire en matière d'écoute : je découvre la position d'interviewer, radicalement nouvelle dans ma vie, et il est certain que je peux améliorer cette dimension de l'exercice. Mais je crois utile de rappeler les prémisses qui sont les miennes dans cette émission. Contrairement à ce qui a été dit un jour dans un forum, par Anthropia je crois, et qui a été repris par DS dans une gazette @si, je ne tiens pas l'auteur invité pour un "trésor vivant qu'on écoute assoiffé de savoir". Je n'ai pas d'inclination liturgique, et me méfie de la sacralisation des personnes. Ce qui fait centre pour moi, c'est le texte, pas l'écrivain. Et je dis bien centre, et non sacralité : le texte est un centre devant lequel je n'entends pas me tenir immobile, muette d'admiration et de déférence : c'est au contraire le socle du débat, de l'échange, qui doit pouvoir soutenir un vigoureux jeu de jambes.
Alors oui, quand je me livre moi-même à ce jeu de jambes, je comprends qu'on soit gêné par la dimension narcissique, ou professorale, de la prestation ; de l'intérieur, je ne le vis évidemment pas comme ça. S'il y a une partie démonstrative, c'est dans le sens d'une invitation lancée à l'écrivain - voyez comme je danse sur la musique de votre texte, et vous, comment dansez-vous, comment entrez-vous dans ce pas de deux ? Notre danse commune ne doit pas mettre en valeur nos qualités de danseurs, mais la puissance du texte à soutenir et à générer cette danse. Et s'il y a une dimension professorale, ou plutôt pédagogique, dans cette danse textuelle, c'est dans le sens où ce pas de deux vaut métaphore pour toute opération de lecture : voyez comme on danse, sur la textualité, voyez comme le livre est une formidable invitation à se mouvoir, à se mobiliser, à dialoguer, fût-ce de soi à soi.
S'agissant de cet épisode avec Lanzmann, il est vrai que la danse a entraîné quelques déséquilibres : ils tiennent beaucoup, je crois, à la personnalité de l'auteur, peu enclin à développer des réponses argumentées - je dansais la capoheira, il faisait le danseur de tango (minimal). Il était probablement un peu déstabilisé par l'approche volontiers polémique de nos questions, mais, à en juger par son attitude très flatteuse après l'enregistrement, je ne crois pas que cette déstabilisation lui ait foncièrement déplu (litote).
Encore ceci : nous l'avons bien sûr copieusement remercié pour sa participation, mais nous avons eu la maladresse de le faire après le générique de fin ; vous vous êtes de ce fait retrouvés exclus de ce moment protocolaire, mais indispensable, et c'est une erreur que je veillerai à ne pas reproduire.
Ceci enfin : erreur aussi que ma dernière question (sur la "capitalisation" du vécu dans la textualité) : obsédée par Sartre et Beauvoir, qui occupent beaucoup de place dans les mémoires, j'ai embarqué Lanzmann dans une critique qui ne pouvait pas le concerner. Il m'a nettement remise à ma place, j'ai aussitôt reconnu mon erreur - le mieux aurait été de l'éviter tout simplement. -
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jeanno
En parlant de Shoah, Judith disait " il faudrait le revoir" . La discussion ou plutôt l'agression verbale envers Lanzmann sur l'immortalité de son oeuvre a trouvé sa réponse la semaine dernière avec la nouvelle projection télévisuelle de ce chef d'œuvre de mémoire .
Comment peut on oser se poser la question du "vieillissement " d'un tel film.....
Pour défendre la faiblesse de cette émission il faut dire que Frédéric Ferney a tout fait pour la saborder....comme il l'a été souvent souligné plus haut -
gabegie
Je me trompe de section, mais pour ce qui concerne le contenu de l’émission, hier soir, très très tard sur direct 8, les quelques « exergues » pendant la lecture de Mémoire d’un fou méritaient d’être diffusées, plus plus tôt. -
mvieja
En effet, "s'attaquer"à un monument,c'est risqué !...Avons-nous tellement pris l'habitude de ce qui est "convenu" et sans surprise, que le fait de ne pas tout cadrer, et que cela débouche sur de l'inattendu,nous gêne,nous déstabilise ? Lanzmann est une sorte de "monstre sacré"; l'exercice est difficile. S'il n'avait pas un ego démesuré,il pourrait le reconnaitre !C'est ainsi; peu importe.
