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Fania
J'ai accidentellement voté pour cet article. Habituée au vote traditionnel dans l'isoloir, je croyais qu'on m'offrirait le choix, je voulais voter CONTRE. -
andré dartevelle
L'autodénigrement littéraire est le nouvel expédient mis en oeuvre par les deux vedettes: il les place dans une immunité morale par rapport
à la critique, en l'éludant d'avance. -
Hurluberlu
Je signale qu'apparemment les incitations de Judith Bernard pour que les @sinautes se ruent sur ce livre n'ont pas empêché que le BHL-Houellebecq fasse un bide retentissant, si j'en crois un article de Marianne..
Enfin, le terme "bide" ne convient pas vraiment, parce que nombre d'écrivains seraient certainement très satisfaits par de pareils chiffres de ventes, mais ceux-ci restent néanmoins médiocres eu égard au tirage, au tapage médiatique assourdissant et aux précédents succès de librairie des deux auteurs.
Enfin, moi, je vois ça comme une bonne nouvelle... ça n'atteint pas le niveau du bide monstreux du film de BHL [rappel: BHL et le cinéma, c'est le jour et la nuit], qui d'après mon souvenir avait fait deux fois moins d'entrées que le dernier livre co-signé avec Houellebecq n'a vendu d'exemplaires. -
akfak
Bonjour,
Pourquoi pas, pendant qu'on y est, une chronique sur "A demain" de PPDA.
De qui se moque-t-on?
Toujours des mêmes.
Décidément, vôtre.
Et bon dimanche, bien sûr. -
Jelomar
Un rappel des déclarations prémonitoires et toujours d'actualité de Deleuze à propos "des nouveaux philosophes":
http://www.acrimed.org/article2989.html -
Aloysius
Quand un philosophe comme béachelle nous livre sa réponse à la question : "A quoi servent les livres ?", sujet auquel maints lycéens se frottent régulièrement, on s'attend à quelque chose de profond (voir tout en bas de la page) :
"Ce qui nous sépare : [...] la théorie du miroir, enfin (j'ai bien compris l'image et j'aime votre façon de renvoyer aux imbéciles le miroir vide, et sans tain, qu'ils croient pouvoir vous tendre - mais permettez-moi de vous en proposer une autre, librement inspirée de «l'Ame de la vie», le livre d'un rabbin lituanien du XIXe siècle qui s'appelle Haïm de Volozine et qui dit en substance : à quoi servent, non pas exactement les livres, mais le Livre ? à quoi bon ces siècles passés, dans les maisons d'études, à pinailler sur des points d'interprétation de la Loi dont nul n'aura le dernier mot ? à empêcher que le monde ne s'écroule; à éviter qu'il ne tombe en ruine et en poussière; car Dieu a créé le monde; mais, aussitôt, Il s'en est retiré; Il l'a abandonné à lui-même et à ses forces d'autodestruction; en sorte que seule l'Etude, seules ses lettres de feu projetées en colonnes vers le ciel peuvent l'empêcher de se décréer et faire qu'il reste debout - les Commentaires, en d'autres termes, ne sont pas les reflets mais les piliers d'un monde qui, sans cela, retournerait au néant; les livres sont, non le miroir, mais les poutres de l'univers; et c'est pourquoi il est si important que subsistent des écrivains...)."
On se demande bien pourquoi béachelle exhume un auteur de la pensée rabbinique alors qu'une telle conception est aussi celle de la philosophie scolastique, qui ne voit aucun autre horizon à la pensée que celui d'interpréter encore et toujours les Saintes Ecritures, et qui nous est d'autant plus familière qu'une grande partie de l'évolution des idées ces derniers siècles a consisté à en combattre le dogmatisme. Résumer Haïm de Volozine donne sans doute l'impression d'avoir affaire à un érudit ; dans ce cas, l'érudition se trouve facilement sur Internet, dont il n'y qu'à recopier la synthèse.
