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fpbI
REMARQUABLE.MERCI.
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puisqu'on vous dit qu'on est en démocratie
Les multiples contradictions de la Macronie montrent bien la fausseté de cette façade. Ils disent ce que les gens veulent entendre et font tout autre chose derrière leur dos. Dans le commerce on appelle ça une escroquerie, et c'est puni par la loi. Alors qu'en politique c'est relayé par les médias et encouragé par les lobbies. Cette Ve république est une vaste opération de détournement démocratique. Comment faire pour que cela cesse?
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IT
Ce "Je n'avais pas suivi ça, parce que moi pour des raisons de santé psychique je ne suis pas tout. Ce qui se passe. Ni sur la toile ni dans l'actualité", vers 1h09, m'a liquéfié. Tellement important. Des échos, aussi, du touchant "Vous m'avez manqué" de Guy Birenbaum. Des échos de mes propres difficultés ordinaires, en Grèce, la Grèce de la "droite modérée" (selon les médias européens), nostalgique des Colonels, Trumpesque en diable, de retour au pouvoir avec son nationalisme ethniciste assumé, ses chasses aux réfugiés, son projet d'anéantissement d'Exarheia, ses dynamitages du droit du travail, l'arrogance violente de sa police face aux basanés, et la puanterie des Figaro locaux.
Je sais l'urgence à inventorier, témoigner, rechercher, vérifier, croiser, confronter, énumérer, chercher, diffuser, crier. A partir de là, du terrain. Mais l'estomac ne suit pas. Les poumons, l'oesophage, les orbites. Tout tremble à se disloquer. L'impuissance écrasante, face aux populations -les masses- qui choisissent et glorifient ces régimes. Ce plaisir collectif, implacable, de la déshumanisation de "l'autre", ces promesses de paix, de calme, de sécurité paradisiaque, parallèle au plaisir de se faire peur dans les médias sensationnalistes. Le plaisir de ces revanches politiques, "maintenant on va voir ce qu'on va voir". Comment penser contre? Comment penser? Il faut chaud, les promesses viennent d'encravatés à succès, on voudrait être eux. Ils nous promettent leur monde, il est lisse et propre, on dirait la Suisse. On veut être la Suisse. Il y a des étrangers, en Suisse ? Il y a de la police partout ? C'est bien.
C'est proche à s'en arracher les yeux. Les voisins, la famille, d'anciens amours, tous dans une satisfaction passive et inébranlable devant ces "nettoyages" promis. C'est intime. Et articulé à cette marche solidaire des nouveaux autoritarismes, des nouvelles brutes défoulatoires dont le politiquement incorrect nous soulage tant des vieilles obligations de penser le monde, de ressentir pour autrui. Ce balayage des contraintes humanitaires par les fake news et les indifférences manufacturées. Ce contrecoup de la complexification du monde.
La douleur est physique, quand la mise à distance, intellectualisante, ne filtre pas les événements. Théoriser, analyser, philosopher, sur la base d'archives et de compte-rendu de compte-rendu, réagir à un niveau de détachement scientifique qui permet une certaine forme d'action (la construction d'un savoir), sans se confronter directement aux acteurs de l'abjection (je ne dis même pas "de la tragédie", qui déresponsabiliserait par le fatalisme - ici les coupables sont coupables). Regarder au télescope ou au microscope, mais pas en face. C'est psychiquement gérable. Mais ces regards-là nécessitent aussi la matière première, les pieds dans le terrain, les mains dans le cambouis, les yeux dans les yeux des salauds, les yeux dans les yeux des victimes (fussent-elles parfois les mêmes). Sans ça, rien. Se sentir trop affaibli pour ça, pour cette nécessité, trop vulnérable, trop à bout, trop écoeuré, trop malheureux. Trop usé par le savoir théorique, historique, auquel l'actualité fait trop directement écho, encore, encore et encore. Cela sectionne le canal informatif nécessaire à la conscience du monde, cela entrave notre devoir d'information mutuelle.