Il est,néanmoins, un homme d'une densité exceptionnelle, et peut-etre n'est-ce pas par hasard que les formes cinematographiques et l'écrit sont pour lui plus évidentes que la forme verbale. Il ne semble pas trop avoir l'envie de s'exprimer au delà;ne serait-il pas,au fond,un" taiseux"?
Je pense que, par son analyse fine du texte,Judith lui rend hommage. Et, Lanzmann, à l'oeil si malicieux,ne m'a pas semblé souffrir...
Il y a un goût d'inachevé...Ce qui est la vie même. -
Marine
Ce sont les animateurs qui font étalage de leur narcissisme, de leur prétention et de leur irrépressible besoin de parler... Quel dommage ! -
Strogoff
"Si Claude Lanzmann disparaît demain matin, Frédéric Ferney sera historiquement responsable de ne pas l'avoir laissé répondre à la question vitale posée par Judith Bernard, et dont personne au monde, à part Claude Lanzmann, ne connaît la réponse."
Argh ! Au secours ! Sylvain 35 a entièrement raison : Ferney ne laisse pas répondre Lanzmann à LA question ! Pourquoi, bon dieu, pourquoi affirme-t-il que s'il trouvait des films qui montrent les exécutions dans les chambres à gaz, il les détruirait ? Judith a parfaitement raison de souligner la contradiction avec l'étalage morbide de la mise à mort des otages égorgés et décapités par des islamistes. Lanzmann veut répondre, il va répondre, il insiste pour répondre, se fait couper une fois, deux fois par Ferney et puis laisse tomber puisqu'il peut pas en placer une. C'est d'autant plus rageant que tout le monde a déjà oublié la question que Ferney a jugé si urgente qu'il a empêché Lanzmann de répondre à celle de Judith, qui est pourtant la question qui aurait dû éclipser toutes les autres. On voit bien d'ailleurs dans son insistance à vouloir répondre que Lanzmann lui-même en perçoit aussi l'enjeu. Et j'ai eu l'impression (pas vous ?) qu'il souhaitait relativiser la portée de ses déclarations : il semble vouloir dire que c'est la faute de Spielberg, que c'est la putasserie de la Liste de Schindler qui l'a conduit à cette déclaration provocatrice. Il a l'air presque sur le point de la renier : "je ne sais pas si je les aurais détruites..." (je cite de mémoire) Mais à cause de Ferney, je ne peux pas en être sûr. Oh horrible ! Oh trois fois horrible !
A côté de ce désastre, le pseudo-moment de grâce sur le narcissisme de Lanzmann est en effet complètement anecdotique. -
Serge ULESKI
Claude Lanzmann, pour le meilleur et pour le pire
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Pas facile de se libérer pour re-voir Shoah de Claude Lanzmann.
Je profite des vacances pour visualiser ce documentaire d’une durée de neuf heures trente qu'on ne présente plus et que je n'ai pas revu dans son intégralité depuis 15 ans.
Je m’installe : la projection devra commencer à 9h le matin car je sais - pauses incluses -, que j’y passerai la journée.
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Contrairement à ce qu'écrivait Simone de Beauvoir lors de la sortie De Shoah en 1985, (« Pour la première fois, nous vivons l’affreuse expérience dans notre tête, notre cœur, notre chair, et cette expérience devient la nôtre» - sans doute a-t-elle livré à la postérité ce commentaire à titre de prestation compensatoire : pour avoir été une planquée à Radio-Vichy, pendant l‘occupation. Allez savoir !) l'expérience de ce documentaire qui explore des faits irréfutables, ne sera jamais vraiment la nôtre ; malaise, le cœur à genoux mais la chair indemne : on ne peut que demeurer spectateur.
