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punaiz
De Keiji Nakazawa.
Vous avez un monde de cruauté envers ses semblables à explorer, et à découvrir.
Avec une mention spéciale pour la portait du politique (le maire du quartier où vie Gen en début de récit), qui vous récosiliera avec nos politiques Français. -
Simo
J'ai le sentiment d'arriver après la bataille : je viens seulement de m'apercevoir que Judith a écrit cette chronique sur Marjane Satrapi!
Est-ce parce que les chroniques de Judith ne sont pas bien mises en valeur.ou que j'ai manqué de vigilance??
J'ai aimé son coup de gueule de la dernière fois à propos de la démocratie!! et je partage totalement son avis sur l'intérêt de la littérature, du cinéma de la BD, de l'Art en général pour vraiment comprendre au sens plein du terme des vies, des histoires, des pays...
Et cela fait des jours et des jours que je me disais que Judith Bernard se faisait rare et que décidément elle me manque...
Je regarde tous les jours si je n'ai pas raté le dernier Dans le texte.
En lisant sa chronique, je me dis que je vais (ce que ne trouve jamais le temps de faire) aller sur le forum pour dire combien je suis d'accord et combien j'aime ce qui est dit.
Or j'arrive décidément après la bataille parce qu'en navigant sur le site, je tombe sur l'article de Daniel S qui s'interroge sur les raisons de la faible audience de Dans le texte. Et je lis que si on n'a plus cette superbe émission c'est parce qu'il n'y a pas assez d'asinautes qui la regardent...
Il faut que dans le texte continue; j'ai lu et apprécié une bonne partie des textes dont il a été question; aucune autre émission de cette sorte n'existe. D'accord pour qu'elle se diversifie mais qu'elle ne soit pas qu'un reflet de l'actualité, qu'elle reste le lieu où l'on peut vraiment entendre un écrivain!
Je regrette de n'être pas plus souvent intervenue sur le forum pour soutenir l'œuvre de Judith Bernard!
Je prends le temps de regarder l'émission malgré ma connexion plus que défaillante, mais je ne prends pas le temps d'intervenir sur le forum ...
Bref, je fais le voeu que l'émission continue! -
Juléjim
Mieux vaut tard que jamais !
Si vous passez (encore) par là, c'est ici. -
JYC
J'ai été assez étonné, lorsque pour la première fois, jai lu sous la plume de M. Schneidermann que l'émission littéraire de asi était relativement peu regardée, et je le suis une nouvelle fois, relisant la même information sous la vôtre, Mme Bernard. Et cet étonnement renouvelé, doublé d'un sentiment d'injustice, est la raison pour laquelle je veux vous faire part aujourd'hui de mon propre ressenti : si mon goût pour la première émission d'asi m'a conduit à m'abonner au site, à présent, Dans le texte est l'émission que je regarde avec le plus de plaisir et que j'attends avec le plus d'impatience entre deux numéros, alors même qu'aucune émission littéraire jusqu'ici ne m'avait assez séduit pour que je prenne le temps de la regarder. Je trouvais "Apostrophe" élitiste, "le Bateau livre" m'apparaissait vain et pompeux... Mais votre émission a le pouvoir, grâce à votre talent, votre rigueur et votre volonté d'aller au fond des choses, de me captiver pendant tout l'espace de sa diffusion. A ce point que j'en viens à m'intéresser à la littérature contemporaine, moi qui auparavant ne lui portais que très peu d'intérêt, plus enclin à choisir pour mes lectures des ouvrages de littérature dite "classique". Merci donc de m'y avoir amené, tant il est vrai que l'on doit se montrer reconnaissant envers qui vous amène là où vous ne deviez pas aller. C'est une émission que par ailleurs je préfère largement à sa consoeur "La Ligne Jaune" : avec cette dernière, je ne trouve pas mon compte. Les babillages de non spécialistes sur des thèmes issus de l'actualité pour lesquels on n'a aucun recul me rebutent, et je trouve qu'il ne ressort rien des débats qui y sont menés. Je n'y apprends rien, si ce n'est quel est l'avis de chaque contributeur (mais que m'apporte de savoir qu'un tel ou un autre a tel avis ou un autre ?). Ainsi, après cet éloge qui me semblait important à faire, puis ce blâme dont il me faut m'excuser, je veux vous assurer que j'attends avec moult trépignements votre prochaine émission. -
Bruanne
C'est étrange, je ne garde pas du tout la même impression sur ce film, vu il y a quelques années.
