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NICOLAS PARODI
J'étais perplexe face au manque de recul de Ghesquiere sur son métier, je le suis davantage par le nombre de commentaires élogieux des internautes !
Cette émission n'est certainement pas la meilleure d'@si. Cela n'enlève rien
au travail de Daniel S et de son équipe, dont je suis fan par ailleurs, bien au contraire. Tenter de décrypter une situation avec quelqu'un qui n'arrive pas à se détacher des faits, de ce qu'il a vu, est une gageure.
On ne peut pas faire bonne pioche à chaque fois.
Chapeau à l'équipe qui a préparé l'émission. Le choix de la séquence d'ouverture sur l'origine de sa vocation montre comme ils avaient bien cerné l'invité. -
Laure B.
Je t'en prie (je suppose qu'MF signifie à répondre en public, c'est l'acronyme de... ?), même si je ne suis pas sûre que cet échange intéresse la communauté (c'est là où le MP prend son utilité d'ailleurs...). -
AA
Because, "se fixer dans le lit", autrement dit "coucher avec" que l'on peut traduire "Fixer ou devenir fixe fermement et profondément dans une masse solide" favorise le "embedded in the mind" (gravé dans l'esprit) que ce sont LES REBELLES qui remportent des victoires, LES REBELLES qui entrent dans Tripoli, LES REBELLES qui vont renverser avec les foules enfin réveillées le TYRAN et ses super armements achetés chèrement aux industriels français, comme ce sont LES REBELLES qui ont renversé le DICTATEUR Laurent Gbagbo.
PAS les forces de l'OTAN, PAS les forces françaises. D'ailleurs nous les montre-t-on dans nos JT impartiaux rapportés par nos "reporters" d’hôtel intrépides gentiment "intégrés" par les unités de l'armée et les ONG? Non, elles n'y sont pas, il n'y a pas de bombardements ciblés ou pas de l'OTAN. Il n'y a pas de soldats français, il n'y a pas de services secrets qui achètent ou éliminent les gens, il n'y a aucune volonté de terroriser la population qui n'a pas compris qu'"on" venait leur apporter la LIBERTÉ ou BONHEUR de la consommation, l’ÉGALITÉ de la concurrence libre et non faussée, la FRATERNITÉ entre leurs tribus archaïques et les maîtres occidentaux, tout cela contre un petit peu de pétrole et l'installation de quelques super bases militaires pour l'invasion prochaine de l'Iran.
Tu manies bien la LQR, Laure Bruyère. Une proposition d'embeddedment? -
Laure B.
Emission très intéressante, merci @si et Hervé Ghesquière !
Petite question : pourquoi utiliser le mot "embedded" et pas "embarqué" ou "intégré" ? -
PA.
PAN PAN BOUM BOUM ! -
Yanne
Très bonne émission.
Juste pour éclairer sur Hervé Ghesquière. Le film Under Fire, qui est bien meilleur que ce qu'il prétend, ne parle pas seulement du reportage de guerre.
Il raconte une histoire vraie : l'assassinat par un militaire d'un journaliste américain en pleine rue photographié par son collègue et ami au Nicaragua à l'époque du dictateur Somoza et de la rébellion sandiniste.
Cette photo va provoquer une prise de conscience au niveau américain. Les US vont priver Somoza de leur soutien. Et ça va être le premier régime dictatorial d'Amérique latine continentale qui va tomber (1979).
Une image qui aura changé le monde : de ce fait, on voit bien, par la genèse de sa vocation, dans quelle conception du journalisme il se trouve. -
knock
Je reviens de vacances, je n'ai pas eu le temps de me connecter à @si depuis longtemps et là, cette émission.
Ça me rappel, comme si j'en avais besoin, pourquoi je paie un abonnement !
Donc merci ! -
stefz
Je vais me joindre au concert de louanges : excellente émission en effet.
Quelques remarques en vrac :
- joli coup pour @si que ce long entretien (cf ce que dit Julot Iglézias plus haut)
- la configuration en entretien individuel est vraiment intéressante, à reprendre avec de telles "personnalités"
- c'est vraiment passionnant de percevoir ainsi un peu mieux le métier de journaliste. Ici, Guesquière affirme toujours un positionnement qui refuse les a-priori, il cherche l'info et ensuite il interprète (et non l'inverse). Ce serait vraiment intéressant et bien dans la ligne d'@si de prévoir d'autres émissions de décryptage du travail de journaliste (avec des "vrais"...). -
Jean-Marc FONTAINE
Abonné depuis le début, c'est une des meilleures émissions.