Shoah nous montre les rescapés, les témoins, quelques bourreaux, et avec minutie : des faits - transport des déportés, convois, trains, camions, voies ferrées, routes, camps menant à la mort, topographie des lieux du crime, organisation, identification, écoutes des victimes, visages, voix…
Si ce documentaire est un outil qui nous permet de comprendre comment ce crime d‘exception a été perpétré, à défaut d’un "comment ce crime a-t-il été possible et pourquoi ?" - pour cela, il faudra retrouver Arendt et Lévi, et les avoir lus, vingt ans plus tôt -, au fur et à mesure de son déroulement, là, sous mes yeux, un autre malaise me saisit : le réalisateur semble profiter de l’opportunité qu’il s’est offert pour tenter subrepticement de faire le procès de tout un peuple : le peuple polonais (celui du Nazisme n’étant pas nécessaire puisque Nuremberg s’en est déjà chargé).
Absence de compassion et de solidarité, voire même… réjouissance à l‘idée de voir les juifs de Pologne disparaître corps et biens ; au fil des minutes et des heures, ce documentaire semble s’orienter vers une tentative de mise en accusation du peuple polonais dans son ensemble : peuple pourtant occupé, vaincu et martyr, tout à la fois.
Plus souvent interpellés et garder à distance de la caméra et du micro de Lanzmann que réellement interviewés, tout en cherchant à créer un climat de confiance et d’impunité propice à toutes les confessions de la part de polonais très très moyens, vivant en milieu rural, Lanzmann n'a qu’un souci, à la motivation sournoise, subtilement mâtinée de mépris, plus proche du règlement de comptes que de la recherche d‘une quelconque vérité concernant la nature humaine : confier à ces quelques polonais triés sur le volet, le soin de débiter des préjugés anti-sémites bien établis et ronflants, un rien pantouflards, insistant sans relâche, les relançant, s’acharnant lorsqu‘il n‘obtient pas d‘eux ce qu‘il croit devoir attendre et surtout, entendre...
(Pour la traduction de ces séquences, j'ai fait appel à un ami polonais ; en effet, je ne souhaitais pas me contenter de la traduction qui nous est proposée)
Certes, on m’objectera - ou bien alors on ne m’objectera rien, ce qui est tout à fait possible -, que Shoah n’est ni un travail de journaliste, ni un travail d’historien, ni d'intellectuel…
Soit !
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Quelques années plus tard, avec "Tsahal", documentaire imbécile à la gloire de l‘armée du même nom (quand on sait que c'est l'occupation et la colonisation par l’armée de Tsahal de la Cisjordanie qui condamne le peuple israélien depuis 67 à ne jamais connaître la sécurité ni la paix…), notre documentariste consacrera cinq heures à cette armée israélienne - armée culte à défaut de documentaire culte...
On aura même droit à pas mal d'âneries, du style : "Notre armée est pure (...), elle ne tue pas d’enfants. Nous avons une conscience et des valeurs et, à cause de notre morale, il y a peu de victimes [palestiniennes]"…
Non contradictoire, véritable outrage à la vérité factuelle, le plus souvent, ce film de propagande est d’un ennui ferme pour quiconque sait voir un tout petit peu plus loin que le bout de son nez… comme - mais ce n’est qu’un exemple -, être capable d'établir des relations de causalités tout en cessant de prendre les effets pour les causes ; et puis aussi, faire preuve de clairvoyance en étant à même, un tant soit peu, de les prévoir… toutes ces causes aux effets dévastateurs (et dans ce domaine, les précédents ne manquent pas : il suffit de se pencher sur l’histoire coloniale européenne).
Intellectuellement faible mais... documentariste doué, habile et déterminé, sachant se donner les moyens de dire ce qu’il a à dire, avec Lanzmann, une vision manichéenne du monde semble dominer, doublée d‘une vision à la fois presbyte et myope...
