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jrl
Bonsoir,
bravo pour vos articles : j'aime beaucoup ce que vous faites.
À propos des images de guerre, dont la valeur me semble, en effet, assez fuligineuse, je tente de retrouver une campagne publicitaire, diffusée il doit y avoir un an ou deux, d'Amnisty International ou Reporters Sans Frontières, je ne sais plus très bien, qui présentait des images similaires d'opérations militaires montées de deux façons différentes : le premier montage montrait des soldats découvrant un massacre de civils, le second, ces mêmes soldats le perpétrant, à grands renforts, évidemment, de suggestion, d'ellipse...
d'enthymème, quoi.
Quelqu'un pourrait-il m'indiquer où je pourrais retrouver ce film ?
J'ai une autre question sur le même thème : je recherche un lien pour un sketch de Groland retraçant l'invention des reportages sur les bombardements, genre Kosovo ou Iraq, id est ces écrans aussi éloquent que les images d'échographie où l'on devine le sourire de bébé - je me demande d'ailleurs si ce ne sont pas les mêmes. D'après Groland, le concepteur de ces images est un retraité grolandais qui filme avec une caméra pourrie des allumettes prenant feu, dans le noir. Il conclut en reconnaissant aux Américains l'initiative d'avoir rajouté les lignes vertes autour. C'est très amusant.
Au revoir. -
Citizen Jane
Il y a du génie dans vos pages, Judith.
Parallèle avec une autre guerre, celle du Viet Nam: les citoyens américains ont commencé à protester contre cette guerre quand des images ont été diffusées à la télévision. Dans leur salon, les gentilles familles américaines vivaient la guerre, comme s'ils y étaient. Voilà de l'information, un reportage qui change la face du monde. Il a aidé à endre la guerre impopulaire, à faire comprendre aux citoyens qu'ils envoyaient leurs fils à la mort pour une guerre dont ils ne saisissaient pas vraiment les enjeux.
Le JT en France a un pouvoir hypnotique, il est vrai : vous l'avez vu, puisqu'on vous l'a dit. Je vois d'ici les gens se scandaliser : tu as vu à la télé, la guerre ?
Plus juste serait la formule: tu as entendu la guerre à la télé ? expression fort pardoxale.
Nulle image de sang et de coups de feu. la guerre, c'est du jeu vidéo, on annonce du spectaculaire au nom de l'audimat, mais on ne montre ni les blessés, ni les morts, ni le chaos. Vous avez raison Judith, ils filment des gars à l'entraînement, et ça pourrait se passer n'importe où. Par conséquent, le reportage nous aura au moins montré une chose : toutes les guerres se ressemblent. -
Laurent
Merci Judith pour votre décryptage et toutes les interrogations qu'il suscite.
J'avais vu ces images et je m'étais interrogé sur ce qu'elles représentaient, nonobstant le commentaire dramatique qui les accompagne.
Cela m'a fait penser aux reportages de la 1ère guerre du Golfe où l'on voyait une image sombre zébrée par les réacteurs des bombardiers américains
(nous disait-on) tandis qu'un journaliste de CNN expliquait d'une voix emphatique tout ce qu'on ne voyait pas...
J'ai en tête le petit bouquin de Baudrillard dont le titre est, à lui seul, tout un programme : "La guerre du Golfe n'a pas eu lieu".
De la même manière, est-ce que la guerre d'Afghanistan a lieu ?
- il n'y a pas d'images montrant un quelconque engagement et en cela je suis d'accord avec la remarque ci-dessus :
[quote=Yannick G]"A cette époque, les morts américains étaient visibles, pas comme lors de la guerre du Golf I et II, la leçon avait été retenu par les militaires et surtout les politiques qui les envoyaient là-bas... Circulez (en blindée, avec nos troupes), y'a rien à voir et surtout à montrer"
Il y a des trucs qui circulent sur Youtube où l'on voit un détachement de soldats français épaulant des afghans et des américains. Un bidasse explique qu'ils ont repéré des chefs talibans et qu'ils sont à leur poursuite. Des balles sifflent, on entend des départs de canon, mais d'ennemis point...
- Quelle est la signification de ces combats qui se déroulent au loin ? Que représentent-ils aux yeux de nos concitoyens ?
