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Philippe Ponel
Wow sacrée émission ! j'ai adoré même si on a eu droit à deux trois chamailleries de spécialistes au début surtout lol
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Turdus_Merula
Encore une excellente émission, en effet.
Cela fait tout de même quelque chose de voir et entendre Daniel Schneidermann (à 1h50 environ) dire : ”ce qui va tout changer [par rapport à l'influence des éditocrates], c'est Internet [...] en influence des éditocrates”...
11 ans après... Zemmour est partout, y compris sur le chemin (presque) de l'Élysée, et Bolloré n'a jamais été aussi puissant.
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kiki22
Plus de 5 ans plus tard cela reste une excellente émission qui montre bien la complémentarité d'acrimed et d'asi.
Le chef avait bien raison de parler de l'influence croissante de la critique de l'oligarchie médiatique et donc financière, toute une génération de citoyens c'est éveillé grâce aux sites d'information et de critiques indépendants !
Le problème maintenant est par contre celui de l'espionnage d'État des citoyens sur internet et celui de la censure désormais possible sans jugement ! -
Sarre BATI BOIS
citer bourdieux en queshua? -
Rick Blaine
Henri Maler et son sourire assassin, Daniel Schneidermann d'abord affable mais rapidement susceptible, prêt à surgir en embuscade à tout moment, l'invité qui convoque avec malice les vieux dossiers, l'hôte qui parfois ne le laisse pas terminer ses phrases, chacun fait la leçon à l'autre, feignant le mépris, la distance, toujours observant celui qui lui fait face : cette rencontre tient à la fois du duel et de la parade nuptiale. Et le débat, pour heurté qu'il soit (était-il indispensable d'entrecouper si souvent les propos de Maler de dénis outragés lorsque l'honneur du taulier était en cause ?), n'en est pas moins passionnant, et ce non seulement par ce qui s'y dit, mais également par ce qui s'y joue.
A ce titre, Daniel Schneidermann n'a pas tort de rappeler que sa position est inconfortable : à la fois animateur et partie prenante du débat, on le sent parfois sur la défensive, au début craignant sans doute que l'air entendu et sarcastique de Maler ne cache quelque noir dessein, puis défendant son territoire avec pugnacité : on est habitués à trouver à @si des secrets d'arrière-boutique de la fabrication de l'information, mais là nous sommes au stade supérieur : la mise en cause de la critique des médias en direct par deux factions bien distinctes de la critique des médias.
Ce qui est précieux dans ce match sans gagnant, c'est précisément que la discussion existe. Malgré l'aspect bac à sable pour anciens combattants, il y a un réel respect des deux gladiateurs - quel courage, Anne-Sophe Jacques ! - chacun reconnaissant à l'autre en définitive sa valeur et mettant de côté les vieilles querelles, quelques petites piques mises à part. Il est singulier qu'un PDG de média accepte d'être mis en cause sur son propre plateau. Il est singulier qu'un membre d'Acrimed vienne au casse-pipe confronter sa propre critique des médias à une autre dans un débat immédiatement contradictoire. Et il est singulièrement agréable d'avoir un débat de 2h15 que l'on aimerait voir durer le double entre deux écoles dont on craignait qu'elles ne puissent cohabiter.
La prochaine étape : inviter Pierre Carles ?
Longue vie à @si et Acrimed -
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gondalah
Trop de critique ou pas assez...
La question que vous soulevez, c'est celle d'une critique militante ou d'une critique objective.
Vous avez l'impression que les médias véhiculent un message. Eux trouvent ce message objectif, neutre, vous non. Sont ils militants, l'êtes vous?