Le recours graphique aux marionnettes m'avait paru véritablement intéressant, du point du vue de la narration, mais le personnage de l'héroïne n'avait suscité en moi absolument aucune sympathie. Mes souvenirs ne sont pas précis, mais elle m'avait laissé l'impression d'une pauvre petite fille riche, une sorte de gauche-caviar ( tiens, ça fait longtemps qu'on ne dit plus ça !) insupportablement insolente et snob, qui surjoue le "on a tout perdu mais on reste digne face à l'adversité".
Bref, à me choisir une sœur de film, ce n'est pas elle que j'aurais choisie en tout cas !
Je suis bien consciente que tout cela est trop vague pour que je défende plus ma position, mais comme le film ne m'avait pas laissé un bon souvenir, je ne vais pas le revoir !
Et je m'étais dit à l'époque que son succès venait peut-être en partie du fait que de nombreux Européens ne comprenant rien à l'actualité de cette région se trouvaient fort satisfaits de trouver une explication accessible sans se (re)plonger dans des livres d'histoire/géo/politique/religion/économie ... un dessin animé et hop ça y est j'ai tout compris et je sais qui sont les gentils et les méchants ! -
Juléjim
Il y a ceux qui parlent sans savoir et ceux qui savent de quoi ils parlent. La sociologue franco-iranienne Azadeh Kian, prof de science politique à Paris VIII, chercheuse au CNRS, appartient à la 2e catégorie. Elle vient d'accorder un entretien au magazine télérama, publié dans le n° de cette semaine, pas encore en ligne sur le site (*).
En trois questions/réponses, voici déjà de quoi méditer :
"Q : En 2005, Ahmadinejad avait été élu triomphalement. Le 12 juin 2009, il n' a été réélu que grâce à une fraude massive. Pourquoi un tel rejet du régime ?
R : Parce qu'il a été incapable de tenir ses promesses ! Ahmadinejad s'était fait élire sur un programme social, destiné à améliorer les conditions de vie des laissés-pou-compte, voire des classes moyennes. Beaucoup avaient voté pour lui dans l'espoir de meilleures conditions de vie et de créations d'emplois pour leurs enfants, qui sont de plus en plus diplômés !
Q : Ce niveau d'éducation est une réussite de la révolution non ?
R : Indéniablement. L'éducation faisait partie des revendications des révolutionnaires de 1979. Khomeyni disait que tous les maux sociaux venaient des villes, que les villageois ne devaient plus avoir besoin de migrer à la périphérie des villes pour trouver l'électricité, l'eau potable, le dispensaire et, bien entendu, l'école. Le régime a donné tout ça aux villages. Le taux d'alphabétisation est passé de 47% à 90%, avec très peu d'écart entre les villes et les villages, et entre les filles et les garçons.
Q : L'économie suffirait-elle à expliquer la contestation actuelle ?
R : Non, bien sûr. La vraie raison c'est l'archaïsme du pouvoir. Comment voulez-vous que des jeunes gens instruits, respectés par leurs parents, acceptent qu'un guide leur dicte leur comportement individuel et collectif ? Il y a un décalage insupportable entre la famille, comme base de la société iranienne, et la structure du pouvoir. Le paradoxe, c'est que le régime a largement contribué à ces changements, en alphabétisant massivement les iraniens, et qu'il ne veut pas en assumer les conséquences !"
(*) L'intégralité de l'itw dès la mise en ligne sur telerama.fr. -
Peerline
On a pas de pétrole... mais on a des vaccins... dépêche AFP. L'article du Figaro ne cite pas l'Iran, on ne va pas froisser le lecteur quand même. Plus suprenant est la date de livraison des vaccins, le 7 décembre... ça fait un mois déjà qu'on en vend, et on ne l'a appris que très récemment. -
Mike le héros
Ben non, c'est pas ça, pour moi, D@ns le texte...
C'est plutôt vous découvrir, vous, Judith Bernard, à travers une oeuvre littéraire.
Et pis, voir un auteur redécouvrir son oeuvre à travers vous.
Enfin, tenter de me reconnaitre, moi, grâce à tout cela.
