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Brian Mc Recall
Mr La Porte, bravo ! J'ai eu des frissons pendant votre chronique. Merci ! (mais pas pour les frissons...) -
jayleb
Bravo Messieurs pour cette émission.
A Mr Fethi Benslama - le laïc - qui semble tellement plus à l'aise, vous regardez la situation dans sa globalité tout en reliant les souffrances et l'histoire des femmes et hommes. Vous, psychanalyste (profession à la quelle je n'adhère pas forcément) me faites penser qu'effectivement, je conseillerais vivement un suivi psychologique (pas forcément psychanalytique) à ceux qui ne se cantonnent qu'à la religion. Car en France et en 2014, je trouve ça tellement anachronique. -
Athanase Broutechoux
Bonsoir, Je viens juste de lire le "making off" et un mot n'a pas de sens pour moi ; c'est "faseyement"
Pourriez-vous expliciter ?
Merci -
Eric
Avant le 7 janvier 2015, Charlie Hebdo avait 60 000 lecteurs. C'était un journal moribond, qui n'était pas certain de passer 2015.
Ces mecs qui sont venus buter Cabu et Wolinski - je ne parle pas de leurs commanditaires, mais de ceux qui tenaient les kalachnikovs -, ont donné leur vie pour affaiblir, pour tuer, ce journal qui était déjà au bord du gouffre et qui n'attendait qu'un souffle de vent contraire pour disparaitre définitivement.
Résultat : Charlie Hebdo vient de se vendre à 7 millions d'exemplaires, un record absolu dans l'histoire de la presse. On se les arrache dans le monde entier. Les abonnements au journal ont crevé les plafonds au point de rendre probablement jaloux le reste de la presse française et peut-être même mondiale. Charlie Hebdo est aujourd'hui quasiment assuré de pouvoir inonder la France de caricatures de Mahomet pendant au moins 10 bonnes années sans aucun problème économique.
Conclusion : les meurtres commis par ceux qui voulaient empêcher la diffusion de dessins de leur Prophète sont, sans discussion possible, la cause directe de la multiplication de ces dessins et de la multiplication de leur diffusion. Ces mecs ont, au final, donné leur vie pour renforcer leur ennemi.
Et c'était bien évidemment prévisible.
C'était prévisible car l'histoire humaine le démontre tous les jours.
Quand des palestiniens vont se faire exploser au cœur d'Israël, en tuant des civils au hasard, ils s'imaginent quoi ? Qu'ils affaiblissent Israël qui, du coup, va reconnaitre l'état palestinien et cesser sa colonisation dans les territoires occupés ? Quand les soldats d'Israël répliquent en bombardant la bande de Gaza, en provoquant la mort d'enfants - innocents par définition -, ils s'imaginent quoi ? Qu'ils vont donner une bonne leçon aux terroristes qui, du coup, vont se tenir tranquille ?
La décision, par les Nations Unies en 1947, de créer un état d'Israël en Palestine aurait-elle pu être prise dans un autre contexte que celui qui a suivi l’holocauste et la mort de millions de juifs assassinés par le régime nazi ? N'est-il pas évident qu'Hitler est la cause directe qui a permis la création d'Israël ?
Au final, n'est il pas évident que la meilleure façon de renforcer une communauté consiste à l'attaquer au grand jour de manière injuste et disproportionnée ?
Les chefs d'état, les commanditaires, bref, ceux qui décident, ceux qui envoient leurs armées ou leurs terroristes, sont-ils tellement bêtes ou mégalos au point de ne pas croire en cette règle qui s'est presque toujours vérifiée dans l'histoire ? Ou au contraire agissent-ils en connaissance de cause afin précisément de provoquer une réplique, qui elle même provoquerait un effet qu'ils espèrent au final favorable à leurs intérêts ? C'est une vraie question, dont la réponse définit la ligne de partage entre ceux qui croient au complot permanent, et les autres. Je ne pense pas qu'il y ait une réponse simple et unique à cette question.
