Bataille de droits
Daniel Schneidermann - - La vie du site - 2 commentaires Télécharger la videoTélécharger la version audio
Chose promise, chose dûe.
Il y a quelques jours, en mettant en ligne quelques extraits de "20 minutes de bonheur", le désormais fameux documentaire d'Oren Nataf et Isabelle Friedmann sur les coulisses de "Y'a que la vérité qui compte", nous proposions aux (ex-)collaborateurs des jumeaux Bataille et Fontaine de nous faire savoir s'ils ne souhaitaient pas y apparaître.
C'est chose faite. Nous avons été contactés par une jeune femme, qui a, gentiment mais fermement, manifesté sa volonté de ne plus apparaître sur les images que nous hébergeons. "Je ne travaille plus chez Loribel, (la société de production de Bataille et Fontaine) et je ne souhaite pas être associée à des propos qui pourraient être mal interprétés", nous a-t-elle indiqué. Elle affirme par ailleurs avoir déjà manifesté lors du tournage du documentaire son refus d'être reconnue à l'écran.
Comme il est d'usage pour les images de télévision, nous avons donc bien volontiers "flouté" cette personne, afin de la rendre méconnaissable.
Certains d'entre vous nous reprocheront peut-être d'avoir cédé: mais cette jeune femme nous a semblé sincère. Et en tout cas, son droit à ne pas être identifiée est indiscutable.
D'autres nous reprocheront d'avoir mis en ligne ces extraits sans avoir personnellement contacté toutes les personnes qui y figurent.
C'était matériellement impossible. Et nous avons estimé qu'en l'occurence, compte-tenu de l'intérêt de ce documentaire, compte-tenu de ce qu'il nous apprend sur la manière dont pensent et parlent ceux qui fabriquent la trash-télé à la française, votre droit à l'information justifiait cette diffusion.
Ce n'est pas la première fois que le droit à l'information et le droit à l'image entrent en collision. Ils sont même naturellement ennemis. Pour informer avec des images, il faut...montrer des situations. Et pour montrer des situations, il faut bien montrer les gens qui concourent à ces situations. Internet aggrave les choses, puisque les informations mises en ligne sont censées y demeurer pour l'éternité.
Il nous faut donc, ici, inventer notre propre pratique pour concilier l'inconciliable, vous informer sans porter atteinte au droit légitime de personnes qui n'ont pas vocation à être des personnes publiques . Ce que nous faisons, jour après jour, sous vos yeux.