Dans une telle conception du monde, en effet "les Commentaires, en d'autres termes, ne sont pas les reflets mais les piliers d'un monde qui, sans cela, retournerait au néant" ; il n'y a pas de vérité possible, pour cette pensée religieuse, en dehors de celle qu'on trouve dans la Thorah, dictée par Dieu, vérité dont l'exégète restaure et entretient l'édifice par l'étude du texte sacré. Mais on ne voit pas comment une telle conception pourrait s'étendre à des livres qui ne s'inscrivent pas dans cette perspective d'orthodoxie religieuse. N'importe quel lycéen en prise avec ce sujet, sous peine de manifester un manque flagrant de culture, en viendrait à l'idée que la littérature et la philosophie consistent aussi (et surtout pour bien des écrivains) à questionner notre vision du monde, à la mettre en doute, c'est-à-dire précisément à déconstruire l'idée d'un édifice qui ne peut être que réductrice ; qu'un roman moderne est considéré avant tout, à défaut de pouvoir se raccrocher à une vision du monde monolithique, comme l'espace d'une polyphonie où la vérité se trouve quelque part dans cette confrontation irréductible. Il est amusant, à ce propos, d'observer que béachelle fasse mention dans le même paragraphe de son intérêt pour Nietsche dont la philosophie "à coups de marteau" est entièrement engagée dans la démolition des édifices philosophiques.
Voilà de quoi faire penser à l'article de Cornelius Castoriadis qui, réagissant à la controverse très amusante qui opposa Pierre Vidal-Naquet à BHL, observe que la prolifération d'ouvrages qui vendent de la philo comme n'importe quel produit de consommation résulte d'une dégradation inquiétante de tout esprit critique : "Les « auteurs » et leurs promoteurs fabriquent et vendent de la camelote. Mais le public l’achète – et n’y voit que de la camelote, des fast-foods. Loin de fournir un motif de consolation, cela traduit une dégradation catastrophique, et qui risque de devenir irréversible, de la relation du public à 1’écrit. Plus les gens lisent, moins ils lisent. Ils lisent les livres qu’on leur présente comme « philosophiques » comme ils lisent les romans policiers. En un sens, certes, ils n’ont pas tort. Mais, en un autre sens, ils désapprennent à lire, à réfléchir, à critiquer. Ils se mettent simplement au courant, comme l’écrivait L’Obs il y a quelques semaines, du « débat le plus chic de la saison ». -
akfak
Bonsoir,
En corrélaire avec le commentaire pertinent de Aloysius, je citerai Pierre BOURDIEU dans "Sur la télévision" page 11 :
"... Il me paraît nécessaire de s'interroger sur cette absence d'interrogation. Il me semble en effet que, en acceptant de participer sans s'inquiéter de savoir si l'on pourra dire quelque chose, on trahit très clairement qu'on n'est pas là pour dire quelque chose, mais pour de tout autres raisons, notamment pour se faire voir et être vu. "Etre disait Berkeley, c'est être perçu". Pour certains de nos philosophes (et de nos écrivains), être, c'est être perçu à la télévision, c'est à dire en définitive, être perçu par les journalistes, être, comme on dit, bien vu des journalistes (ce qui implique bien des compromis et des compromissions) et il est vrai que ne pouvant guère compter sur leur oeuvre pour exister dans la continuité, ils n'ont pas d'autre recours que d'apparaître aussi fréquemment que possible à l'écran, donc d'écrire à intervalles réguliers, et aussi brefs que possible, des ouvrages qui, comme l'observait Gilles DELEUZE, ont pour fonction principale de leur assurer des invitations à la télévision. C'est ainsi que l'écran de télévision est devenu aujourd'hui une sorte de miroir de Narcisse, un lieu d'exhibition narcissique..."
