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ALEXANDRE
Ce qui serait intéressant ce serait de recueillir ici, dans le forum d’Arrêt sur images, des témoignages des téléspectateurs sur leur degré de « fétichisme » quant à la qualité des diffusions de films à la TV, notamment dans le service public, et la qualité critique des programmes/émissions consacrés au cinéma, là aussi dans le service public - même s’il serait intéressant d’étudier aussi ce qui se produit sur les chaînes privées également !
Dans une enquête très sérieuse menée il y a 10 ans (« Le dispositif télévisuel de promotion des films en question », CNRS, 2002), on a justement osé poser la question à des téléspectateurs. Leurs qualificatifs au sujet des émissions de cinéma télévisées en France étaient sans appel si j’ose dire ! En voici un florilège : « démarche répétitive », « approche trop ouvertement commerciale », « maque ou trop-plein d’information », « démarche peu crédible », « aspect sélectif des films », « démarche superficielle », « course contre la montre », « manque ou trop plein de dynamisme », « vaste tromperie ». A deux doigts d'écorcher vifs les producteurs-télé.
Je ne sais pas si ces qualificatifs seraient aussi tranchés aujourd’hui, 10 ans après, ou... bien pire. En particulier sur France Télévision et Arte, nos supposés remparts contre la barbarie. En revanche, ce que l’enquête indiquait c’était une préférence des téléspectateurs pour le « two-sided » (affreuse expression étudiée dans le Journal of Consumer Reasearch au début des années 1980), à savoir un échange animé entre deux ou plusieurs critique, supposé rendre plus « crédible » (la belle affaire) une émission de cinéma. Cela marche-t-il mieux en effet ?
Que dire aussi de la traditionnelle interview ciné-people du dimanche soir sur TF1, ou la bande-annonce diffusée à la chaîne sur France TV et la chaîne TV Allociné ? Le cinéma et son analyse/partage sont-ils définitivement partis sur le satellite ? (Ciné+, TCM, Allociné, TPS, Orange). Et le choix même de certains films du patrimoine diffusés dans les principales chaînes généralistes (certes une exception française), quelles valeurs distillent-ils ? Autant de questions pour un kit de survie du parfait téléspectateur-cinéphile contemporain.
Au bout du compte, n'y aurait-il pas une longue enquête complémentaire à mener également auprès des acteurs mêmes de la critique et de la diffusion des films à la télévision ? Comment fonctionnent-ils ? Quelle est leur marche de manœuvre (à l'heure où la télé finance beaucoup de films) ? Comment peuvent-ils défendre encore les cinéphiles-maniaques dépressifs et revaloriser une certaine idée du service public audiovisuel ? -
ALEXANDRE
Sommes-nous des fétichistes audiovisuels ?
Et à quand une chronique régulière d’Arrêt sur images sur ce sujet ?
Est-ce si pointilleux et fétichiste de vouloir que la télévision retire ses logos de l’écran pendant la diffusion des films ou encore respecte les formats originaux des films sans couper systématiquement le cadre choisi par un cinéaste ou encore écraser têtes et bras des interprètes ? J’ai relu l’autre jour un texte de Luc Moullet « sur la question des formats » (2002), il évoque la manière dont la télévision déforme ou tronque gravement les images des films diffusés où par exemple dans certains génériques : « PAUL BELMONDO se substitue à JEAN-PAUL BELMONDO » et où émerge « une pléiade de nouvelles stars telles que INNA LOLLO, CELLO MASTRO, MY SCHNEID, DIA CARDIN, PIERRE LEA, France PIS, STIN HOFF, EVE MC QU, LIPPE NOIRE ou BELLE HUPPE. » Ceci, ajoute-t-il, est « pour bien montrer que le respect du cadrage n’est pas une exigence de puriste maniaque… » Ce n’est vraiment pas ce que des producteurs ou le service des téléspectateurs des chaînes (notamment sur le câble) me répond ! (« Vous plaisantez monsieur ! Allez vous faire soigner… » (J’exagère un chouya, mais c’est l’impression que cela donne).
Serais-je donc un marginal à enfermer à l’asile pour réclamer que la télé (en particulier publique) ne remplace pas la musique du générique de fin par l’annonce du jeu-concours ou du sponsor de la soirée ? Impossible de sécher mes larmes tranquillement ! Ou de savoir dans quel pays le film a été tourné, etc. Ou de comprendre l’importance d’abord collective d’un film (les corps de métiers, les patronymes, etc.). J’ai osé appeler l’Union des Compositeurs de musique de film à ce sujet, on me répond que les musiciens de films sont rémunérés même si le générique de fin est coupé lors de sa diffusion (ils s’en fichent donc). Moi qui me voyais déjà en Spartacus du générique, prêt à drainer derrière moi une armée de musiciens en colère, de petits métiers méprisés, pestiférés, etc.