C'est inextricable, lassant... En plus, regardez Henri Maler... Seul, mal habillé, pas vraiment télégénique... Alors que internet, c'est frais, c'est fun et on se fâche avec personne!!! -
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Xavier TARPIN
une question au rapport indirect, quoique ....
comment expliquer que les journaux français sont 3 à 5 fois plus cher que les allemands/anglais/japonais/américains ?
sans parler du prix au kg -)
http://blog.actuvisu.fr/prix-de-la-presse-au-kg-la-presse-francaise-bien-plus-chere-que-la-presse-etrangere/
l'oligarchie n'est-elle pas largement sur-rémunérée ? -
miclav
Bonjour,
pas sûr que ce soit bien visible ici, mais avant de polluer des discussions plus récentes mais moins appropriées :
http://www.allocine.fr/film/fichefilm_gen_cfilm=194641.html
Sortie le 11/01/12 presque nulle part... -
lapingarou
Rhha Lovely!
sans avoir lu les différents posts: l'émission de 1996 d'ASI avec Bourdieu : http://blip.tv/file/2905720
Question subsidiaire : je n'ai pas l'impression qu'Henri Maler, ou un autre représentant d'Acrimed, soit revenu depuis. La brouille continue malgré cette superbe mise à plat? De quel coté ça coince?
Faut-il renoncer à voir un jour naitre l'alliance entre sociologie critique et journalisme raisonné?
Ju -
Youri Llygotme
AA, vous avez fait là un travail ENORME! mais je dois avouer que devant cette avalanche d'informations
et de réflexions je n'ai pas le bagage culturel ou spécialisé suffisant pour tout saisir et donc pouvoir me faire véritablement une opinion.
Par contre d'autres, plus calés sur le sujet, vont être fortement intéressés.
Comme pour d'autres "forumeurs" qui font des textes longs ou, comme c'est le cas ici, très longs, je vous conseille fortement
d'en rendre la lecture plus aisée sur écran, p.ex.
- en aérant le texte
- en faisant des paragraphes
- en n'écrivant pas jusqu'en fin de ligne
- en modifiant l'écriture
- ou la l'épaisseur
- ou la [large]taille[/large]
- ou à la limite la couleur
- ou [large]tout à la fois[/large]
- etc. etc.
En tous cas MERCI! -
AA
[Attention, contribution longue pour un forum, mais on a bien le droit de prendre le temps, nous aussi... .]
Désolé de perturber le rythme d'apparition/disparition des « unes » du site en "réveillant" ce forum "vieux" de six mois. Mais l'actualité d'hier ne fait-elle pas celle d'aujourd'hui, celle d'aujourd'hui ne fera-t-elle pas celle de demain?
D'autant que le moment est peut-être mal choisi pour « faire de l'audience » (comme disent certains "supporters" d'@si – puisqu'il paraît qu'il y avait match!), au moment où le « peuple » exprime sa « contestation » contre « l'oligarchie » dans l'espace-temps qui lui est propre, la vie concrète, c'est-à-dire la rue, l'usine, le service, le bureau, et que ça prend du temps (et j'espère que beaucoup d'@sinautes ont délaissé le non-temps d'Internet, mais qui en prend quand même, pour « consommer de la contestation » vraiment). En ce sens, les forumeurs des sites d'opinion sont plus sûrement des consommateurs d'indignation que de contestation, car « si le monde social m'est supportable, c'est que je peux m'indigner » Pierre Bourdieu (entretien avec A. Spire).
« À l'acceptation béate de ce qui existe peut aussi se joindre comme une même chose la révolte purement spectaculaire: ceci traduit ce simple fait que l'insatisfaction elle-même est devenue une marchandise dès que l'abondance économique s'est trouvé capable d'étendre sa production jusqu'au traitement d'une telle matière première. » Guy Debord (La société du spectacle, 1967)
- Où l'on voit que Daniel Schneidermann est un « vrai » journaliste, et qu'il n'est pas simple pour Henri Maler de se « positionner » comme critique radical dans « l'espace médiatique ».
ou
@si – Acrimed: complémentaires? Foutaise!
Je commencerai par situer globalement le « monde social » tel qu'il se donne à voir, en rapport avec le sujet évidemment.