Bien à vous, tous. -
Cassandre
La chronique de Judith Bernard et surtout l'intervention de Marc Olive auront pour ma part servi à quelque chose : Après avoir lu et tellement apprécié " Deleuze contre BHL " où Deleuze (un vrai philosophe , celui-la !) analyse plutôt intelligemment le phénomène des "nouveaux philosophes", cela me donne envie de replonger dans certaines lectures qui, elles , ne me feront pas perdre mon temps, relire Deleuze et le livre d'Aubral et de Delcourt, contre la nouvelle philosophie.
Alors, merci Marc Olive avec qui je partage la même tristesse. -
Anthropia
Et c'est passionnant, magnifique.
Voilà, je ne vais pas m'excuser d'avoir lu un livre réussi,
un dialogue entre deux contemporains, qui pensent leur rapport au monde et le monde.
Tout le reste n'est que buzz inintéressant.
http://anthropia.blogg.org -
Marc Olive
Bon.
Judith.
Je me permets une désignation directe, une référence explicite.
Je n'ai pas lu ce livre.
Je ne le lirai pas.
Au fond, je n'ai pas compris votre post. Si ce n'est, éventuellement, que c'est un exercice de style. Une façon de dire, que, quelque soit l'objet, il y a toujours quelque chose à dire dessus.
En un sens c'est vrai, profondément vrai.
On peut argumenter, discuter, proposer, nuancer... sur tout.
Il fût une époque où ce genre de post me faisait sortir de mes gonds. Il fût une époque où de lire... par exemple... qu'un auteur comme Michel Houellebecq est un "écrivain majeur de son époque" me faisait hurler, bondir, vitupérer. Car, en un sens, cela me blessait profondément.
Mais aujourd'hui (plus calme), cela me rend plutôt triste de lire cela.
Triste ?
Oui.
J'ai pu croiser dans mes lectures des textes bouleversants.
Il me semble que, nous avons beau faire, certaines oeuvres nous traversent ; nous atteignent ; nous touchent... et se diffusent ; car émane d'elle une force expressive et persuasive.
Oh ! Je ne dis pas que ces fameuses oeuvres sont, de fait, universelles. Non. D'ailleurs, je n'ai aucune envie de les citer, de les nommer. En un sens elles font partie de mon intimité.
Ce que je sais : lorsque je dois parler d'un auteur de type Houellebecq... je n'en parle pas. Je laisse parler les autres.
Vous annoncez ainsi que ce Michel est "un écrivain majeur de son époque" : je n'ai pas lu le moindre élément dans le post qui dévoile ce qui faisait de lui cet écrivain majeur. A part, peut-être cet extrait "je nourris pour l’écrivain, très précisément pour l’auteur d’Extension du domaine de la lutte et des Particules élémentaires une tendresse profonde et une estime confinant à l’admiration". Etrange. L'admiration porte sur l'auteur, par sur ses textes... L'estime s'adresse elle aussi à l'auteur ; pas à son oeuvre...
Mais... passons.
Sur le reste, eh bien je n'ai été d'aucune sorte convaincu. Ces deux être-là font référence à Nietzsche, à Dostoïevski, etc, etc...
Je n'ai pas compris dans votre post ce qu'ils apportaient de "nouveau" dans leur lecture de ces auteurs.
Ainsi, ayant fini de lire votre post, je n'ai pas pu m'empêcher de penser à ce texte de Deleuze : Deleuze contre BHL.
Et, pour conclure, en concluant sur votre propre conclusion...
"Et puisqu’il s’agit d’un livre, et non d’un fait qui nous soit inaccessible dans le temps ou dans l’espace, le mieux est encore, toujours, d’aller y regarder par soi-même, et de philosopher un peu, au milieu de tout ce foutoir."
... je suis entièrement d'accord pour philosopher, d'aller regarder par moi-même... mais là où ce n'est pas le foutoir.
Car ça, j'en suis persuadé : il est des endroits encore très simples, autour de nous.
Il suffit de savoir regarder ; et d'attendre ; patiemment.
La télé éteinte, d'ailleurs, ça vaut mieux.
