"Donner du sens au son, c'est aussi parler de l'industrie musicale"'

La rédaction - - Pédagogie & éducation - 54 commentaires

Le journalisme musical français plus intéressé par les textes que par le son


Comment parle-t-on de la musique dans les médias, et plus particulièrement de cette matière qu’est le son ? Qu’est-ce qui fait l’identité sonore d’un artiste ? Comment sont traités journalistiquement les choix de composition, de mélodie, de mixage, d’arrangement, bref sa patte sonore ? Dans un récit journalistique, quelle place prend la musique par rapport au texte, ou la vie, la personnalité de l'interprète ? Comment donner les outils pour mieux comprendre comment se compose et se décompose la musique ? Nos invités : la journaliste Mathilde Serrell, chroniqueuse musique dans la matinale de France Inter ; Florent Garcia, guitariste professionnel et youtubeur ; Raphaël Da Cruz, journaliste à la radio Mouv' et spécialisé en rap. 

"La tradition de l'auteur français"

Dans son émission "La vie secrète des chansons" sur France 3, le  chroniqueur et pianiste André Manoukian raconte la naissance de grands tubes de la variété française. L'occasion de parler d'anecdotes, de textes, des personnalités, mais... peu de l'identité sonore de l'artiste. "En France, on a un culte de la chanson, un culte du texte et même un culte de l'auteur", souligne Serrell. Une obsession du texte pas aussi présente chez les Anglo-saxons, explique Florent Garcia : "Jimi Hendrix par exemple, c'est des textes qui sont objectivement pas incroyables", explique-t-il. Voici quelques extraits de notre émission : 

La critique "véhicule de l'émotion"

Sur Inter, dans sa chronique matinale, Serrell s'enthousiasme sur un artiste qui fait l'actualité. Souvent positivement, et avec de nombreuses figures de style, parfois ampoulées : le style du critique ne prend-il alors plus de place que celui du musicien ? "J'ai une affection particulière pour la critique que je tiens pour un art à part entière et qui aujourd'hui a des formes tout à fait hybrides. […] ce que le critique peut parfois amener, c'est mettre en mots ce qui vient de lui arriver en plein visage, en pleines oreilles, en plein cœur, et parfois on touche juste, et parfois non."

La musique ? "pas juste des accords ou une mélodie"

Sur YouTube, de nombreux vidéastes rivalisent d'inventivité pour donner à entendre, à comprendre ce qui caractérise le style sonore d'un genre ou d'un artiste en particulier. C'est le cas de notre invité Florent Garcia, mais aussi d'un des pionniers en France en la matière : PV Nova. Raphaël Da Cruz du Mouv', souligne l'importance de ce travail de vulgarisation : "Donner du sens à du son, c'est pas seulement expliquer musicalement pourquoi ça ou ça, ça marche. C'est aussi donner du contexte propre à des formats musicaux, à l'industrie musicale."

"On assiste à la naissance d'un tube"

Dans le sillage de ces créateurs innovants, des médias se mettent à la vulgarisation musicale. C'est le cas du média américain Vox, qui, dans une vidéo avec le musicien Jacob Collier, explique pourquoi la mélodie du tube "Sir Duke" de Stevie Wonder est si puissante : "Ce qui est intéressant là, souligne Serrell, c'est qu'on a le cours de solfège, et en même temps, on a une clé sur la variable humaine. C'est-à-dire que, justement par rapport à l'intelligence artificielle, ou à la machine, ou les recettes, c'est quoi le coup de génie ?"

Pour aller plus loin 

- PV Nova analyse le reggeaton
- La chaîne YouTube de Florent Garcia. 
- Stevie Wonder, analysé par Vox
- Les chroniques de Mathilde Serrell sur France inter.

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