Comme quoi, on peut faire un peu de lumière sur des sujets difficiles.
C'est toujours intéressant d'avoir un invité qui met en valeur la réflexion, même si ce n'est pas le seul à faire depuis le temps.
Une bonne occupation de regarder @si, ça remet en route les neurones.
JMarc -
Heide-Marie Hartmann
Super article sur Hervé Ghesquière, merci. Mais!!!! Que devient Stéphane Taponnier????? Merci de nous donner de ses nouvelles. Pas besoin d'interview, juste savoir comment il va, lui! Merci. -
AA
Rebuté dans un premier temps par le titre "accrocheur" et hors sujet, hélas habituel, de la "rédaction" et le thème du « retour de l'otage », je n'avais pas envisagé, comme d'autres l'ont écrit, de regarder cet émission. Je suis satisfait d'être revenu sur cette décision, parce qu'elle est en fait riche d'enseignements et mérite une analyse approfondie.
D'abord un mot sur le dispositif du « face à face » d'autant plus égalitaire qu'il confronte deux professionnels du journalisme possédant donc les mêmes codes. Chacun sachant pertinemment les "pièges" (sans mesquineries, c'est le jeu) que l'autre va lui tendre : l'un, DS, pour faire dire ce que l'autre ne veut (peut) pas dire ; l'autre, HG, pour justement ne pas le dire en détournant la conversation.
Manifestement, qu'elle était l'intention de DS ? La dernière partie de l'émission le montre : « Le système de télévision dans lequel vous travaillez aujourd'hui, c'est ce système là. C'est le système qui fait qu'un journal commence par les gens qui sont dans les embouteillages ou qui se trempent les pieds dans les fontaines et qui disent : "il fait chaud". Et c'est avec ça qu'il faut faire. » (1/09/40) C'est-à-dire : « C'est avec ça que vous faites, vous, HG, en vous compromettant avec le système de l'embeddedment et la soumission à votre rédacteur en chef ».
HG, outre régler ses comptes avec Sarko et les chefs militaires qui ont voulu lui faire porter le chapeau de l'irresponsabilité – avec la trouvaille du (non)contrôle de la route qui aurait irrité le nain (mais que contrôle donc ce nabot? Même pas ses chiens), - voulait faire passer le message de l'importance de « cette "fameuse" route » dite « l'axe Vermont » qui contourne Kaboul pour alimenter les armées des « croisés » de l'an 2000 (17:30).
Tout l'interview s'est articulé autour de ces deux intentions, ce qui, comme d'habitude avec l'entêtement de DS, a tronqué le développement de la seule analyse importante - mais avec de bonnes choses qu'@si sait bien faire au milieu : les permanences de cette représentation des guerres menées par l'armée française telles qu'elles sont montrées par la télé française, par exemple à 60 ans de distance entre l'Afghanistan et l'Algérie (même si DS est simpliste sur la « langue de bois » des militaires et des transfuges) (27:30) ; la place de l'info dans le JT (1:09:40) -.
Certes, on ne peut reprocher à DS d'être mû par la raison d'être d'@si (SA raison d'être à lui DS, me semble-t-il) de décrypter ce que "donnent à voir" les médias et non pas les analyses géopolitiques de fond. Mais l'enjeu stratégique de cette « fameuse route » n'est quand même pas étalé dans les merdias au point de ne pas profiter de l'occasion pour la surligner (indignons-nous que diable, autant que pour l'effacement merdiatique de l'histoire de sieur Ziad Takieddine ).
Il est dommage que pour comprendre l'importance de cet enjeu – rien moins que : « Pour les Américains et les Français, c'est essentiel. Ils veulent faire ça un peu partout en Afghanistan. En gros, c'est partager l'Afghanistan en deux. L’Afghanistan utile à l'armée afghane et aux forces de l'OTAN. L’Afghanistan perdu du fond des vallées et des montagnes pour les Talibans. » (41:00) en attisant les excités locaux: « Il y a vraiment un enjeu de pouvoir, parce que les Pachtoung, qu'est-ce qu'ils veulent ? Ils veulent une grande Afghanistan. Ils veulent l'Afghanistan plus la partie Ouest du Pakistan, qui est en fait absolument pachtoune, que l'on appelle les « zones tribales ». Il y a une dimension historique et une dimension politique. » (6:10) -, il faille se tourner vers le Réseau Voltaire ou Michel Collon qui énumère les mensonges préalables aux agressions impérialistes (dont le "fameux" gazoduc!).
