Arlette, Dominique, et le "dogme" : le vrai échange
Daniel Schneidermann - - Le matinaute - 55 commentaires Télécharger la videoTélécharger la version audio
"Dogme" : DSK a parlé du "dogme de l'âge légal de départ en retraite à 60 ans
, répète la presse en boucle, depuis l'émission du directeur général ("laissez-moi-travailler") du FMI sur France 2, la semaine dernière. Et les commentateurs de commenter, sur la "différence" de DSK avec Martine Aubry. Vous avez lu ça partout, je n'insiste pas. A regarder de plus près l'échange entre DSK et Chabot, les choses sont pourtant moins nettes.
Quand on aborde la question des retraites, Chabot pose une première fois la question à DSK. "Mais le dogme par exemple justement : on ne doit pas reculer l'âge de départ à la retraite soixante ans. C'est..." Dans sa première réponse à cette question directe sur l'âge de départ à la retraite, DSK ne prononce pas le mot "dogme". Mais Arlette, qui tient à son "dogme", revient à la charge une minute plus tard. "Mais vous êtes contre les dogmes pour les réformes, dire non, on ne touche pas à ça, pas ça". Réponse de DSK : "Je ne crois pas qu'il faille avoir de dogme. Vous savez le monde change très vite..." Etc.. L'échange est ici |
Conclusion : le mot "dogme", prononcé par DSK, ne répond pas directement à une question sur l'âge légal de départ à la retraite. Même si le sens général de sa pensée ne fait aucun doute, le résumé de l'échange sur le site de France 2(Interrogé sur le "dogme" des 60 ans, Dominique Strauss-Kahn a expliqué: "Je ne pense pas qu'il failley avoir de dogme. Le monde change très vite et on vit dans la mondialisation"...) est mensonger. De cette petite manipulation, on tirera les leçons que l'on voudra. Dans le concours de "cassage de dogme" entre Dominique et Arlette, on ne sait trop qui entraine qui. Les formulations insistantes d'Arlette droitisent-elles Dominique ? Dominique en a-t-il besoin pour se faire droitiser ? Le résultat de l'échange, dans les sondages, accroît encore la perplexité : dans son beau costume de briseur de dogmes, DSK a bondi en popularité à droite, tout en perdant à gauche, et davantage encore à la gauche de la gauche. La conclusion s'impose : le dessein secret d'Arlette Chabot (@si est en mesure de vous le révéler en exclusivité mondiale) est d'aboutir à l'intronisation de DSK comme candidat de la droite, contre Martine Aubry, candidate du PS. Chapeau. C'est bien mené.