Mais ce que je sais, c'est que si ceux qui élisent les chefs d'état, mais aussi ceux qui tiennent les kalachnikovs, pouvaient réaliser à quel point il est inefficace d'attaquer un ennemi d'une manière qui ne peut au final que le renforcer tout en le rendant encore plus désespéré, beaucoup de problèmes se résoudraient d'eux mêmes.
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Article du blog : http://7janvier2015.blog.lemonde.fr/ -
David T
Merci M. Schneidermann pour cette émission et ses invités, et particulièrement M. Benslama, d'une intelligence et d'une sensibilité exceptionnelles.
M. Branine m'a fait l'effet d'un homme politique: discours très contrôlé, souvent prudent, mais on se demande parfois non pas s'il est sincère, mais s'il ose dire tout ce qu'il pense, ou s'il parle en se faisant le porte parole d'un collectif plus grand que lui. Dans l'ensemble invité interessant et intelligent.
Je comprends, malgré le vrai courage et la vraie humilité de l'immam Chalgoumi (que j'ai croisé, discrètement escorté, dans une ruelle en marge des manifestations de dimanche dernier), les réticences de M. Branine à son endroit. Et même pour mettre les pieds dans le plat qu'a effleuré M. Branine, je comprends que ses prises de position jugées pro-israeliennes (ou non anti israeliennes, ce qui parfois suffit) lui interdisent de prétendre à quelque représentativité que ce soit. Tous mes amis musulmans me le disent, et je les crois. Ce qui est effectivement dommage, c'est qu'il y a peu d'immams aussi engagés que lui contre l'antisémitisme (c'est à dire qui ne se contentent pas de condamner l'antisémitisme quand on leur demande ce qu'ils en pensent, mais qui estiment dans leur coeur que c'est un poison dans le coeur de ceux des musulmans qui en sont infectés et qu'il est agréable à Allah de lutter contre la progression de sentiments mauvais envers les juifs chez les musulmans quels que soient les problèmes politiques du monde), ce qui n'a a priori rien à voir avec un débat sur les conflits du proche orient, et la France aujourd'hui a besoin de tels immams.
L'émission soulève aussi beaucoup de questions très importantes sur les limites de la liberté d'expression.
Il me semble qu'on n'a pas assez souligné que, dans l'articulation entre responsabilité et liberté, ce sont les révolutions technologiques qui font exploser des notions qui étaient jusqu'à il y a peu pas si compliquées que ça. Il y avait des espaces où on pouvait tout dire, et des espaces où la liberté d'expression se devait d'être responsable, du plus public au moins public.
La liberté d'expression s'est arrachée contre les censures verticales, les vérités d'état, et les pouvoirs institutionnels. La responsabilité, incarnée dans le droit, c'était d'exercer cette liberté en évitant de susciter des réactions violentes de son audience. Une notion d'ordre public est donc en jeu. Il n'y a donc pas d'absolu prédéfini de ce qui peut ou ne peut pas être dit, mais des jugements contextuels d'espèce. Ce qui pouvait se publier dans Charlie Hebdo ne pouvait pas, en toute responsabilité, être nécessairement diffusé à une heure de grande écoute sur TF1, et tout le monde pouvait très bien le comprendre sans crier au deux poids deux mesures.
Aujourd'hui des jeunes de banlieue parisienne sont incités à la violence par des émirs du bout du monde qui n'ont jamais ouvert charlie hebdo de leur vie, et ont monté de toutes pièces une "affaire des caricatures" dans un but purement politique. Ils ont fomenté une "colère des musulmans du monde entier", là où n'importe quel musulman normal vivant en france s'était contenté jusqu'à ces dernières années d'être normalement embarrassé par les représentations de Mahomet qu'il y avait régulièrement (dans le cadre d'une expo, d'une bédé, d'un documentaire, etc....), et que rien ne l'obligeait à acheter.