Eh oh ! La partition de l'Afrique pour les intérêts des oligarchies mondiales – avec ce que ça entraîne de guerres et de misères à perpétuité pour les peuples -, c'est pas rien quand même ! En notre nom, en plus !
De plus, analyse rapportée par un journaliste qui voudrait "bien" faire son travail en gagnant un minimum sa croûte (le naïf). C'est pas Bigard, c'est Ghesquière ! Qui nous dit : « Très vite je me suis rendu compte que l'essentiel ce n'est pas l'adrénaline, ce n'est pas le goût du danger, mais c'est l'explication, le décryptage, parce que derrière la guerre, il y a toujours des éléments politiques, économiques, ethniques. On nous parle de guerres de religions. Les guerres de religions n'existent pas. » (5:20), et que : « Entre ce qu'on a comme informations à distance et ce qu'on a comme informations sur le terrain il y a beaucoup de distorsions. » (14:15) - du genre : « L'hypothèse grossière d'@si vue de loin [des gens de "l'arrière". ndlr] : on sait que c'est une guerre qui se passe pas bien. On sait par ailleurs que c'est une guerre qui a plus de chances de mal se finir pour les puissances occidentales que de bien se finir. Donc, tout bêtement, le pouvoir n'a pas envie qu'on échappe au contrôle de l'armée et qu'on aille montrer par exemple dans les villages un état d'esprit extrêmement négatif des populations à l'égard des armées de l'OTAN, voilà. Le pouvoir n'a pas envie qu'on montre ça. Mais comme vous m'en parlez, j'ai pas l'impression que votre but c'était ça. J'ai pas l'impression que vous vouliez aller sonder les reins et les cœurs des Afghans pour leur demander ce qu'ils pensaient de cette guerre et de la manière dont ils la percevaient. » (DS : 56:40) "Bêtement" ; DS a de ses mots !
Alors que "notre" nain engrosseur (de la France avec ses mensonges) veut faire croire aux français que « nos » soldats meurent pour nous protéger de sauvages sanguinaires. Faire pleurer dans les chaumières avec des mercenaires qui se vendent aux armées privées quand ils ne les gèrent pas, faut le faire. Comme « notre » police avec les sociétés de sécurité privées. Tout ceci dansle silence des pantoufles .
Justement, le rapport des journalistes avec les militaires, voilà qui concerne @si et DS. Et nous invite à des réflexions croustillantes qui nous renvoient toujours à notre "fameuse" schizophrénie.
Notamment avec la notion d'embeddedment.
« Embedded, mot à mot, ça veut dire dans le même lit. On est avec un bataillon américain, et on le suit de A à Z pendant 8 jours, 15 jours, 3 semaines. Ce qui ait qu'il y a des contacts, des vrais liens, on peut dire peut-être pas d'amitié, mais des liens de confiance qui se créent entre les gens, les journalistes et les soldats sur le terrain. (Ce que veut éviter le commandement français). » (HG,19:43)
Sauf que lorsqu'on est du coté « rebelles », ça ne s 'appelle plus comme ça même si ça y ressemble : « Lors de ma captivité j'ai appris énormément de choses parce que les Talibans m'ont parlé ! Beaucoup de mensonges, beaucoup de propagande (…) mais dans tout ce qui se dit il y a aussi des éléments vrais, humains. Vous ne pouvez pas vivre des mois et des mois sous le même toit, dans la même chambre, dormir dans la même piaule (…) impunément. À un moment, il y a de vrais relations humaines qui se créent. Même si chacun était dans son rôle. » (HG, 37:50). là, on dit : « Je ne souffre pas du syndrome de Stockholm » (HG, 36:00). Sinon, on risque fort d'être traité de « renégat » (DS, 32:15).
Entre « dormir dans le lit » et « partager la chambre », qu'est-ce qui est le plus compromettant ?
Même si la similitude des positions est frappante pour les « malgré nous » embedded ou pas : « Ces talibans, je les ai vue de l'intérieur, j'ai vécu avec eux. J'ai discuté des centaines d'heures en particulier avec notre dernier geôlier. (…) Lui me dit : "je sais, oui, vous, vous êtes prisonniers, j'en suis conscient. Mais moi je suis prisonnier de ma propre vallée. Je peux plus sortir." » (HG, 34:00)
Mais le journaliste, lui, pris entre son embeddedment et son travail - « Les jours où on était "off", où on était libres, sans l'armée française... » (HG, 45:00) -, prend en compte que : « C'est vrai que l'armée a ses intérêts à défendre, elle fait de la communication. » (HG, 21:39). Comme s'il allait de soi que l'armée ("notre" armée, "nos" braves piou-piou !) ait ses "propres" intérêts, distinct de ceux de la Nation, du Peuple, des nôtres quoi ! Ah, le secret militaire ? La raison d’État ? Vous m'en direz tant.
