-
Emilie
Juste pour dire publiquement : on s'en fout de la chemise. Le ridicule est du côté assemblée et règles. Comme les amendes pour tenue vestimentaire pendant que d'autres dorment ou ne viennent pas. Pitoyable. En fait, passer par au-dessus, remettant sa chemise face à une demande médiocre, c'est noble. Et ce qui ferait gamin, c'est d'entrer en lutte sur ce détail.
-
Amélie
J'ai 25 ans et je suis "tombée dans Brel" à cause de ma prof de français de seconde qui nous avait fait travailler sur deux de ses chansons, et effectivement, je n'en sors plus !
Brel est difficile à classer. Ses textes et son comportement vis à vis de l'argent (il le donnait à tout le monde, associations ou amis) me font dire qu'il était de gauche. Mais sa façon de vivre en mettant la liberté au dessus de tout, me fait dire qu'il était individualiste. Donc Brel était un individualiste de gauche...? En tout cas, il a bien soutenu Mendès France en 1967 et a écrit la magnifique chanson Jaurès.
Ensuite, Brel n'a jamais critiqué les bourgeois. Je pense qu'il s'en fichait des classes sociales. Mais il dénonçait l'embourgeoisement, c'est à dire un certain comportement qui mène à l'immobilisme, à l'assagissement, au manque d'ouverture d’esprit, au renfermement sur soi ou dans une communauté. Pour éviter ça, il faut bouger, rester curieux ; il faut "aller voir" comme il disait sans arrêt. Et c'est quelque chose que j'essaye d'appliquer tous les jours grâce à lui et ça me réussi !
Au sujet de la chanson Les Bonbons 67, elle n'est pas réac mais ironique. Si on prend le temps d'écouter les paroles, on constate, dès la 1ère version Les Bonbons, que Brel y fait le portrait d'un perso ridicule, malhonnête, versatile : il n'a ni sentiment amoureux, ni opinion personnel, ni sincérité. Il tente de masquer un manque de personnalité. On remarque aussi qu'il est moqué et rejeté, ce qui l'a peut-être rendu aigris.
Dans la deuxième version, le personnage est encore plus ridicule. Il paraît plus sûr de lui, mais est encore plus faux et cherche à se donner un genre. Il se contente de suivre un mouvement. Est-ce que le fait d'adopter telle mode, telle coupe de cheveux est une preuve d'engagement personnel ? Quand on est sincère dans ces convictions a-t-on besoin de déclarer "Enfin, j'ai mes opinions" de là sorte ? Lorsqu'il crie "Paix au Vietnam ! ", il n'y a aucune sincérité. Ici, Brel fustige les suiveurs sans convictions, les insipides qui font semblant, s’acclimatant aux vagues du moment uniquement pour se forger une image, une personnalité artificielle pour avoir l'air (écouter aussi sa chanson "Les moutons"). Mais l'auteur ne se moque absolument pas du fait d'être contre la guerre du Vietnam. Brel était anticonformiste et anticommunautariste.
A la fin de la chanson, le personnage est tellement versatile qu'il finit par offrir ses bonbons à un homme, qui plus est, flamingant. Moi qui suis lesbienne, je n'y vois pas là de l'homophobie, mais de la provocation envers une des cibles favorites de Brel, les nationalistes flamands, qui étaient (et sont encore je crois) pour la plupart des catholiques très conservateurs. Brel savait pertinemment que ça déplairait à une partie de la Flandre et ça n'a pas loupé : cette chanson a fait scandale là-bas. Je suis d'accord pour dire que ce n'est pas très intelligent d'avoir utilisé l'homosexualité comme un doigt d'honneur, mais de là à en conclure que c'est un homophobe, non ! D'ailleurs, je vous invite à écouter attentivement les paroles de sa chanson "Les Bergers", et vous rappelle que Brel a dit de Michou, avec qui il était très ami : "Je l'aime beaucoup, parce que c'est un homme, un vrai et que dans la vie, on n'en rencontre pas tellement".
