Le dernier épouvantail sarkozyste : l'Allemagne
Daniel Schneidermann - - Le matinaute - 81 commentaires Télécharger la videoTélécharger la version audio
A La (jeune) garde, la Sarkozie reconnaissante !
Invitée de RTL, la ministre de l'Economie Christine Lagarde a révélé que ses fils n'étaient pas allés voter au premier tour des Régionales. '"Maman, on n'y comprend rien aux Régionales, on ne sait pas à quoi ça sert" ont-ils expliqué, sommés par leur mère ministre de s'expliquer sur leur désertion. Dieu soit loué : on a de la réserve ! C'était juste un problème d'explication. Et, dûment briefés, les deux jeunes électeurs vont certainement se mobiliser dimanche. On espère que RTL suivra l'affaire.
En tout cas, maman fait tout ce qu'il faut. Y compris commander toutes affaires cessantes une enquête sur les frais bancaires, enquête qui lui sera remise fin juin. Oui, les frais bancaires. Vous savez quoi ? Il parait qu'ils explosent, et que les banques commencent à facturer des frais jusqu'alors gratuits. Sans doute Lagarde, accaparée par les devoirs de sa charge, n'en a-t-elle été avertie que lundi matin. Bravo : elle n'aura pas traîné à lancer l'enquête (comme l'a pertinemment relevé Aphatie).
L'offensive de Mère Lagarde contre l'Allemagne s'inscrit-elle aussi dans la pédagogie régionale ? Après avoir déploré dans le Financial Times la bonne tenue des exportations allemandes, Lagarde, au grand effroi du Figaro, somme maintenant l'Allemagne de faire des efforts. Mais des efforts à l'allemande. Exact contraire de l'effort à la grecque (ou à la française), l'effort à l'allemande consiste à consommer davantage. Vous vous êtes assez prélassés dans l'austérité, amis allemands ! Assez, de cette facilité paresseuse des bas salaires, de la main d'oeuvre à bas coût, et de la retraite à 67 ans ! Assez, de vous laisser dorloter par des impôts élevés. Faites donc l'effort de changer plus souvent votre Mercedes. Tous en croisière, et que ça saute ! Ce ne sera qu'un mauvais moment à passer. Et c'est pour la cause : pour l'Euro. Après les banquiers et les paradis fiscaux, l'Allemagne accède donc au statut enviable d'épouvantail sarkozyste de l'après-crise. Le matinaute flageolant n'est pas toujours certain de tout comprendre à l'économie. Mais il est encore moins certain que les enfants Lagarde y comprennent aussi quelque chose.