- Quelle est la valeur du sacrifices des jeunes qui sont tombés là-bas ? Quel sens leurs familles peuvent-elles donner à ces morts ? Comment pourront-elles faire leur deuil tant tout cela est absurde, aussi absurde qu'un accident de voiture un samedi soir. Oui, voilà, ces jeunes pourraient s'être tués en sortant de boite de nuit, un soir d'août 2008. Les statistiques n'auraient guère varié.
Peut-être que les noms de ces types orneront le marbre d'un quelconque monument mais, dans vingt ans, qui se souviendra d'eux ?
La guerre d'Afghanistan a-t-elle lieu ? La question se pose aussi quand on sait dans quel enlisement se termine toujours ce genre d'opération.
Bien à vous. -
Stéphane Chevalier
Si l'intérêt du reportage est discutable, si le point de vue - forcément partisan - heureusement partisan ? - est aussi à prendre en compte, je ne comprend pas pourquoi vous êtes si dure avec ce reportage.
L'attitude des soldats, leur réactions face à leur première escarmouche pour certains, la triste banalité d'un vrai combat qui fait de vrais morts - pas comme dans les films à sensation, est une information très utile.
Sans doute cette information là n'est pas celle qui est mise en avant. Oui le présentateur du JT commet la faute de traiter ce sujet comme le record du 100m en direct. Mais ne pas différencier le reportage du commentaire du JT, de la présentation de l'information par rapport à ce qu'elle est réellement, n'est-ce pas trop réducteur ? -
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Claude DEBAYE
j'ai lu là, quelqu'un qui a dit "Judith je vous aime"...
eh ben, moi aussi... -
Balthaz
le "reportage" de france 2 m' a rappelé mon ancien boulot -
philippe 93
Le 22 septembre(je crois) nos députés votent pour ou contre l'envoie de renforts en Afghanistan.
Ceux qui on vu ce reportage et ces soldats si sympathiques et courageux et qui ont besoin de soutien de toute la nation, voterons oui, c'était le but recherché.
Ps
beau travail de décryptage, comme toujours. -
LUZ
Merci pour ce difficile exercice de remise en conscience Mme JB.
Il y a longtemps que je "zape" ce type d'émission qui ne m'apportait aucune véritable information, sans comprendre le sens profond de mon "zapping".
Le problème, vous l'avez bien démontré, ce n'est pas le travail du reporter ou du caméraman, c'est le propos qui en est fait par d'autres et le but général auquel il tend.
Nous ne savons rien de la destruction réelle de cette nation et de son peuple (comme de l'IRAK et d'autres).
De temps en temps nous apprenons que malgré la guerre, ils sont passés de 50% à 92% du trafic d'opium au monde... mais qui récolte, qui livre et comment ?
Ce sont les chefs de tribus qui forment le parlement et le gouvernement : aucune vraie démocratie (mais plus personne n'en parle).
La terre leur appartient à ces "chefs" et des millions d'AFGHANS vivent dans des relations de servage.
Les "chefs" seraient aussi les "MOLLAHS", et les officiers militaires ou policiers sont proposés par eux, tant qu'à faire ?
Retirons-nous immédiatement de là bas, et dépensons les cent millions d'€ et plus que coûte cette guerre à la France, pour les retraités ou les hôpitaux ou l'école, ou notre industrie... Il y a de quoi faire comme reportages !
PS : à côté de chez moi, sans risque de guerre, il y a des retraités qui fouillent les poubelles tous les soirs après 40 années de bons et loyaux services. -
YVES DOUILLET
Je n'ai pas du tout ressenti comme vous ce reportage. Il m'a fait au contraire prendre conscience qu'une liaison entre deux postes français ne peut se faire sans être attaquée par les talibans, et que nos postes sont quasiment assiègés. On est loin de la rhétorique officielle sur l'action de nos troupes . On voyait d'ailleurs bien dans ce reportage que nos soldats ne se déplacent plus en véhicules conventionnels, jeeps ou camions militaires, mais uniquement en véhicules blindés. L'analyse de ces images est très révélatrice de la situation réeelle de nos troupes. Quand aux sarcasmes sur la roquette non explosée, ils sont indécents:la caméra a montré son impact sur le véhicule.Si elle avait fonctionné, (et si c'était une "charge creuse")pratiquement tous les occupants étaient morts. -
henri buzzi
Superbe , OLIVIER de 08H43 le 5 !
Quel constat ,
"2008 n'est en comparable à 1959 ,
2008 c'est comme si 1959 n'avait pas existé ."
Point Barre .