Aveugle Lanzmann ?
Directeur de la revue Les Temps Modernes qui prend aujourd’hui comme un sacré coup de vieux (ou d'ancien), l’engagement anti-colonialiste de Lanzmann (il fera partie des signataires du Manifeste des 121, qui dénonce la répression en Algérie de 1957), et la fréquentation de Sartre et de Simone de Beauvoir ne lui auront donc été d’aucune utilité et d'aucun secours…
Ou bien alors, cette dernière fréquentation serait responsable de sa cécité, et c'est bien possible, après tout : relents de manichéisme stalinien dans la pensée de tout ce beau petit monde ?!
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Mais... pourquoi hésiter à le dire !
N'est pas Hannah Arendt qui veut !
Non. Vraiment !
Je pense à son étude sur le totalitarisme et l’aptitude de certains régimes à détruire la volonté des individus ainsi que son étude sur le mal, ou plutôt, son étude sur les ressorts du mal et de sa banalité dont aucun peuple, aucune culture et aucun Etat ne peut prétendre être à l‘abri, sûr de son bon droit... sans oublier le fait que les cours d’assises et les cours internationales regorgent d’individus qui avaient tous de "bonnes raisons" de penser et d'agir comme ils l'ont fait.
Et là encore, aucun doute n'est possible : n’est pas non plus Primo Lévi qui veut !
Son ouvrage "Si c'est un homme" explique, à la manière d'un sociologue, la déshumanisation, l’absence de solidarité et de compassion dans les camps, les stratégies et les tactiques machiavéliques - seules conditions pour assurer sa survie -, la culpabilité des survivants…
Avec ces auteurs, c’est un pas de plus vers une nouvelle compréhension de cette nature humaine labyrinthique (et toujours innovante !) qu‘est la nôtre, qui nous est proposée : nature en trompe l'oeil, dissimulatrice, accapareuse et rétentrice, cruelle au besoin et toujours prompte à l’oubli, ne serait-ce que pour pouvoir encore se regarder dans la glace le matin à l’heure du rasage, de l'épilation et du maquillage.
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Lanzmann aura été confronté à trois peuples martyrs.
Les voici, dans l'ordre chronologique (liste non exhaustive, bien évidemment et puis… vous pensez bien !)
- Le Peuple juif (dont il fait partie).
- Le Peuple polonais : objet de son étude par la force des choses ; rappelons que résidait en Pologne la plus importante communauté juive d’Europe ; il aura donc bien fallu que la Pologne les ait accueillis à un moment ou à un autre tous ces juifs (au 15è siècle, ce fut fait) et que les autres pays d‘Europe ne se soient pas trop pressés d‘en faire autant - quand ils ne les auraient pas tout simplement priés d’aller voir ailleurs si cela se faisait que d’être juif ; sans oublier les nombreux enfants des familles menacées d'extermination qui auront été confiés à des familles polonaises catholiques, lesquelles se seront acquittées de leur responsabilité avec honneur.
Et pour finir…
- Le Peuple palestinien, à travers les actions de résistance de ce peuple contre l‘Etat colonisateur qu‘est Israël et l‘engagement un tant soit peu légitime, sinon compréhensible, de Lanzmann auprès de cet Etat.
Or, de ces trois peuples martyrs, Claude Lanzmann n'en aura reconnu qu'un seul : son peuple ! Les polonais et les palestiniens n'étant à ses yeux que les bourreaux du peuple juif.
Arroseur arrosé, l’accusation portée contre les peuples polonais et palestinien pouvant lui être très facilement retournée, la Shoah aura fait de Claude Lanzmann un tartuffe de l’élévation de la conscience humaine, lui-même s’étant trouvé tout juste dans la moyenne (sinon, en dessous) quand il s‘est agi d’être capable de faire preuve de compassion, de solidarité et de compréhension envers les peuples polonais et palestinien.