Liquéfication de soulagement devant cet aveu de Barbara Stiegler, comme devant celui -un peu cousin- de Guy Birenbaum. Parce que si une Barbara Stiegler, déjà si admirable, tellement comme-il-faudrait-être, déclare forfait devant cette confrontation à l'actualité, la honte est bien moindre. Sans rien enlever de cette gratitude pour ceux qui affrontent directement ce qu'on ne peut plus. Pour moi, l'équipe d'@si, qui encaisse pour nous, jusqu'au décorticage, les pires discours médiatiques que je ne réussis plus à digérer par moi-même. Tous ces Praud, toutes ces Le Pen, ces campagnes alt-right, ces violences à l'humanitaire, à l'humain, à l'être, aux efforts collectifs pour faire avancer notre compréhension de l'humain, de ses interactions et ses impacts. Ces épuisantes destructions des tentatives de notre espèce pour mieux se gérer et gérer son espace. Ces injustices implacables, immuables et mortellement désespérantes. Je reste jaloux des gens qui portent en eux-même assez de lumière pour faire face quotidiennement à toutes les formes de cette obscurité poisseuse, oppressive, acide, étouffante. Qui nous la livrent sous vitre. Comment encaissent-ils l'impact nécessaire à cette passation ?
Comment faire face à tout, sans écrasement ?
Ceci est un peu un hors-sujet. Un déballage émotionnel, épuisé, personnel, thérapeutique. Je me demande à combien il fait écho. Combien ont ressenti cet étrangement confortable trou d'air à cette remarque en passant de Barbara Stiegler. Combien s'interrogent sur les résistances psychiques, quotidiennes, d'@si, de GenocideWatch, des ethno-sociologues du néonazisme, des climatologues, des secouristes de la Méditerranée, des travailleurs sociaux ou humanitaires de plus en plus désarmés par les élus de leurs propres démocraties.
Je suis en Grèce, pays tour à tour "mauvais élève" et "bon élève" de l'Union Européenne. Parfois simultanément, sur ses injonctions paradoxales (économie, migration, humanitaire - allez donc gérer humainement le système Dublin depuis les sas de l'UE). Mais l'extrême-droite respectable est de retour, sous les applaudissements ravis de la maîtresse. Les réfugiés (hommes, femmes, enfants) violemment évacués des squats solidaires d'Exarheia, désormais en route pour la rue, leur guerres civiles d'origine ou les camps de concentration officiels, ont la nostalgie du bonnet d'âne.
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Winston Zweig
Mais quel ennui, c'est de pire en pire. Et Mathilde Larrère qui n'arrête pas .... La prochaine fois vous m'invitez, on parle des mes grands parents et de leurs amis pendant une heure. Vous me croyez, c'est bien, vous me croyez pas, c'est pareil, l'information va à sens unique, ce n'est pas du journalisme...
Quelle information ressort, la langue de bois est-elle de plus en plus moche sous les macronistes ? Sans déconner rien de nouveau. Arrêt sur place, pas sur l'image....
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smurf
Excellente émission.
Les concepts développés aident à mieux comprendre notre monde actuel.
Tout est chez Spencer, Lippman et Dewey.
Et l'invitée résume cela merveilleusement bien avec l'aide de Daniel S. Et Mathilde L.
LEs exemples dans l'actualité sont édifiants.
Une question me vient quand même. Le rapport avec le darwinisme me paraît finalement très lointain.
Mathilde en début d'émission et encore plus la biologiste en fin d'émission décrit très bien ce qu'était le darwinisme. C'est une théorie sur la biologie et l'évolution des espèces. Et cela n'a rien à voir avec le social, l'économique le politique.
Que la théorie du darwinisme ait été récupérée maintes fois pour autre chose est une réalité.
Mais il me semble que l'émission serait aussi intéressante sans que l'on parle de Darwin, une seule fois (mêm si par ailleurs les travaux de Darwin sont très intéressants scientifiquement).
En fait, il me semble même que l'espèce humaine de part l'invention de la civilisation, de la culture, de l'enseignement est quasiment sorti de l'évolution des espèces (pour le meilleur et pour le pire).
Les échelles de temps sur lesquels les politiques nous demandent de nous "adapter" sont d'ailleurs infiniment plus courtes que celles de l'évolution des espèces...
Mais je le redis : excellente émission !
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Vincent Fournier
Génial, à rapprocher de la récente émission de Hors-série avec Grégoire Chamayou !
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Nastasia
Excellentissime emission
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NewsWare
Super décryptage de B. Stiegler, brillante et à écouter et lire
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yovi
Excellent !
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Etienne3
Même si ce n'est pas le coeur du sujet, la position originelle de Darwin à la question de l'apllication de la théorie de l'évolution à l'espèce humaine a été un peu trop légèrement abordée dans l'émission: Darwin a traité celle-ci dans un ouvrage postérieur.