Accuser un chanteur de réac et d'homophobe uniquement en se basant sur une seule chanson me parait trop réducteur. En fouinant sur le net, j'avais trouvé une interview où Brel parlait de mai 68 : il soutenait clairement le mouvements des jeunes et disait avoir été assez fier que ses chansons "Quand on a que l'amour" et "La Colombe" aient été reprises à la fois par des militants contre la guerre d’Algérie et contre la guerre du Vietnam. Hélas je ne retrouve plus cette interview, mais j'ai trouvé l'extrait d'une autre qu'il a donnée en avril 68. Tout comme la philosophie de vie de Brel, on ne peu pas dire que ses propos ici soient ceux d'un réac : https://www.rtl.fr/actu/debats-societe/cinquante-ans-de-mai-68-ce-qui-se-passait-a-l-odeon-ca-ne-me-concernait-pas-pour-hallyday-7793246319
Quant au fait qu'il soit misogyne, il l'était probablement, comme beaucoup d'artistes à son époque. Ma grand-mère m'a dit que les femmes elles-même étaient misogynes en ce temps là. C'était dû à l'éducation. Peut-être que Brel aurait évolué avec la société s'il avait vécu plus longtemps, comme Aznavour qui lui aussi était très misogyne à une période et beaucoup moins, voire plus du tout après. Pour autant, je ne pense pas que Brel était phallocrate : il était capable d'admirer des femmes (Colette, Marie Curie ou même sa propre mère dont-il était très proche, par exemple). Et c'est lui qui a poussé Barbara, dont il était très proche, à écrire elle-même ses propres chansons. Je crois qu'il avais très peur des femmes ; pour lui, elles étaient manipulatrices, calculatrices et intéressées, donc il s'en méfiait. Cela avait-t-il aussi à voir avec ses expériences personnelles ? Chez lui, je trouve que cette misogynie s'apparente à une espèce de rancœur tenace d'ado blessé, presque à un désir de vengeance. En tout cas, quand on écoute les témoignages de femmes qui l'ont côtoyé, elles le décrivent toutes comme un hypersensible et un grand timide. Je pense qu'il y avait des artistes bien pire que lui sur ce sujet, comme Ferre ou Gainsbourg et ses sous-entendus pédophiles dans certains de ses textes. -
Annie Huet Annie
C'était une bonne idée, Brel et Ruffin pour une fin de saison, mais alors, je n'en peux plus des prises de paroles intempestives de Daniel, qui parle trop, n'écoute pas bien, ne laisse pas le temps aux autres de s'exprimer, sauf cette fois, M. Hongre, qui, lui aussi, a monopolisé la parole.
Dans ce cas, fallait faire un duo Schneidermann-Hongre. Pourquoi inviter Ruffin dont l'émotion était palpable dans son regard si triste, là. Vous m'avez gâché l'émission. Daniel, un peu de retenu, vous n'êtes pas l"invité du plateau !!! pffff
-
Baptiste Colin
Bonjour,
S'agissant de la différence entre misogyne et phallocrate, Bruno Hongre m'a fait douté quelques instants sur le sens de qu'est une personne misogyne, suggérant que cette dernière n'avait pas de mépris pour les femmes, mais simplement peur de celles-ci. C'est un peu exagéré si l'on se réfère aux définitions que fournissent le Larousse et le CNRTL:
http://www.larousse.fr/dictionnaires/francais/misogyne/51773?q=misogyne#51646
http://www.cnrtl.fr/definition/misogyne
J'ai par ailleurs apprécié l'émission qui m'a fait découvrir un peu plus Brel, mais ai trouvé dommage que cette imprécision ne soit pas corrigée.
Cordialement,
Baptiste -
evemarie
Un homme de gauche bien macho comme l'était Brel .. la honte pour la gauche y'a pas plus macho que ce type, les femmes ne sont que des objets amour physique, surement pas des être humains. J'aurais préféré Ferrat , ma môme , c'est autre chose , pas une starlette .. donc qq , pas comme Brel. Vous faites peur les bobos d'être aussi convenus , aussi machiste. a lire MLF psychanalyse et politique (ce que dis depuis 10 ans y est ...et moi sans bac, sans groupe, juste en vivant les yeux ouvert, sans me cacher la duplicité du système ).
-
Compte supprimé à la demande de l'utilisateur
Ce message a été supprimé suite à la suppression du compte de son auteur
-
Yanne
Je trouve en plus très rafraichissantes les interrogations de Ruffin : comment faire collectif avec des êtres tous émancipés. ?
Comment le "je" peut-il devenir un "nous" ?
Je pense aussi que c'est la grande interrogation de demain, et ça devrait être celle d'aujourd'hui.
Nous sommes sans doute dans une phase où politiquement, le monde se referme sur nous et va nous engloutir. C'est très probable, parce que justement, nous ne posons pas les bonnes questions... Après l'émancipation individuelle et des minorités, il faut bien se rassembler et parler collectivement. Parce que nous sommes des animaux sociaux, et avons besoin de "polis" dans le sens grec, de nous rassembler, de débattre... Et parce que nous devons savoir où nous voulons aller, sans que personne ne soit laissé sur le bas-côté. Y compris ceux qui ont peur de s'émanciper. Trop difficile, trop risqué, pas envie, trop à perdre.