La situation actuelle du bavardage médiatique (la basse-cour) m'évoque irrésistiblement le film « Ridicule » de Patrice Leconte (1996). La pratique de la joute verbale, de la recherche du bon mot, de la répartie qui tue ou projette sur le devant de la scène, dans cet univers de courtisans (« Quels êtres que ceux dont l'âme tout entière n'est occupée que du cérémonial; dont les rêves et les efforts durant des années ne visent que les moyens de gagner un siège vers le haut bout de la table... », Goethe, 1774) dont Norbert Elias a fait la genèse (La dynamique de l'Occident, 1939) en montrant comment la curialisation était pour le roi « à la fois un instrument d'asservissement et d'entretien de la noblesse ». Dépossédés de tout pouvoir politique, les nobles en sont réduits à des batailles de mots et à des jeux de séduction pour plaire au Roi et se faire une réputation, donc se voir attribuer une "charge" (lever ou coucher du roi, maître des jardins,...) plus lucrative. Car le monarque absolu doit tout régenter: « rien ne caractérise mieux une monarchie forte que cette nécessité de surveiller tout ce qui se passe dans la sphère du maître central. » Pour asseoir son pouvoir, « le roi centralise les recettes fiscales du pays et redistribue les sommes encaissées selon son bon plaisir et dans l'intérêt de sa domination, si bien qu'un nombre sans cesse grandissant de personnes dépend directement de sa faveur ou des versements de l'administration royale des finances. » Avec l'argent des pauvres (aujourd'hui les basses classes moyennes en voie de paupérisation) qui seuls payent l'impôt! C'est curieux, ça me rappelle quelque chose... Aujourd'hui, les moyens technologiques de la domination se sont généralisés et avec eux la "démocratisation" de la vulgarité de la vie de cour, curseurs de notre dépossession.
Pour ordonner la discussion confuse qui nous occupe entre Henri Maler (HM), Anne-Sophie Jacques (ASJ), et Daniel Schneidermann (DS), faisons d'abord le ménage et tentons de faire un peu de rangement. Ttravail forcément subjectif mais en essayant de rester au plus près de ce qui a été dit, et sans que la dominante retenue soit exclusive. Par exemple: DS peut revendiquer l'objectivité sans nier sa subjectivité. Le rangement est un exercice normatif. Les corrections sont les bienvenues:
ACRiMED/ @SI
Débat: Public/ Médiatique
Dispositif: Égalitaire/ Asymétrique
Conditions: Nous choisissons les conditions/ Honnêteté dans la gestion du dispositif
Présentation de soi: Propagande/ Journalisme
Statut: Association/ Entreprise de presse en ligne
Membres: Adhérents, militants/ Abonnés, esprits critiques
Représentant: Porte-parole occasionnel/ Patron
Objectif: Transformation de l'espace médiatique et de ses structures/ Se positionner sur le marché des nouveaux médias
Intention: Faire sentir la nécessité urgente de l'objectif. Stimuler des mobilisations/ Aider les gens à recevoir autrement, à consommer autrement l'information qui leur est servie. Que les gens soient plus informés pour prendre leurs décisions.
Praxis: Conflit - prendre position/ Contradictions - Se positionner
Méthode: Débat public/ On va là où est l'information
Rapport à l'information: Mise en perspective pour mobiliser l'acteur de changement social/ Décryptage pour éclairer l'électeur
Norme: Qualitatif/ Quantitatif
Évaluation: Mobilisation/ Visibilité - Reprise d'info par les "grands médias"
Développement: Influence/ Impact
Finalité: Appropriation associative-coopérative/ Servir de modèle pour les nouvelles structures d'informations
Moyens: Forces militantes/ Journalistes professionnels
Ressources: Cotisations et soutiens, Subventions (?), Savoirs militants, professionnels, chercheurs, universitaires/ Abonnements, Aides spécifiques de l'État à la presse (?), Informations venues d'autres médias, experts, forum
Motivation personnelle (d'après ASJ): Foi/ Salaire
Phrase clé: « Vous sous-estimez la violence de l'oligarchie médiatique »/ « L. Joffrin me laisse écrire dans Libération sauf quand il me censure »
Difficultés avec le microcosme des médias: On se heurte à un mur: hors-champ, insultés/ Ignorés. On n'est pas repris
Public visé: Protagonistes d'une action collective sur la question des médias; « acteurs ». Ceux qui payent l'abonnement. Spectateurs critiques
Relevons quelques concepts non précisés dans la discussion (méfions-nous de ce qui nous apparaît évident):
Qu'est-ce qu'un débat (public, médiatique)?