Marc Olive - Arles -
Sébastien Fichot
Rhalala j'adore votre style. -
Aloysius
Je suis tombé sur cette critique, plus étoffée. On en pensera ce qu'on voudra mais elle a au moins le mérite de rentrer dans le "corps du texte". -
Aloysius
Judith, vous écrivez à propos du chleuasme que vous relevez :
Ce sont les premières lignes du bouquin : d’entrée de jeu, la scène de la détestation est jouée, embarquant la nôtre et nous ôtant les mots de la bouche. Ça soulage : on est comme débarrassé, on peut passer à autre chose. Bien sûr, on ne sait pas si c’est sincère, si c’est posé, si c’est de l’art ou de l’aveu – eux mêmes, sans doute, ne savent pas très bien. On s’en fout : c’est, tout simplement, de la littérature ; et c’est ça, que les médias font oublier, quand ils fabriquent un produit marketing.
Votre remarque : "on ne sait pas si c'est sincère" trouve diverses réponses dans cet incipit : l'auto-critique y est tellement énorme qu'il paraît impossible de la croire sincère : "ce serait encore me faire trop d'honneur que de me ranger dans la peu ragoûtante famille des anarchistes de droite" ou encore "nous symbolisons parfaitement l'effroyable avachissement de la culture".
Quant à dire que " c’est, tout simplement, de la littérature", je n'y vois pour ma part qu'une énorme ficelle, qu'un effet facile et bien lourdingue. Pas le genre d'incipit qui détonne avec l'opération marketing qui l'entoure.
J'ai quand même lu quelques extraits, ici et là. Si tout est de la même veine, je vais m'abstenir de poursuivre.
cordialement -
code 18
hello judith
merci pour cette chronique dans laquelle vous nous invitez à lire le livre pré-cité. (oui je sais, ça fait courrier pré-imprimé)
sans vous, je ne l'aurai même pas feuilleté.
faire évoluer ses préjugés est indispensable. les gens comme vous parviennent , en effet, à infléchir des positions que l'on pourrait considérer comme pures et dures.
BHL : on s'est tellement moqué de lui que dès le début j'avais fait une croix sur son oeuvre diverse et variée, je parle d'il y a plus de 20 ans. c'est dommage, je fais partie de ceux qui aboient après lui sans avoir lu une seule ligne de lui. il faut dire que le bestiau n'a rien fait pour changer son image détestable.
houellebecq : objets textuels "extension du domaine de la lutte" et "les particules élémentaires" le 2ème bouquin a stoppé mon intérêt pour l'auteur. j'avais l'impression d'avoir fait le tour et aussi la nette certitude qu'il se trompait tellement aveuglé par le positivisme, si bien que sa critique sur la révolution sexuelle des années 60 et 70 me paraissait biaisée, subjective et malhonnête. L'essentiel du personnage me paraissait donc avoir de l'intérêt que pour son aspect clinique (dépréciation de soi, sensation d'inutilé, incapacité d'agir, interprétation, modification de la libido)
je me rappelle qu'il ne faut jamais être trop regardant sur la personnalité des artistes : james ellroy est le maître du polar policier et pourtant bouchons-nous les oreilles quand il parle de politique, pareil pour les Ramones, avez-vous pogoté sur "let's go" dans votre jeunesse rebelle ? Les propos du leader ont fait s'écrouler toutes les iroquoises du monde. Et si ça se trouve Gainsbourg aurait soutenu Sarkozy en 2007, ...pardon pour le blasphème.
oui, je lirai le livre parce que vous parvenez à le trouver intéressant, sinon à quoi bon lire vos chroniques, et s'il y a de la place sur votre tapis volant, je suis prêt à survoler ce monde avec vous et les autres. -
Guillaume Andrieu
Bonsoir sleepless.
Merci de vos réponses, et afin de ne pas créer d'ambiguïté, ces échanges sont pour le plaisir de la discussion (le mien en tout cas) , je ne cherche pas à convaincre et n'ai rien à vous reprocher :)
Il n'y avait pas d'ambiguïté. Ai-je été un peu trop sec dans ma réponse pour provoquer cette précision ? Si oui, sans préméditation.
