13-Novembre : "Un film dans le Bataclan serait au-delà de l'impudeur"

La rédaction - - Fictions - 55 commentaires

Peut-on romancer les attentats ?

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Le 13 novembre 2015, Paris et Saint-Denis étaient frappées par les pires attentats que la France ait connus. 131 morts, des centaines de blessés et des milliers de familles et de proches endeuillés. Un traumatisme national pourtant peu traité par la fiction, que ce soit au cinéma ou à la télévision. Deux films s'y essaient ce mois de septembre, de manière très différente : Revoir Paris d'Alice Winocour et Novembre de Cédric Jimenez. Le premier raconte l'histoire de Mia, survivante d'un attentat dans une brasserie parisienne, mais dont la mémoire de l'événement s'est effacée. Le second raconte l'enquête des forces de l'ordre qui a conduit à l'assaut mené contre Abdelhamid Abaaoud et ses complices, à Saint-Denis, cinq jours après les attaques.

En sept ans, seuls quelques réalisateurs et réalisatrices ont osé mettre en scène des attentats dans la capitale, presque jamais le 13 novembre lui-même, là où les Américains multiplient depuis 20 ans les créations autour du 11 septembre 2001, comme World Trade Center, signé Oliver Stone, pour n'en citer qu'un. Est-il possible d'adapter le 13-Novembre en fiction ? Si oui, faut-il le faire ? Pour tenter de répondre à ces questions, nous recevons cette semaine Christophe Naudin, historien et enseignant, qui était au Bataclan le soir du 13 novembre, Alice Winocour, réalisatrice de Revoir Paris, en salles depuis le 7 septembre et dont le frère a survécu à l'attaque du Bataclan, ainsi que Rafik Djoumi, journaliste spécialiste du cinéma et des séries, et chroniqueur chez Arrêt sur images.

Comment montrer "l'inmontrable" ?

Faut-il raconter le Bataclan par les images ? Le peut-on seulement ? Pour Christophe Naudin, qui l'a vécu, imaginer un film qui se déroulerait dans le Bataclan est impensable : "On serait au-delà de l'impudeur."

Images communes et catharsis

Dans Revoir Paris, qui ne raconte pas le 13-Novembre mais d'autres attentats, certaines scènes sonnent pourtant plus vraies que nature. Comme celle ou des agents de la voirie de la ville nettoient la place de la République, emportant avec eux les bougies et les fleurs déposées en hommage aux victimes. "Les cinéastes ont à nous prendre par la main pour nous faire faire la paix avec ces images", estime Rafik Djoumi.

Faute d'images, des mots

Dans En thérapie, série produite par Arte, un policier intervenu au Bataclan raconte à son psy l'horreur de ce qu'il a vu. Une séquence marquante, où les mots remplacent les images. "Je pense que ce genre de témoignage est beaucoup plus fort que des images", note Christophe Naudin. Pour Alice Winocour, "les images qui sont absentes sont parfois plus évocatrices".

Pour aller plus loin 

- La bande-annonce de Revoir Paris, en salles depuis le 7 septembre.
- Journal d'un rescapé du Bataclan, le livre-récit de Christophe Naudin, aux éditions Libertalia.

Lire sur arretsurimages.net.

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