Qu'est-ce qu'un dispositif?
Qu'est-ce qu'une information?
Qu'est-ce qu'une opinion (se faire une opinion) vs une position (prendre position)?
Qu'est-ce qu'un(e) militant(e)?
Qu'est-ce qu'un média? Qu'est-ce qu'un espace médiatique vs public?
Qu'est-ce qu'un conflit? Une contradiction?
Qu'est-ce que l'honnêteté? La transparence? L'objectivité?
Voilà, nous sommes prêts à nous jeter dans les grandes eaux.
Me voilà donc en présence « médiatisée » d'un « débat »: l'écran de l'ordinateur, le matériel de gestion interne à la machine, la connexion téléphonique, le serveur internet, les caméras et la disposition du plateau -. Consultant de la page Web, je ne suis en présence ni dans l'espace ni dans le temps avec les "acteurs". Je ne suis en présence que de leur "image" sur laquelle je peux projeter mes affects identificatoires, que je sois ou non partisan, sans que cela ai le moindre effet sur eux. Je peux leur « cracher à la gueule » comme dit Apathie, cela ne salit que mon écran. - Je serais dans la salle, ça ne changerait pas grand chose. Le « dispositif » s'imposerait à moi: une entreprise organisatrice (décidant du thème, du lieu, de l'heure, des invitations) d'une rencontre entre des personnes qui sont à une table avec le droit de parole distribué par un animateur(trice), les spectateurs assis à bonne distance sans droit à la parole. Si j'interviens, je « casse le dispositif », et si je pousse le bouchon trop loin (leur cracher à la gueule "en vrai") je constaterais le lien direct entre le droit de propriété (et « la propriété, c'est le vol »!) et le monopole de la force rétrocédé par l'État à des entreprises de vigiles privés. Mon seul choix est d'y assister ou pas.
« Le spectacle n'est pas un ensemble d'images, mais un rapport social entre des personnes, médiatisé par des images. » (Guy Debord)
Les protagonistes de ce « débat » sont: le patron d'une PME de presse en ligne "indépendante", animateur et débatteur de l'émission (« position inconfortable » (sic!)), DS; flanqué d'une de ses salariés chroniqueuse ayant une fonction flou (« j'aime bien être le déséquilibre » (resic!)), ASJ; et d'un invité, co-animateur d'une association loi 1901 (sans but lucratif), dont il est le porte-voix pour l'occasion. [Curieuse, la présentation de DS: « Sur le plateau, nous recevons donc l'un des co-animateurs du site d'Acrimed, Henri Maler. Il est accompagné (!!!) de notre chroniqueuse, Anne-Sophie Jacques. »]
Donc, en plus de l'asymétrie du nombre, il y a l'asymétrie des statuts des personnes. L'un est représentant d'un collectif à qui il devra rendre des comptes. Si je suis adhérent actif d'Acrimed, je pourrai « contester » les prises de position de HM si j'estime qu'il a trahi ce que nous avons élaboré en commun. Les deux autres sont des professionnels ayant un lien de subordination en tant que patron et salariée, qui n'ont de compte à rendre qu'au résultat escompté de leur « efficacité » en terme d'audience quelle que soit leur implication personnelle dans la discussion. En tant qu'abonné d'@si, je peux soit me désabonner si je suis insatisfait, soit exprimer mon mécontentement ou ma satisfaction sur le forum sans pouvoir en mesurer la prise en compte par les gestionnaires d'@si, soit encore porter la « contradiction » sur tel ou tel point, sans que, là non plus, j'en maîtrise la prise en compte puisque les gestionnaires décident « en leur âme et conscience ».
Peut-on alors apprécier (évaluer?) la parole de l'un et des autres sur les mêmes critères? L'un va devoir gérer sa liberté d'expression à l'aune de ses engagements vis à vis du collectif (d'où l'impression de dogmatisme que donnent souvent les porte-parole), les autres vont essayer d'être performants dans leur travail - l'une en tâchant de ne pas déplaire au patron (voir l'échange sur le temps passé à modérer un forum); l'autre en évitant de paraître patron autoritaire et en réussissant "son" émission -.
