Fogiel, le facteur et Ponpon

Daniel Schneidermann - - Le matinaute - 20 commentaires

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Ce sont des secondes de nectar.

Des secondes où se concentre la rumeur quotidienne de la Cour, où se parfume l'air du temps du matin, où se dessinent les emballements et les lynchages de la journée. Certains feront mouche, d'autres feront long feu. Mais tout sera parti de ces secondes-là. Peu avant 8 heures, sur Europe 1, Fogiel interviewe au téléphone un politique ou un acteur de l'actualité, lance la chronique de notre ami Askolovitch, et co-présente la (talentueuse par ailleurs) revue de presse de Grossiord, nappant l'ensemble des petits ricânements de hyène, qui ont fait naguère le succès de sa marionnette de Canal+.

Ce matin, il interpelle d'abord Hollande sur l'appel de Fillon. "Vous ne pensez pas que c'est le moment qu'il y ait l'union nationale, sans avoir de posture politicienne ?" L'idée que l'appel de Fillon à "l'union nationale" puisse être aussi une "posture politicienne" cette idée est hors du champ de vision matinal d'Europe 1. Autre question à Hollande: Besancenot doit-il virer de son parti l'ancien chef d'Action Directe Jean-Marc Rouillan, qui donne apparemment une interview "je ne regrette rien" à L'Express ? Heureuse coïncidence: l'indulgence de Besancenot envers Rouillan, telle qu'elle s'exprime dans une interview de deux questions et deux réponses, est aussi le sujet central de la chronique d'Askolovitch, qui appelle publiquement le premier à virer le second. Tiens, voici donc la campagne automne-hiver d'Asko. Depuis l'affaire Siné, il devait avoir des fourmis dans les jambes.

Quelques secondes plus tard, une partie de la revue de presse est consacrée au Sénat, "le pays où la vie est moins chère" (c'est le titre d'une enquête du Monde). "Connaissez-vous Ponpon, baron de Remiremont ?" ricânent Grossiord et Fogiel. Ponpon, c'est Poncelet, président sortant. Ah, le Sénat et ses gérontes, gavés d'argent public. Ah, le beau sujet de ricânements ! Certes, il y a un an, il y a cinq ans, Grossiord aurait pu ricâner pareillement sur "Ponpon, baron de Remiremont". Mais il y a un an, Elkabbach, directeur de la station, et aussi président de la chaine confidentielle Public-Sénat, veillait au grain. Il y a un an, les gérontes sénatoriaux se succédaient au micro de la station. Ils ont du souci à se faire, Ponpon et le facteur. Désormais, Europe 1 veille.


MISE A JOUR - 15H45 : Le parquet de Paris a annoncé en milieu de journée que, suite à l'interview accordée à L'Express, il allait demander la révocation de la semi-liberté accordée à Jean-Marc Rouillan.

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