C'est un petit bijou d'intersubjectivité, cette émission.
Alors, après, on peut effectivement se demander pourquoi l'@sinaute moyen préfère être informé sur le Honduras, pays à des milliers de kilomètres d'ici et où il a peu de chances de mettre les pieds un jour, plutôt que sur lui-même. -
Mel
Djac, vous critiquez ce choix de France Inter en regrettant qu'il n'y aie jamais de journée spéciale Debussy; ce qui serait peut-être le rôle de France Musique, non ?
Daniel aussi, dans un des derniers 9h15, critique ce choix
Je ne peux me prononcer sur Debussy, puisque je n'ai aucune culture musicale (c'est sans doute d'ailleurs, le problème, j'en conviens)
En revanche, il me semble que l'importance donnée cette année à Camus, correspond à un besoin dans le contexte actuel, de retrouver nos philosophes; un besoin de penser le monde, le rapport entre les hommes, le sens des choses, bref... un besoin de philosophie... pour se désembourber des faux débats qui nous sont imposés comme le dernier en date sur l'identité nationale.
A mon avis, si le cinquantenaire de la mort de Camus était tombé il y a six ans, il n'aurait eu pratiquement aucun retentissement. -
delphes
Je teste demain la chronique de Judith avec mes élèves de BTS. On vient d'étudier Valse avec Bachir et la question de la guerre en images. On va décortiquer, analyser et débattre. Je vous dirai ce qu'ils en pensent...
En tous cas, merci Judith pour cette chronique, tout plein d'arguments, et une vision très intéressante donnée sur les images diffusées par les médias. -
Juléjim
Salut Djac !
Quelques réactions et remarques à propos de vos remarques :
"vous constaterez que Debussy, pourtant un géant de la musique qui a révolutionné l'art musical (plus en profondeur et plus durablement que Shoënberg), est beaucoup, beaucoup, beaucoup moins révéré que les écrivains-intellectuels français (on aura jamais une journée Debussy comme on a une journée Camus sur France Inter, par exemple. C'est fou, non ?"
tsss tsss comparaison n'est pas raison. Debussy versus Camus... je vois pas bien. Vous auriez choisi de comparer un grand scientifique français (voyons, voyons... par exemple... Claude All... nan j'déconne) comme le regretté Paul-Gilles Degennes par exemple, ou Fernand Braudel, la comparaison pourrait être fertile. Il y a quand même eu la disparition de Levy-Strauss qui a fait parler tout de même.
"Mais si chacun ses goûts, alors cela veut dire qu'il y en a d'autres. Et c'est ce qui expliquerait peut-être la moindre audience de d@ns le texte. Pour prendre un exemple que je connais a priori le mieux : mon cas personnel. Bien qu'ayant écouté avec plaisir plusieurs de ces émissions, malgré tout je n'ai eu envie de lire aucun des livres présentés."
Il y a sans doute plusieurs facteurs qui pourraient expliquer la faible réactivité de D@ns le texte sur les abonnés (je préfère cette formulation à "audience" parce que ce n'est que du forum dont on parle n'est-ce pas, pas du nombre d'abonnés qui regardent l'émission ?), celui que vous pointez joue certainement son rôle. Cependant, j'en vois un plus influent que tous les autres, je crois. Le manque de temps que chacun est en mesure d'accorder à l'activité lecture. Car non seulement lire des romans, ou des essais est un choix culturel parmi d'autres, affaire de goût donc, c'est aussi une activité culturelle en concurrence avec d'autres ! Il faut du temps pour lire et lire prend du temps ! Vous vous citez en exemple en nous avouant avec une franchise qui vous honore que vous avez écouté/regardé plusieurs émissions mais lu aucun des livres présentés. Si je reprends mon hypothèse , je peux traduire votre aveu en disant "j'ai pris le temps de regarder les émissions mais pas celui de lire les livres." Maintenant, si je me prends à mon tour en exemple, je peux vous dire que, bien que bénéficiant d'un emploi du temps assez dégagé, en tant que retraité, je considère ne pas avoir le temps de lire tous les livres que je souhaiterais, dans les délais que je peux me fixer, certains projets de lecture sont même abandonnés en cours de route tant l'horizon est bouché de façon durable. Question de temps, toujours le temps ! Alors j'imagine aisément la difficulté pour les actifs (et je ne parle pas des hyperactifs ;-)
"Le second point, pour revenir à d@ns le texte, c'est que, Judith, vous semblez ne privilégier qu'une forme particulière de littérature, de la même façon que plusieurs ici sur ce forum.
