"Culte" : "Loana est là comme toile de fond, comme produit d'appel"

La rédaction - - 46 commentaires


23 ans après sa diffusion sur M6, que reste-t-il de Loft Story ? La question se pose alors qu'est diffusée depuis la semaine dernière sur la plateforme américaine Amazon Prime, "Culte", une série qui revient sur la première saison de Loft Story, vue depuis l'oeil… des producteurs de Loft Story

En 2024, que reste-t-il de Loana, de Jean Édouard, de la piscine et du Loft ? Pour en discuter, quatre invités. Valérie Rey-Robert, autrice et militante féministe. En 2022, elle a publié Télé réalité : la fabrique du sexisme, aux éditions Les insolentes. Le 30 octobre, elle publiera, chez le même éditeur, Vulgaire : qui décide ? 

Thelma Susbielle est journaliste, elle a consacré son mémoire aux questions de représentations dans deux émissions de téléréalité récente. Elle anime la chaîne Twitch Personna_Litte. Nathalie Nadaud Albertini est sociologue des médias. Enfin, Paul Sanfourche est journaliste, auteur d'un livre sur Loana Petrucciani, Sexisme story (Seuil).

"SE SERVIR LA SOUPE"

La première scène de la série permet de comprendre immédiatement l’histoire qui va être racontée. À savoir : revoir le Loft, depuis le point de vue des producteurs. Bonne idée, selon Paul Sanfourche. Mais il y a un problème selon lui : la série est produite par les mêmes personnes qui ont produit le Loft il y a 23 ans. Ce qui pose évidemment question. "Forcément, on ne peut pas s’empêcher de penser qu'ils vont se servir la soupe. Et d'ailleurs, c’est le cas quand on regarde la série. Les deux héros de la série sont Alexia Laroche-Joubert et Stéphane Courbit, deux personnages ultra-puissants médiatiquement aujourd’hui."

"Potentiel de femme objet"

On visionne en plateau le casting de Loana Petrucciani, tel que mis en scène dans la série. Sembable à ce qu'il s'est passé en réalité ? Non, selon le même Paul Sanfourche. Qui raconte : "C’est encore une manière pour la production de réécrire la manière dont elle a abordé la sélection de Loana. La réalité c’est que Loana a été castée et qu’ils ont tout de suite compris le potentiel de femme-objet de Loana. Le casteur, Benoît Chaigneau, me disait qu'il lui avait paru évident que les gens, et notamment que les hommes, allaient regarder. Donc que physiquement elle provoquait quelque chose". Il n'était donc "pas du tout énamouré", comme son alter-ego dans la série, mais plutôt "extrêmement avide d'exploiter son image télévisuelle". 

"On parle de masculinité, de domination patriarcale"

À quoi ressemblait le Loft, dans sa forme originale ? À des jeunes gens, le plus souvent allongés sur des canapés, qui bavardaient. Parmi eux, Steevy, dans l'épisode 3, raconte comment son père parlait (mal) de lui, et son envie de ne pas reproduire le schéma familial. Pour Thelma Susbielle, cette séquence est "forte", "touchante", et surtout "c'est le genre de séquences qu'on ne voit plus du tout dans la télé-réalité, et de ces dix dernières années". Elle développe : "On parle de masculinité, on parle de domination patriarcale. On parle de violences faites aux enfants. Entendre ça à l'épisode 3, c'est super fort". Valérie Rey-Robert est plus nuancée : "D'un côté cette séquence est touchante, et d'un autre elle est profondément cynique". Elle explique : "Beaucoup de gens ont été victimes dans la société de violences sexuelles, de violences physiques, de parents maltraitants, etc. Mais on sait maintenant que les casteurs et les casteuses prenaient des gens qui en avaient été particulièrement victimes". 

Lire sur arretsurimages.net.

Cet article est réservé aux abonné.e.s