Tout d'un coup c'est devenu une insulte à 1.5 milliards de musulmans de représenter leur prophète dans un journal franco-français tiré à quelques dizaines de milliers d'exemplaires. Et en retour ces émirs ont informé les frères kouachi que près de chez eux on avait insulté tous les musulmans du monde, parfois aidés par quelques naïfs, et les Kouachi l'ont cru...
Et certains, forts de se constat, d'en déduire que l'exercice de notre liberté d'expression doit être limité par une responsabilité mondiale et quasi éternelle, du fait d'Internet... Etre responsable aujourd'hui, ce n'est pas mesurer ce qu'on dit, c'est mesurer comment ça pourra être instrumentalisé par des fous furieux au bout du monde, parce que tout ce qu'on dit sera diffusé sur le net et qu'il se trouvera forcément au moins un fou pour l'utiliser malhonnêtement.... Dit comme ça ça semble dingue mais c'est ce que disent déjà ceux qui jugent irresponsable la couverture du dernier charlie!
Et pourtant il me semblait qu'Internet devait précisément être le lieu de la liberté d'expression. Qu'on était prêts à accepter tous les délires, parce qu'on y inventait une nouvelle liberté.
Mais en effet la liberté infinie devrait probablement être infiniment responsable. Mais en même temps si on devait pousser cette logique à son terme on vivrait dans un monde psychotique. Bref, le fait que ce soit la liberté infinie de diffusion de l'information qu'offre Internet qui nous oblige à penser de nouvelles limites à nos libertés doit nous interroger. -
redshift38
Merci pour cette excellente emission qui a mis le doigt sur quelque chose de fort juste : les assassinés n'étaient pas des journalistes mais des artistes. -
@gilsplash
Je suis gêné de voir tous ces intervenants qui a demi-mots esquivent, évitent, disent qu'il ne s'agit pas de Mahomet, que cela ne représente pas Dieu...
Au final tout le débat qui devait être de discuter du blasphème est inexistant à partir de moment où tous ces bonnes gens marchent sur des œufs et ne veulent pas voir l'évidence.
Mais a-t-on le droit en France de dessiner Dieu ou bien est-ce que j'apprends aujourd'hui que ce n'est pas possible?
Je suis choqué.
Oui il s'agit de Mohammed , et alors?
oui c'est une caricature light de Mohammed, c'est un joli message de la part de Charlie. Comme un ´sans rancune ´
La vraie question c'est pourquoi en france et dans le monde peut-on caricaturer Dieu, le Christ, le pape mais ne peut-on pas caricaturer Mohammed sans que tout le monde s'affole et crie au scandale?
N'est-ce pas parce que l'islam français aussi modéré qu'on veut bien le dire, n'a pas encore été relégué au second plan par ses croyants?
Alors que c'est devenu chose normale voire normative que le christianisme le soit lui depuis plusieurs dizaines d'années.
A ce niveau la, il me semble que les Francais ont digéré la religion catholique, l'ont relativisée.
Ce que beaucoup de musulmans de france n'ont pas encore fait.
La place de l'islam dans la culture des personnes venues du Maghreb et du Moyen orient notamment, est plus importante que celle du catholicisme dans la culture francaise.
Ils en sont plus imprégnés, c'est donc normal que cela touche leur sensibilité.
Seulement il me semble qu'il ne faudrait pas qu'on doive marcher sur des œufs parce qu' une minorité de la population n'a pas encore vraiment pris la distance avec leur religion que nous avons prise avec la nôtre. -
J.
A propos :
http://www.franceculture.fr/emission-la-grande-table-1ere-partie-artistes-les-voix-inaudibles-2015-01-19
Ecouter aussi (2 mn) Th. Sardier (tout en bas de la page).
L’ART en général -litterature, peinture et théâtre- est un acte de résistance, de résilience, de dénonciation, de dissidence, c'est aussi un vecteur de conscientisation :
.... pour sortir de l’aliénation, prendre une distance avec les conditionnements”.