C'est-à-dire qu'il semble que la littérature pour vous n'existe que si elle a une facette politique, la littérature semble avoir un devoir d'engagement dans le réel, et le lecteur a donc implicitement l'injonction d'être un décrypteur, un analyste, pour "comprendre" la littérature, au-delà de la simple histoire racontée."
Ça me parait assez juste. Mais aussi très cohérent comme option avec la fonction fondatrice du site qui est le décryptage. Nous passons de "comment le langage médiatique s'y prend-il pour nous informer ou nous désinformer ?" à "comment l'écriture littéraire s'y prend-elle pour nous rendre compte du réel ?" Par contre, ne rendons pas Judith seule responsable des choix faits par D@ns le texte, ça serait injuste, elle n'est pas seule à décider, nous le savons tous désormais.
Pour finir, je voudrais juste évoquer un aspect très technique de l'activité de lecture, qui joue comme une contrainte et rejoint la problématique du temps. Vous savez peut-être que la vitesse moyenne à laquelle nous parlons dans le cas de la conversation est de l'ordre de 10 000 mots prononcés à l'heure. Et les variations d'un individu à l'autre sont réelles mais faibles. Tandis que lorsqu'on lit (silencieusement, pour soi) la vitesse d'exploration de l'écrit varie de 1 à 10. Et nous sommes donc loin d'être égaux devant ce fait attesté depuis longtemps par de nombreuses recherches en lisibilité. Pour dire les choses très vite, nous ne sommes guère plus de 30% à lire (en comprenant correctement) à une vitesse supérieure à celle de la parole. Le médian devant être autour de 15 à 20000 mots/heure. Soit pour un roman moyen comprenant environ 100000 mots, une estimation de temps de lecture moyen de l'ordre de 5 à 6 heures. Il faut déjà les trouver ! ça peut s'étaler sur une petite semaine pour quelqu'un de très occupé mais fan... une heure par ci, une heure par là... Mais vous comprenez bien que tout se complique pour celui qui lit à 7 ou 8000 mots/h, voire encore moins. Sans parler du fait que certains textes, certains styles aussi sont plus rétifs que d'autres etc... Bref, la lecture c'est du temps (de cerveau disponible) et comme il va vous en falloir pour me lire, je m'arrête là.
;-) -
Djac Baweur
Deux remarques que je me fais :
D'abord, Judith, vous donnez là une piste (parmi d'autres) pour comprendre pourquoi tout le milieu intellectuallo-journalistique se saisit de cette question iranienne à grands cris, et laisse dans le même temps totalement tomber le Honduras - question que certains ont beaucoup tenté de poser sur d'autres forums, surpris de ne pas entendre le décryptage @sien habituel sur cet absence quasi-totale de commentaires sur ce qui est pourtant un putsch violent et supprimant toute opposition (c'est aussi assez vrai pour la Birmanie, pour la Chine (à part un peu à l'occasion les jeux olympiques), pour l'Arabie Saoudite...)
C'est donc qu'il n'y a pas de "Pékinpolis", ou de "Tegucigalpa-polis", avec lequel s'identifier et s'émouvoir. Et ça pose un problème.
D'une part parce que, certains l'ont fait remarqué, une œuvre, aussi touchante soit-elle, reste hautement subjective et à remettre en contexte ; il faudrait par exemple, replacer Marjane Satrapi dans l'éventail intellectuel iranien. Imaginons qu'un étranger ne se base que sur les écrits de BHL pour se faire une idée de ce qui se passe en France - en tant que français, on aurait comme légitime réflexe de s'écrier "holà, holà, y'a pas que BHL, hein, oulàààà, attendez voir qu'on vous explique".
Et d'autre part parce que le même milieu intellectuallo-journalistique en vient en effet souvent à vilipender le "peuple" parce que coupable de se laisser aller à l'émotion plutôt qu'à la réflexion... Alors, du coup, quoi : y'a des émotions qui valent plus que d'autres ? C'est possible, mais ça veut tout de même dire qu'on ne peut pas faire le distingo au niveau du principe même consistant à agir ou réagir sous le coup de l'émotion, me semble-t-il.