C'est triste,
C'est ... surtout ,grave ! -
Juléjim
Ce commentaire peut paraître à côté du sujet mais comme il vient illustrer le chapitre "On nous raconte des histoires" je me permets de le poster chez Judith, sachant que le sujet a déjà été abordé et le sera encore, très certainement.
Il s'agit donc de la chronique "Stoytelling" de Christian Salmon (auteur d'un essai récent du même nom) dans Le Monde. Le texte intégral est ici.
A votre/notre attention, je voulais souligner/surligner l'extrait suivant :
... [" Dans un article du New York Times publié quelques jours avant l'élection présidentielle de 2004, Ron Suskind, qui fut, de 1993 à 2000, éditorialiste au Wall Street Journal et auteur de plusieurs enquêtes sur la communication de la Maison Blanche depuis 2000, révéla les termes d'une conversation qu'il avait eue, au cours de l'été 2002, avec Rove : "Il m'a dit que les gens comme moi faisaient partie de ces types "appartenant à ce que nous appelons la communauté réalité" the reality-based community : "Vous croyez que les solutions émergent de votre judicieuse analyse de la réalité observable." J'ai acquiescé et murmuré quelque chose sur les principes des Lumières et l'empirisme. Il me coupa : "Ce n'est plus de cette manière que le monde marche réellement. Nous sommes un empire, maintenant, poursuivit-il, et lorsque nous agissons, nous créons notre propre réalité. Et pendant que vous étudiez cette réalité, judicieusement, comme vous le souhaitez, nous agissons à nouveau et nous créons d'autres réalités nouvelles, que vous pouvez étudier également, et c'est ainsi que les choses se passent. Nous sommes les acteurs de l'histoire (...). Et vous, vous tous, il ne vous reste qu'à étudier ce que nous faisons.""
Le stade ultime de la communication politique n'est plus celui de la persuasion, de la propagande ou de la publicité mais celui de la simulation. Tous les événements que la machine politique s'efforce de susciter sont désormais des événements simulés au sens où ils sont d'avance inscrits dans le déchiffrement et le décryptage. Ils fonctionnent comme un ensemble de signes voués à leur seule propagation."]...
Et là, moi, j'ai vraiment peur. -
Emilie
Judith est revenue, et elle est en grande forme. Ça fait plaisir ! -
Anthropia
Parce que votre post exprime exactement ma position, je ne regarde pas ce type de reportages.
C'est pourquoi je n'ai rien vu à bord de la Kapisa, je n'ai pas la vertu des femmes de militaires qui regardent émues ces images.
Je suis contre cette guerre, depuis le début, je veux dire, contre depuis les Américains, contre depuis que les Français les ont rejoints.
Je pense que quelques vols de crickets ravageurs pour endiguer la culture du pavot seraient mille fois plus efficaces que toute la gesticulation actuelle.
Mais il faut croire que le trafic de drogue ne rémunère pas que les talibans, puisque cette décision-là n'est pas prise.
http://anthropia.blogg.org -
yannick G
cette page de jargon "pédagogique" inspirée par la haine et la volonté d'humilier ne parvient pas à masquer la vacuité de pensée de son auteure.Claudie Saint-Patrice
Je ne sais qui vous êtes, le Matthias Second du précédent post n'a pas eu cette attitude "puérile" qui est la vôtre (vous utilisez son abonnement en tout cas), et je ne vais même pas faire une recherche google pour savoir si vous êtes affilié à ce dernier.
Visiblement, pour votre part vous n'assumez pas la critique, Matthias Second lui au contraire a fournit un élément d'information permettant de comprendre un événement, vous, vous critiquez un jargon pédagogique en lui substituant bêtement un jargon journalistique, vous parlez de "haine" et de "volonté d'humiliation", ce que vous êtes incapable de démontrer, mais qui transparaît explicitement dans votre propre post à l'égard de Judith.
Sa conception de l'information est peut-être "étroite" et "ancienne" (?), cela ne constitue toujours pas un argument recevable pour défendre votre propre conception, soit-disant implicitement plus large et moderne, ce qui ne lui octroie aucune valeur pour autant.
yG -
CharlyAM
Je ne sais pas encore si les journaliste sont complices ou naïfs,
laissez moi réfléchir, "tu me sortiras un sujet pour ce soir... oui chef de redaction"
complice , c'est décidé, complice.
Merci Judith, je l'avais vu, je me suis dit que l'on ne voyais rien.