Ça doit être pour ça que dans le reportage « au plus près des soldats » (France 3 – 19/20 – 15 Avril 2010), nos valeureux embedded analysent la situation au-delà de l'apparence: « Derrière la caméra, la voix de Stéphane. Hervé décode la situation : "Apparemment, il y a une petite escarmouche. Nous allons voir si cette escarmouche dure ou pas. (...) Pour l'instant on reste en position, on voit ce qui va se passer." Pour le magasine Pièces à convictions, nos deux confrères, embarqués avec l'armée française, racontent le harcèlement quotidien de la guérilla afghane. » et n'hésitent pas à poser les questions qui dérangent : « Alors, dites-moi, ce mentoring, comment ça s'engage... ? » (HG, 14:30)
Peut-être que ce qu'il ne faut pas développer, "donner à voir", c'est ce que nous montre HG en filigranne : que l'armée française n'est qu'une des divisions de l'armée des USA : « Nous, c'était le coté militaire français et un peu américain. La personne en civil est du département d’État du ministère des Affaires Étrangères américain. Les différents contingents travaillent en liaison et parfois même ensemble. » (19:00). Ce serait trop dur pour le nain bravache.
Mais, pas de confusion, nous, « nous faisons du journalisme, pas de la communication. » (21:42)
Sauf que là, DS est dans son rayon, il boit son petit lait et ne rate pas le confrère : « Ça veut dire quoi concrètement, quand on tourne, quand on pose une question, quand on monte, "je ne fais pas de communication"? (…) À quel moment de votre travail vous vous dites : "voilà, là y a le danger de faire de la communication, je voudrais éviter ça et voilà ce que je vais faire ou pas faire." »
HG en bafouille : « La frontière est toujours très ténue, toujours très limite [sic!]. Faire de la communication, c'est faire de la vie quotidienne avec les militaires, et il faut en faire. (…) On voit le travail des militaires. C'est de la communication mais aussi du journalisme parce qu'on montre ce qui se passe vraiment. »
Et voilà, « l'arrière » a encore gagné. Le revenant du « front », ex otage peu glorieux - « Je me trompe souvent, la preuve c'est que j'ai été otage... » (HG, 1:08:11) – s'effondre sous le regard vainqueur du torero : « Ils savent que je suis chiant, que je suis un râleur, que je peux aussi me mettre en colère, ils savent aussi que je peux partir. Voilà. ». Voilà...
Acculé par le sourire carnassier du picador sentant l'agonie de la bête, il jette ses derniers traits, essayant de renverser l'échange : « Moi, à ma toute petite échelle, j'aimerais tellement que ça change. Il faudrait qu'on prenne conscience des choses importantes, déjà ». Entre le plaisir de l'adrénaline et les enjeux de la route stratégique, par exemple ?
« Il faut avoir le culot de changer les mentalités, le culot d'oser, quoi ! (…) Si on osait prendre un risque énorme, c'est prétentieux de dire faire plus intelligent, si on faisait différemment ? Si on prend pas de risque, on se trompe qu'une seule fois, ça c'est clair.»
« Oui, vraiment, je rêve... »
Vous reprendrez bien un p'tit Pernaut, pour la route ? -
emilie bouyer
Passionnant d'un bout à l'autre.C'était du grand ASI en compagnie d'un grand bonhomme.Merci. -
JIEM 92
Bonjour
Chapeau pour le beau travail d'@si. -
Irfan
Je me suis réabonné après avoir vu les réactions dithyrambiques à cette émission, et je ne le regrette pas du tout évidemment. Excellente émission !
J'aime bien le début, Hervé Ghesquière dit de façon à peine voilée qu'il est devenu journaliste pour être un James Bond de la vérité, ce qui est plein de fraîcheur :-). Immédiatement après il est très sérieux et prend bien plus le ton et les idées d'un (excellent) chercheur. Ce qu'il dit sur les guerres religieuses & ethniques qui n'existent pas en tant que telles est tout à fait vrai, on le voit en Afghanistan et on l'a vu au Rwanda ou à bien d'autres endroits. Cependant, dans nos médias usuels, c'est plus simple de le présenter ainsi. Dès la 7e minute on sent qu'il voudrait bien dire : en Afghanistan, le problème n'est pas tant l'OTAN et les Talibans que les dégâts énormes laissés par les colonialismes.
