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Jelomar
En 1990, Akira Kurosawa réalise un ensemble de courts-métrages dont l'un, "Le Mont Fuji en rouge", imagine une catastrophe liée à l'explosion de centrales nucléaires:
http://www.youtube.com/watch?v=Zd8T76E45k0&feature=related
Ce n'est pas un chef-d'oeuvre, mais c'est tellement prémonitoire !
Le film s'appelle "Rêves" ("Dreams"). -
Thibault BURGY
De retour à Tokyo après 3 semaines en exil un peu forcé du fait de la pression Franco-française (je suis père d'une famille de 2 enfants en bas âge) à Okinawa, je découvre avec stupéfaction cette émission. Votre invitée japonaise a une légitimité, mais un seul témoin (d'ailleurs absolument indirect) n'est pas valable en la circonstances. Pardonnez-moi de vous le dire, mais ses imprécisions involontaires mais graves vont dans le sens français de cette catastrophe. On sent le plateau frémir à l'idée que cette démocratie est censurée et sous-informée. Or dans le cas précis, il n'en est rien. Je suis connecté à de nombreuses sources (Via internet, l'ambassade de France BBC, CNN, Le Monde, n'en jetons plus, ) et avec mon épouse japonaise, nous avons recoupé les informations japonaises et celles glanées via d'autres sources. Les données brutes sont absolument les mêmes. Comme dirait Daniel, je suis tombé de ma chaise en attendant votre invité déclarer qu'à la télévision japonaise on n'a jamais parlé des dangers de l'iode 137. Renseignez-vous, la TV japonaise est un téléthon permanent du nucléaire ces trois dernières semaines. Les exemples de contre vérités seraient multiples, mais passons.
Une collègue et amie japonaise que j'ai retrouvée en exil à Okinawa m'a expliqué la raison de sa présence : "ma mère m'a dit: à mon âge (60 ans en gros), je peux mourir d'un cancer, toi (faites le calcul), tu as encore des choses à faire et tu es en vacances, va chez ta soeur à Okinawa."
Elle et moi sommes rentrés à Tokyo. Début avril, c'est le début de l'année économique au Japon. Nous ne sommes pas sous-informés, ni des trop disciplinés (à Didier Porte que je regrette à FI mais qui n'en est pas à sa première chronique à côté de la plaque).
Nous sommes 37 millions dans la conurbation de Tokyo. Risque nucléaire ou pas, sous-information réelle ou fantasmée, la plupart d'entre-nous n'a pas d'autre refuge. La catastrophe nucléaire est potentielle.
Ayons du respect pour les victimes de la catastrophe réelle. -
Meden Agan
A titre personnel, il ne me semble pas que ce soit le choix éditorial de l'émission qui pose problème ; c'est le traitement du sujet.
Aborder la question du rapport des Japonais aux catastrophes naturelles est en soi très intéressant et pourrait nourrir un débat vraiment riche, mais on a ici : un spécialiste de la culture populaire mais pas du Japon, un spécialiste du Japon mais pas de sa culture populaire (et encore moins de son histoire), et une Japonaise dont le rôle est limité à celui d'arbitre validant les points de vue avancés sur le plateau.
On part donc un peu dans tous les sens : les clichés véhiculés par les envoyés spéciaux français (ça vaudrait en soi au moins une émission - ou quatre, si ça ne tenait qu'à moi), une digression rapide sur la qualité de l'information accessible à la population japonaise sur place (ça vaudrait en soi au moins une émission - ou douze, si ça ne tenait qu'à moi) et un survol des films catastrophes et autres kaijû japonais - à croire que les catastrophes naturelles et la culture populaire sont au Japon nées en même temps que le cinéma. Bref, au final l'ensemble m'a paru assez décousu et un brin superficiel.
Au risque de tomber dans le hors-sujet - mais après tout l'émission est passée depuis longtemps et le forum un peu ensuqué :) je crains surtout en terme de choix éditorial que, malgré les intentions louables de différer un bilan de la catastrophe, on tombe dans le même pas de deux et de travers qu'à chaque actualité lourde extra-hexagonale : d'abord on montre sans expliquer (ou si peu) pour bien imprégner les rétines, et ensuite on recentre vite sur un bon vieux débat franco-français dont on maîtrise bien les codes. Cas d'école avec Fukushima : tout le monde panique devant les scénarios de la catastrophe annoncée et on entame vite un débat sur les risques du nucléaire en France, sur l'avenir du nucléaire en France, sur les retombées radioactives en France. Idem sur internet, où chaque article sur le sujet est prétexte à un déferlement de commentaires sur les horreurs du nucléaire et du grand méchant lobby qui le promeut. Traiter au fond ce qui se passe sur place avec le recul et la prudence que la situation appelle, les conséquences, la gestion de la crise, on verra plus tard - ou pas.