Si l’expérience de la "solution finale" d’un Primo Lévi et de quelques autres aura permis à ces êtres de se hisser jusqu'à l'Universel, éclairant telle un phare notre conscience, réveillant telle une semonce cette même conscience propre aux humains - ce dont l’Humanité a tellement besoin ; elle qui ne cesse d’osciller entre sainteté et démons pour finalement trouver un équilibre dans un entre-deux toujours précaire, certes, mais... qui permet, tout de même, à bon nombre d’entre nous de nous coucher avec la quasi certitude de pouvoir nous réveiller sains et saufs et à peu près... indemnes... pour ce qu‘il en est de notre existence au quotidien -,
En revanche, le travail du documentariste Lanzmann n'aura pas échappé à cette règle, décidément récurrente, comme tant d'autres et peut-être plus que tout autre, qui fait de l'être humain un être à la compassion intermittente et sélective...
Car, confrontés à son travail, ce dont il nous est demandé d’être les témoins c'est de la chape de plomb d’une conscience humaine universaliste absente et du triomphe de l'égoïsme et d'une haine à peine contenue, dans une vision communautariste à la raison débilitante...
Contre le poids plume d'une conscience humaine capable de réconciliation et d’accalmie dans une élévation qui laisse loin derrière elle une bêtise revancharde, fruit d'un ressentiment stérile, castrateur de toute pensée et de son développement, la privant de maturation et de justesse.
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Souvent présenté en France comme un intellectuel jouissant d'une autorité qui se voudrait morale, comment ne pas voir en Claude Lanzmann un documentariste partial, vindicatif, manichéen et partisan du plus petit commun dénominateur qui soit : celui de "La communauté" (toute communauté : communauté de naissance, d'adoption, communautés intellectuelle, ethnique, sociale) comme seul espace digne de considération, seul espace d'épanouissement, de développement - et de jouissance, au sens lacanien.
Car, une fois encore, on ne le soulignera jamais assez : les faits concernant la Shoah sont bien plus forts, bien plus grands, bien plus têtus et bien plus féconds que tout le travail de Lanzmann ; il suffit de se reporter à tout ce dont la Shoah a accouché dans le domaine de la p(P)ensée : Arendt, Primo lévi, Adorno, Antelme, Hans Jonas, Lévinas, Blanchot, Derrida, Imre Kertész...
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P.S : au sujet de la relation Lanzmann - Simone de Beauvoir...
Tragique ironie !
L’acharnement aveugle d’un Lanzmann dont la démarche - comme nous avons pu le voir -, semble le plus souvent plus proche du règlement de comptes que de la recherche d‘une quelconque vérité concernant la nature humaine, cacherait-il une culpabilité inconsciente eu égard à son attachement à une Simone de Beauvoir (sans oublier Sartre) qui pendant l’Occupation, et alors qu'elle est employée à Radio Vichy, incarnera à la perfection cette classe privilégiée et éduquée restée supérieurement indifférente face aux lois anti-juives et face à une rafle du Vel d’Hiv qui enverra à la déportation et à une mort certaine : 13 152 juifs ?
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Mon blog à l'adresse suivante : [sergeuleski.blogs.nouvelobs.com] -
Marc Jeannerat
La meilleure émission littéraire que j'aie jamais vue et entendue !
Je ne sais pas écrire avec suffisamment de talent pour décrire mon plaisir. Je citerai la spontanéité de personnes en dialogue qui se lâchent et la résonance des harmoniques du triple duo Sartre, Beauvoir, Lanzmann derrière le triple duo Claude Lanzmann, Judith Bernard, Frédéric Ferney.