Le second point, pour revenir à d@ns le texte, c'est que, Judith, vous semblez ne privilégier qu'une forme particulière de littérature, de la même façon que plusieurs ici sur ce forum.
C'est-à-dire qu'il semble que la littérature pour vous n'existe que si elle a une facette politique, la littérature semble avoir un devoir d'engagement dans le réel, et le lecteur a donc implicitement l'injonction d'être un décrypteur, un analyste, pour "comprendre" la littérature, au-delà de la simple histoire racontée.
Pour caricaturer vilainement, on se dit qu'il faut lire de cette manière : "haa, page 46, le personnage principal se cure le nez en regardant un coucher de soleil, c'est que donc ça dit philosophiquement ceci et cela, ça rejoint Lacan et Deleuze à la fois, rhaa là là, qu'est-ce que c'est fort !". (oui, bon, j'avais prévenu, hein :o)
Ce n'est pas du tout une accusation, c'est bien évidemment tout à fait recevable d'attendre de la littérature une résonance politique - chacun ses goûts.
La figure de l'écrivain-philosophe-politique est presque une sorte de mythologie en France, comme summum de vie intellectuelle. On le voit bien, par exemple, à l'occasion des commentaires sur Camus actuellement. Et on voit en effet, comme d'autres l'ont noté, que plusieurs invités de d@ns le texte ne sont pas des écrivains, au sens littéraire du mot - il y a donc bien une ligne conductrice.
Mais si chacun ses goûts, alors cela veut dire qu'il y en a d'autres. Et c'est ce qui expliquerait peut-être la moindre audience de d@ns le texte. Pour prendre un exemple que je connais a priori le mieux : mon cas personnel. Bien qu'ayant écouté avec plaisir plusieurs de ces émissions, malgré tout je n'ai eu envie de lire aucun des livres présentés (aïe aïe aïe - c'est vilain, je sais).
D'abord parce que les univers exprimés de m'ont pas attirés, mais aussi à cause de cette sorte d'injonction à devoir lire de la littérature avec une grille analytique et politique. Et même pire que ça, certains vont hurler, je n'ai pas lu Persepolis, et en fait ça ne me dit pas plus que ça : même si, en tant que bande dessinée, je ne doute pas de la qualité du travail, cette espèce de manchette "comprendre l'Iran de l'intérieur - vous allez être ému et révolté", finit par me rebuter un peu.
Si je veux comprendre l'Iran, je me lancerais bien plus volontiers sur des sites d'information, ou dans le Monde Diplomatique.
Il se trouve que je suis musicien. Pourquoi je dis ça ?
Parce que, quant il s'agit d'une symphonie de Bhrams, d'une fugue de Bach, d'un quatuor de Bartok, ben là, la résonance politique, hein, voyez, tout de suite ?
Une note ne signifie rien, un accord, un arpège, non plus, une mélodie, pas davantage. Certaines figures musicales peuvent, à la rigueur, être, ou ont été, symboliquement associées à des affects, mais enfin, à l'audition ce ne sont bien plus que des notes qu'on entend - un discours, une rhétorique abstraite, belle en elle-même.
Et vous constaterez que Debussy, pourtant un géant de la musique qui a révolutionné l'art musical (plus en profondeur et plus durablement que Shoënberg), est beaucoup, beaucoup, beaucoup moins révéré que les écrivains-intellectuels français (on aura jamais une journée Debussy comme on a une journée Camus sur France Inter, par exemple. C'est fou, non ?).
C'est qu'en effet, l'art envisagé d'un point de vus similaire à la musique, c'est-à-dire jouissance d'un objet aux relations complexes et "voyage" imaginaire et émotionnel (je sais pas bien comment le dire autrement), est très dévalorisé en France par rapport à l'exercice de l'art "engagé" avec résonances politiques (qui est, certes, émotionnel aussi, mais dans une autre perspective).
Tout ça pour dire que, à mon sens, d@ns le texte est une excellente émission pour qui aime cette seconde manière d'envisager l'art et la littérature en particulier ; mais restent peut-être au bord du chemin d'autres qui privilégient instinctivement plutôt la première, d'où, peut-être, cette moindre affluence.