En acceptant ces conditions, HM sait qu'en plus d'être brillant - condition dans l'espace médiatique pour avoir une chance de faire entendre ses arguments -, il va devoir gérer à la fois la correspondance de ces propos avec les positions de son collectif (qu'il ait participé à les élaborer ou non) et le dispositif médiatique comprenant l'idéologie journalistique de ses interlocuteurs. C'est ce à quoi sont confrontés les porte-parole(s) ouvriers quand ils sont interviewés au JT de 20H par des "lecteurs de prompteur". Il est alors facile pour certain(e)s (voir forum) d'interpréter les hésitations dans la formulation de la pensée ou des revendications comme de la suffisance ou de l'hypocrisie.
C'est dans ce cadre et ces rapports surdéterminés que l'on nous propose un « débat ».
Le dictionnaire nous dit que débattre c'est « examiner contradictoirement avec un ou plusieurs interlocuteurs » une question ou le prix dune vache à la foire, en soulignant que le préfixe dé indique l'éloignement, la séparation, la privation ».
Débat: discuter, agiter, traiter, altercation, contestation, controverse, démêlé, différend, disputer, quereller, contredire, polémiquer, échanger, confronter.
Quel est le thème de ce débat? Il apparaît en fait double: - pour les protagonistes: « Est-ce qu'il y a toujours des désaccords entre-nous? » suite à une longue et ancienne « attention mutuelle pas forcément bienveillante » ayant son origine dans un « conflit » à propos d'une émission avec Pierre Bourdieu datant de 1996. Ce qui justifie « le match » annoncé de manière racoleuse qui devrait passionner les supporters des deux camps.
- Plus largement (pour le public "éclairé" donc?): à partir des « différences sensibles » entre Acrimed et @si, traiter de la question de « la conception du débat public », s'appuyant sur l'actualité: « il y a de plus en plus de critiques des médias dans les médias de la part notamment de personnalités politiques ».
Acrimed le formule ainsi sur son site: « Cette émission devait avoir pour thème central la critique politique des médias, avec pour points de départ « l’affaire Peillon » et « l’affaire Mélenchon », ASI se réservant de préparer d’autres questions (que nous ne connaissions pas). Or que s’est-il passé ? Après deux séquences préparées par ASI (une séquence sur « L’objet du scandale » dont nous étions prévenu et une autre sur notre critique du Monde dont nous ne savions rien), la logique de la discussion a bouleversé l’ordonnancement prévu par ASI (sans remords ni plaintes de part et d’autre…) : d’où le caractère décousu d’une discussion/confrontation (d’une durée exceptionnelle : 2h16) qui aborde les thèmes au gré des relances ou des questions des présents sur le plateau. ».
Mais « critique politique des médias » est-il à entendre comme « critique par les hommes/femmes politiques des médias » ou « critique, à partir d'un point de vue politique, des médias »? Nous ne le saurons pas.
Quel est l'enjeu du débat?
Suite à une proposition d'Acrimed et « faute de trouver un accord sur cette offre, nous avons accepté une confrontation dans un espace médiatique qui, de surcroît n’est pas le nôtre: une confrontation forcément asymétrique, sur le plateau d’ Arrêt sur images, avec un seul d’entre nous, pour ne pas créer l’illusion d’un débat "à armes égales" ». (site Acrimed)
Pourquoi avoir accepté cette confrontation ? « Pour clarifier, sans rien oublier des désaccords, voire des affrontements d’hier, l’état actuel des convergences, différences et divergences entre Arrêt sur images et Acrimed. »
Mais pourquoi y a-t-il besoin de "clarifier" les différences et divergences entre Arrêt sur images et Acrimed. »? Je n'ai pas trouvé d'éléments de réponse à cette question. Comme le dit xyl (forum): « les implicites des positions respectives sont restés... implicites ».
