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poisson
J'ai fini par regarder l'émission!
Ce qui me frappe dans la description du documentaire, comme dans beaucoup de documentaires depuis un certain temps, c'est qu'il a l'air d'être très très scénarisé. Ça casse à mes yeux toute authenticité, ce qui est un comble pour un documentaire. Et aussi toute adhésion à un message, car trop téléphoné. C'est malgré moi.
C'est le récit d'un p'tit jeune qui n'en veut. Parce que le documentaire sur la surfréquentation, le documentaire sur les déchets abandonnés dans l'Himalaya, c'est du déjà vu. Et pas de sponsors, pas de sport. Aucune raison d'enfoncer encore ces portes ouvertes. Depuis des décennies.
Je crois que ce n'est pas le manque de maturité du jeune homme qui a infléchi le film, et je ne pense pas que son entourage, son équipe aurait dû le pousser vers des préoccupations sociales et écologistes.
Je pense que son équipe n'avait pas d'intérêt à envisager d'autres angles pour ce documentaire. Pour quelle portée?
Par ses intervenants, par le protagoniste du film sujet de l'émission, on m'offre une ouverture vers une génération montante que je ne connais pas. Ce qui me frappe c'est qu'ils semblent vivre dans un monde qui n'a pas d'avant et pas d'après, et où on est partout chez soi.
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Templerizière
Il y a un mot qui n'a pas été prononcé dans l'émission, mais qui me paraît important, c'est le mot de "narcissisme".
Et à mon avis, ça mérite d'être creusé, parce qu'il dit beaucoup de choses sur l'époque que l'on vit (après tout, on vit le monde des selfies, des influenceurs et des influenceuses, des chaînes youtube auto-centrées, du développement personnel, etc.).
Pour moi, la société de consommation moderne s'est construite en suscitant le narcissisme chez les individus et en l'instrumentalisant pour que chacun·e d'entre nous, dans une quête effrénée pour "se réaliser", devienne un panneau publicitaire pour les marques (montrer sa réussite personnelle en exhibant le dernier smartphone, la dernière voiture, etc.)
Il est intéressant de constater que dans le discours de "il faut devenir meilleur", il manque le reste de la phrase qui est un impensé mais qui est en réalité "il faut devenir meilleur que les autres et le montrer". Un auto-accomplissement ne peut être qu'individuel, et s'il n'est pas montré, il n'existe pas. (Ce qui exclut par ailleurs les accomplissements intérieurs et les accomplissements collectifs - ce qui sans doute n'est pas un hasard dans une société capitaliste).
En ce sens le mot "individualiste" est à mon avis juste mais ne dit pas la dimension "narcissique" qui est aussi un ressort puissant et qui explique aussi pourquoi cette attitude est encouragée par la pensée dominante actuelle.
Je tiens à préciser que cette dimension "narcissique", je ne veux pas la souligner juste pour critiquer Inoxtag ni même son film, mais parce qu'elle permet de dire des choses sur des mécanismes qui me semblent généralisés dans la société de consommation dans laquelle nous sommes enfermé·es (et qui accessoirement est en train de détruire la planète, et pas seulement l'Himalaya).
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smurf
Merci beaucoup à Paul Aveline pour ses années passées à ASI. Il a apporté beaucoup notamment à la présentation des émissions et me manquera. Bon vent !
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Duncan Idaho
Discussions très intéressantes, Merci.
Dommage par contre pour ceux qui écoutent en audio à la piscine - je sais, c'est très spécifique - certains passages manquent d'audio description 😉
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Ubik
Merci Paul Aveline pour ton travail à ASI 🥹 Tu nous manqueras 🥹
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julios
On te regrettera Paul ! Et on t'appréciera sûrement là où tu seras demain.
Je suis toujours étonné qu'on ne parle jamais du caméraman à propos de ce genre de films, surtout à ASI ! Non seulement il accompli le même exploit, mais en plus il filme.
Un autre sujet qui m'a manqué dans cette emission, je n'ai vu de ce docu(-fiction) que les extraits de l'emission, et ce qui me frappe en premier lieu, c'est la prétention et le narcissisme d'Inoxtag, et le style tellement banalement tape-à-l'oeil et frime de la réalisation.
On ne peut de toute façon rien faire de bien dans un cadre pareil ! C'est le principe même de l'influenceur et des gens qui choisissent ce genre d'influence qui est grave. Même si le message avait été plus sympa, on n'y croit pas.
