Du pain au chocolat, et autres viennoiseries
Daniel Schneidermann - - Le matinaute - 95 commentaires Télécharger la videoTélécharger la version audio
Quarante-huit heures dans le parfum des viennoiseries:
après la semaine des pigeons, ce fut le week-end du pain au chocolat. La phrase de Copé sur le petit garçon qui s'est fait chiper son pain au chocolat du goûter, au motif qu'on ne mange pas pendant le ramadan, s'est promenée sur tous les tweets et sur toutes les ondes, réussissant même à rivaliser avec une valeur sûre: le coup de filet anti-islamistes. Buzz, effroi, plateaux enflammés, sollicitation pressante de réactions approbatives ou outragées, on connaît toute la gamme de ce genre d'exercices, avec une prime à la réaction du camarade de parti (Baroin) jugeant la phrase "toxique". Ça nous a rajeunis de six mois.
Copé avait déjà brandi le même exemple exactement dans son dernier livre, publié voici quelques jours à peine. Mais de ce livre, le vacarme promotionnel n'avait alors retenu qu'un seule formule, une autre, la dénonciation du " racisme anti-blanc". Notez qu'il s'agit d'une déclinaison de la même idée, exactement. Mais de cette répétition, le système effaro-promotionnel se contrefiche. Le système effaro-promotionnel, sevré de sarkonneries, se nourrit désormais de copéiades. Si Copé décline ainsi son livre, paragraphe après paragraphe, cassage de "tabou" après cassage de "tabou", avec à chaque fois le même succès médiatique, il peut tenir jusqu'à Noël.
Aux médias, y compris à nous-mêmes, ici, ces épisodes posent toujours le même dilemme. En parler ou non? On pourrait suivre de plus près que nous ne le faisons les développements et les dérapages, toujours délicieusement effrayants, du néo-sarkozysme. On pourrait consacrer de longs articles exhaustifs, et des émissions, à...en dénoncer l'impact. C'est le but que recherchent tous les provocateurs. On pourrait mordre dans tous les pains au chocolat qui passent. Mais il faut savoir résister aux friandises.