Que dire des émissions de cinéma à la télévision ? Si Ciné+ (« Boulevard du Classic ») et TCM (« Plans Rapprochés ») tentent de faire aimer/analyser le cinéma, le service public, lui, a encore jeté l’éponge récemment, avec l’arrêt de l’émission « Cinémas » de Serge Moati, un échec d’audience, et sans doute aussi un échec dans le renouvellement du dispositif (plateau complaisant d’invités, reportages formatés, « publi-reportage déguisé »). Et Arte ? Excepté l’excellent blog audio-visuel Blow Up de Luc Lagier (ex-Court-Circuit), que propose-t-il aux marginaux comme moi ? A peu près rien, sinon cette déclaration décomplexée de Michel Reillac, alors responsable de l’unité cinéma d’Arte :
« Une émission sur le cinéma serait très utile pour accompagner notre politique éditoriale, mais soit on fait on fait du people, ce qui ne nous intéresse pas vraiment, soit on fait autre chose et on n’a pas trouvé encore vraiment quoi ni comment. Surtout, toutes les émissions de cinéma, sur toutes les chaînes qui existent ne font pas du tout d’audience : personne ne les regarde. Pour nous, est-ce que cela vaut la peine de dépenser de l’argent pour concevoir une émission dont on n’a pas encore l’idée de comment faire pour qu’elle renouvelle le genre, alors que cela coûte cher ? » (Cf. livre « Arte et le cinéma », 2006)
Et si on demandait à Michel Gondry d’inventer un concept d’émission de cinéma ? Ou encore un Godard ? Je revois encore Polanski dans l’émission Cinéma Cinémas, expliquer par le geste et la démarche la notion de sentiment au cinéma, j’en frissonne encore. Allez, je reprends mes cachets, mon entonnoir et j’envoie encore quelques bouteilles à la mer, qui sait… -
htintin
Bonne emission, je comprends mieux les "décisions gouvernementales" Merci Mr Tealdi
Sinon, c'est beaucoup, beaucoup trop court a mon goût. -
béji
Il y a belle lurette que les politiques ont perdu une bonne part de leur pouvoir.
Sur l'économie, mais aussi, sur les médias.
Les télés et les journaux sont désormais aux mains des """"acteurs de l'économie""""" ... si vous voyez ce que je veux dire.
Il faut toujours veiller à ne pas se tromper d'ennemi! -
Myriam Pennec
J.F. Tealdi reproche au journal de 20h de la 2 d'etre trop semblable a celui de la 1. Mais comment une television publique qui depend donc du pouvoir politique, tant pour la nomination de ses dirigeants que pour son financement, pourrait reellement etre independante et reellement critique face au pouvoir ?
Bien sur ce serait bien, mais je pense au contraire qu'une tele privee a plus les moyens d'etre independante face au pouvoir politique. Maintenant dans la realite, on voit bien que la 1 n'en a pas envie, et est a la botte de Sarkozy apres avoir ete a la botte de Chirac. -
Aslanides Michelle
Sarkozy est le Menem francais... la suppression de la télé publique via cette mesure n'est rien à côté de ce qui attend la France si on le laisse faire...
Mobilisons-nous avant que ce ne soit trop tard
Une citoyenne franco-argentine -
Georges MARCHANDIAUX
de ce gouvernement je n'attend rien, et même parfois le contraire .... sauf que des fois ils (les sinistres de service) me font bien rire... j'ai transcrit le début de l'entretien de madame Aubanel avec D. Pujadas, et pour moi, c'est presque aussi drôle que du Roumanoff...
" - est-ce que la décision est définitive ?
- je crois que c'est... c'est une décision très forte qui a-t-été... a été prise..
- Définitive ?
- décision très forte... j'espère définitive... sûrement définitive.."
c'est-i' pas un grans moment de littérature politique ? -
Guillaume Scottez
Une question me taraude: une télévision uniquement financée par l'état est-elle toujours une télévision indépendante ? N'y a t il pas un risque de contrôle accru du pouvoir politique sur le contenu éditorial, en particulier sur l'information, dans un système entièrement financé par la redevance ou les taxes?
