Débriefing

Daniel Schneidermann - - La vie du site - 40 commentaires

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Encore Sarkozy ? Eh oui, encore Sarkozy. Ne ratez pas notre plateau de cette semaine, avec Antoine Guiral, de Libération. Il est né d'une drôle de façon. Guiral (comme apparemment tout son service) n'avait pas apprécié ma chronique de Libé, l'autre semaine, sur la cécité des journalistes politiques pendant la campagne, à propos de la personnalité de Sarkozy. Il m'a appelé pour me le dire (on ne se connaissait pas avant, quoiqu'écrivant dans le même journal). On a commencé à discuter. Et de fil en aiguille, je me suis dit que son récit ferait un plateau passionnant.

Ce plateau est à vous. Les réponses de Guiral, sur les raisons de sa discrétion à propos des troubles de la personnalité de Sarkozy, sont cohérentes : pudeur, volonté d'en rester aux débats de fond. Sont-elles convaincantes ? A vous de le dire. Personnellement, s'il m'était arrivé ce qui est arrivé à Antoine Guiral dans l'usine de fruits antillaise, j'en aurais parlé dans mon reportage. Mais chacun sa sensibilité, comme on dit.

Dans le bureau, l'équipe (que vous voyez derrière) s'est arrêtée de travailler, pendant l'enregistrement, tellement ils avaient l'impression d'apprendre des choses (eh oui, d'habitude, ils bossent vraiment, ils ne font pas seulement semblant pour faire le décor). Après le plateau, Gilles Klein est seulement venu nous dire qu'on aurait dû être plus précis, sur l'interdiction d'avions présidentiels de la journaliste du Point Anna Bitton. Gilles a raison. Mais on aura l'occasion d'y revenir.

Sinon, en compagnie de Guiral, j'aurais bien aimé inviter aussi Philippe Ridet, du Monde. Il avait commencé par dire oui. Et puis, il nous a rappelés une heure avant le plateau : il ne venait plus. Entretemps, il avait lu ma chronique fatidique de Libé. C'est toujours pareil avec vous, m'a-t-il dit. On n'a le choix que d'être d'accord avec vous, ou de soutenir Sarkozy. Bref. Le métier de critique médias n'est pas simple. Mais je ne désespère pas de le convaincre de venir un jour.

Je vais vous faire une confidence : j'adore débriefer mes confrères qui suivent, ou ont suivi Sarkozy. Ceux qui ont approché le phénomène de près. L'an dernier, sur France 5, grâce à la stupéfiante franchise de Ridet, on avait fait une des meilleures émissions de toute l'histoire d'ASI. Ils vivent, ou ont vécu, une aventure psychologique d'une grande tension. Ils ont encore des étoiles, ou des chandelles, qui dansent devant les yeux. Ils peinent à exprimer ce qu'ils ressentent. Ils se délivrent en parlant. On a l'impression d'interroger des rescapés d'une secte, ou d'une agression dans le métro, d'être une sorte de cellule d'aide psychologique, sur les lieux d'un crash.

Je pense que j'aurais beaucoup moins de plaisir, et d'intérêt, à interroger Sarkozy lui-même. Allez expliquer des choses comme ça !

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