Extrapolations sur Macron

Daniel Schneidermann - - Le matinaute - 63 commentaires

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Scoop du dimanche soir : Hollande n'a pas regardé le deuxième débat de la Primaire PS.

Il a une bonne excuse : il était au théâtre, pour assister à une pièce de Drucker. Oui, Michel Drucker, qui se produisait sur une scène parisienne. D'ailleurs, il s'apprête à voter Macron. Il l'a dit à son très proche ami Dominique Villemot, lequel l'a répété au JDD, avant de démentir sur demande de Hollande (mais en avertissant le JDD qu'il démentait sur demande de Hollande).

Effervescence dans le bocal des journalistes politiques. Par exemple ce lundi matin, le chef du service politique d'Europe 1, Antonin André. Rendez-vous compte, si Hollande votait Macron, quel avantage pour ledit Macron ! Traversé par un éclair de lucidité, le matinalier Thomas Sotto l'interrompt : il n'est pas certain que le tampon Hollande avantage véritablement Macron. Quel martien, ce Sotto. Si ça se trouve, il ne croit pas non plus à la victoire finale de Macron. Hérétique !

Concrètement, par quels chemins passe la macronophilie des journalistes politiques ? Par des petits accès de surchauffe comme cet incident du JDD. Mais pas seulement. Ce ne sont pas seulement la succession de couvertures de L'Obs, les éditos obliques anti PS de Challenges, les meetings ultra-médiatisés et retransmis en direct, les tentatives de victimisation. C'est aussi parfois plus insidieux, et sans doute plus inconscient. Ainsi cet article du Monde détaillant comment "la dynamique de campagne d'Emmanuel Macron sème le désarroi à gauche". "A gauche" : entendez dans la primaire PS. L'enquête cite des responsables (anonymes) des campagnes des candidats PS, anticipant déjà des votes en faveur de Macron, s'il est mieux placé dans les sondages que leurs propres candidats. Exemple type de citation : «Macron devant nous, ce sera intenable, s’inquiète un proche de François Hollande.Est-ce qu’on assumera le risque de faire élire le chrétien Fillon, ou pire: Marine Le Pen?»

Objectif, donc, des anonymes cités : propulser Macron au second tour. En partant de la certitude (qui ne semble guère faire de doute aux yeux des interviewés, et de l'intervieweur) qu'il battra facilement au moins deux concurrents, dans le trio Le Pen-Fillon-Mélenchon. Postulat déjà hasardeux. Mais postulat au moins aussi hasardeux : en tenant aussi pour acquis que Macron, au second tour, battrait Le Pen sans coup férir. Hypothèse, oui, hasardeuse. Pas une seconde, la presse macronisée n'envisage l'hypothèse que le candidat de la mondialisation béate, le candidat de Bruxelles et des banques, serait le candidat de second tour dont n'ose même pas rêver Marine Le Pen.

Montage photo Acrimed

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