Je trouve l'intervention de DS qui insiste longuement sur la "langue de bois" vers les minutes 25-30 un peu simpliste voire bête : parler de "langue de bois" quand Bigeard dit qu'il sait pourquoi il est là, que c'est en tant que croisé, c'est rater au contraire toute la dimension d'embrigadement, voire de secte que peut représenter l'armée, notamment à cette époque et pour certains. Bigeard croyait sans doute avec ferveur qu'il était un croisé et que l'Algérie et les autres colonies (j'ai des infos de première main sur lui & Mada...) devenant indépendantes signifiaient la fin d'un monde, le sien, un monde colonial, hiérarchiquement établi, raciste.
De même sur l'Afghan (peut-être moins sur l'Algérien d'alors), ce n'est ni langue de bois ni opportunisme du "transfuge" (pas "renégat" !) mais opportunité de celui qui n'a que ses bras et son pays, et qui veut la paix. Cela existe depuis longtemps, voire toujours chez les armées, des locaux qui s'enrôlent. Le terme de "malgré-eux" convient assez bien. Les interviews devraient demander plutôt les déterminants sociologiques de chacun (métier, famille en vie ou non, migration ou village d'origine de la famille, etc.) que l'idéologie. Taliban n'est pas nécessairement idéologique, ni OTAN. Ghesquière pointe cela avec justesse : pas rebelle ni collabo, mais en guerre et en galère.
Le "Taliban dépressif" est une expression assez surréaliste mais qui semble tout à fait valable, ça féconde l'esprit !
Dans ce qu'il dit ensuite, je crois comprendre que Ghesquière va écrire un livre, ou au moins témoigner de ce qu'il a vécu, ce qui semble assez logique... et réjouissant : voilà quelqu'un qui pourrait "surfer" sur sa notoriété d'otage, mais qui ne racontera pas ses petites et grandes misères, qui ne fera pas du sensationnalisme Bétancourt, mais qui est tout à fait capable d'écrire un superbe ouvrage de 600 pages très documenté et poussé sur l'Afghanistan en général, et un plus petit plus grand public qui condense l'étude. Je sens qu'il peut faire beaucoup de bien à notre débat public (à peu près inexistant) sur notre présence militaire là-bas, sur notre armée en général, et sur les conflits de manière encore plus vaste.
En tout cas si tous les journalistes pouvaient être comme lui, et pas comme Pujadas, Bugier (un connard en remplace un autre), PPDA, Ferrari, et tant d'autres plus connus et qui pèsent plus sur nos concitoyens ; alors on aurait peut-être une belle République, quelles qu'en soient les institutions et quels qu'en soient les hommes politiques (qui devraient bien finir par suivre un peu).
Son rédacteur en chef semble lui aussi s'être très bien comporté, le côté humain est beau et c'est aussi un exemple que d'autres chefs de rédaction, écrite comme audiovisuelle, feraient bien de suivre.
Quand il voit coup sur coup les réactions de Guéant et de je-ne-sais-plus-quel-officier et qu'il garde son calme et répond de façon très pondérée et stratégique, politique, c'est tout de même signe d'une immense maîtrise de soi. Oui, depuis son retour il avait déjà dû voir ces réactions ainsi que bien d'autres, mais il faut une bonne dose de recul pour réagir ainsi. De manière générale ses réactions donnent l'impression de quelqu'un extrêmement serein et détaché, analytique, sans pour autant être froid ni inconscient. On sent quand même qu'il a, comme un bon militaire, comme des hommes sages aussi, accepté l'idée qu'il pouvait mourir, d'un coup, sans même qu'il y ait de raison, mais qu'il faut par contre que sa mission, sa tentative de faire passer des messages de vérité, ne s'achève pas avec lui ni surtout avant lui. De nouveau un sacré exemple pour bien des journalistes et surtout éditocrates parisiens pour qui toutes les compromissions sont bonnes pour un petit peu de confort matériel en plus !
Daniel est un peu incohérent quand, sûrement pour éviter de passer les plats ou de laisser Ghesquière parler seul, il lui dit en gros "on pensait que vous enquêtiez à charge contre l'armée française pour qu'elle réagisse ainsi mais en fait non pas trop". Ghesquière a bien expliqué plus tôt que cette route est essentielle dans cette région, qu'elle est censée être contrôlée par l'OTAN, et que donc leur enlèvement, malgré toutes les précautions prises de surcroît, est une preuve en soi de l'échec de l'armée française dans ce lieu.
