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Ulysse03
Chère Judith,
Rien à voir avec le Roman noir : pourriez vous me dire où et comment récuperer votre subtil article lu en son temps à propos d'Eric Zemmour ? Merci -
Lou
Sujet très intéressant, j'ai hâte à demain!!!
Serait-il possible d'avoir les extraits des textes originaux pour se faire une idée des traductions? -
Camarlette
Programme très alléchant en effet !!
Je ne suis pas une grande spécialiste, mais les citations du Hammett des années 50 me font furieusement penser à San-Antonio......
Camarlette -
* * * Stanley MILGRAM™ * * * Soumis à aucune autorité
Charles Baudelaire a traduit Edgar Allan Poe
http://fr.wikipedia.org/wiki/Edgar_Allan_Poe#Contes_traduits_en_fran.C3.A7ais_par_Baudelaire
Boris Vian à traduit des polars, notamment « La Dame du Lac » de Raymond Chandler et de la science-fiction « Le Monde des à » de A. E. van Vogt.
Que donnerait « Double Assassinat dans la rue Morgue » ; « La Dame du Lac » ou « Le Monde des à » dans une traduction moderne ?
Traduire c’est interpréter… c’est recréer ! -
* * * Stanley MILGRAM™ * * * Soumis à aucune autorité
Lu dans des polars publiés dans les années cinquante :
Idiotisme :
« un whisky sur les rochers » ; pour ‘‘on the rocks’’
mathématique :
« 30 cm² » ; pour ‘’square foot’’ [30 cm x 30 cm = 900 cm²]
« 1600 m² » ; pour ‘‘square mile’’ = 2 589 988.11 m²
nouveauté :
« phono à pièces » ; pour ‘‘Juke-box’’
Dans d’autres romans,
acronyme :
NATO pour OTAN
DNA pour ADN
Etc. -
Juléjim
"La traduction sera toujours l'art de l'imparfait. "
Tiens, c'est rigolo, je viens justement de lire cette phrase sous la plume d'un traducteur, Bernard Cohen ; il réagit dans le cadre de la polémique provoquée par Jacques Drillon à propos de la version française de la trilogie Millenium de S. Larsson. La réponse/réaction des deux traducteurs mis en cause ne manque pas d'intérêt non plus. Sans parler des nombreux commentaires d'internautes...
Je me demande si l'enseignement que l'on pourrait tirer de tout cela ne se résume pas à dire "savoir traduire c'est savoir lire et écrire" ? -
Dominique
Les retraductions sont bien entendu nécessaires, mais elles ne feront toujours que refléter la conception que l'on a de ce qu'est une traduction au moment où l'on traduit. Conception qui continuera de changer avec les époques ! Quant à dire comme cet éditeur que vous citez qu'il vaut mieux rester neutre pour que le texte ne vieillisse pas, c'est aussi un parti pris dangereux, qui risque d'ôter de sa saveur au texte. Sachant qu'un texte traduit ne sera jamais le texte original, unique (qu'on s'amuse pour se le prouver de faire traduire un même texte par plusieurs traducteurs, puis que l'on retraduise chacun de ces textes dans la langue originale...), il vaut mieux, me semble-t-il, donner le goût du texte au lecteur contemporain tout en s'efforçant de trahir le moins possible (sans se faire d'illusion) l'auteur. La traduction sera toujours l'art de l'imparfait. Un équilibre instable à trouver. Une bonne traduction doit faire oublier qu'il s'agit d'une traduction, mais sans (trop) trahir pour autant le texte et la pensée de l'auteur. Une gageure quand on sait qu'à chaque langue correspond une façon de penser et de conceptualiser différente !
Judith, "you" peut correspondre non seulement à notre "vous" et à notre "tu", mais aussi à notre "on".
Très bonne idée que le sujet de ce prochain débat annoncé ! -
Awus
C'est très bien monté ces bandes annonces ça va surement faire monter l'ambience de l'émission. -
tr4nz1t
l'autre fois, alors que j'étais sur @si, mon oreille a accroché sur une scène des "experts à Manhattan", dont ma chérie est très friande.
une experte se demandait, au sujet d'un serial killer, comment une personne pouvait prendre du plaisir à massacrer des femmes, et l'autre
experte de répondre que: "en tout cas c'est clairement génétique".
j'ai pas pue m'empêcher de soupçonner tf1 d'avoir arranger la traduction à leur convenance.
mais comme ma dit mon amoureuse; tu deviens complètement parano toi! -
Vincent
Pour ceux qui s'intéressent à la traduction, je recommande "Dire presque la même chose" d'Umberto Eco.