Bravo, merci... et encore ! -
MICKAEL SAYADA
a lire les differentes reaction je me demande si on vu la même émission
j'ai trouvé cette émission plus tôt plaisante a regardé et très intérrésente .
elle pourrait duré plusieurs heures qu' on s'ennuirait pas -
LaëtitiaS
Je suis un peu déçue, pour tout dire. Je me suis connectée sur le site d'arrêt sur image suite à la présentation élogieuse de Nicolas Demorand ce matin sur Inter, que j'adore, Nicolas, pas Inter, ça me réconcilie avec ce prénom. Une véritable émission littéraire ! enfin ! je m'abonne. Et je m'installe tranquillement avec mon portable, sur mon lit, pour écouter Lanzmann. J'ai bien dit, écoutez, LANZMANN. Tout en plaçant avec une gourmandise anticipée un verre de whisky sur ma table de chevet, je repense aux mots de Nico. "Des interviews menées par des personnes humbles" je crois que c'est ce qu'il disait. Quatre chaises (dont une vide, j'aimerais parler de cette absence, véritable point d'intérêt de l'émission) et une table et c'est tout. De ce côté-là, mon Nicolas n'avait pas menti. J'ai quelques mots à dire sur l'humilité des intervieweurs.
Tout à fait honnêtement, j'ai vraiment ri. Pas forcément comme je l'imaginais. Judith Bernard, tout en savourant ses propres mots, semblant fascinée par sa propre image, qui titille le vieux magnifique sur son narcissisme ! Ah ! j'ai a-do-ré ! Humbles, nos deux compères qui se disputent, les gros yeux de la dame, la confusion de celui qui se retrouve seul avec sa question sur les relations de la papesse du féminisme avec celui qu'il qualifie de "macho". Moi, je la trouvais intéressante, sa question. Alors, je sais, monsieur Ferney n'est pas autorisé à dire que la liberté, ça peut faire mal. J'ai bien compris qu'il y avait un peu de conformisme dissimulé derrière les grimaces. J'aurais aimé avoir la réponse de Lanzmann à cette question-là aussi, même si je partage la curiosité des autres internautes quant à l'interrogation sur les images sacrées (qu'il faudrait détruire) et les autres (que nous devrions regarder). Je pense qu'il n'aurait pas répondu. Que répondre ? Je propose que Claude Lanzmann réponde dans le forum. Daniel, pouvez-vous faire quelque chose pour nous ?
Je vais regarder les autres émissions "Dans le texte" et donner raison à Nicolas, véritable sujet (vous l'aurez compris) de mon post. Car je me suis interrogée sur les raisons de sa chronique de ce matin. Vous pourrez me découper en morceaux, je ne donnerais pas tort à Nicolas Demorand. Je vais regarder les autres, donc, Vinaver par exemple, en espérant que nos humbles journalistes se soucieront à l'avenir davantage de leur invité que de se ravir la parole et d'obtenir la complicité du puissant. -
PJLSM
Manifestement Demorand est mieux informé que le commun des @sinautes sur le programme de demain.
La surprise de Judith n'en paraît que plus surprenante. -
Arnaud
Génial, félicitations Judith, Frédéric, Éric, Daniel, et les autres ! :-)
Avec cet éloge matinal sur Inter, vous allez avoir un pic de connexion dans les jours à venir, il serait vraiment dommage que tout ce monde arrive puis reparte aussi vite, la queue entre les jambes, car on ne s'abonne pas pour une année comme ça, sur la seule recommandation d'une chronique radio, fut-elle de Demorand.
Il vous faut donc absolument prévoir quelque chose très rapidement ! Soit mettre en accès libre pour les quelques jours à venir une ou deux anciennes émissions de D@ns le texte, soit mettre en accès libre une version courte de la nouvelle émission, celle qui va être publiée aujourd'hui. Afin de montrer aux curieux attirés là par les projecteurs de France Inter ce que c'est, que cette émission.
Bonne continuation et à bientôt ! -
Pouik
Dites donc, ne serait-on pas en train d'assister à une grande histoire d'amour qui commence entre vous et Demorand?
Quand est-ce que vous l'invitez?
