The Crown : "La série a rendu glamour un couple chiant"

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Ou comment romancer la vie d'une reine


La reine Elizabeth II est morte, suscitant une émotion mondiale, et des centaines d'heures de direct sur toutes les chaînes du monde. À Londres, où les funérailles d'Elizabeth II seront célébrées le 19 septembre, les britanniques font des heures de queue pour rendre hommage à la monarque presque centenaire. Mais au fond, que savions-nous d'Elizabeth II ? Que savions-nous de ses états d'âme, de ses opinions, de sa pensée ? Pas grand-chose, tant la reine avait choisi, pour assurer à son règne une longévité hors norme, de se murer dans la neutralité, du moins en apparence. Finalement, ce que nous savons, ou croyons savoir d'Elizabeth II, ne viendrait-il pas de la série à succès The Crown, qui retrace la vie de la reine ? Où est la part de vérité, où est celle de la fiction ? En 40 épisodes (à date, deux saisons supplémentaires sont prévues), The Crown donne à voir une reine à travers ses âges, dans l'intimité. Une intimité à laquelle, pourtant, personne n'a eu accès. Peut-on donner à voir la vie d'une reine, au risque d'inventer ? Pour en discuter avec Daniel Schneidermann, Arrêt sur Images reçoit Joffrey Ricome, journaliste, co-auteur de The Crown, le vrai du faux (Grund, 2020), Marjolaine Boutet, critique séries, historienne des représentations dans la pop culture et Ioanis Deroide, professeur et auteur de L'Angleterre en séries (First, 2020). 

Une danse très politique

Dans la série, la reine accorde une danse à Kwame Nkrumah, président du Ghana entre 1960 et 1966. Une danse très politique, et très calculée pour Marjolaine Boutet : "Elle lui dit : «Vous, vous apparaissez sur la scène internationale, mais en échange, vous restez dans le Commonwealth»".

Et les Anglais dans tout ça ? 

Où est la question sociale dans The Crown ? La série, centrée sur la vie de la reine, tente quelques incursions dans la vie des vrais Anglais. Logique pour Ioanis Deroide : "Les Anglais aiment bien parler des différences sociales, des différences de classes."

Rendre "glamour" un couple "chiant"

Pour Marjolaine Boutet, la série a réussi un exploit hors norme : faire d'Elizabeth et Philip un couple glamour dont on suit les aventures. Pourtant, dans la vie, "ils étaient chiants". "C'est le talent de la fiction", conclut l'universitaire.

Pour aller plus loin 

- The Crown, le vrai du faux (Grund, 2020), le livre de Joffrey Ricome.
L'Angleterre en séries (First, 2020), le livre d'Ioanis Deroide.
- Notre journée télé devant la BBC au moment de l'annonce de la mort d'Elizabeth II.

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