Brouillard sur la Grèce

Daniel Schneidermann - - Le matinaute - 66 commentaires

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Fini de rire. L'Europe fait les gros yeux à la Grèce, serinent les radios du matin.

Elle demande des gages. Elle pose ses conditions. Elle dit à la Grèce: "aide-toi, et nous t'aiderons". Pas question de débloquer une tranche suivante de prêt, tant que la Grèce n'aura pas "donné des signes de sa volonté d'appliquer la rigueur". Bref, le verbiage habituel. Mais au-delà de ce verbiage, le flou règne. Quels signes précis ? Le montant des privatisations demandées est-il quantifié ? Quels gages précis la Grèce devra-t-elle donner de sa volonté de les appliquer, "avant la fin du mois" (élément de dramatisation temporelle toujours bienvenu dans tous les feuilletons) ? Mystère et brouillard.

De même, levez les mains, ceux qui sont certains d'avoir tout compris au débat franco-allemand sur la question, à ses causes, et à ses implications. En simplifiant un peu, l'Allemagne souhaite que les banques supportent une partie du fardeau, en acceptant la suppression la restructuration le rééchelonnement d'une partie de leurs créances grecques, ce que refusent la France et la BCE, unies pour l'occasion. Les zéditorialistes français zinfluents, comme on dit, tout en reconnaissant le bien-fondé de la position allemande, soutiennent néanmoins la position française (pardon pour le pléonasme). Pour comprendre la position d'Aphatie, voir ici, et celle de Guetta, lire ici. La convergence des arguments d'Aphatie et de Guetta (aucun des deux, rappelons-le, n'est spécialiste de l'économie), est frappante: ne décourageons pas la finance ! Cela sent bon les éléments de langage distribués par le gouvernement français.

Mais, au delà de l'alignement mécanique sur telle ou telle position, qu'est-ce qui justifie ce renversement d'alliance ? Pourquoi Merkel, chancelière de droite si nos souvenirs sont exacts, souhaite-t-elle, poussée en ce sens par la classe politique allemande apparemment unanime, "faire payer les banques" ? Dans un brusque accès d'irresponsabilité, n'a-t-elle pas pris la mesure du risque de voir "l'argent" se détourner de l'Europe ? Pourquoi la France et la BCE sont-elles sur une position inverse ? Pardon de manquer à tous mes devoirs de matinaute en posant davantage de questions que je n'apporte de réponses, alors que même notre magistrale synthèse sur la crise grecque ne fournit pas de réponse sur ces points. Une bouteille d'ouzo à l'auteur de la réponse la plus claire.

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