"Elon Musk veut autant faire gagner Trump qu'affaiblir la démocratie américaine"

La rédaction - - Complotismes - Nouveaux medias - Médias traditionnels - 26 commentaires


Mardi 5 novembre 2024, l'élection présidentielle américaine opposera l'ancien président républicain, homme d'affaires et star de la téléréalité, Donald Trump et la vice-présidente démocrate actuelle, Kamala Harris. Depuis quelques semaines, un homme cherche à peser de tout son poids dans ce scrutin : l'homme le plus riche au monde, Elon Musk, patron de Tesla et du groupe aéronautique Space X. Aujourd'hui, il est aussi star des groupes américains d'extrême droite qui réoccupent massivement le réseau social X (ex Twitter) qu'il a lui-même racheté en 2022, devenue caisse de résonance XXL de la campagne de Trump.

Depuis juillet, Elon Musk s'affiche régulièrement aux côtés du candidat républicain, finance sa campagne et  va même jusqu'à tenir meeting pour lui. Quel rôle précisément joue Elon Musk ? De quoi son emprise sur la campagne de Trump est-elle le nom ? Emmène-t-il avec lui le reste du monde de la tech américaine ? Quel est leur projet politique ? Que veulent-ils faire des Etats-Unis ? Trois invités sont en plateau cette semaine pour répondre à ces questions : l'historienne Maya Kandel et les journalistes Olivier Tesquet et Olivier Lascar. 

"Aux Etats-Unis, normalement les grands donateurs restent discrets"

Elon Musk n'est évidemment pas le premier ni le dernier milliardaire à financer un candidat et son parti comme le permet la démocratie électorale américaine. "Mais il y a quelque chose de nouveau avec Elon Musk, note l'historienne Maya Kandel. Normalement, les grands donateurs restent discrets. Ils ne vont pas revendiquer ce rôle de grand argentier. Là, non seulement Musk le revendique haut et fort mais en plus il fait campagne aux côtés de Trump et a un rôle dans les organisations qu'il finance. Il s'est même carrément installé en Pennsylvanie qui est un des états clés de la campagne". 

"avec la loterie, elon Musk rassemble une immense base de données de gens qu'il sollicitera si Donald Trump perd"

Elon Musk va même jusqu'à organiser, financer et animer une loterie géante à destination des électeurs de Trump. Chaque jour, les images du tirage quotidien sont largement diffusées sur les plateformes utilisées par l'extrême droite américaine, notamment via X. Pour Olivier Tesquet, ce tirage au sort "montre à la fois l'hubris du milliardaire, la défiance avec les médias qui est un levier très puissant pour lui et dans l'opinion publique américaine et monte comment il place, les uns après les autres, tous les jalons d'une contestation possible du résultat de l'élection (...) L'objectif est au moins autant de faire gagner le candidat Trump que de préparer la contestation et d'affaiblir la démocratie américaine. Avec cette loterie, Elon Musk rassemble une immense base de données de gens qu'il sollicitera directement si Donald Trump perd". 

"Musk veut faire de la politique sans la morale"

Dans plusieurs des meetings de Donald Trump, Elon Musk s'est présenté, casquette vissée sur la tête, avec le slogan trumpiste, MAGA pour "Make America Great Again" mais en ajoutant le mot "dark" devant. "Quand il dit «dark maga», cela fait écho au mouvement dit des «lumières sombres», analyse Olivier Tesquet. C'est un mouvement néo-réactionnaire qui s'est constitué depuis une grosse dizaine d'années autour de figures confidentielles pour qui les Etats-Unis, dans leur forme actuelle, sont morts. L'objectif, pour eux, c'est quelque chose qui ressemblerait à une monarchie technologique. Le slogan «dark MAGA» est un  signe d'allégeance à ce genre de mouvement (...) Leur dénominateur commun, c'est de faire de la politique sans la morale, un projet sécessionniste avec l'idée de construire un Etat administré de manière privée, en marge de l'état traditionnel". 

POUR ALLER PLUS LOIN

Maya Kandel, "La droite tech contre la démocratie : comment la Silicon Valley s'est radicalisée", Mediapart, mars 2024

Olivier Tesquet, "Les milliardaires pro-Trump de la Silicon Valley vont-ils avoir la peau de la démocratie ?", Telerama, octobre 2024

Olivier Lascar, Deep fake, l'IA au service du faux, Eyrolles, octobre 2024

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