En tout cas l'éloge est mérité ! -
nathalie naud
Cette éloge est mérité!!! Je reste toujours songeuse face au travail de conception et de préparation qu'une telle émission doit demander!! Vraiment bravo et longue vie!! -
Ajax
Surprise à l'écoute de France Inter ce matin, où Nicolas Demorand déclare sa flamme à l'émission ; ça tombe bien, c'est la sainte Judith ! -
achab
Et Éric Hazan c'est quand?
Merci si quelqu'un peut me répondre. -
Judith
Salut à tous,
J'ai laissé passer beaucoup de messages sans réponse... Je réponds ici en vrac à quelques remarques saillantes.
D'aucuns déplorent que nous ayons manqué de respect à notre invité, que je n'aie pas assez su l'écouter. Je crois en effet que j'ai des progrès à faire en matière d'écoute : je découvre la position d'interviewer, radicalement nouvelle dans ma vie, et il est certain que je peux améliorer cette dimension de l'exercice. Mais je crois utile de rappeler les prémisses qui sont les miennes dans cette émission. Contrairement à ce qui a été dit un jour dans un forum, par Anthropia je crois, et qui a été repris par DS dans une gazette @si, je ne tiens pas l'auteur invité pour un "trésor vivant qu'on écoute assoiffé de savoir". Je n'ai pas d'inclination liturgique, et me méfie de la sacralisation des personnes. Ce qui fait centre pour moi, c'est le texte, pas l'écrivain. Et je dis bien centre, et non sacralité : le texte est un centre devant lequel je n'entends pas me tenir immobile, muette d'admiration et de déférence : c'est au contraire le socle du débat, de l'échange, qui doit pouvoir soutenir un vigoureux jeu de jambes.
Alors oui, quand je me livre moi-même à ce jeu de jambes, je comprends qu'on soit gêné par la dimension narcissique, ou professorale, de la prestation ; de l'intérieur, je ne le vis évidemment pas comme ça. S'il y a une partie démonstrative, c'est dans le sens d'une invitation lancée à l'écrivain - voyez comme je danse sur la musique de votre texte, et vous, comment dansez-vous, comment entrez-vous dans ce pas de deux ? Notre danse commune ne doit pas mettre en valeur nos qualités de danseurs, mais la puissance du texte à soutenir et à générer cette danse. Et s'il y a une dimension professorale, ou plutôt pédagogique, dans cette danse textuelle, c'est dans le sens où ce pas de deux vaut métaphore pour toute opération de lecture : voyez comme on danse, sur la textualité, voyez comme le livre est une formidable invitation à se mouvoir, à se mobiliser, à dialoguer, fût-ce de soi à soi.
S'agissant de cet épisode avec Lanzmann, il est vrai que la danse a entraîné quelques déséquilibres : ils tiennent beaucoup, je crois, à la personnalité de l'auteur, peu enclin à développer des réponses argumentées - je dansais la capoheira, il faisait le danseur de tango (minimal). Il était probablement un peu déstabilisé par l'approche volontiers polémique de nos questions, mais, à en juger par son attitude très flatteuse après l'enregistrement, je ne crois pas que cette déstabilisation lui ait foncièrement déplu (litote).
Encore ceci : nous l'avons bien sûr copieusement remercié pour sa participation, mais nous avons eu la maladresse de le faire après le générique de fin ; vous vous êtes de ce fait retrouvés exclus de ce moment protocolaire, mais indispensable, et c'est une erreur que je veillerai à ne pas reproduire.
Ceci enfin : erreur aussi que ma dernière question (sur la "capitalisation" du vécu dans la textualité) : obsédée par Sartre et Beauvoir, qui occupent beaucoup de place dans les mémoires, j'ai embarqué Lanzmann dans une critique qui ne pouvait pas le concerner. Il m'a nettement remise à ma place, j'ai aussitôt reconnu mon erreur - le mieux aurait été de l'éviter tout simplement. -
Fandasi pour clavier
Il aurait peut-être été convenable de remercier Lanzmann d'avoir accepter l'invitation de l'émission , ça me semble une élémentaire politesse.