C'est parfois un peu érudit, mais passionant (il vaut mieux lire quelques langues étrangère pour l'apprécier).
Comme Jack Burton, je trouve dommage de voir deux traductions comparées sans avoir l'original. -
gomine
ça me rend triste de ne pouvoir lire les textes anglophones originaux
(je parle l'anglais mais lire un long texte en anglais est pour moi fastidieux et décourageant)
mais je me console en pensant que je peux lire dans le texte Proust, Flaubert... Angot (non là je déconne) -
Jack Burton
J'attends avec impatience cette émission.
Il serait intéressant de mettre aussi dans l'article les phrases originales pour les anglo-comprenants. Ca permettrai de voir le travail d'adaptation du traducteur. -
Hurluberlu
Encore un d@ns le texte que je suis impatient de voir.
Contrairement à maints avis exprimés ci-dessus, je préfère largement la dernière traduction de Hammett à la première, que je trouve vraiment lourdingue d'après les exemples donnés. Et contrairement à ce qui a été dit plus haut (Mike le héros), je ne crois pas que plus une traduction est récente, plus elle s'éloigne de l'original. Le fait est qu'un bon texte reste immortel dans sa langue d'origine, mais qu'à l'inverse une traduction se démode forcément et qu'il est pour cela nécessaire de toujours retraduire les classiques; la traduction vieillit avec la langue, se démode et trépasse (qui lit ou représente Shakespeare traduit par François-Victor Hugo aujourd'hui?), tandis que le texte d'origine —à condition qu'il soit vraiment un "classique", c'est-à-dire qu'il ait déjà parcouru les années sans sombrer dans l'oubli où gît la grande majorité de la production littéraire de toute époque— garde sa vigueur en dépit des années. Il y a des rares exceptions, mais d'un point de vue technique il s'agit plus de "belles infidèles" que de traductions parfaites dès lors qu'on les compare au texte original; je pense ici à Poe traduit par Baudelaire ou au Faust de Goethe traduit par Nerval: dans les deux cas, le traducteur est aussi un écrivain qui n'hésite pas à s'accorder des libertés qu'aujourd'hui le moindre traducteur refuserait d'emblée.
Dans le cas de Dashiell Hammett, j'ai l'impression face à la première traduction de lire un roman "industriel" sans profondeur ni rien qui le distinguerait de la masse des polars bas-de-gammes de son époque ou même de la nôtre: plein de tics et de toc, d'expressions imagées peu communes, désuètes et livrées au kilo. À l'inverse, la plus grande neutralité de deuxième traduction, laquelle n'est cependant pas exempte de recherche stylistique (cf. l'exemple allitératif donné par JB), me paraît plus correspondre à l'idée que je me fais d'un texte "littéraire" —qui donc dépasse le genre "industriel" dans lequel il s'inscrivait néanmoins. J'explique cette impression non seulement par ma sensibilité, mais également par 1.le fait que la traduction première était sans doute moins bien rémunérée et considérée à l'époque de sa parution (conditions de travail plus dures et moins rémunératrices impliquant de traduire très vite, donc assez mal) et 2. par le fait que la langue française, a fortiori argotique, vieillit mal, surtout quand on l'applique aux bas fonds de San Francisco.
En tout cas, je me réjouis de voir que D@ns le texte s'intéresse aux traducteurs, lesquels sont largement oubliés médiatiquement aux profits des auteurs alors que leur travail est primordial pour la réception en France desdits auteurs...pour prendre un exemple entre mille: que serait Jim Harrison sans Brice Matthieussent, aurait-il autant de succès?