Même si le questionnement ne vient pas cette fois au jour (quoi ? Mais l'individu est libre par essence, nous n'avons besoin de rien, et surtout pas des autres, qui veulent limiter notre liberté de faire n'importe quoi...), il est primordial, et il faudra en tenir compte pour demain.
L'avenir n'est écrit nulle part, et tout peut changer d'une année sur l'autre,
Point n'est besoin d'espérer pour entreprendre, ni de réussir pour persévérer, disait Guillaume 1er d'Orange-Nassau.
Même si le cycle historique ne nous est pas favorable, et qu'il prélude sans doute, effectivement, à un effondrement général, il repartira d'ici quelques décennies, et alors, il faudra que les outils rhétoriques soient prêts et en état de fonctionnement. Or Ruffin tâtonne et exprime réellement cette interrogation qui devrait être celle de la gaucne en général.
Les temps sont obscurs, mais foisonnants...
-
Yanne
Une bonne idée d'inviter Ruffin, surtout sur un sujet aussi glissant et intéressant.
Franchement, le côté un peu naïf qui ressort habituellement de François Ruffin est battu en brèche par cette émission.
Il n'est pas candide et désarmé, il tente seulement de résoudre des problèmes politiques à travers sa sincérité , son alacrité et sa détermination.
Il n'a pas d'utopie et ne rêve pas d'une humanité différente, simplement d'un monde différent, plus égalitaire et plus heureux.
Belle personne.
-
Compte supprimé à la demande de l'utilisateur
Ce message a été supprimé suite à la suppression du compte de son auteur
-
Robert·
"Les bombons bis" : ' Schneidermann insupportable qui coupe la parole à ses invités (voir l'attitude fermée Ruffin pendant toute cette séquence, son regard désolé à 50'43") et qui explique que lui seul a bien compris.
Ruffin lui cloue le bec (clot la séquence) avec Olympia 64 (j'y étais). Bravo! Amsterdam ce soir là !!!!
-
Robert·
Ruffin: "Je ne suis pas que de gauche"
et en même temps, Daniel non plus n'est pas que de gauche.
-
Julie Le Mest
D'accord avec Cultive ton Jardin, quand j'entends le passage d'interview sur l’œuf et le gars qui veut aller de l'autre côté de la colline, je me dis, "m'enfin, mais je rentre pas dans tes cases, Jacques ! Je suis une fille et je veux aller voir de l'autre côté de la colline ! T'en fais quoi, de nous ?"
Malgré tout, on n'arrive pas à trop lui en vouloir. Parce que c'est Brel, donc que même quand c'est un peu énorme, c'est dit avec sensibilité et humour, et puis, parce qu'on sent bien qu'il construit là lui-même les conditions de son propre malheur amoureux. Si tu penses que toutes les femmes veulent juste un oeuf, tu ne trouveras pas celles qui seraient bien allées faire pilote avec toi.
Sinon, la bande de potes, dans les Bourgeois, c'est celle de Brel : Jojo, c'est son grand ami, cf la chanson du même nom (Pierre, c'est le prénom de son frère mais je ne suis pas assez versée en Brelologie pour savoir s'ils traînaient ensemble). Signe de plus qu'il n'est pas en train de regarder l'embourgeoisement du voisin, mais de rigoler de son potentiel (et terrible) futur de notable.
Un bisou pour Ruffin, sinon.
-
magrit
émissions sur l'effonfrement .....décadence (M.Onfray)?
-
petit - saconnex
Une émission très intéressante . Il est plus facile à Daniel de parler de Brel que de Claude Lanzmann ( voilà , c'est dit) . Je crois que M. Hongre ( j'ignorais que c'est lui François Brune dont j 'appréciais l'humour décalé ,marqué par l understatement , de ses chroniques) a raison . L'oeuvre d'un artiste ne s'explique pas par sa biographie ,mais plutôt par la tradition littéraire .M Hongre a eu raison de souligner que Brel était l'héritier de Baudelaire ou de Rimbaud . Je vous ai trouvé sévère avec Brel acteur . Je trouve que vous sous estimez la dimension belge de l'oeuvre de Brel , la société belge de l'enfance de Brel était très marquée par le catholicisme ,le conformisme bourgeois ,mais aussi par le carnaval ( cf les tableaux de Breughel) . Je crois que l'on trouve ces dimensions chez Brel , révolte , sympathie pour la culture populaire belge
-
pompastel
(Vers 28 ‘)
François Ruffin, à propos de l’extrait de l’interview possiblement misogyne et/ou phallocrate :
On entend les rêves muets.