J'espère que ce ne sera pas le cas cette fois, et qu'on aura droit un jour à une émission centrée sur le traitement par les médias français de l'actualité japonaise récente - et pas simplement à la question du lobby nucléaire versus les médias. -
-_-
L'idée de l'émission étant de parler inconscient collectif et images, il y avait sans doute encore beaucoup à dire. Mais bien vu pour le parti-pris décalé. Et puis, au contraire des quelques gentils BHL du forum, si prompts à distribuer les mauvais points et les brevets de pertinence en 24 secondes chrono, je ne pense pas que parler de culture populaire soit hors sujet lorsqu'il s'agit de tenter d'appréhender un mode de pensée et de représentation qui est quelque peu étranger à beaucoup d'entre nous. -
IT
A propos de représentations catastrophisantes.
Alain Korkos fait écho à des réserves bédéfiles sur l'américanisation d'Akira bientôt adapté en film. Je ne peux pas me retenir de renvoyer sur les petites animations de Harry Partridge, qui avait déjà expérimenté le concept, avec un résultat parfaitement enthousiasmant : http://www.youtube.com/watch?v=jafd97yJFOI -
Olivier Deleauvive B.
Je n'aurais pas, mais pas du tout cité Goldorak dans cette émission. Les Golgoths sont nombreux à être fabriqués à partir d'animaux mutants soumis à des rayonnements intenses, et je doute que dans les yeux d'un enfant cela paraisse inquiétant (plutôt fascinant). Le complexe du Pr. Procyon fait en toute logique appel à l'énergie nucléaire. Il y a bien les aspirations bucoliques d'Actarus, et le souvenir du ravage de son ancienne planète, mais on reste dans la problématique du super héros qui impressionne surtout lorsqu'il se castagne à bord de son robot.
Non, le premier anime qui me vient à l'esprit est Spectroman (Spectreman), une série ratée des années 70, mais précurseur en matière de prise de conscience écologique. (cf. Le Générique )
En second lieu, je placerai San Ku Kai. J'ai à l'esprit cette image de Golem 13 provoquant un terrible éboulement à chacune de ses apparitions sur la planète dont le San Ku Kai et son sympathique équipage ont la charge de la protéger.
Emission plutôt pas mal, qui m'a pourtant laissé sur ma faim. -
Nastasia
J'ai trouvé cette émission très bien amenée. Je ne comprend pas l'acharnement des gens contre le fait d'attendre quelque temps avant de poser une analyse, afin qu'elle soit plus juste et plus concrète...??? Quel déchainement de violence!
Je pense que les gens qui y ont vu un point de vue trop léger, ne se sont même pas posé la question (même si ils pensent le contraire) de savoir si ils voulaient vraiment comprendre le point de vue et l'état d'esprit japonais, où si ils réagissaient devant la catastrophe via leur propres peurs (et donc attendent le même genre d'analyse de la part des medias). Ce sont les même qui n'ont parlé que des problèmes nucléaires en france avant de parler du malheur japonais lui même il y a une semaine, (j'en parierais ma main..).. Ce sont donc des gens centré sur eux même..(eh oui j'ose)
En ce qui me concerne, j'ai beau avoir vecu dans ce pays un an, j'ai appris des choses fort intéressantes durant l'émission, sur l'historique et la mise ne perspective de cet état d'esprit nippon.
j'ai l'impression qu'on a trouvé cette émission soit trop geek soit pas assez finalement. Je pense surtout qu'elle a été fort mal comprise.
L'histoire de l'Art (et en l'occurrence l'Art populaire japonais est le reflet de sa société donc c'est un Art très significatif et juste), est une discipline permettant de comprendre l'Histoire au travers de l'état d'esprit et des croyances des hommes. Y a rien de plus efficace en somme pour comprendre comment on n'en est arrivé là.. Ne voir dans cette émission qu'un rassemblement léger et puéril par rapport à ce qui se passe au Japon est une réelle erreur d'interprétation.