Les grecs, parait-il, édifiaient la population à travers le théâtre. -
Francois SCALA
Tout ces musulmans qui reprochent a Chalie hebdo de faire un dessin représentant le prophete sont des hyprocrites.
Ce sont les premier a baffouer leur principe de non représentation en reconnaissant le prophète dans un dessin.
Les musulmans doivent d'abord se demander pourquoi ils voient l'image du prophete dans de simples portraits (quelque soit la volonté du dessinateur).
Et comment peut-on interdire la représentation de quelque chose qui, par définition, n'a pas d'image ???? -
THB
Il me semble qu'en déviant quelque peu du thème du blasphème en première partie, l'émission a quand même abordé le thème intéressant du "bon client", ici celui du "musulman modéré". Or rappellez-vous ce que disait Sébastien Fontenelle à 34 minutes de l'émission Aux Sources, sur le mufti de Marseille, bon client médiatique, ayant finalement refait (un peu) parler de lui en appelant à voter FN (car il valait mieux l'original que la copie). -
Aurelio
Le "Il l'ont bien cherché" qu'évoque Daniel Schneidermann au début du débat, je l'ai lu de nombreuses fois, avec des nuances, de la part d'amis anglo-saxons, anglais, australiens, américains, qui ne sont pas des fascistes ni des fanatiques religieux. A quoi attribuer ce type de réaction ?
Cordialement et que Charlie continue. -
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emilie bouyer
Formidable émission avec des gens tolérants et mesurés. J'ai appris une chose, c'est à quel point je rejette la religion sous toutes ses formes. .Bouffeuse de libertés, déclencheuse de frustrations, responsable de guerres, de massacres. Révélée plus tard que les autres, celle dont parlent les participants a condamné à mort des dessinateurs, des policiers ,une psychologue, un économiste et des clients juifs dans un hyper cacher. A moins que ce ne soit ceux qui se servent d'elle pour conquérir le pouvoir.
Mention spéciale pour le crétin américain qui ne comprend rien et s'agite comme un pantin décérébré. -
Pierre Tr
c'est toujours intéressant, mais là, cette fois, c'est fabuleux
Merci pour ces Lumières !!! -
Juléjim
Que ça fait du bien ces quelques minutes d'intelligence, d'humour et de culture dans un océan d'abrutissement frénétique !
Un grand merci à @si et ses invités du jour, avec une mention toute spéciale au professeur Fehti Benslama. -
dudu
Excellente émission bien adaptée à la gravité de la situation.
A l'occasion pourrait-on avoir une idée précise sur la jurisprudence en matière de presse du délit d'incitation/provocation publique à la haine raciale ? -
fcha
Merci pour cette excellente émission!
Ps: il ne manquait qu'Olivier Berruyer avec sa tête de premier communiant et ses histoires de viers (nan, j'déconne hein!:-) -
yaniz
- une évidence : les médias (ne parlons pas des politiques pour ne pas compliquer le problème) ne savent pas de quoi ils parlent quand il s'agit d'islam. Combien de commentaires de journalistes et d'experts invités ont qualifié les meurtriers de charlie, d'amateurs...avant la video de coulibaly qui dit tout. Les médias n'écoutent pas les musulmans, et surtout ne relaient pas ce qui va déranger. Déranger quoi au fait?
- des mystères : la formation et le recrutement des journalistes très bien payés des chaines par des patrons inconnus et des actionnaires inconnus, qui les autorisent à manipuler l'opinion avec une belle efficacité. On s'attend à voir la main de l'Amérique bien sûr, mais serait on surpris d'y trouver celles du Quatar et de l'Arabie Saoudite?
- une hésitation : après les batailles d'experts, après l'action de massage des cerveaux par des médias pas très transparents, la conclusion des débats est devenu que l'avenir dira qui avait raison. L'hésitation c'est : maintenant qu'on me dit que seul l'avenir y comprendra quelque chose, qu'est ce que je fais, moi, piou-piou de base. A moins évidemment de choisir une religion, une idéologie, un camp...par conviction.
