Questions mesquines sur l'intermittent de l'Elysée

Daniel Schneidermann - - Le matinaute - 77 commentaires

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Soyons mesquins quelques minutes, ça fait du bien.

Un passage de la déclaration de candidature de Sarkozy semble être resté inaperçu, hier soir. Deux fois, le nouveau candidat a répété qu'entre ses meetings et ses visites de fromageries, il resterait président "chaque fois qu'il le faudra". En service minimum, donc. Ah tiens ? Ce n'est donc pas un job à plein temps, président ? C'est une succession de prestations ponctuelles, une réception par ci, un sommet de la dernière chance par là ? Si l'on peut être sans dommage, deux mois durant, un intermittent de l'Elysée, quel aveu, pour les cinq ans écoulés ! Accessoirement, on peut se demander à qui incombera la lourde responsabilité de le biper, en cas d'urgence. Mais passons, il y a mieux.

Persévérons dans la mesquinerie. S'étant déclaré candidat, il n'aura plus droit aux avions ni aux cortèges officiels, nous annonçait ce matin triomphalement France Inter, et voyagera en avion de location (trois heures de TGV pour Annecy, il faut croire que c'est trop long pour un candidat président) ou même en voiture, prêtée par les militants locaux. Parfait. Terminés également, les bouclages par la gendarmerie d'une ville entière, ou d'un demi-département, quand le cortège présidentiel devait le traverser en trombe. Quel courage, même tardif, de braver ainsi les risques ! Mais pourquoi ne pas l'avoir manifesté plus tôt ? Les risques sont-ils moins importants aujourd'hui ?

Touchons le fond de la bassesse: va-t-il conserver son salaire à plein temps, ou bien être cohérent, et insister pour être payé en piges, en cachets, ou en prestations ? Et alors facturera-t-il au forfait, ou au temps passé ? Quant aux multiples déplacements présidentiels depuis début janvier, va-t-il insister pour qu'ils soient imputés sur ses comptes de campagne, puisqu'il a admis avoir déjà pris sa décision "il y a quelques semaines" ? Autant de graves questions touchant à la marche de l'Etat que les journalistes qui entourent le candidat, soyons certains, vont maintenant oser lui poser, puisqu'ils sont désormais déliés du sacro-saint respect légitimement dû au président de la cinquième puissance mondiale.

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