Nouvelle-Calédonie : "L'État n'a pas écouté, n'a pas entendu"

La rédaction - - (In)visibilités - 50 commentaires


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La situation en Nouvelle-Calédonie ou Kanaky - le nom que lui donnent les indépendantistes - a échappé au gouvernement. C'est une réforme du corps électoral qui a embrasé une situation de paix fragile, provoquant des manifestations et des violences dans l'archipel. Dans les JT, les habitant·es de Nouméa témoignent terré·es chez eux, les leaders indépendantistes appellent au calme. Qui tient les barricades ? D'un côté, des Kanaks, de l'autre, formés en milices auto-proclamées, les Caldoches, habitant·es de l'archipel le plus souvent d'origine européenne. Au milieu : les médias, bien en peine quand il faut expliquer la situation, et raconter presque deux siècles d'histoire commune entre la Nouvelle-Calédonie et la France. Un mot disparaît presque du débat : "colonisation".

Deux invité·es aujourd'hui sur notre plateau : Michel Lolo, militant indépendantiste Kanak, représentant de la Cellule de Coordination et de Solidarité pour Kanaky et membre de l'association des Enfants et Amis de la Kanaky ; Isabelle Merle, historienne, directrice de recherche au CNRS, spécialiste de la colonisation, de l'histoire du Pacifique et plus particulièrement de la Nouvelle-Calédonie.

À qui la faute ? 

État d'urgence, forces policières et militaires déployées passivement dans l'archipel : Gérald Darmanin a promis le retour à l'"ordre républicain", préalable à toute discussion sur le fond de la réforme. Michel Lolo lui répond : "Vous êtes le responsable ! Le seul responsable, c'est vous, et votre patron Monsieur Macron, de ce qui se passe actuellement au pays."

Dans les JT, l'angoisse des Calédoniens

Enfermé·es chez eux, les Calédonien·nes, le plus souvent Blanc·hes, se filment et racontent la peur des pillages et des agressions. Des images qu'Isabelle Merle rattache à une peur commune, partagée par les Kanak et les Caldoches : "Les gens d'origine européenne sont dans cette longue histoire des peurs : «Ils vont descendre du Nord, l'«Autre» va arriver.» À l'inverse, les Kanak peuvent aussi avoir très peur des milices sur-armées qu'ils ont en face."

La CCAT, responsable du chaos ?

La Cellule de coordination des actions de terrain, branche d'action du Front de Libération Kanak et Socialiste (FLNKS) est dans le viseur de Gérald Darmanin, qui l'accuse de participer aux pillages, voire de "commettre des meurtres". Michel Lolo, qui soutient la CCAT dans son action, rejette en bloc les accusations : "Pendant huit mois, la CCAT a tourné dans tout le pays pour informer sur le «Non» au dégel du corps électoral. Monsieur Darmanin, je ne peux pas vous laisser dire ces mots-là."

Pour aller plus loin

- L'ouvrage d'Isabelle Merle, Expériences coloniales: la Nouvelle-Calédonie, 1853-1920, éditions Anacharsis, 2020
- Notre article sur la couverture médiatique déséquilibrée entre "loyalistes" et indépendantistes kanak à la TV


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