Quand Ghesquière signale l'énorme bourde du généralissime parlant de coût aussi "peu" de temps après la prise d'otages, bourde sans doute contrôlée par en haut, cela me semble très important et j'espère que les autres médias en ont / vont en parler aussi. Ce n'est pas pro.
Le passage sur les moyens de la chaîne est intéressant, notamment sur le fait que les formats se raccourcissent et les sujets fouillés se raréfient, mais perd en intensité par rapport au reste, évidemment. J'aurais bien aimé en savoir plus sur les relations avec les autres journalistes et notamment les journalistes étrangers, ainsi que sur le souci de la langue, notamment de savoir s'ils avaient des rudiments de patchoune, de persan, s'ils en avaient acquis sur place... comment pouvaient-ils communiquer avec leurs geôliers quand le traducteur et eux étaient séparés ?
Il aurait pu aussi être intéressant de parler, après la partie (très intéressante - on voit comme des choses sont totalement occultés alors que quelques-uns le savent et veulent en parler - cela viendra bientôt sur la Libye) sur Abu Ghraïb, de Wikileaks avec cette vidéo prise de l'hélicoptère d'assaut, et les soldats au sol dont une partie sont ensuite devenus des pacifistes et objecteurs de conscience aux États-Unis, et ont voulu aider l'information ouverte à circuler. Voilà qui peut rebattre les cartes pour les journalistes d'investigation.
Si vous nous lisez, immense bravo à vous, pour tout le travail et l'état d'esprit que vous présentez dans cette émission, M. Ghesquière. -
Gilles PIC
Emission passionnante, M. Ghesquière est vraiment tres interessant a écouter
Bravo
Ceci n'est pas un post constructif mais de satisfaction -
rimbus
Excellente émission. Guesquière donne quelques indices qui confirment 1 - que cette guerre est une guerre Pachtoune, et que la ligne virtuelle Mortimer Durand coupe cette ethnie en 2, comme les Kurdes. 2 - que la stratégie des Américains est la même que celle des Russes, sécuriser les grands axes et les villes, en laissant les montagnes aux rebelles. Une stratégie perdante, qui a eu raison des russes (malgré les milliers de kilomètres que l'urss avait en commun avec l'Afghanistan) et qui a déjà eu raison des occidentaux.
La preuve que, contrairement au discours officiel de l'Elysée, ce n'est pas parce que nous sommes en Afghanistan que nous empêchons les bombes en Europe, c'est l'actualité norvégienne qui nous l'apporte. -
sweetyworld
Emission sympa quoiqu'au final je suis un tantinet moins d'accord, sur le choix de mettre à 13h20 le sujet sur la prison irakienne.
Le fait que juste ce sujet passe aux infos, 13h ou 13h20 qu'importe, montre que la rédaction lui accorde une importance.
Seulement pour que ce sujet passe enfin à l'ouverture, il a fallu l'apport des photos faites par les soldats américains eux-même.
Là, en complément des témoignages irakiens précédents, les journalistes sont couverts par la bêtise de certains membres de l'armée américaine...
: o ) ; o ) , o ) o ) -
marie Terrien
Pour félix d.
La précision peut-être pas mais Daniel met un peu de pression sur Ghesquière...
La crédibilité et la pertinence, si, il me semble...
Passionnant quoiqu'il en soit.
merci aux deux journalistes -
vinc2001
Merci beaucoup pour cette émission.
J'ai apprécié le fait de voir un homme passionné par son métier, convaincu de l'importance d'une certaine forme de journalisme, qui cherche à donner du sens à son travail et qui rêve...
Enthousiasmant tout ça. -
GIGI
le métier de journaliste de guerre est au coeur de l'interview; dans ce métier, on sent que dès que l'on sort des sentiers battus tout peut arriver; pourtant c'est dans ce temps et cet espace que les images reflètent sans doute le + la réalité mais voilà, c'est sans filet;
pour faire ce métier il faut avoir la tête sur les épaules et je crois que ces 2 journalistes ont eu la tête sur les épaules et la passion de leur métier; j'ai quand même toujours la même interrogation sur les liens entre journalisme et espionnage dans certaines conditions;
en ce moment il manque des journalistes de guerre en Lybie: pourquoi ?
en tous les cas Hervé a raison de vouloir continuer ce métier tel qu'il le fait