Dans les médias, la langue de bois a déjà repris, le sujet de l'islam est de nouveau noyé dans les explications incompréhensibles, dans des mots qui ne disent pas la réalité.
Quelle est la place d'ASI dans cette contre-réaction? Trois jours, du 7 janvier au 9 janvier ont suffit pour nous montrer la réalité, la France réelle n'est pas celle que nous "vendent" les médias (et une partie de la classe politique). Est ce sur ASI qu'on va conserver un peu de cet instantané "hors norme" comme on nous l'a martelé pendant 3 jours. Hors norme, quel aveu! hors norme médiatique voulait dire mes commentateurs préférés, forcément préférés, ai-je le choix? Pour le prix de 6 recharges pour carafe d'eau, pourquoi, bien sûr, se priver de pouvoir consulter ASI? Si ASI ne nous dévoile plus comment fonctionnent les médias, notamment dans ces circonstances "hors norme", et comment ils viennent en quelques jours de s'auto-légitimer à reprendre leur discours d'avant, qui va le faire? -
Joseph K.
Très longtemps que je ne suis pas intervenu sur un forum…
Le double massacre jihadiste m'a profondément bouleversé, secoué.
Je ne peux m'empêcher de penser que la sordide et imbécile tuerie/prise d'otages de Super Kasher est un écho/"dépaysement" de l'interminable conflit israélo-palestinien, épisode supplémentaire d'une vendetta où le nombre de victimes innocentes dépasse ce qu'il est possible de concevoir. Pour le dire clairement et selon mes modestes connaissances politiques, il me semble qu'il s'agit d'une suite malheureusement trop logique.
Je ne m'étendrai pas ici dans une prise de parti ou une glose sur la situation là-bas (il y en a tant ailleurs…).
D'un autre côté, la tuerie de Charlie Hebdo m'a profondément ébranlé, secoué, sur le plan intellectuel (émotion mise à part).
Dans le forum, des @sinautes s'expriment comme étant de culture catholique et de culture islamique.
En ce qui me concerne, issu de gênes communistes (staliniens ?) par ma mère, je suis de culture HaraKiriesque, puis Charliesque et enfin Sinéesque.
Certes, je connais la culture religieuse de mon pays, qui m'aide utilement à décrypter les œuvres d'art depuis l’Antiquité et c'est une source de plaisir “savant” (comprendre…). Point.
Un des fondements de mon identité d'humain est d'être résolument hostile à la religion, pensée magique sectaire et aliénante, généralement de manière définitive.
Néanmoins, je mesure la complexité des évènements récents. Après ce bouleversement, je cherche à comprendre, ou du moins à retrouver quelques repères.
À cette fin, j'ai lu des d'articles jusqu'à la nausée, en évitant de me perdre dans le labyrinthe des forums à la recherche de “pépites” de réflexion (très investi pour y défendre Siné quand il a été accusé d'antisémitisme, cela m'a pris à l'époque un temps et une énergie débordant mes capacités).
Intéressé par les personnalités invitées à débattre par DS dans son émission, j'ai été déçu dans mon attente d'éclaircissement.
Dans la presse, quelques journalistes ont rappelé l'aphorisme d'Albert Camus : « Mal nommer les choses, c'est ajouter au malheur du monde ! »
Cette réflexion semble en rapport avec les évènements, leurs causes et leur analyse.
Par Guy-Yves Ganier d'Emilion 19:23 le 16/01/2015
Re: nouveau (Making-of) Il me semble que Fethi Benslama se veut musulman "laïque" (attaché à la neutralité du politique vis-à-vis des cultes), plutôt que musulman "laïc" (c'est-à-dire non-clerc), même s'il semble assimiler la laïcité à l'absence de clergé vers la fin de l'acte 3.