Autre précision, je suis loin de maîtriser la philo comme vous. Je suis passé à côté, trop jeune à l'époque, et n'ai depuis que des rapports intermittents avec ses problématiques, en piochant sans réelle logique. Ceci pour dire que certaines questions ou remarques vous sembleront naïves...
Je ne maîtrise rien du tout, je vous ai ressorti trois bricoles qui me paraissaient intéressantes du point de vue de l'histoire de la pensée philosophique. Et comme partout les questions naïves sont les plus casse-gueule.
Cela s'applique à n'importe quelle forme de critique ou d'avis. Donc à un moment, qu'est-ce qui fait que cette critique ou cet avis peuvent avoir valeur d'évidence ou de réalité ?
Sommes-nous donc réduits à une incertitude perpétuelle face à l'autre, ne pouvons-nous être sûrs de quelque chose que par rapport à nous-même, sans légitimité pour diffuser ou porter un avis qui aurait cette valeur d'absolu ?
Ceci dans le domaine des idées, sciences et arts répondant pour partie à des critères qui ont force de loi.
Pas sûr d'avoir bien compris. Si vous voulez trouver de l'absolu, vous pouvez toujours chercher. Certains trouvent mais en général ils deviennent vite hargneux. Disons que la raison ne vous permet pas la certitude. Mais il y a des tas d'autres manières d'acquérir des certitudes (les sentiments par exemple). On sait que c'est parfois dangereux, mais bon, on a du mal à s'empêcher.
Je comprends vos questions d'un point de vue purement philosophique auquel cas les réponses n'ont pas d'intérêt, le simple fait de les poser étant suffisant.
Mais nous vivons dans un monde réel, dans lequel le plaisir des choses de l'esprit ne suffit pas (plus ?), et comme vous le disiez, les actes sont les éléments de l'enseignement.
Pourquoi le monde philosophique serait-il coupé du monde réel ? Le point de vue purement philosophique est celui qui permet de décider comment agir. Ce n'est pas de la simple parlotte. Avec quoi êtes-vous d'accord ? Quelle est la motivation profonde de votre élan ? Avez-vous déjà décidé avant de vous interroger de quelle manière il vous faut réagir ? Si oui, pourquoi vous poser la question ? C'est une perte de temps. Si, au contraire, vous admettez qu'une réponse soit conforme à la raison, qu'une action est la meilleure selon les circonstances données, pourquoi rejeter cette réponse en tant que purement philosophique ? Le fait de poser les questions n'est pas suffisant. C'est leur réponse qui importe. C'est leur réponse qui vous fait réagir comme ci ou comme ça. Cela n'a absolument rien à voir avec le plaisir. Dans l'histoire que la philosophie nous lègue, des hommes ont choisi de ne pas céder devant des menaces de mort pour une réponse venue de leur raison. Ils n'avaient rien de farfelu.
Le fait de répondre est-il un acte ?
Oui sans doute, je ne comprends pas bien le sens de la question.
Ne croyez-vous pas qu'un certain nombre de choses iraient mieux, si on arrêtait de porter crédit à des gens qui s'auto-proclament ceci ou cela ? L'imposture n'est-elle pas un désastre pour le monde ? La quiddité n'est-elle qu'une vue de l'esprit ?
Je ne crois pas que les choses iraient mieux sans imposteur. Parce que l'imposture est une part immense de la nature humaine, et que pour supprimer les imposteurs il faudrait supprimer les humains. Certainement le monde serait meilleur si tout le monde était sage, savant, altruiste et bien dans sa peau. Si tout le monde l'était d'ailleurs ça ne signifierait pas grand chose. Malheureusement il existe des connards, des sadiques, des égoïstes, des ignorants. Mon seul pouvoir personnel est de faire de mon mieux pour ne pas leur ressembler. Je n'y arrive pas toujours, alors pour les autres, quand je réfléchis un peu je me dis que le mieux à faire est encore de leur pardonner.