Bref, un grand merci! -
-_-
Dommage que certains utilisent cet espace afin prolonger leur pugilat personnel avec le chroniqueur cinéma commencé quelques forums plus tôt. -
IT
http://www.tsr.ch/video/info/journal-19h30/?year=2011&month=3&day=22#id=3034329
Mystère de la chimie de mon cerveau, je trouve que la tsr a un peu mieux respecté mon calendrier interne (même si je trouve la juxtaposition d'images, dans la vidéo, un peu limite). Comme quoi, à quoi ça tient, tout ça... -
oppo
je tiens à partager des données et cartes très interessantes rédigées et/ou réunies par Remi Scoccimaro (géographe) et l'equipe de l'Univ. Toulouse le Mirail
http://japgeo.free.fr/
dont ce billet agacé de Philippe Pelletier (Université Lyon 2 UMR 5600) "Le centre a tremblé, la province a subi"
que l'on peut lire ici http://japgeo.free.fr/Sendai/PhPelletierTohokujishin.pdf
sur la politique japonaise, je tiens aussi au souligner l'article de Pierre Souyri
http://www.reseau-asie.com/edito/les-editos-du-reseau-asie/haute-administration-japon-souyri/
bonne lecture -
LPR
>< @SI est passe completement a cote cette fois, mais c'est pas grave : Rue 89 l'a fait >< -
jean-stephane
Toutes ces religions sont très présentes au Japon, on peut passer de l'une à l'autre,
j'aurais aussi aimé que l'ont traite dans votre émissions de l'influence des ces représentations du monde dans le manga ou la "catastrophe"...
notamment dans le shintoïsme, ou les esprits de la nature sont très présents, tant au niveau local (quartier, village...) qu'au niveau national. -
alixyz
Après après regardé l'émission et lu le forum, et découvert beaucoup de liens intéressants, je suis assez d'accord avec l'idée d'une émission ratée qui ne va pas assez loin ou nulle part à force d'être peu claire dans ces objectifs et peu pertinente dans l'organisation du temps de parole.
Les intervenants ne disent pas grand chose, les transitions sont lourdes et j'ai presque l'impression de gêne, comme si la rédaction avait eu une idée mais ne savait pas trop comment l'approfondir. Les interventions de DS qui joue comme d'habitude les ingénus sont aussi pénibles, s'étonner tout le temps ne permet pas d'aller bien loin dans la réflexion.
C'est dommage, je trouve le thème passionnant mais je dois dire que je n'ai rien appris. J'ai plus réfléchi à partir de quelques liens proposés et réflexions précises comme celles de IT.
Au passage, a propos de Tezuka, un de ses mangas m'a longtemps fasciné, il s'agit de Phénix, l'oiseau de feu... Manga extraordinaire qui évoque une série de civilisations qui naissent, périclitent, disparaissent, et de personnages plus ou moins récurrents qui traversent ces "époques" différentes. L'homme y apparaît comme un accident parmi d'autres au milieu de cycles temporels d'une longueur étourdissante... Ce manga m'a plongé dans des états de pessimisme noir et d'optimisme apaisé.
Pas le temps de l'évoquer plus longuement mais je le recommande vivement.... -
J.
Je suis mariée à un japonais depuis plus de 25 ans et j'y ai fait de nombreux voyages. J'ai même appris le japonais assez bien dans ma jeunesse, mais faute de le pratiquer, je le parle presque plus. Mon mari suit les informations sur les journaux japonais de tous bords et confronte les informations. Autant vous dire que qu'il a pu noter de grandes disparités dans l'information. Exemples :
- En réalité, les français(et autres étrangers) n'étant plus sur zone depuis l'alerte nucléaire ont un sérieux temps retard (ex : le sauvetage de la grand mère et du petit fils était annoncé samedi au japon, et ne date pas du tout de dimanche)
- Dixit médias japonais : Les sauveteurs français se sont rebiffé quand on leur a demandé de transporter des cadavres. Ils n'ont rien voulu faire et sont allés dans la base américaine du nord qq temps, pour finalement rentrer en France. (On se demande pourquoi il n'est jamais prévu d'intermédiaire compétent qui puisse expliquer les codes linguistiques et culturel pour faciliter la communication. Ça clache systématiquement entre le tempérament sanguin/esprit de supériorité/manque d'écoute et de sens de la solidarité français -l'équipe est venue pour se "faire valoir"- et la retenue/inflexibilité/organisation orchestrée sans égotisme, pour le bien collectif -au Japon, pas de hiérarchisation de valeur; de la tâche la plus humble à la plus valorisante, tout est toujours fait avec le même zèle et la même conscience)
- Même les médias américains ont traité les nouvelles avec moins de pathos. Les envoyés français ont rivalisé de vocalises dramatisantes même sur des sujets techniques comme les coupures d'électricité dans tout le Japon, pourtant parfaitement gérées et organisées. Pour ma part, il me semble que cette façon de repaitre le spectateur français de sensations fortes à bon compte a forcément un effet pervers sur le moral déjà bien malmené. (nous avons été submergés de messages compatissants).