La dernière scène à Cuba est excellente ! Genre je prends un vol Népal/Cuba pour me changer les idées et je suis un mec trop cool, les petits paysans d'ici m'acceptent comme leur égal !
Plus j'y pense et plus je me dis que les invités sont très charitables, ce mec est détestable en fait.
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p'tite
Quel plaisir de voir Adam Bros invité sur ASI!
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Concombre
Merci beaucoup à vous, Paul Aveline, pour toutes les émissions et le travail que vous avez réalisé sur Arrêt sur Images. J'aimais beaucoup votre style de présentation. Comme j'ai pu le voir dans d'autres commentaires,
je pense que je vous regretterai aussi. Bon vent pour la suite.
Au sujet de l'émission, merci d'avoir traité de la sortie de ce documentaire. Ne regardant plus la télévision, mais étant plus intéressée par Youtube, ça fait du bien de voir qu'@si reste "à la page" si j'ose dire :) -
j1mp
Un immense merci pour votre contribution à cette émission Paul, vous allez me manquer. Moi aussi j'ai eu les yeux qui piquent sur la fin...
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pas de nom
bonne émission mais qui aurait peut-être mérité un élargissement au narratif que nous propose les influenceurs.
je pense notamment aux combats de boxe, à la prise de muscles, etc..., c'est toujours la même histoire mais j'aurais aimé savoir pourquoi c'était toujours la même histoire. Est ce que ce médium ne permet pas d'autres récits ??
j'apprécie régulièrement les vidéos Adam Bros, je me permets de glisser que c'est un petit jeune plein d'avenir, et que dans la longue tradition de tremplin d'ASI, n'hésitez pas à lui demander une chronique (pourquoi pas dans la lignée de ce que faisait Vincent d'internet).
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Mahen
En tout cas, ce sujet s'est imposé dans toutes les familles avec un enfant ado ! Tout le monde en parle au boulot, tout le monde se positionne différemment vis à vis de son enfant qui souhaite le voir / l'a vu. Intéressant de ce point de vue.
Sinon, je ne peux que conseiller cette super vidéo du Canard Réfractaire qui parle du contexte régional :
https://www.youtube.com/watch?v=OJxLy1TU9mM
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Catala93
Peu intéressant. L'ego d'un youtubeur qui utilise l'Everest pour se mettre en scène et se fout de totalement de l'éthique des expéditions en haute altitude. L'Everest et autres sommets népalais sont devenus des projets de riches, biberonnés a l'oxygène et autres artifices.
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thoroddr
Bravo à Paul Aveline pour toutes ces années chez ASI ! Les tabloïds nous révèleront-ils où il sera demain ?
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TimoFox
J'ai pleuré à la dernière seconde
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Ghis
Pour aller plus loin sur l'Everest et la "course aux sommets", cette interview de France culture cet été était intéressante, écouter surtout la 2e partie à partir de 16' environ : https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/france-culture-va-plus-loin-l-invite-e-des-matins/himalaya-la-course-aux-sommets-1297720
Et écouter au début de cette 2e partie, le récit horrible du décès d'un jeune Pakistanais. Aussi résumé dans cette vidéo : https://www.youtube.com/watch?v=HpeAIDuUMqQ
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PATRICK HECKEL
Aujourd’hui il faut aller vite, être dans la démesure ; pour tout : l’exploit sportif, le paquebot le plus grand, l’immeuble le plus haut, le salaire le plus élevé ! Pourquoi l’Everest il y a tant de belles ascensions à faire dans les Alpes.