Donc, je spécule. Reformulons la question: Quel est l'intérêt pour Acrimed de venir « clarifier » dans un dispositif qu'ils analysent eux-mêmes comme construit pour justement empêcher la clarté sur les positions de fond? Réponse logique: pour donner une visibilité médiatique à Acrimed qui a besoin de sous (20000E c'est pas rien). Ce qui n'a rien de honteux. Pour ça, il faut passer à la télé et vu qu'Acrimed se « heurte à un mur » de la part des médias, la rencontre avec @si fournit l'occasion. Ce qui explique, d'après moi, le choix d'Acrimed que HM soit seul ainsi que sa posture ambigüe: je joue le jeu mais sans illusion sur le résultat. Le débat aurait duré 2h de plus que ça n'aurait pas changé grand chose.
Nous nous trouvons donc dans la situation classique du « débat dans l'espace médiatique » pour discuter contradictoirement « des différences et convergences entre @si et Acrimed ». Ce qui fait que nous restons sur notre faim, comme d'habitude, avec des réactions mitigées (forum). Pour finir globalement sur une position d'équilibre: @si et Acrimed sont COM-PLÉ-MEN-TAIRES. (Bravo ASJ, pour le déséquilibre, c'est réussi!). Ce que confirme Anthropia (forum): « L'impression que vos différences sont finalement des complémentarités, et qu'à pointer les différences, on construisait en pointillé un paysage d'intervention grand angle sur les médias et leur critique ». Nous savons tous que c'est cela le véritable enjeu des « débats dans l'espace médiatique »: annuler les divergences et que le spectacle continue. Réduire la critique sociale radicale à une opinion comme une autre (une opinion ça s'indigne, ça ne conteste pas), circulez, y'a rien à voir, « aujourd'hui, quand il y a une grève en France, plus personne ne la voit », non seulement parce qu'on la montre le moins possible, mais aussi parce que l'on noie ces bribes dans le brouhaha cacophonique d'infos les rendant inaudibles. Mission accomplie, chef. « Quand on lui donne la parole, c'est pour la lui reprendre aussitôt » HM.
L'alternative "démocratique" soutenue par Acrimed est le « débat public ». Le débat EN public, pas AVEC un public. Ce qui suppose de poser à priori que les personnes y participant (tous les présents) sont parties prenantes. « John Dewey, nous dit Irène Pereira, définit le public comme "ceux qui sont indirectement et sérieusement affectés en bien ou en mal, formant un groupe suffisamment distinctif pour requérir une reconnaissance et un nom". Le public pour Dewey se caractérise par le fait qu’il ne s’agit pas de personnes directement affectées par un problème, mais qu’il s’agit d’une communauté plus vaste. (…) Le public va se constituer à partir d’un problème qui dépasse la sphère privée par ses conséquences. Par exemple, une grève est amenée à rentrer dans la sphère publique si le problème contre lequel elle est menée porte sur une situation qui a des conséquences au-delà de l’entreprise. » Et non des auditeurs écoutant des gens débattre en posant quelques questions à la fin, ce qui est malheureusement la forme majoritaire des débats dits publics.
Et pour cause. Le débat public est affaire d'État. C'est-à-dire, aujourd'hui, de la Communauté des États d'Europe. Mais aussi de la planète. Par exemple: note de synthèse de l'OCDE sur la gestion publique (juillet 2001) - Impliquer les citoyens: l'information, la consultation et la participation du public dans le processus de prise de décision. Sous le sous-titre: « Retirer les bénéfices » (sic!): « Investir (resic!) dans une politique de renforcement des relations entre les administrations et les citoyens permet d'améliorer la qualité de la prise de décision. C'est un élément central de bonne gouvernance. Il permet de capter de nouveaux courants d'idées pertinents et des informations utiles tant pour la prise de décision que pour la mise en œuvre de politiques publiques. Il contribue également au renforcement du sens civique et de la confiance du public dans l'administration ainsi qu'à la qualité de la démocratie. De tels efforts aident à consolider la démocratie représentative au sein de laquelle les parlements jouent un rôle central. (…) ..le but de telles mesures doit être d'améliorer la qualité, la crédibilité et la légitimité des décisions des pouvoirs publics... ».
Bref, le débat public concerne « toute instance ou procédure de mise en discussion publique des choix collectifs », résume très largement Serge Rui (La démocratie en débat, 2003).