Pour ce qui est de votre émission, je l'ai trouvée très juste. En effet la littérature et le cinéma illustrent bien le positionnement japonais face à l'adversité, l'inéluctable. C'est un peuple d'origine animiste; ils font partie de la nature et ne s'en sentent pas supérieurs. Ils n'ont pas non plus ce sentiment que les chrétiens ont du "bien" opposé au "mal" et n'ont pas suspendue sur eux -par les soins charitables des ecclésiastiques- la terreur de la punition de dieu. Par ailleurs, et s'est dommage de l'avoir balayée, car ce faisant vous avez raté une notion fondamentale japonaise : ils ont le sens de la "beauté de l'éphémère" valeur esthétisée (leur emblème est la fleur de cerisier), un sens profond de ne rien posséder dans l'absolu, ni dans la durée (donc la beauté EST dans l'éphémère). Ainsi, il faut bien envisager leur culture pour comprendre leur capacité de se reconstruire -et rebondir- et d'optimiser ensuite en un temps record.
Non, ce n'est pas la "Fin d'un monde"! quelle absurdité. -
Monsieur X
A propos de l'image récurrente de couverture, il me semble surtout que la jeune femme semble se réveiller au milieu des ruines. De ce point de vue, elle retranscrit exactement le sentiment des lecteurs et journalistes de ces parutions, non ?
Et bien sûr, c'est une jeune femme. C'est le mieux qu'on a sous la main après un enfant, mais les enfant on les garde plutôt pour des victimes de méchants humains, ça marche mieux. -
Carla
émission intéressante, j'avais un peu peur au début, vu l'énoncé du sujet, mais comme toujours, on peut faire confiance à Schneidermann... -
Zéfling
Tiens, ça me fait penser qu'il y a quelques temps, il y a eu un anime : Tokyo Magnitude 8.0, une série sur un séisme de force 8 qui touche la capitale japonaise. La série est assez dur sur la fin... -
Manuite
Allo? y'a quelqu'un? La ressemblance avec Sophie Marceau, je suis le seul ou bien?…
La belle japonaise stoïque et et inébranlable, impassible telle l'héroïne d'un manga seinjin.
La puissance de l'image au service de … l'image.
Ca me rappelle le photo de cette femme afghane aux yeux verts qui fit le tour du google monde... -
Jimmy Louchart
Bonsoir, à lire les billets d'André Gunthert du
- 14 mars 2011 : Déjà vu: l’image de la catastrophe
- 18 mars 2011 : Petite rhétorique de l’image médiatique
- 19 mars 2011 : Le tsunami, l’atome et les cerisiers -
Alain Gérard
Finalement, l'émission consolide le cliché : les Japonais sont stoïques, ne cèdent pas à la panique, n'extériorisent pas leurs sentiments... C'est à cause de la culture, de la religion, de l'histoire...
Est-ce que la réaction des victimes du tremblement de terre/tsunami/accident nucléaire est vraiment si différente de celle de populations confrontées à des catastrophes ailleurs dans le monde ?
On s'extasie devant le comportement des Japonais. Mais les victimes du tsunami de 2004, celles du tremblement de terre d'Aquila en 2009, celle de la tempête Xynthia de 2010, se sont-elles comportées moins dignement ? Personnellement, je ne vois pas de différence flagrante.
En dehors des considérations philosophico-sociologiques de nos experts et témoins, y a-t-il des éléments concrets de comparaison qui permettraient de démontrer que le Japonais "fonctionne" différemment de ses congénères humains, dans l'adversité ?