Législatives : le RN "a réussi à vendre la «dédiabolisation» aux médias"

La rédaction - - Médias traditionnels - 50 commentaires


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Les médias sont-ils perdus ou, au contraire, savent-ils très bien ce qu'ils font ? 

Pour certains, on sait : C8 et CNews soutiennent officiellement le RN dans sa conquête du pouvoir, et personne n'est étonné. Sur leurs plateaux, Pascal Praud et Cyril Hanouna soutiennent et organisent la victoire du RN et de ses alliés Républicains - reste à voir combien d'élus LR seront de la partie. La direction du Figaro, en la personne d'Alexis Brézet, directeur des rédactions, a aussi clarifié les choses : ce sera l'"union des droites", comprendre LR et le RN. "Union des droites", expression bien pratique d'ailleurs pour faire disparaître l'extrême droite du champ lexical et gommer les frontières entre le RN et la droite dite républicaine, qui pourrait ne pas le rester très longtemps. 

Au milieu du marasme, les chaînes d'info plongent à pieds joints dans la stratégie du RN : se normaliser à l'excès, et apparaître, dans un retournement sémantique ahurissant, comme l'unique barrage au péril Front Populaire. Le ni-ni ou le déni, on en parle aujourd'hui avec notre invité, le journaliste Sylvain Bourmeau, fondateur et directeur du journal en ligne AOC(Analyse, opinion, critique) et soutien affiché de l'union de la gauche.

Derrière la médiatisation du RN, une stratégie moutonnière

Le RN est partout, tout le temps, traité à égalité comme n'importe quel autre parti politique. Est-ce par adhésion que les médias font la communication de l'extrême droite ? Pas si sûr pour Sylvain Bourmeau, qui y voit aussi un jeu de concurrence malsaine : "Le premier impact que les médias ont sur le débat politique, c'est un impact interne. Ils sont très copieurs, ils regardent ce que font les voisins. Le premier impact d'un média qui va accorder beaucoup d'attention au RN va être que les autres vont avoir tendance à s'aligner. C'est ainsi que se construisent des cadrages, des manières de poser la question, des manières de camper des personnages politiques." 

La fabrique de la vérité...

...ou l'obsession du débat "équitable". C'est ainsi que Sylvain Bourmeau analyse le ressort habituel des chaînes d'info, persuadées de bien faire : "Une des choses les plus saillantes de l'idéologie professionnelle des journalistes, c'est cette croyance qu'on pourrait produire la vérité, ou alors l'objectivité en prenant deux opinions qu'on frotte l'une contre l'autre, comme on frotte deux silex de manière rituelle pour faire du feu. Les journalistes produisent de l'objectivité en juxtaposant des opinions."

De Hanouna au service public

Knafo, Attal, même combat ? La première a profité du plateau de Cyril Hanouna, parfaitement consentant, pour appeler en direct Jordan Bardella et lui proposer une alliance. Le second s'est invité sur le plateau de France Info alors qu'il n'était pas prévu au programme, nous vous le racontions ici. Le point commun ? Des formats qui se répandent, venus du divertissement : "Ça diffuse dans l'ensemble des médias. On ne peut comprendre l'irruption de Gabriel Attal sur France Info que par ce type de choses chez Hanouna. Ces formats télévisuels sont en train de miner les institutions."

La précipitation, une chance pour le Front Populaire ? 

Emmanuel Macron a pris tout le monde de court en dissolvant l'Assemblée nationale le 10 juin au soir. Tout le monde ? Peut-être pas : "Il n'a pas mesuré à quel point la gauche avait commencé de se reconstruire collectivement dans des dialogues entre les Verts, le Parti socialiste, la France Insoumise, le Parti communiste. Ça fait des mois qu'ils se parlent. Je fais le pari que d'une certaine manière, c'est une chance. Je pense que si ces négociations avaient duré trois mois, elles avaient moins de chance d'aboutir."

Pour aller plus loin

- Notre dossier sur la marche du RN vers le pouvoir. 
- Le site d'AOC.


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