Les Soulèvements face au "journalisme de préfecture" du "Parisien"
Pauline Bock - - Fictions - Sur le gril - 7 commentairesTous les samedis, l'édito médias de Pauline Bock, envoyé la veille dans notre newsletter hebdomadaire gratuite, Aux petits oignons : abonnez-vous !
C'est une "INFO LE PARISIEN", une exclusivité dont les journalistes police-justice du quotidien, Ronan Folgoas et Jean-Michel Décugis, se frottent les mains : "La flamme olympique dans le viseur des Soulèvements de la Terre". Oui, vous savez, ces "écologistes radicaux" dont "la dissolution doit être examinée par le Conseil d’État vendredi" ? En plus d'être des radicaux-presque-dissous, ils veulent gâcher les Jeux olympiques ! Le rapporteur du Conseil d'État s'est prononcé pour la dissolution du mouvement à l'issue d'une audience le 27 octobre, mais la décision des juges ne sera connue que dans plusieurs semaines.
"Selon nos informations, les SLT prévoient en effet de perturber le parcours de la flamme olympique, programmé entre le 8 mai, date de son arrivée à Marseille en provenance de Grèce, et le 26 juillet 2024, jour de la cérémonie d'ouverture des JO, peut-on lire dans le Parisien le 26 octobre. L'objectif affiché en interne est très clair : bloquer le passage de la flamme et tenter de l’éteindre si possible." La source de cette information n'est précisée nulle part, mais on apprend que "ce projet de contestation a été exposé au cours d'un rassemblement des dirigeants des comités locaux des SLT qui s'est tenu à Mâlain (Côte-d’Or) les 30 septembre et 1er octobre". Les journalistes du Parisien étaient-ils à Mâlain (Côte-d'Or) ? Deux reporters, ou même un seul, dépêchés depuis Paris jusque dans la campagne bourguignonne, auraient écrit un reportage complet au lieu de deux phrases : c'est donc peu probable. Mais alors, qui ? On ne le saura pas.
Le reste de l'article ne donne pas davantage de détails sur cette opération. C'est pourtant crucial, puisque c'est l'INFO LE PARISIEN en titre : qui a imaginé ce projet, a-t-il été validé par le mouvement ou est-ce une idée lancée pendant une réunion ? On n'en saura pas plus : l'article se contredit même, puisqu'on apprend plus bas qu'"il ne serait pas question pour le moment de menacer le bon déroulement des compétitions sportives au cours des Jeux olympiques et paralympiques". Au contraire : "les écolos radicaux" seront, le 26 juillet, dans le marais poitevin pour se mobiliser contre la construction de mégabassines. Mais alors, pourquoi la flamme ? Ce serait pour que le groupe puisse "profiter de cette caisse de résonance médiatique". Source : le doigt mouillé du Parisien.
L'article précise que "le porte-parole des Soulèvements de la terre n’a pas donné suite". Mais après la publication, le compte du groupe sur X (ex-Twitter) a réagi : "Nous n'avons jamais planifié de perturber le trajet de la flamme, voire même de l'éteindre." Le groupe précise que "les actions prévues" sont consultables sur le site web - les mots "flamme olympique" en sont en effet absents.
Le groupe dénonce un "piège tendu consistant à faire diversion pour ne pas parler du caractère absurde de notre dissolution" et estime que l'info du Parisien provient des renseignements territoriaux, dont "le procédé qui consiste à faire «fuiter» une information basée sur leur unique parole pour ensuite justifier notre répression est bien connu". Enfin, ils soulignent que la couverture du "journaliste de préfecture" du Parisien Jean-Michel Décugis, qui signe l'article et couvre très régulièrement les Soulèvements de la Terre, est "garantie 100% notes de renseignements". Mais ses informations ne sont pas toujours garanties 100% vraies, comme nous vous le racontions déjà en 2019, lors de la fausse "arrestation de Xavier Dupont du Ligonnès", révélée par... Jean-Michel Décugis.
L'article du Parisien, toujours en ligne, n'a pas été amendé pour inclure le démenti des "écolos radicaux". À force de lire ce genre d'info "exclusive" à la source très imprécise si ce n'est complètement incorrecte, publiée la veille d'une possible dissolution d'un mouvement actant un recul historique de la liberté d'association, à ASI, on a une flemme... olympique.