7 septembre, instantanés
Daniel Schneidermann - - Le matinaute - 28 commentaires Télécharger la videoTélécharger la version audio
Woerth devant Ferrari.
On n'écoute pas les paroles, mais la musique. C'est la même, exactement la même, que lorsqu'il se défend sur Bettencourt, sur la légion d'honneur, sur sa femme. Il a simplement changé les paroles. Il peut inventer toutes les paroles qu'il souhaite: cette musique que nous connaissons maintenant par coeur, qu'on fredonne avec lui, c'est la mélodie du mensonge.
Banier dans la manif, avec son milliard cadeau, et sa vieille mobylette, qu'il chevauche sans casque. Ne manque que le raton-laveur. Image de pure poésie surréaliste. Ce marquis de 88. Ce sudiste d'avant la guerre de Sécession. Cette incarnation de la douceur de vivre d'Ancien Régime. Dans son sillage, ce cortège de fantaisie indécente, de mots d'esprit obscènes, d'insouciance qu'emportera le vent. Cette sidérante absence de toute méfiance. Cette mobylette, qu'il chevauche jambes écartées, comme un tout petit enfant, ou une très vieille personne. I Télé et BFM l'ont capturé et Le Post a monté leurs séquences |
Le reporter lui demande s'il soutient les manifestants. A peine une hésitation : en tout cas, il "les illustre". Le reporter cherche à lui montrer l'affiche sur laquelle figure Liliane Bettencourt. Il est tout prêt à s'y laisser entrainer. Il n'a de réticence à rien. Rien de vraiment grave ne peut lui arriver. Un rien l'amuse. Il vit une époque formidable. "Rien n'est plus beau qu'un rassemblement populaire". Formidables, les gueux. Formidables, les courbés, les usés, les sans âge.
Un manifestant le traite de crapule. Le manifestant est calme. "Il y a des gens qui ne devraient pas être là, notamment les crapules qui piquent le fric des travailleurs", dit le manifestant. La séquence s'interrompt là, net. Nul ne sait s'il y a une suite. L'histoire n'est pas finie, elle commence.