En résumé, s'il était enclin comme beaucoup d'intellectuels de son temps à DEPLORER les effets négatifs de la protection des plus faibles au détriment des plus aptes dans les sociétés civilisées - en ce sens il donne raison aux interprétations postérieures du "darwinisme social", il REFUSAIT explicitement l'abandon de cet impératif, pour des raisons à la fois scientifiques et morales.
Quatre raisons sont avancées par Darwin lui-même:
- d'une part il ne croit pas aux différences majeures d'"intelligence" innées, en opposition à Galton: "«I have always maintained that, excepting fools, men did not differ much in intellect, only in zeal and hard work; and I still think this is an eminent important difference.» ("J'ai toujours maintenu qu'à part les idiots, les hommes ne diffèrent pas beaucoup entre eux par leur intelligence, mais seulement par leur sens de l'effort et du travail, et je pense toujours que c'est une différence notable et importante."
-par conséquent, du fait de cette relative égalité des aptitudes potentielles entre individus, Darwin pensait qu'il était bien plus important de favoriser l'éducation pour augmenter le niveau général de développement des aptitudes humaines, plutôt que d'abandonner les moins "doués":
"«The more efficient causes of progress seems to consist of a good education during youth whilst the brain is impressible, and of a high standard of excellence, inculcated by the ablest and best of men, embodied in the laws, customs, and traditions of the nation, and enforced by public opinion. " ("Les moyens les plus efficaces du progrès semblent consister en une bonne éducation durant l'enfance tant que le cerveau est encore malléable, et en un haut niveau d'excellence, inculqué par les plus habiles et les meilleurs d'entre les hommes, incarné dans les lois, les coutumes et les traditions de la Nation, et appliqué par l'opinion publique."
-d'autre part, par un effet de "saut qualitatif", selon Darwin, tout en demeurant le produit de la sélection naturelle (principe fondamental d'évolution de toutes les espèces vivantes), l'humanité se serait en grande partie affranchie de ses mécanismes les plus brutaux au cours de son développement au profit des processus civilisationnels, bien plus déterminants et efficaces: la sélection naturelle, toujours présente comme couperet sélectif sous-jacent, devient très secondaire voire négligeable dans l'évolution spécifique de l'espèce humaine.
« Si importante qu'ait été, et soit encore, la lutte pour l'existence, cependant, en ce qui concerne la partie la plus élevée de la nature de l'homme, il y a d'autres facteurs plus importants. Car les qualités morales progressent, directement ou indirectement, beaucoup plus grâce aux effets de l'habitude, aux capacités de raisonnement, à l'instruction, à la religion, etc., que grâce à la Sélection Naturelle ; et ce bien que l'on puisse attribuer en toute assurance, à ce dernier facteur les instincts sociaux, qui ont fourni la base du développement du sens moral »
-enfin, QUAND BIEN MEME la civilisation et la protection des plus faibles qu'elle impose nuirait au développement des plus aptes, Darwin affirme clairement qu'abandonner les plus faibles impliquerait de renoncer à un BIEN plus grand encore que le niveau d'aptitude générale de la population sur le plan purement sélectif : la grandeur morale spécifique à l'Homme.
« Nous ne pourrions réfréner notre sympathie [envers les faibles], même avec l'insistance expresse de la stricte raison, sans une détérioration de la partie la plus noble de notre nature. Le chirurgien peut s'endurcir tandis qu'il pratique une opération, parce qu'il sait qu'il agit pour le bien du patient; mais si, intentionnellement, nous en arrivions à négliger ceux qui sont faibles et sans défense, cela ne pourrait être que pour un bénéfice incertain, au prix d'un crime actuel accablant . Nous devons donc accepter les effets, sans aucun doute néfastes, de la survie et de la propagation des faibles »
Voir ma modeste contribution à la fiche wikipedia:
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chavi
Merci pour cette émission passionnante. Je viens de me réabonner et suis ravi de ses retrouvailles !!
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Antoine Li
Beaucoup d'aperçus passionnants sur l'histoire des idées et leurs effets aujourd'hui. Il faut constater que de manière assez générale, le paradigme évolutionniste est un raisonnement puissant et applicable à beaucoup de sujets. Je pense pourtant qu'il ne faut pas mélanger évolution biologique (lente, sans cap et buissonnante) avec l'évolution culturelle, relativement rapide et depuis quelques siècles tirée par l'idée de Progrès. Le darwinisme social et la croyance dans les vertus de la compétition capitaliste procèdent de cette confusion. Notre époque est marquée par la discordance entre l'évolution trop rapide des cultures humaines (en compétition et en voie d'uniformisation) et l'évolution biologique lente des écosystèmes à qui nous devons d'être vivants et prospères.