La publicité à la télévision a bien des défauts mais elle permet néanmoins une certaine autonomie financière. -
passionphoto
Bien sur que non!!!! C'est un cadeau royal offert par notre nain national à ses copains Bouygues, Bolloré et Lagardère! De plus pour que France 2 soit un vrai journal, il faut virer Chabot! Plus lèche botte qu'elle tu meurs!!!! -
Alex
Merci comme chaque fois pour l'excellent contenu.
Supprimer la publicité sur les chaînes publiques, d'un point de vue idéologique, est selon moi un très bonne chose. Mais cela devrait être accompagné d'autre mesures, comme la possibilité de citer des marques. (Cela diminurait enfin le nombre d'image flouttés ou inversés)
Pourquoi cela? Il ne s'agit pas de courrir le risque de faire apparaitre de la publicité cachée, puisque de toutes façons les revenus publicitaires seront interdits.
Il s'agit en fait de redonner la liberté d'expression aux journalistes, et lorsque lactalis, qui commercialise les camemberts President, change d'avis et devient un pourfendeur du lait cru, le journaliste doit avoir le droit de le dire.
Cela permettrait aussi l'apparition d'émissions du type "A bon entendeur" de la TSR, qui chaque semaine compare coûts, goûts et qualités de produits de manière objective. Il s'agit d'une émission qui touche directement les préoccupations du consommateur. Et lors d'une émission sur les coûts du roaming en Suisse, plus important que n'importe ou en Europe, un des responsables de Swisscom, qui avait accepter de venir, a du répondre a des questions tres directes et qui l'ont visiblement mis très mal à l'aise. Et tout cela c'est fait sans le moindre cri.
Et si un passant a un pull avec un logo d'une marque connue,ce n'est pas très grave. On voit cela dans la rue tous les jours.
Concernant le financement, il faut absoluement que cela soit le fruit d'une "taxe" quelque qu'elle soit. La rédevance a le désavantage d'être appliquée de la même manière aux foyers aisés ou non. Mais c'est seulement un financement par taxe qui permet enfin de sortir de la logique commerciale d'une chaine de television.
Bref, ce qui m'interesse dans cette nouvelle donne c'est de changer de modèle économique (et donc il y a forcement des gens qui râlent dans tous les camps). Mais ce qui me chagrine, c'est l'absence de processus démocratique.
Quelle belle occasion ratée pour un référendum sur la publicité a la television publique!!
Concretement, le téléspectateur, lorsqu'il sera sur la une, et que des pubs seront présentées, il zappera sur la 2 pour voir ce qu'il y a, et ne tombera pas sur de la pub. Qu'y vera-t-il? -
Razzie
salam tous le monde
Merci D.S excellent debat qui m'a eclairé sur la situation actuelle de l'audiovisuel
Razzie -
ursula michel
tout d'abord merci d'être de retour pour décortiquer les images qui nous cernent de plus en plus
en ce qui concerne la suppression de la pub sur le service public audiovisuel, si il s'agit d'un enjeu de "civilisation" pour enfin offrir un contenu culturel dégagé d'ntérêts mercantiles, on peut se demander pourquoi dans le même temps on envisage d'ouvrir les ondes des radios publiques (elles aussi) à la pub
tout cela ne serait-il pas légèrement paradoxal?
ursula michel -
constant gardener
Quelqu'un pourrait-il m'expliquer la logique qui pousse le Pouvoir à vouloir dans le même temps supprimer la publicité sur les chaînes de télévision publiques et l'introduire sur les radios publiques? -
géraldine nafaa
qu'il y ait un débat sur l'identité du groupe de france télévisions et de chaque chaîne cela semble nécessaire,
que les cahiers des charges soient totalement revus cela me semble salutaire,
que le finacement change cela me semble une ouverture porteuse de promesses de qualité,
mais par contre la manière dont tout cela a été annoncé cela est évidemment traître....c'est du sarko quoi, "jpeux pas me piffrer de carolo, alors jvé me faire un plaisir de lui annoncer cette belle surprise devant 600 journalistes du monde entier pour le faire un peu plus chier" voilà ce que s'est dit notre président
mais du changement, france élévisions en a bien besoin.......la france, pays des droits de l'homme, pays de la démocratie, peys des lumières, mérite et demande une vraie télé, sans de loana ou de nikos, avec plus d'yves calvi et de schneidermann !!! -
Jean-Marie Jarnac
Je crois qu'on est pas mal à dire qu'actuellement la qualité n'y est pas sur la télévision publique, même si c'est moins pire que la télé commerciale. Il faudrait profiter de cet abandon de la publicité, et donc de la course à l'audimat, pour repenser le mode de fonctionnement, les sujets, les horaires, les publics à qui elle s'adresse. C'est sûr que si on fait pareil en réduisant les moyens, on va droit à la cata.