Je ne prête pas à BHL cette possibilité de nuire à la société (quoi que), mais sa position, l'aura et l'influence que certains lui accordent ou lui reconnaissent sont malheureusement représentatives du peu de crédit que l'on fait à la compétence, à la maîtrise d'un savoir-faire.
Je crois que vous exagérez le crédit prêté au bonhomme. Et quand bien même serait-il reconnu par la foule en tant que philosophe, la foule n'en a souvent rien à foutre des philosophes. L'influence qu'il a est parmi les gens qui ont envie d'être influencés. Ils le seraient par lui ou sinon par un autre. L'imposture philosophique se pratique depuis qu'il existe des philosophes, et les disciples des vrais philosophes n'ont pas toujours été meilleurs que ceux des faux (Critias et Alcibiade étaient disciples de Socrate, Commode fils de Marc-Aurèle, etc.).
Laisserais-je quelqu'un proclamer à la face du monde qu'il est musicien sans qu'il puisse aligner deux notes ? Cuisinier incapable de faire un plat ? Etc.
Pourquoi pas, en théorie ? Laissons à chacun la liberté de parole...
Mais quid des gens qui vont le croire ?
L'intérêt n'est-il pas là, empêcher que l'on prenne des vessies pour des lanternes ?
Les gens autour de vous n'ont-ils pas eux aussi des oreilles ? Un palais ? Ne sont-ils pas capables de décider par eux-même si les deux notes ou la bouillie leur plaisent ?
Doit-on être nécessairement l'égal ou le supérieur de quelqu'un pour émettre critique ?
Dans l'un des milieux dans lequel j'évolue, c'est un reproche qui est souvent fait : "avant de critiquer, montre nous que tu peux faire mieux..."
Cet argument m'a toujours semblé irrecevable.
Il se trouve que l'on acquiert grâce aux études, à la pratique une boîte-à-outils critique plus ou moins garnie. Ce qui permet, d'un point de vue disons technique, d'expliquer pourquoi une chose n'est pas réussie, sans pour autant être capable de faire mieux.
Si l'art en général n'était qu'une question d'assemblage et d'utilisation de cette boîte-à-outils, tout le monde serait artiste.
Heureusement, le don et le talent font la différence.
Une personne n'ayant ni l'un ni l'autre mais disposant d'une boîte-à-outils conséquente et de sa maîtrise, aura cette capacité de jugement.
Comment décider alors de qui et de qui n'a pas cette boîte à outils ? En quoi vous sentez-vous mieux outillé que d'autres pour pouvoir les sauver d'un mauvais jugement ? Comment mesurez-vous la boîte à outil de ceux à qui vous dites : prenez-garde, voilà un imposteur ? Ne vous êtes-vous vous même jamais trompé ? -
LUZ
Je lirais peut-être plus tard et si ce n'est pas trop cher.
Puis là, je suis occupé à lire IBSEN : "La dame de la mer".
Une amie qui m'avait coincé entre ses cuisses maigres m'avait conseillé de le lire, elle avait raison.
Comme quoi la lecture, des fois, cela tient à peu de choses. Bonne nuit ! -
stephane batsal
C'est la première (et dernière) fois que je "voterai", en tous cas que j'appuierai sur la touche "voter". En fait, la seule possibilité est de voter "pour", puisque lorsqu'on clique sur "voter" notre vote a été pris en compte (nous dit-on). Des notes, des évaluations, un choix... Mais non, là, c'est "voter"; On appuie et ça vote. C'est déguelasse. Je me désabonne de cet endroit. Déjà que je me demandais oui pourquoi on pouvait lire l'un et l'autre autre, et comment même on pouvait en parler...
SB -
RastaKoueR
Chère Judith, Céline fut un homme sans doute odieux et méprisable sur bien des points, dépassant de loin, en talent, en misère, en excès et en erreurs, nos deux petits marquis de la littérature.. Je n'ai pas à leur reprocher d'être dans l'ombre des plus grands, cela n'est pas de leur faute, mon idée est ailleurs.
