Cosse, face aux détricoteurs

Daniel Schneidermann - - Le matinaute - 62 commentaires

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Le plat de lentilles aura donc le goût d'un référendum. "Local", assure-t-on.

Ce référendum, à propos de Notre-Dame des Landes, c'est le salaire demandé par l'ex-secrétaire nationale des Verts, Emmanuellle Cosse, pour prix de son entrée au gouvernement. Un référendum, très bien, pourquoi pas ? Sur place, partisans et adversaires de l'aéroport sont également méfiants, ce qui est un excellent point de départ. Mais où s'arrêteront les frontières "locales" ? Va-t-on consulter les électeurs de la commune ? Du département ? De toute la région -et laquelle, d'ailleurs ? On voit bien que la question est décisive. Des limites de ce "local", dépendra le résultat du référendum en question. Plus le corps électoral sera large, moins les "consultés" seront directement impactés par les travaux, plus se renforceront les chances du "oui" à cet aéroport inutile, et énergivore, auquel nous avons consacré un copieux dossier.

Pourtant, cette question, évidente, élémentaire, n'est pas posée à Hollande par les deux cariatides du 20 Heures qui l'interrogent. Question jugée de basse intendance, sans doute. On ne va pas s'abaisser, sous les ors de l'Elysée, à tracer des pointillés dans le bocage. La posant à Emmanuelle Cosse sur France Inter, Patrick Cohen, vendredi matin, n'obtient aucune réponse. Il est donc vraisemblable qu'elle n'a même pas discuté de sa portion de lentilles.

Quelle soupe amère, l'actualité politique. Faire l'effort de chasser cette amertume. Faire l'effort de ne pas céder à l'ironie facile sur le reniement de Cosse, sur lequel Twitter s'en donnait à coeur joie hier, exhumant tous ses tweets vallsosceptiques des dernières années, plus virulents les uns que les autres. Faire l'effort de chasser de son esprit ces trois mots "Jean. Vincent. Placé". Se dire que le pire n'est jamais certain, que les pronostics les plus évidents peuvent être déjoués, et que la nouvelle ministre du logement et de l'habitat durable sera peut-être celle qui sauvera la loi Duflot du détricotage promis (mais jamais vraiment entrepris, car il faut croire qu'elle tremble un peu, quand même, la main des détricoteurs, devant le patient tricot). En attendant, pour se souvenir de ce que peut être la politique quand elle se donne pour but de modifier, inlassablement, opiniâtrement, humblement, le réel, pour se réconcilier avec l'action publique, pour retrouver de minces raisons d'espérer, revoir notre émission vintage avec Cécile Duflot, dans laquelle elle raconte, point par point, le cheminement de sa loi. Il n'y a parfois pas d'autre réconfort que les archives.

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