Si vous avez raté des épisodes, des nouvelles des #macronleaks
Daniel Schneidermann - - Le matinaute - 187 commentaires Télécharger la videoTélécharger la version audio
Tout ça pour ça ? Les leaks ne sont plus ce qu'ils étaient.
Deux jours avant le second tour, déboule une fuite massive de documents internes de l'équipe Macron. Ce sont les #macronleaks (avec hashtag devant pour faire moderne). Les lepénistes s'en pourlèchent d'avance. Quelles vilénies va-t-on découvrir ? Mais le coup a été mal calculé. Deux jours, ce n'est pas assez pour que quiconque puisse fouiller efficacement dans la masse de documents concernés. Les leaks font donc plouf. Mais l'élection passée, ils sont encore là. Et la presse française met donc ses limiers sur l'affaire.
Premier champ d'investigation : d'où vient la fuite, par où ont transité les #macronleaks ? Cette priorité est légitime. Ce n'est pas ici, qu'on va dire le contraire : étudier un message médiatique, c'est d'abord étudier ses auteurs, et ses éditeurs. Des premières recherches, émerge donc un grouillement d'activistes complotistes en ligne nord-américains plus ou moins néo-nazis, dont l'un, Jack Prosobiec, "personnalité trouble et populaire de l'extrême droite américaine", selon Le Monde, assure sérieusement que Macron aurait été séduit par sa femme dans le but de le "contrôler par la pensée", en le plaçant sous drogues. On aurait tort de rire. Ces canards lancés, on ne les rattrape plus.
Reste ensuite à se pencher sur le fond de ces fuites. C'est tout aussi légitime. Même des sources les plus pourries et les plus puantes, peuvent jaillir des informations exactes, et intéressantes. Bref, dans ces documents, que trouve-t-on ? Dès mardi dernier, Jean-Marc Manach ouvrait le bal, avec un premier tour d'horizon.Libécomplète ce matin, en consacrant trois pages aux techniques macroniennes de récolte de fonds, telles qu'elles ressortent des échanges de mails. Spoil : ce que l'on apprend surtout, c'est que jusqu'à nouvel ordre, tout est légal, et particulièrement efficace. Le plus intéressant des révélations n'est pas d'ordre policier ou judiciaire, mais sociologique : parmi les gros donateurs de la campagne Macron, se trouve une forte proportion de cadres de banque, pour une part d'entre eux expatriés. Bref, candidat prodige de l'élite mondialisée, Macron a été financé par l'élite mondialisée.Sans vouloir vexer quiconque, on s'en serait un peu douté.
A noter aussi (surtout ?) l'effort de la "team Macron" (toujours faire moderne), pour dissimuler les gros donateurs derrière les petits, dans la communication maison. "Seuls 1,7 des dons dépassent 5000 euros" expliquaient début avril les macroniens à Libé. "Pas faux, répond le quotidien, sauf que ces 1,7%, à la même époque, représentaient 45% de la collecte globale". Ou comment embobiner par les chiffres. Même technique, d'ailleurs, pour la liste, dévoilée hier, de candidats investis par Macron pour les législatives. "93% des candidats sont en activité professionnelle" a claironné le mouvement, chiffre tamtamisé par tous les perroquets de l'info. Mais sur ces 93%, combien de profs, combien d'ouvriers, combien de caissières, et...combien de cadres supérieurs ? Trop bête : la statistique n'existe pas.