Certes, cette préoccupation des pouvoirs publics n'est pas nouvelle puisque l'enquête d'utilité publique a son origine sous la IIIème République. Mais elle s'est développée à partir des années soixante-et-dix et à pris ses caractéristiques modernes avec une directive européenne du 27 juin 1985.
C'est que l'État libéral triomphant commençait à avoir chaud aux fesses: « À l'heure où le périmètre des pouvoirs publics est chahuté, la légitimité de l'élu controversée, les certitudes scientifiques ébranlées, le modèle technocratique discrédité, imaginer de nouvelles articulations entre savoir scientifique et décision politique, connaissances techniques et action publique, relève de l'état de nécessité civique. La réforme de l'État ne saurait faire aujourd'hui l'économie d'un changement de paradigme politique, et la rénovation du contrat républicain passe de toute évidence par l'apprentissage collectif d'un nouveau rapport entre la représentation populaire et la participation démocratique. Le regain de la régulation publique est à ce prix. (…) La culture du débat public s'est enracinée au fil de l'eau, servie, il est vrai, par le climat des crises sanitaires à répétition sur fond de dysfonctionnement public (amiante, farines animales, OGM, déchets nucléaires, sang contaminé). » C'est Maître Lionel Brard, avocat à la cour, membre du Conseil économique et social et de la Commission nationale du débat public qui le dit (in Revue d'Étude et d'Information publiée par l'Association du Corps Préfectoral et des Hauts Fonctionnaires du Ministère de l'Intérieur, 2001).
Et nous pouvons ajouter, depuis les années soixante: les résistances à l'aménagement touristique du Bas Languedoc, la lutte des paysans du Larzac contre l'extension du camp militaire, les luttes contre les projets d'autoroutes, de TGV, de centrales nucléaires, etc.
Mais aussi les expériences de démocratie municipale portées par la nouvelle classe moyenne qui voulait sa place au soleil des spots de la cour, dont la plus emblématique était celle de Grenoble avec le futur ministre Dubedout, qui ont préparé l'arrivée de la gauche au pouvoir en 1981.
Alors que le monde réel est dirigé (gouvernance) par des bureaucrates opaques inféodés aux puissances financières mondiales, il faut amener le « peuple » à participer aux queues de cerise des décisions en gommant ses rouspétances.
Vont donc fleurir dans les années quatre-vingt un ensemble de termes plus ou moins interchangeables dans les rapports, les discours, les colloques (sur les colloques, voir Franck Lepage): démocratie participative – démocratie de proximité – démocratie continue – approfondissement de la démocratie – complément de la démocratie représentative - réforme de l'État – participation du public – société civile – diagnostic partagé - authenticité – transparence – proximité – autonomie – pluralisme -subsidiarité – solidarité – responsabilité – acteurs – projets...
Avec la promotion de la figure du « citoyen » (contribuable, assujetti, redevable, allocataire, résident, justiciable, administré, usager, client, électeur...).
