Hollande, le mensonge hin hin hin

Daniel Schneidermann - - Le matinaute - 150 commentaires

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Le Trierweiler s'arrache. Il faut dire qu'il ne pouvait pas mieux tomber.

Il tombe précisément au moment où l'on est avide de lire que Hollande est cynique, lâche, et nul. Et menteur, surtout. Vie privée, vie publique, mensonges privés, reniements publics, se font écho. Il nous a plaqués pour Macron et la finance, nous la grande foule des cocus du Bourget, comme il a plaqué Trierweiler pour Gayet. Sans avoir le courage de nous regarder en face. Avec de petits gémissements ridicules, des hin hin hin mécaniques, comme ceux de sa marionnette. Une journaliste de France Inter évoquait ce matin le "calvaire" de Hollande. Quel calvaire ? Il est responsable de tout. Qu'il le paie, et jusque dans la salle de bains, s'il faut. On a tous des rages de femmes trompées, qui s'en veulent surtout à elles mêmes d'avoir été aveugles. Comment avons-nous pu être si bêtes ?

Le succès à la Harry Potter promis à "Merci pour ce moment" -succès mondial peut-être, qui sait ?- rappelle a priori ceux des charges anti-Mitterrand, qui furent un genre littéraire à part entière, et ont permis à Catherine Nay, Giesbert, Péan et quelques autres de se faire creuser des piscines. Mais si le ressort est le même -la haine- le personnage du salaud diffère. Menteurs tous les deux, oui, mais aux deux pôles opposés du mensonge. On se plaisait chez Mitterrand à démonter ses mensonges machiavéliens, comme des mécanismes d'horlogerie compliqués et fascinants. Le mensonge hollandien est opaque, nul, un mensonge stupide de gamin morveux en cour de récré. Si l'on est à nouveau fascinés, c'est par cette stupidité. Pensons à ce Thévenoud, député socialiste qui siège dans la commission d'enquête Cahuzac, qui vote donc avec des torrents d'éloquence les nouvelles dispositions prévoyant que tout nouveau ministre subira une vérification de sa situation fiscale et qui, quelques mois plus tard, accepte d'être nommé ministre, en sachant qu'il n'a pas rempli ses déclarations d'impôts. Que l'on pense même, une stupidité en entrainant une autre, au communiqué de l'Elysée annonçant sa démission "pour raisons personnelles", avant que Valls rectifie le tir. "Pour raisons personnelles". Hin hin hin.

De Mitterrand en Hollande. Que l'actuel ne soit même pas parvenu à anticiper la sortie du livre donne le vertige, quand on se souvient du festival d'intimidations illégales déployé par les gendarmes de Mitterrand, pour empêcher la sortie d'un torchon de l'écrivain maître chanteur Jean-Edern Hallier (lire l'excellente chronique de Georges Marion). Les gendarmes ! Dans son livre, Trierweiler raconte (oui, je suis en train de lire, et si vous voulez savoir, je suis aussi allé voirles photos, crucifiez-moi vivant) Trierweiler, donc, raconte qu'elle était parfois obligée d'écarter les gardes du corps, qui se mêlaient des conversations du couple, dans les promenades. Sur la comparaison des deux, tout est dit. Et le pire, c'est que cette comparaison nous oblige à nous situer, à choisir entre les deux, comme si entre les deux, il n'y avait rien.

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