Balkany / Boissinot : deux infos du matin

Daniel Schneidermann - - Le matinaute - 104 commentaires

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Qui connaissez-vous le mieux ? Isabelle Balkany, ou Alain Boissinot ?

Deux infos, qui tombent toutes deux au même moment, à l'heure où écrit le matinaute. Selon BFM, Isabelle Balkany aurait avoué être la propriétaire de la villa de Saint-Martin, aux Antilles, au centre des investigations policières, et dont le couple dirigeant de Levallois-Perret démentait être propriétaire (ce qui n'empêchait pas la presse d'être affirmative). Ainsi le couple échappait-il à l'ISF depuis 17 ans. Cet aveu ouvre la porte, outre un redressement salé, à une peine d'emprisonnement pouvant atteindre cinq ans. C'est peut-être le début de la fin de l'interminable saison Balkany de la grande série sur l'UMP et l'argent, feuilleton dont le destin naturel est de finir en série télé, à la House of cards (on s'étonne même que personne n'y ait pensé jusqu'ici).

Au même moment, tombe la nouvelle de la démission d'Alain Boissinot. Vous ne le connaissiez pas ? Moi non plus. Vos gazettes vous en parlent moins, mais il est vrai que l'affaire est de peu d'importance. Jusqu'à ce matin, Boissinot était président du Conseil Supérieur des Programmes, instance chargée par le ministre de l'Education de définir le "socle commun" de connaissances et de compétences que les élèves doivent avoir emmagasiné à la fin de leur scolarité obligatoire. Les choses sont certainement plus compliquées (et notre forum les précisera sûrement) mais L'Obs les résume ainsi : Boissinot n'a pas trouvé de compromis acceptable entre les partisans de l'acquisition de connaissances (histoire de la Première guerre mondiale) et les partisans de l'acquisition de compétences (savoir lire un contrat d'assurance). Lui-même plutôt dans le camp des "compétences", Boissinot aurait, selon L'Obs, tremblé à l'idée d'être accusé par Finkielkraut de sacrifier l'excellence française. Il demande donc à Hamon de définir les programmes lui-même.

Cette guerre entre "pro-connaissances" et "pro-compétences" dure depuis que je suis en âge de m'intéresser aux questions d'éducation. Il s'agit manifestement d'une guerre de religion, plutôt que d'une simple controverse pédagogique (si c'était une simple controverse pédagogique, on aurait bien trouvé le moyen, en une dizaine d'années de scolarité obligatoire, de faire rentrer Marignan 1515 ET les contrats d'assurance). Pour certains, elle serait une sorte de symptôme du déclin français. Mais alors, il remonte loin, le déclin français : sauf erreur, un certain Michel de Montaigne s'était déjà prononcé (était-ce sur BFM ? Sur ITélé ?) pour les têtes bien faites, plutôt que bien pleines. Heureusement pour Montaigne, Finkielkraut, à l'époque, devait regarder ailleurs.

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