Par ailleurs, sans être pour autant bilingue, je peux lire l'anglais sans trop de problèmes. Toutefois, en matière de littérature romanesque, je me suis résigné à lire les auteurs anglosaxons en traduction, car mes lacunes en english m'empêchent de saisir pleinement toute les subtilités d'une langue littéraire travaillée. Je préfère m'en remettre aux talents du traducteur pour transcrire lesdites subtillités, que de m'efforcer de les comprendre en langue originale et rendre ainsi la lecture plus fastidieuse, voire lacunaire. À l'inverse, je lis les auteurs italiens dans le texte car ma maîtrise de cette langue est très bonne. -
galanga
Aaahhhh, elle est ressuscitée ! (bon ben pourquoi qu'il m'a fait peur comme ça le M'sieur Daniel, là... Déjà qu'j'ai la sciatique qui panique follement, voilà que j'eu failli devenir cardiaque du coeur, vind'bon diou...) -
Yyaann
Il est vrai que l'anglais «a secretary» ne nous donne pas d'information sur le sexe de la personne. Toutefois, dés lors qu'un pronom personnel ou possessif vient faire référence audit «secretary» il n'y a plus de doute possible : «he/she said» (dit-il/elle), «his/her voice» (sa voix à lui/elle).
A l'inverse, le français peut rester totalement évasif sur le sexe d'une personne, même en employant un pronom possessif ou personnel : « L'ange prit sa harpe. Il sourit ». Le genre grammatical masculin dans «l'ange, il» ne nous dit pas si l'ange est un homme, une femme ou ni l'un ni l'autre. « La sentinelle avait pris position derrière une masure. Elle observait l'ennemi en contrebas ». Idem.
Quant à l'évolution des traductions de l'anglais vers le français, du moins celles des séries et dessins animés, je dois dire que je préfère de loin les plus anciennes. C'est alors que des phrases semblant sorties tout droit d'une pièce de Molière surgissait dans un dialogue de Rox et Rouky (The Fox and the Hound) : « Vous ne manquez pas de culot. Quel godelureau » ! On pouvait aussi entendre des phrases d'allure très technique dans Scooby-Doo : « Une trappe a été pratiquée dans le sol ». Hé oui, ça m'a marqué tout ça !
De nos jours, les traductions ne sont pas seulement plus neutres, elle sont aussi souvent paresseuses. L'anglais « about » est maintenant le plus souvent rendu par un calque pénible. Ainsi « What do you know about the mirror » ? devient « Qu'est-ce que vous savez à propos du miroir » ? alors que « Qu'est-ce que vous savez sur ce miroir » ? serait à la fois plus concis est plus naturel. J'ai aussi entendu « There was that strange guy » traduit par « Il y avait ce type étrange » alors que le contexte aurait du conduire à dire : « Il y avait un type étrange » En effet, le narrateur ne connait pas le type en question, lequel n'est, du reste, pas présent lors de la narration dans laquelle on le mentionne.
Enfin bref, .... -
mvieja
Ah, je suis surprise ! A priori, j'aime mieux la langue verte, un peu argotique ...mais, évidement,l'argot change suivant les époques !
Il est vrai que je pouvais suivre globalement l'argot des 2 générations précédentes ...maintenant, je ne comprends pas grand chose* !
Pour les traducteurs, je suppose que le problème est le même ...J'ai peur que ce ne soit un peu trop châtié, et que cela perde de sa
truculence.Mais, j'attends l'émission ...[ l'esprit ou la lettre ?]
*Je me souviens avoir entendu deux ado. il y a x années, dans le metro . Au moment des premières campagnes anti-tabac : 1°
notification, sur les paquets de cigarettes,de :" Fumer nuit gravement à votre santé". Les 2 ado. discutaient, et l'un d'eux dit à l'autre :
" Files-moi une "nuigrav""...j'ai trouvé que c'était un détournement fort insolent ! et trés inventif !
Evidemment, il s'agit d'un auteur français, donc pas de traduction, mais cela donne une idée du parler de l'époque : Leo Malet/ Nestor Burma ...je n'ai plus les livres, mais de mémoire " La Marquise sortit à 5 heures. Aussi sec, je lui filais le train " ? ...sauf erreur, c'est l'esprit.
Dirait-il ?... La marquise quitta son appartement à 5 heures. Aussitôt, je la suivis ?? ... tristounet,non ??!....Brrrr, les communicants sont partout. ça s'hygiénise; ça perd son sel !
