Pub, la cuiller de trop ?

Daniel Schneidermann - - Le matinaute - 54 commentaires

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Il y a un petit côté irlandais, dans la campagne Saussez-Fillon

, "vous êtes impatients, nous aussi", la désormais célébrissime campagne gouvernementale aux quatre millions d'euros. Les Irlandais ont voté non ? On les fera re-voter, jusqu'à ce qu'ils disent oui. Les Français ne nous croient pas ? On va leur flanquer de la pub télé, à grands coups de millions, jusqu'à ingurgitation complète du message, une cuillerée d'heures sup, une cuillerée de jobs d'étudiants défiscalisés, une cuillérée pour l'impatient Fillon, une cuillérée pour le bronzé Saussez.

Saluons au passage l'oecuménisme. Pour une fois, il n'y en a pas que pour Bouygues. Pour une fois, les journaux, et les télés de service public, ne pourront pas se plaindre que le gouvernement se désintéresse de leurs ressources publicitaires. L'impatience fillonnienne s'étale partout. Y compris dans L'Huma, insistent malicieusement les revues de presse radio de ce matin.

Et la révolte est à la mesure de l'impact. Assez ! Assez, de jeter les millions à la mer ! De la presse régionale aux boites aux lettres d'@si, tous debout contre la campagne Fillon-Saussez. Comme si cette cuillerée-là ne passait pas. Pourquoi celle-là ? Peut-être tout simplement parce que c'est une campagne bête, à l'ancienne, une campagne marteau-pilon et huile de ricin, à l'heure où la pub est tellement inventive en ruses de toutes sortes, pour passer inaperçue. Rêvons un peu (avec quelque impatience) : si cette campagne devait marquer le début du grand désenchantement publicitaire, ces quatre millions n'auraient pas été dépensés pour rien.

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