Aprés coup, c'est normal, il n'y avait rien à voir? cqfd. -
Marc Goldstein
Dans mes bras, Judiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiith ! -
Anthropia
Parce que moi l'autre jour au marché d'Aligre, j'ai acheté de la roquette.
J'aime mieux la salade, en tout cas. -
Olivier
Bravo Judith, j'ai ressenti ma même chose devant mon écran, hurlant "mais qu'est ce que c'est que cette arnaque ? Ils ne voient rien autour de la (nouvelle) table d'@si ?", réveillant mon père qui s'était endormi après le gigot, bref.
Je me permets de reposter ici, un message initialement laissé pour l'émission elle-même. Je l'ai écrit bien une semaine après et, je l'avoue, j'aurais aimé savoir ce qu'en pense les @sinautes. Paravance, merci à tous.
1959, c'était ben mieux
Ainsi donc, les images de 2008 seraient identiques à celles de 1959 .? Non, trois fois non.
Ce qui saute au yeux au visionnage des extraits de "5 colonnes...", c'est la volonté des commentaires et des journaliste de l'époque de souligner la bêtise et la tartufferie des "événements" d'Algérie. Pas de manière directe, bien sûr. Mais par une forme de résistance, "sémantique" dirons-nous.
En 2008, à la télé, on pas pas de censeur au banc de montage pour veiller à la bonne image de la France, on est la France.
Deux exemples.
Le courrier aux soldats. En 2008, le courrier et les colis, c'est "le moral des troupes", comme l'indique un militaire. Point. En 1959, il y a ce commentaire plein d'emphase sur la maman si loin de son fils, qui souffre de cette séparation, et lui, le fils, dans la pénombre de la tente. Toute l'absurdité de la guerre résumé en 10 secondes.
L'interview des gradés. En 2008, le militaire récite son catéchisme à un journaliste le petit doigt sur la couture. Point. En 1959, le journaliste fait mine de se prendre au jeu du discours civilisateur-patriotique de l'impayable Bigeard et le félicite de sa victoire prochaine sur les felagas. Le ton est tellement faussement enjoué que de nos jours, même un Bernard Kouchner ou un Jack Lang auraient tiqué. Mais à l'époque, l'enthousiasme du journalisme cloue un peu le bec de Bigeard qui appuie sur la pédale de frein et explique en gros que c'est Paris qui décide, hein. Magnifique moment de dégonflage d'une politique baudruche.
Alors, non, 2008 n'est en rien comparable à 1959. 2008, c'est comme si 1959 n'avaient pas existé.
En 2008, quand un journaliste parle de la politique de la Françe à l'étranger, il dit "nous". "Nos" Soldats, "notre" mission, "on" est en Afghanistan, etc. Sur le plateau d'@si, le journaliste de France 3 ne s'offusque pas que certaine images ne peuvent être montrées à l'écran car "l'Occident" ne l'accepterait pas.
Intéressante redéfinition du métier de journaliste en 2008 : représentant de l'Occident qui parle de la France et de ses armées à la première personne du pluriel. L'explication de cette différence entre 5 colonne à la Une et la télé d'aujourd'hui est peut-être à trouver ici. -
A M
Pour une fois ce n'est pas une chronique d'utilité publique : Les non abonnés pourraient croire qu’on dénonce sur ce site des propagandes à tout bout de champ.
Jugement très sévère du Professeur ...
On ne voit pas grand chose, mais suffisamment pour être un peu informé : l'âge et la couleur des soldats (pas la même chose que les américains en Irak), leur façon de parler, leur entrainement/expérience (n'ont pas l'air très poussés). Et puis si les français tirent ça a bien l'air d'une guerre. Les gens peuvent voir combien on tire de balles par seconde dans une vrai guerre, comment les soldats ont peur de s'exposer ...
Que le JT survende et remplace l'événement par l'immédiat, c'est bien dit mais c'est pas nouveau et pas spécifique à ce reportage.
Quand le soldat, peut-être pas très malin, raconte qu'il voit les talibans 'en vrai', on peut y voir la contradiction ‘comique’. Ce qui est frappant c'est de voir des gars pas très futés qui vont jusqu'en Afghanistan se faire tirer dessus, et tirer sur d'autres qu'ils ne voient pas du tout à part une petite silhouette au loin après des semaines de voyage. Bon, c’est pas nouveau non plus …