[Avent 2021] Présidentielle 2007 : le jackpot des sondages "privés"

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Avent #06. Secrets de sondeurs à quelques semaines du premier tour.


Encore une émission sur les intentions de vote ? Oui. Avec les mêmes enjeux de crédibilité, de marges d'erreur et d'indices de probabilité qu'aujourd'hui ? Oui. Mais on apprend dans cette émission quelques secrets de sondeurs assez piquants.

11 mars 2007 : c'est un plateau de sondeurs, avec Roland Cayrol de l'institut CSA et Jérôme Sainte-Marie de BVA. Le journaliste invité, c'est Gilles Leclerc, chef du service politique à France 2. Mais on commence par "les Français" ou plus exactement "les panélistes" qui interrogent les candidats à la présidentielle dans le cadre de l'émission "J'ai une question à vous poser" sur TF1. La chaîne a-t-elle décidé de persécuter Sarkozy avec des questions du public sur l'homoparentalité ou sur son éventuelle islamophobie ? C'est ce que soupçonne Alain Minc chez Guillaume Durand (France 2) : "Que s'est-il passé dans le subconscient des dirigeants de TF1" qui ont constitué un panel pro-Royal ? D'autant que Royal, elle a eu affaire à des Français moins agressifs, et pu consoler l'un des panélistes en fauteuil roulant ? Non, dit le sondeur qui a sélectionné les panélistes. 

Bayrou testé au second tour...

On aborde ensuite des sondages diffusés sur sur LCI et France 3 testant Francois Bayrou au second tour face à Sarkozy et Royal : il l'emporte à chaque fois. Problème : dans les sondages d'intentions de vote au premier tour, il ne passe pas la barre du second. N'est-ce pas absurde ? Jérôme Sainte-Marie revendique ce type de test. Cayrol explique qu'il veut bien tester ce cas de figure pour un client-candidat, mais qu'il ne rendrait pas publics ce type de sondages... Gilles Leclerc le rejoint. Et on apprend tout à trac que les sondeurs sont beaucoup sollicités par les candidats pour des sondages privés, des tests qui ne seront pas publiés. Les sondages non publiés commandés par des candidats représentent une activité plus importante que ceux qui seront publiés dans les médias, dit Cayrol.

Sarkozy critique durement les sondeurs pendant une soirée électorale de... 1995. Son champion, Édouard Balladur, ne sera pas au second tour, dit BVA ?  "C'est une formidable défaite pour les instituts de sondage, assène Sarkozy. Posons le problème de la présence des sondages si près d'une élection". BVA et son représentant sur le plateau Pierre Giacometti est alors accusé par Sarkozy de manquer d'indépendance ; il suggère que le sondeur travaille en faveur d'un autre candidat (Chirac ou Jospin, on ne sait pas). Cayrol explique que c'est un moyen d'intimidation souvent utilisé ; Giacometti est aujourd'hui accusé d'être... trop proche de Sarkozy. 

"On est d'accord que ça n'a aucun sens ?"

Comment s'opère le redressement des candidats dans les sondages ?  La journaliste d'ASI Maja Neslovic explique la différence entre les données brutes et les données "lissées" ou "redressées", qui consistent par exemple à multiplier par 2 ou 1,5 les intentions de vote Le Pen, sous-déclarées par les sondés. Est-ce scientifique ? Oui, du point de vue des sciences sociales, répond Cayrol, pas des sciences exactes. "Nous travaillons sur des hommes et des femmes [...] sur les choses qu'ils nous disent et qu'ils ne nous disent pas"

Il est ensuite question de tous les paramètres qui rendent les sondages et surtout leur interprétation si peu fiables : les électeurs qui ne sont pas certains de leurs intentions, la marge d'erreur.... Quand les scores sont très proches, comme 50,5 pour Sarkozy contre 49,5 pour Royal au second tour, "on est d'accord que ça n'a aucun sens ?" demande Daniel. Sainte-Marie propose que les journalistes les relativisent en les commentant, ou de les arrondir pour ne pas donner une impression d'extrême précision avec la virgule. 


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