C'est l'origine de la divergence des buts (économie - écologie), au sujet de laquelle on peut lire le dernier petit livre de Bruno Latour "Où atterrir" qui à mon sens résume bien la situation.
Comment sortir de cette course qui, faute d'un changement de cap, nous mène à un effondrement et à une régression de civilisation de plus en plus prévisibles? Que faudrait-il changer dans les cultures humaines, dans la structure des sociétés, pour qu'elles cessent d'être une "catastrophe naturelle" de plus dans l'histoire de la Terre ?
Faut-il voir les sociétés humaines comme des paquebots avec des capitaines et des équipages, des avions avec des pilotes, des trains qui ne peuvent pas sortir des rails, ou des troupeaux plus ou moins hiérarchisés ?
J'ai bien peur que beaucoup de nos responsables politiques ne soient pas très avancés dans cette réflexion.
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pierre mas
Excellente émission! Les travaux de Barbara Stiegler ont pu être restitué d'une manière bien plus claire que lors de son passage sur France Culture.
Malgré la vaine impatience de Daniel Schneiderman.
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zyl
Merci à vous tous et toutes pour cette émission pationnante.
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laure.delmas-103209 laure.delmas
L'illusion de la démocratie en France, de Juan Branco, émission complémentaire à celle-ci. Je recommande pour ceux qui ne connaissent pas! :-)
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Sirdeck
Comme c'est rafraîchissant ! Ça pétille d'intelligence. Et quel humour, quelle gaieté !
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DéLecteurdeVraiThé
Au passage où Barbara Stiegler parle de l'indécence de la pédagogie avec Macron ("Un président très jeune, voire juvénile, éventuellement immature dit B. Stiegler) traitant son public de "mes enfants", je me suis à ces mots fait la réflexion que notre marathonien des blancs débats avait été pondu par l'éducation Jésuite.
Finalement cette pédagogie est aussi un catéchisme
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Dogu
Un truc que j'apprecie de plus en plus avec ASI : des plateaux majoritairement feminins.
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Bertrand
Emission tellement passionnante que j'en viens à laisser mon premier commentaire sur le site d'ASI !
L'intervention de philosophes pour aider à déconstruire ou décoder le discours dominant et une réussite, notamment sur ce sujet autour des injonctions du néo-libéralisme.
J'encourage toute l'équipe d'ASI à renouveler cette approche pour d'autres thèmes !
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Dogu
L'emission se focalise sur le Darwinisme comme support du liberalisme.
Il me semble que d'autres sciences on servit d'inspiration au liberalisme, en particulier la chimie et la thermodynamique, en particulier avec la notion "d'equilibre" qui se base sur l'approche statistique de Boltzman.
La "main invisible du marche", ca decrit exactement un processus de retour a l'equilibre selon la statistique de Boltzman. Il y a aussi la Loi de Lenz en electromagnetisme : "les effets finissent par s'opposer a la cause qui leur donne naissance". Cette idee de stabilite et de retour a l'equilibre decrit egalement tres bien l'idee qu'on se fait du marche.
Sauf que la science du XXieme siecle a fait exploser ces visions : de tres nombreux systemes physiques sont chaotiques et n'aboutissent jamais a une situation d'equilibre stable. Et la loi des grands nombres n'est pas une garantie. Des systemes tres complexes sont egalement chaotiques (climat).
Il existe meme des modeles tres simples d'evolution de la population d'une espece (comme des lapins) qui presentent un comportement hautement cahotique ( voir l'excellente video sur le chaos de la chaine Youtube scienceetonnante https://www.youtube.com/watch?v=YrOyRCD7M14 )
Bref, le liberalisme se fonde finalement sur une pseudo similarite de l'economie avec les sciences "dures", mais des sciences dures qui seraient reste figees au XIXieme siecle.
Ca rejoint evidement la critique des economistes heterodoxes de la pseudo-science qu'est devenue la branche dominante de l'economie, qui s'efforce de mathematiser a l'extreme des modeles "scientifiques" de l'economie, en tentant d'ejecter au maximum les autres sciences sociales.