Gesticule, Hollande !

Daniel Schneidermann - - Le matinaute - 46 commentaires

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Ma parole, ils sont en manque ! Il faut les entendre, depuis dix jours, les Barbier, les Giesbert, les Szafran

, bombarder Hollande à coups de couvertures en dos de kiosque: allez, secoue-toi, Hollande, bouge un peu, là maintenant, tout de suite, montre ce que tu sais faire, assez causé, assez bronzé, sors-les, tes biscottos ! En d'autres mots: sois donc copie conforme du précédent, dans l'agitation permanente, une réforme par jour, un projet de loi par minute. Comme le reconnaissait l'autre jour au Monde un conseiller (anonyme) de l'Elysée: "on ne peut pas exclure que Sarkozy, avec tous ses excès, ait imprimé dans l'inconscient collectif le sentiment que l'exécutif est à la disposition des Français, tout le temps".

Dans cette injonction gesticulatoire, à laquelle Hollande a apparemment décidé de se plier, il faudrait démêler la part de l'idéologie (fais-nous vite une bonne politique de droite), celle du simple réflexe, et celle du souci des ventes. Quel mauvais client, ce Hollande, pour les ventes ! L'autre, au moins, il énervait, il dérapait, il rendait dingue. Résultat: c'est l'embouteillage des annonces de réformes. Rien que ce matin, ça se bouscule. La modulation des prix de l'énergie; le contrat de génération; le projet Duflot de développement du logement social. Avec déjà, dans ce dernier cas, l'amorce d'une belle et bonne campagne de droite (Duflot étant accusée, si on comprend bien, de vouloir bétonner le littoral), qui promet de nous occuper quelques semaines.

Et alors ? objectera-t-on. C'est très bien ! Si les réformes sont bonnes, utiles, autant qu'elles soient, en effet, rapides. Pourquoi attendre ? Oui, mais non. Qui dit réforme rapide, dit réforme bâclée, diable dans les détails, projet de loi mal ficelé, inapplicable, censurable au Conseil constitutionnel, et destiné au total au cimetière des réfomes. Dans son code génétique, un projet de loi porte la marque des conditions dans lesquelles il a été élaboré. Le premier critère d'évaluation d'un pouvoir, le plus simple en tout cas, c'est sa capacité de résistance à l'injonction médiatique. Quand vincent Peillon va vendre sa "morale laïque" sur le plateau de Denisot, où se déploient chaque soir l'adoration du conformisme, le culte du succès, et l'exhibition de potiche, comment croire à sa capacité d'enseigner le doute et l'esprit critique ? Ce n'est qu'un exemple...

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