Monsieur Hubert Blanc, préfet honoraire, ancien président de la Commission nationale du débat public, donne une définition: « La démocratie participative n'est ni l'art de la communication, ni le suivisme aveugle. Elle est la discipline nécessaire qui doit amener le décideur public à ne pas prendre la décision avant d'avoir soumis son projet à l'épreuve de la transparence, de la contradiction et de l'échange public (c'est moi qui souligne). (…) La finalité du débat, c'est de recueillir, de la manière la plus large possible, les réactions, contre-propositions, expertises et bien entendu les explications du maître de l'ouvrage sur les intentions et sur les alternatives éventuellement possibles. (…) La conclusion du débat ne doit pas être un avis ou une "position" de la commission; ce serait fausser le débat et organiser autour de lui un rapport de force que d'en attendre un avis qui absoudrait ou condamnerait le projet. Toute liberté doit être laissée, à chacun d'en tirer les conclusions qu'il assumera. (…) La démocratie participative devient alors un moyen d'arriver à de meilleures décisions publiques. »
Pascal Nicolas-Le Strat (L'implication, une nouvelle base de l'intervention sociale,1996) traduit: « Nous assistons à l’émergence d’un modèle d’action qui s’appuie sur l’implication de l’usager pour se développer, pour préserver sa productivité et garantir la qualité de sa prestation. Il n’y a pas co-production par l’usager de l’intervention, ce qui supposerait une distance critique et délibérative, mais inclusion de l’implication de l’usager dans la production de l’intervention. Dans une action en “implication optimale”, l’usager n’est pas considéré comme co-producteur mais, par contre, sa compétence est mobilisée pour atteindre une meilleure productivité de l’action. L’implication est plus proche d’une technologie de la production (un gage d’efficacité) que d’une technologie de la participation; elle relève sans doute plus concrètement d’une socio-économie de l’intervention administrative que d’une socio-politique de l’activité politique. »
Mais voilà, avec le temps les belles idées se dégradent, les fleurs fanent. Pierre Zemor, conseiller d'État, président de la Commission nationale du débat public, s'en désole: « Cette notion de transparence est galvaudée quand elle correspond à l'ouverture des vannes à des flots d'informations qui noient les profanes sous... l'apparence. » Jean-Marc Fiorese (forum) confirme « Pour assoir sa puissance, l'autorité de cette nouvelle oligarchie [d'internet] ne se fonde pas, comme dans l'ancienne, sur la censure mais bien au contraire sur l'abondance et les priorités ».
Loïc Blondiaux et Yves Sintomer, sociologues, constatent que les dispositifs délibératifs sont en fait de « simples techniques managériales de gestion des conflits sociaux ». Ce qui nous permet de revenir à notre petit microcosme (avec la redondance, il est vraiment tout petit).
(A suivre...) -
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-
Jelomar
Article qui illustre parfaitement le rôle idéologique et répressif de "l'oligarchie médiatique" :
http://www.legrandsoir.info/Sombre-avenir.html -
pitbul87
super émission
j'irai dorénavant aussi sur acrimed (je ne connaissais pas)
dommage que M. Schneiderman soit autant sur la défensive
et merci pour le lien car j'ai enfin pu voir l'émission avec M. Bourdieu -
Gigi
A lire sur Pierre Bourdieu : "Célébration du génie colérique " de Michel Onfray, Ed Galilée, 14.50 Euros -
Caroline BENKHEDDA
Très pertinent et rare ce débat...A mon avis, Acrimed et asi sont complémentaires, mais les piques d'Acrimed sur asi sont salutaires à mon sens...Entendre Bourdieu cité intelligemment dans une émission fait du bien aussi...Attention à ne pas être plus critique avec Acrimed qu'avec vos ennemis cependant...
Rare dans les médias, un débat qui vole si haut ceci- dit!
Merci!
Caroline -
little jo
Je viens de regarder pour la première fois l'émission d'@si avec Bourdieu (grâce à l'article d'acrimed sur @si :http://www.acrimed.org/article3369.html) :
http://www.mefeedia.com/watch/29257869
Je n'ai pas suivi la polémique, ça m'avait complètement échappé. J'étais surement trop jeune à l'époque pour m'y intéresser.
Quelques réflexions :
-Le dispositif actuel d'@si est meilleur que celui que j'ai vu, ça me fait par exemple bizarre de voir DS à côté de Durand. Cependant je trouve que la forme de l'émission n'a pas beaucoup changé (par exemple on voit un écran derrière).
-J'ai trouvé que Cavada et Durand sont sacrément arrogants dans cette émission.
-Je comprends que Bourdieu s'est senti piéger, je le sens mal à l'aise pendant l'émission. Il a en face deux grands communicants de la communication. De plus, je ne crois pas que pendant l'émission comme sous-titre vous avez dit qui était Cavada (patron de la cinquième).
-L'émission est vraiment courte pour 3 invités de poids. Je pense que Durand était en trop (facile d'attaquer TF1).
-Je pense que Bourdieu a "gagné" le débat mais vu le peu d'estime que j'ai pour ces deux présentateurs, c'est pas simple d'être objectif. -
gwendal
2 ème fois que je la regarde. Vu que vous avez discuter d'un ou deux sujets sur les 6 voulu... emission à renouveler ! ! !