On oublie de dire que ceux qui font l’ascension de l’Everest (Chomolungma, en népalais) le font avec des bouteilles d’oxygène (laissées sur place ou retour d’ailleurs). Monter à cette altitude sans ces prothèses nécessite un long, très long entrainement et une longue, très longue préparation, et encore on n’est pas sûr d’y arriver « Grâce à une acclimatation parfaite, j’ai perdu l’impression d’essoufflement dans l’effort. Après sept semaines à plus de 5 000 mètres, je cours dans tout le camp de base comme chez moi. J’ai constaté une fois de plus qu’on s’accoutume plus rapidement à la raréfaction de l’air quand on a déjà l’habitude des grandes altitudes. Les nouveaux venus ont plus de peine. Moi-même, j’ai eu de moins en moins de difficultés au fur et à mesure de mes expéditions. Dans les débuts, vers 1969-1970, j’éprouvais toujours une sorte de paralysie, un sentiment d’insécurité, et cet immense désespoir quand, soudain, la force vous manque. Par l’effet de la répétition le corps s’entraîne, évidemment, mais il développe aussi par une sorte de mémorisation une faculté d’adaptation bien précise qui va durer trois ou quatre semaines. D’emblée, sans aucune acclimatation, aucun grimpeur ne pourrait atteindre le sommet de l’Everest, même s’il avait déjà gravi auparavant tous les autres 8 000. L’adaptation à l’altitude est donc la condition première de l’ascension, mais je ne vois pas la nécessité d’une préparation active. De même que j’ai attendu un temps favorable, j’attends ma forme optimale. La nature humaine et le cosmos me prescrivent mon rythme de vie. En fait de prévision, moi, je peux tout et je ne peux rien. Mon projet de solo est un mystère - imprévisible, aléatoire, souvent dépendant du hasard, donc illogique, comme la vie. Tenter de le schématiser serait absurde. Un solo à 1 Everest n’est pas un devoir de calcul. » (Reinhold Messner, les horizons vaincus, la face nord de l’Everest en solo, Artaud, 1982)
Il aurait été intéressant de demander à Reinhold Messner (80 ans aujourd'hui) ce qu’il pense de cet « exploit », lui qui a réussi l’ascension des 14 huit milles en technique alpine et sans oxygène. S’il y a exploit il est là ; utiliser ses propres ressources pour réaliser une ascension ou n’importe quelle activité. Et si on y arrive pas tant pis. Autrement ça n’a aucun sens et aucun intérêt !
Monter l’Everest avec des bouteilles c’est comme faire le marathon avec une trottinette !
Malheureusement avec l’Everest c’est comme le Mont blanc : il s’agit de la voie normale donc relativement facile techniquement. Peu de grimpeurs font le Mont Blanc par le Pilier central du Frêney (côté TD+) et l’Everest par la face Nord !
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Kadiz
Pour un très bon décryptage complémentaire sur les aspects coloniaux de ce voyage et vidéo, je vous recommande cette vidéo sur la chaine antiraciste Histoires Crêpues: https://www.youtube.com/watch?v=2FdCc_g2Igk
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Lorie
Au revoir Paul. Bonne chance pour la suite. Vous pouvez nous dire ce que vous allez devenir?
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robin
le Népal vit du tourisme alpiniste
Taniguchi dépeignait un Everest idéalisé
le canard réfractaire en a fait une analyse aussi
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poisson
Je regarderai l'émission plus tard, quand Paul Aveline me manquera :-) puisque le sujet ne va pas se périmer trop vite.
J'ai plein d'a priori. Donc oui oui il ne faudrait pas commenter sans visionnage, je sais bien, mais là c'est obligé.
D'abord pourquoi est-ce que ce jeune homme prend pour les influenceurs dans leur globalité? Ça me fait penser à l'histoire du gars qui cherche ses clefs sous le réverbère*. Il est dans la lumière et il prend pour tous les influenceurs. En plus pour des raisons qui dans le domaine particulier, himalaya-film-montagne, ont toujours été là. Je me suis souvenu des soirées films documentaires de montagne, à Paris avec sur scène, Afanassieff aux longs cheveux. Ou dans un petit village le couple Barrard. Oui il y avait Millet en gros je crois, et le vieux campeur peut-être... des marques probables.
En tout cas j'ai pensé ce gars venge Kurt Diemberger. Qui c'est donc hein?
Celui qui a filmé sur l'Everest en 1978, Pierre Mazeaud, encore de ce monde, Nicolas Jaeger, disparu en montagne en 1980, et Jean Afanassieff, décédé en 2015. Kurt Diemberger devrait faire partie de la liste de ceux qui ont gravi l'Everest en premier, et non.
Si on va sur le site de feu Jean Afanassieff, on voit que les conférences qu'il donnait pour les entreprises développaient les mêmes "morales de l'histoire", du style force de la volonté des expériences extrêmes de la montagne. Et le parcours de Nicolas Jaeger donne une idée de l'individualisme obligé pour s'accomplir dans l'alpinisme plus qu'ailleurs, et que c'est pas pour ça que c'est le fond de leur personnalité.
Et qui est vraiment responsable de la sur fréquentation sinon les pionniers? Les influenceurs arrivent bien après la bataille sur ce coup.
Bref pour moi je pars sur du respect envers inoxtag. Le film d'adieu à l'Everest qu'il fallait, puisqu'on va arrêter ça, j'espère.
* Un lui dit "tu les as perdu là-bas, sous l'arbre", il répond "oui, mais on y voit mieux ici".