Je peux aujourd'hui lire Céline dans le métro, sans aucune honte, et même avec le plus grand interet. Pourquoi? J'imagine que c'est grâce à la distance de l'histoire, à l'apaisement qu'elle procure, au calme et à la lucidité qu'elle permet.
Vous me demandez aujourd'hui de lire avec un recul ,que j'aurais sans doute dans 20 ans, un "objet textuel" d'aujourd'hui. Tellement d'aujourd'hui. Dans tous tous ce qu'il dégage, dans tout ce qu'il transpire, ce livre me regarde bien face pour me jurer ses grands dieux qu'il est livre avant d'être produit, philosophie avant d'être spectacle, idée avant d'être ego. Bon...
Je ne peux simplement pas cautionner, tout comme je ne cautionne pas les excès de Céline. Dans 20 ans, peut-être pourra-t-on utiliser ce livre comme témoignage intéressant sur l'imbécilité d'une époque, et les idiots qui la commettait ?
Pour l'instant, bien enfoncer dans mes godasses, dans mon époque, ce n'est pas possible. Et est-ce simplement possible, Judith, de demander ça à qui que ce soit? Du pur objectivisme?
Pour finir, la critique littéraire peut-elle se permettre une distance d'analyse, presque à la manière de l'historien, qu'elle ne pourra véritablement atteindre que dans des années?
P.S: Je vous le redit, votre article est un petit bout de lumière, malgré la multitude des sombres réactions qu'il déclenche chez certains.. Vous avez eu bien raison de dire ce que vous pensez, de le dire comme vous l'avez dit. Et si vous voulez continuer comme cela, soyez toujours prête à endurer les cons. Pardon pour le gros mot. -
Dijou
Qui peut m'éviter le gogoisme et me le photocopier , voire le scanner et le balancer sur Emule ? :)
Sinon j'ai quand même trouvé votre plaidoirie très stylée et presque convaincante mais il y a comme un je ne sais quoi de compassionel à la fin pour ces deux compères (pas dans le dico ça tiens..) qui nous empêche de sauter le pas.
Le barouf médiatique autour de ce livre, la mise en scène soigneusement préparée auxquels succède l'auto flagellation des premières lignes, comme un aveu sincère de leur mauvaise foi sur ce coup là, qui devrait , en plus, à la fois excuser la forfaiture en même temps que la justifier ? On ne peut pas gagner sur tous les tableaux. -
yannick G
Pour moi, il n'est pas besoin qu'un auteur soit un modèle d'humanisme pour que sa production textuelle soit instructive.
J'en conviens pour ma part tout à fait. Toutefois, j'ajouterai à l'inverse qu'il n'est pas nécessaire qu'une production textuelle soit instructive pour que j'estime sa lecture nécessaire.
J'ajouterai que la valeur instructive d'un ouvrage ne dépend pas seulement de lui, mais de mes propres connaissances et donc résulte du dialogue que j'opère avec l'œuvre. Ainsi, un ouvrage peut être dénué de toute valeur et cependant instructif, puisqu'il me permet de déceler et donc de documenter les lacunes du camp adverse, par exemple.
Je préciserai Judith, que si vous aviez été persuadé de la valeur instructive de cet ouvrage a priori, par des articles, interviews, que sais-je encore, vous n'auriez probablement pas eu honte de l'afficher. Autrement dit, c'est bel et bien a posteriori, chemin faisant, que vous avez trouvé la valeur instructive que vous ne pensiez pas trouver (au moins à ce niveau-là). Il a fallu pour cela vous faire violence, par le biais de la commande, qui atténue votre responsabilité de choix de lecteur, pour que vous puissiez faire cette "surprenante" découverte.
Une contrainte pour aborder la face cachée de cet ouvrage à laquelle ne peuvent évidemment prévaloir nombre de lecteurs potentiels ici présent.
yG