[Avent 2021] Présidentielle 2002 : Le Pen, la faute aux JT ?
- Médias traditionnels - 1 commentairesAvent #04. On est 2007, mais l'émission porte sur la présence de Le Pen au second tour de 2002. Sur le plateau, ça s'écharpe.
On est en 2007... mais cette émission porte sur l'élection de 2002, qui a vu Jean-Marie Le Pen accéder au second tour. Un traumatisme encore frais. Les journaux télévisés anxiogènes en sont-ils responsables ? Sur le plateau, David Pujadas réagit, parfois fâché, à un téléfilm de fiction de William Karel, très inspiré d'un documentaire sur France 2. Vaut le détour.
4 février 2007. Sur le plateau d'Arrêt sur images,
David Pujadas, journaliste-présentateur du 20 Heures
sur France 2, et Luc Martin-Gousset, qui a produit un téléfilm signé William Karel sur la rédaction d'une grande télé nationale, Poison d'avril
diffuse sur Arte. Et c'est un retour en arrière : le téléfilm porte sur la présidentielle de 2002 , et l'arrivée de Jean-Marie Le Pen au second tour. Un journal télévisé peut-il influer sur un résultat électoral ? C'est la thèse du téléfilm Poison d’avril
diffusé par Arte, qui raconte l’histoire de la campagne de 2002 dans une grande chaîne imaginaire. On suit les conférences de rédaction, le choix des sujets, leur montage, l'histoire du directeur de l’info viré pour un type venu de TF1 et sans scrupules, qui des jette dans la course à l’audience. Intéressant : le téléfilm est parsemé d'extraits de vrais journaux télévisés de 2002 de TF1, France 2 et France 3, à qui on a reproché de monter en épingle l'affaire "Papy Voise", du nom d'un vieil homme agressé dans sa maison qui a brûlé.
Le nouveau directeur de l'information préfère un sujet sur le Viagra à un autre sur les réfugiés albanais. Caricatural ? Pas vraiment : le réalisateur William Karel a trouvé sa source d’inspiration à France 2 où il avait tourné un documentaire sur le 20 Heures,
en 1999... où l'on voit un responsable préférer un sujet sur les lunettes de soleil à un autre sur l'anniversaire de Tchernobyl. Sa phrase "On perd du pognon, on perd notre temps"
provient mot pour mot d'un propos du documentaire.
Sur notre plateau, David Pujadas défend sa corporation. Il n'a jamais entendu un langage aussi caricatural depuis qu'il est là. "En fait il faut et Tchernobyl, et les lunettes de soleil"
, nous explique-t-il. On montre ensuite une scène du téléfilm où un journaliste monte un propos pro-immigrés de telle manière qu'il devienne à charge, pour nourrir un sujet sécuritaire et raciste. Pujadas s'étrangle : "C’est du pur délire!"
Le producteur de Poison
d'avril
a un peu de mal à défendre cette séquence, mais rappelle l'affaire Papy Voise qui avait tourné en boucle sur les JT.
Chirac : "Je regarde les journaux télévisés"
On regarde une interview de Jacques Chirac réélu président en 2002, pendant laquelle le journaliste Olivier Mazerolles lui pose cette question : "Vos adversaires de gauche disent oui, quand même, Jacques Chirac a servi un peu les idées de l’extrême droite en basant sa campagne sur la sécurité et sur le déclin de la France."
Et Chirac de répondre : "
Mais monsieur Mazerolles. Je regarde aussi, je vous le disais tout à l’heure, les journaux télévisés, et ce que je vois depuis des mois, des mois et des mois, tous les jours, ces actes de violence, de délinquance, de criminalité… C’est bien le reflet d’une certaine situation ? C’est pas moi qui choisissez [sic] vos sujets (sic)"
(vers 30 minutes après le début de l'émission).
Sur le plateau d'ASI
, Pujadas reconnaît qu’ils en ont fait trop sur l'insécurité dans certains JT. Mais on avait sous-traité ces sujets pendant des années, dit-il. Luc Martin-Gousset défend Poison d'avril
: le film montre comment "les journalistes construisent un univers"
, rappelle-t-il.
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