Mais trêve de grogneries, j'attends de pied ferme ! -
Tom-
"Le trottoir était un corral comacos où s’accostaient les cow-boys encaldossés", ça crépite à nos oreilles réjouies. Mais pour le sens, euh… (perso, j'ai rien compris).
Je crois que...
Le trottoir, c'est la rue. Par extension, la ville.
Le corral, c'est un enclos à chevaux et par extension, l'arène de rodéo.
Comac, c'est gros. Comacos, c'est donc très gros.
Encaldossé, c'est emboité. Par extension, vêtu d'un chapeau.
Si on traduit mot à mot, on ne rend pas le sens de la phrase. On comprend que la rue ou la ville est mal famée, truffée de voyous qui vivent en milieu fermés. Mais pour en arriver là, c'est bien la sensibilité de la phrase qui lui confère son sens et non le sens littéral qui permet de comprendre.
Enfin je crois, vu qu'il me manque le contexte. -
Alex
C'est bien gentil de nous faire part de deux traductions distinctes...et oui bien évidemment on peut observer la différence dans le style adopté mais cela est à mon avis profondément inutile si le débat se limite à cela.
Il ne s'agit pas de délibérer ce qui peut-être le plus plaisant à nos petites oreilles en 2010 mais de savoir ce qui est le plus fidèle à l'œuvre...et pour cela on ne peut se passer de l'analyse du texte original !
Si il s'agit juste de discourir sur les traductions "franchoullardisées" qui régnaient lorsque l'on se contentait de localiser pour le public français (c'est encore plus frappant dans les films, séries télé...et je ne parle pas de l'animation japonaise ou c'était un véritable massacre) et une re-traduction "neutre" selon le goût du jour censée "rajeunir" un texte, je peux conclure le débat très rapidement : les deux sont médiocres !
Ce qui fait la qualité d'une traduction c'est son habilité à retranscrire (avec talent) la vision original de l'auteur, rien d'autre.
Un texte "défranchoullardisé" n'est en aucun cas un signe de meilleur traduction en lui seul, ça peut être considérer comme moins ringard à la limite...mais c'est tout.
Ce qui va importer dans un texte de roman noir datant des années 50, c'est le fait d'arriver à rendre l'ambiance de l'époque notamment....et cela ne passe pas plus par une "neutralité de 2010" que dans la franchoullardisation d'antan, cela passe par un travail d'écriture (qui me semble encore plus difficile lorsque l'on traduit des décennies après la parution d'un texte). -
Djac Baweur
Ça c'est marrant cette histoire de présent/passé dans la traduction dEllroy : souvent, en écrivant un texte racontant une histoire, je me suis surpris à la relecture à avoir complètement mélangé les temps sans m'en rendre compte, en fonction de comment je vivais et imaginais l'action en écrivant.
Et quand je lis l'extrait ci-dessus, ça passe comme une lettre à la poste, il a fallu que je relise une deuxième fois pour remarquer les décalages - si bien que le passé simple ne me gène pas du tout (je dois pas avoir la même expérience de littérature française, en même temps).
Ça donne un truc assez génial, je trouve, cette impression de plonger totalement à l'intérieur du récit, avec une tension et un suspens induit par ces présents qui surgissent et qui donnent une soudaine immédiateté à l'action, pour revenir au descriptif objectif du passé juste après... J'adore !
On peut pas leur enlever ça, aux amerlocains : moyens simples, efficacité maximum.
(ha ouf, ça y est, ça marche !) -
yannick G
Tout est traduction, y compris le texte original lorsqu'on arrive à le lire dans sa langue de rédaction. Cela ne veut évidemment pas dire que toutes les traductions se valent. Simplement, pas plus qu'on ne se baigne deux fois dans le même fleuve, on ne lit deux fois le même roman, on ne regarde deux fois le même film, on écoute deux fois le même disque, etc...
Le tout, c'est que la nouvelle expérience, la nouvelle interprétation, ne vienne pas amoindrir le plaisir des précédentes, mais qu'au contraire, elle le renouvelle, encore et encore.
Et ça, bien entendu, on ne le sait qu'a posteriori.
yG