Ou alors
On entend les rêves muer.
Magnifique ^^
-
Compte supprimé à la demande de l'utilisateur
Ce message a été supprimé suite à la suppression du compte de son auteur
-
J.
Cadeau pour cadeau Rufin a du boulot sur la planche) :
« Pour étouffer par avance toute révolte, il ne faut pas s’y prendre de manière violente. Les méthodes du genre de celles d’Hitler sont dépassées. Il suffit de créer un conditionnement collectif si puissant que l’idée même de révolte ne viendra même plus à l’esprit des hommes.
L’idéal serait de formater les individus dès la naissance en limitant leurs aptitudes biologiques innées. Ensuite, on poursuivrait le conditionnement en réduisant de manière drastique l’éducation, pour la ramener à une forme d’insertion professionnelle. Un individu inculte n’a qu’un horizon de pensée limité et plus sa pensée est bornée à des préoccupations médiocres, moins il peut se révolter. Il faut faire en sorte que l’accès au savoir devienne de plus en plus difficile et élitiste. Que le fossé se creuse entre le peuple et la science, que l’information destinée au grand public soit anesthésiée de tout contenu à caractère subversif.
Surtout pas de philosophie. Là encore, il faut user de persuasion et non de violence directe : on diffusera massivement, via la télévision, des divertissements flattant toujours l’émotionnel ou l’instinctif. On occupera les esprits avec ce qui est futile et ludique. Il est bon, dans un bavardage et une musique incessante, d’empêcher l’esprit de penser. On mettra la sexualité au premier rang des intérêts humains. Comme tranquillisant social, il n’y a rien de mieux.
En général, on fera en sorte de bannir le sérieux de l’existence, de tourner en dérision tout ce qui a une valeur élevée, d’entretenir une constante apologie de la légèreté ; de sorte que l’euphorie de la publicité devienne le standard du bonheur humain et le modèle de la liberté. Le conditionnement produira ainsi de lui-même une telle intégration, que la seule peur – qu’il faudra entretenir – sera celle d’être exclus du système et donc de ne plus pouvoir accéder aux conditions nécessaires au bonheur.
L’homme de masse, ainsi produit, doit être traité comme ce qu’il est : un veau, et il doit être surveillé comme doit l’être un troupeau. Tout ce qui permet d’endormir sa lucidité est bon socialement, ce qui menacerait de l’éveiller doit être ridiculisé, étouffé, combattu. Toute doctrine mettant en cause le système doit d’abord être désignée comme subversive et terroriste et ceux qui la soutiennent devront ensuite être traités comme tels. »
Günther Anders, "L’Obsolescence de l’homme", 1956
-
Jean-Pierre Andreaux
Cher Daniel, un artiste ne se préoccupe pas forcément de savoir si ses paroles sont de droite ou de gauche. Il essaie de parler aux coeurs des gens, de les toucher d'une façon qui dépasse le monde des concepts. La tronche dépitée de Ruffin quand vous essayez de caser Brel dans ces cases en dit long.
-
MaxLecolo
Bâtir toute une émission sur une référence un peu obscure de M. Ruffin à Brel... Ça me semblais léger à la lecture de l'intro.
Après avoir regardé l'émission c’était effectivement bien léger. Une émission d'avant départ en vacance quoi....
A venir une serie sur l'éffondrement ? @si fait du decryptage des media non ? Comment donc allez vous faire pour decrypter un thème qui n'est absolument pas traité dans les médias ? Sur toutes une série d'émission ?
-
joelle lanteri
mon brel à moi c'est l'homme de toutes les tragédies. Brel est un pessimiste heureux qui recharge ses batteries à chaque fois que les souffrances universelles qui le traversent inondent son récit . il est connecté à une mére dépressive qui le dévore de l'intérieur et il s'est battu en vain et à été avalé par la figure mortifére de sa mére qui avait perdu des jumeaux et qui ne s'en était jamais remise .Il puise dans la figure de sa dernière compagne la vie qu'il recherche car au fond brel est mort depuis longtemps et les fortes émotions qu'ils convoquent dans ses chanson sont toujours une tentative de se réanimer d'attester de sa présence au monde fort ébranlée par le regard absent de sa mère dans son plus jeune âge .Les cancers sont souvent le symptôme de cette désespérance à être en vie coûte que coûte . Il a donc échoué à s'émanciper d'elle et la mort est sa seule libération .