Par Guy-Yves Ganier d'Emilion 08:16 le 17/01/2015
Re: Musulman laïc nouveau
La confusion me paraît plus générale: DS semble confondre laïc, laïque, et athée. Benslama (qui ne se prétend pas athée) semble confondre laïc et laïque, ou du moins laïcité et absence de clergé. Je rappelle à toutes fins utiles qu'un "athée" est un non-croyant, un "laïc" est un "non-clerc", et un "laïque" est attaché à la laïcité (liberté de conscience, et séparation entre pouvoir politique et croyance religieuse, donc entre État et clergé).
Des opportunités d'éclairage ont été manquées lors de cette émission.
On peut se dire “laïque”, cela ne mange pas de pain…
Mais, entre “laïque” athée et “laïque” croyant, a-t-on le même ressenti par apport à la religion ?
Quand on est de culture islamique - au sens de civilisation - quel rapport entretient-on avec le sacré ?
Dans l'émission, il n'a pas été beaucoup question d'identité.
Pourtant, quand on est originaire du Maghreb ou d'Afrique subsaharienne (soi-même, ses parents ou ses grands-parents…), peut-on ne pas se sentir d'identité musulmane ? Peut-on échapper à cette assignation au regard de la “communauté” ? Sinon, qu'est-ce que cela implique ?
Shlomo Sand évoque : « le fait […] d’attenter ou d’inciter contre la religion d’une minorité dominée… », ajoutant : « en France ou au Danemark, en Allemagne ou en Espagne où vivent des millions de travailleurs musulmans, le plus souvent affectés aux tâches les plus pénibles, au bas de l’échelle sociale, il faut faire preuve de la plus grande prudence avant de critiquer l’islam, et surtout ne pas le ridiculiser grossièrement. » Quel est le rapport de Shlomo Sand à son propre gouvernement et à sa société théocratique ?
Tout le monde peut constater la réalité sociale (sociologique) d'une population appelée à venir - où venue de son plein gré - en France, au fil des années, pour y être exploitée avec un statut inférieur.
On peut comprendre la réaction humaine consistant à transformer en fierté une dignité bafouée (genre Black Power aux USA). Mais que le support de cette fierté soit la religion ne me paraît pas du tout enthousiasmant.
N'est-ce pas un argument facile que d'abandonner le contrat (?) laïque au nom du sociétal ?
La religion musulmane est minoritaire, certes, mais croissante (pour le moins dans son expression) et elle a été la première à poser à nouveau la question du blasphème dans une société qui avait réussi à se débarrasser de cette problématique. Comment ne pas constater une régression morale, un retour vers le moyen-âge (alors que l'on a déjà assez à faire avec un libéralisme qui veut nous ramener au 19e siècle) ?
« Injure » - comme a dit le pape - ou « blasphème » : on joue sur les mots. À leur manière, les frères Kouachi ont donné un « coup de poing » avec leurs kalachnikofs. J'ai entendu - ou lu - des musulmans déclarer qu'ils aimaient plus le prophète plus que leurs propres parents (« Trois fois plus que ma mère ! ».
Se contenter de déclarer qu'il n'existe pas de définition du blasphème dans le Coran paraît un peu léger. Surtout quand on peut lire à l'écran les banderoles anglophones ou francophones de « musulmans indignés » utilisant ce terme.
En 1905, quand la République a décidé la séparation de l'Église et de l’État (confiscation de certains biens du clergé, « l’Inventaire »), très nombreux ont été les catholiques sincères dont la sensibilité a été profondément blessée. Ensuite, les tensions se sont apaisées et un équilibre a été trouvé.
Ces jours passés, quelqu'un a rappelé que, dans le roman d'Umberto Eco, Le nom de la Rose, des meurtres sont commis au nom du catholicisme pour que ne soit pas diffusé un ouvrage sur le rire, écrit par un auteur romain.
Le rire est le propre de l'homme et toute religion est mortifère, produisant des zombies, n'en déplaise à notre ami jésuite (qui - finalement - n'a rien dit de profond).