Pour ma part, je suis favorable au maintien des chaines actuelles ( ne pas les brader aux appétits commerciaux), mais pourquoi ne pas regrouper les JT, en dédier une à des rediffusions à longueur de journée même avec une dose d'intelligence (reprendre de temps en temps des émissions "historiques" comme cinq colonnes à la une ...), voire à diffuser des films en continu ..., remettre à l'honneur les courts métrages.
Et puis, on pourrait espérer des innovations hasardeuses pour des émissions qui auraient le temps de s'installer.
Bref, bravo à l'abandon de la pub : je commençais à craindre pour les émissions de france-inter de plus en plus saupoudrées de pub. -
Charles MARGOUET
Fervent défenseur du service public je ne regarde jamais TF1.
Mais voilà je suis de plus en plus consterné par la fadeur et la conformité des infos sur la 2 ainsi que par la docilité de Pujadas et en général par le manque d'indépendance des journaux télévisés. Aussi je n'écoute plus les infos que sur France inter et à 8 heures je vais faire pisser mon chien.
Charles 66 -
Esther13
Je ne sais pas comment ce sera financé, j'ai entendu et lu dans différents médias différentes choses, quoi qu'il en soit, si la redevance doit augmenter et l'un des intervenants dit même que ce serait une bonne chose, si donc la redevance doit augmenter, je propose qu'alors je puisse avoir le choix soit d'avoir les chaînes publiques et payer la redevance soit de ne pas la payer et me passer des dites chaînes publiques, car je paie aussi le câble et franchement, je peux me passer des chaînes publiques que je regarde peu. Car après tout, jouons je jeu, si c'est un commerce, j'achète ou n'achète pas. -
JUAN LUCAS
Bien entendu qu'une télévision sans pub c'est idéal encore faut-il qu'elle est un contenu! Et comment faire une télévision de qualité sans argent? La redevance suffira-t-elle? même augmentée? Quelle question! Encore une fois, il y a déplacement du débat. Car avant toute chose, avant les réflexions, pleinement justifiées certes, sur l'avenir de la télévision publique, il y a l'évidence, énorme, incontournable, là et ailleurs : Sarko a été porté au pouvoir par une oligarchie médiatico-financière qui demande aujourd'hui, sans complexe, sans vergogne aucune, comme les mesures votées l'été dernier, le retour d'ascenseur, la monnaie de sa pièce, son argent au centuple, 860 M€ de recettes publicitaires annuelles qui iront dans leur très grande majorité engraisser les caisses de TF1...c'est à dire de?... ILs ne se donnent même plus la peine de la mise en scène, de l'emballage. On lancera négligeament quelques discours justificatifs. La télévision, ILS s'en fichent. C'est un moyen de faire du fric comme le reste. On lamine par le bas, on tfise et la télé publique, sans moyen, deviendra aussi nulle que TF1 qui engrangera des records de recettes publicitaires. Une chance qu'ARTE n'intéresse personne...mais je m'attends au pire. -
Sebastien CELLE
S'il y a quelque chose dont je serais plus que curieux de connaître (et en fait j'espère qu'@si saura mener l'enquête pour moi), c'est : "mais à qui va l'argent à la télévision publique?". Au détour de la campagne, on avait appris qu'Elise Lucet gagnait 17.000 euros par mois. Quelles sont donc les émissions qui coûtent le plus cher à France 2? Le magazine de football du dimanche a été vendu à France2 contre 24 millions d'euros (et même avec cette somme, le service public n'a pas été en mesure de faire quelque chose de regardable). Ruquier et tout le monde en parle coûté à l'année une vingtaine de millions. Quid de Delarue? De Mireille Dumas? Curieux je suis. -
Gribouille
Bravo pour cette émission !
On a l'impression à vous regarder en petit, au milieu d'une page web, filmés dans un décor sommaire, de faire quelque chose d'un peu clandestin...
Bon, d'accord, l'impression s'arrête la... ce n'est pas radio-londres, et nous ne sommes pas sous l'occupation.
En tout cas, merci encore pour la qualité des débats et des invités, ainsi que le sérieux avec lesquels elles sont préparées.
Continuez !
Bon courage !