Alors ? Vous ne pouvez pas vous forcer, évidemment, à faire autre chose que ce que vous aimez, ou que vous savez (bien) faire. Peut-être accueillir un autre chroniqueur, de temps à autres, pour faire découvrir un livre d'un autre style ?
(oulàlààààà, c'est looooong !) -
Nonosse
Cet éloge du story-telling me laisse très circonspect.
Ne peut-on donc construire (et transmettre) une connaissance ou une information qu'en la transformant en récit ?
Le systématisme risque d'épuiser la ficelle pédagogique (qui n'en est qu'une parmi d'autres) ; elle s'y caraicature elle-même. Surtout, on assiste insensibilement à la dissolution du fait dans ce qui le figure.
C'est exactement comme ça que fonctionnent les discours de Sarko. Et c'est comme cela qu'ils sont caricaturés. -
Gavroche
Aux deux que je ne connais pas, mel, et mvieja, deux nouveaux (nouvelles ?) merci.
Et aussi à Juléjim. J'lui ai déjà dit à çui-là, qu'avec un nom pareil, on serait forcément copains... :-))
Je trouve aussi que c'est parfois mieux sans lunettes ...
Une manif pour le maintien de Dans le Texte, malgré l'audimat qui ne suit pas... ! -
mvieja
"Apatée"par certains extraits de votre émission( Hazan, ce formidable et humble" Passeur" de textes soit méconnus, soit oubliés),la frustration était trop grande : il me fallait tout entendre ! Me voilà abonnée !
Quelle chance ,quelle re-trouvaille... ce temps, cet espace, cette respiration laissés aux Auteurs - Vous les aimez de gourmandise! - Vous(Elles,Eux) nous faites un Présent,délectable,de Pensée complexe et subtile ( je viens d'écouter Régis Debray). Naulleau a raison; -le voilà démasqué, c'est un tendre-:Tant mieux si je ne peux tout "saisir",si cela se dérobe ! c'est me respecter,puisque cela suppose que, ne sachant rien, ou si peu, on me fait l'honneur de me penser apte à "tendre vers...", vers "autre chose"que je ne connais pas, pas encore, mais peut-etre un jour ....et donc qui m'ouvre, et me réhausse...
Voilà ce qui est signe d'un désir-transmetteur ...passation à des individus, qui, un jour, peut-etre, re-feront Peuple-souverain ...
Tout le contraire du magma (volontairement) abrutissant que l'on nous sert, qui nous rabaisse,car nous méprise ...(ce qui est le populisme, bel et bien initié par certains gouvernants): la facilité ne nous grandit pas .[ j'ai largué la télé,mais restent les journaux"à la solde de" =) merci à tous de ce regard critique ]
Les mots, et leur poids :"Le manifeste pour les produits de Haute Nécessité"de Glissant,Chamoiseau...m'avait consolée- ce qui n'est pas anesthésiée-et, permis d'espérer, de chercher, de réfléchir.J'ai aimé Chamoiseau et sa langue re-créée,si vivante...[ pourriez-vous inviter d'autres auteurs de la francophonie :Liban...]Les mots anciens,parfois déviés, réinventés y reprennent sens et vigueur ...porteurs d'une double-culture, ils sont conteurs du même et d'un ailleurs...
La Culture comme lieu de Résistance !
La force inouie des poèmes de Mahmoud Darwich,le rire de résistance des films d'Elia Souleiman : la Force du Faible, dans les deux cas...
Ce qui ne nous empêche pas de plonger dans les textes de Amira Hass,ou de Gedeon Levy édités par Hazan ...
L'un n'interdit pas l'autre...Chacun fait sa part, la "part du Colibri". -
Aspasie G.
Le film est excellent mais il reflète surtout la vie de la bourgeoisie urbaine et cultivée, pas celle de l' Iran d' en bas moins éclairé et farsiphone. -
pompastel
L'art pour l'art, j'ai assez de la nature et de mes occasionnelles ivresses pour m'en apporter un parfait succédané.
Là, je suis en désaccord avec vous (enfin, par rapport à l'idée, hein, pas par rapport à ce qui est vrai pour vous ! Précision inutile...) : je connais des personnes qui perçoivent la réalité - qui leur est pourtant quotidienne - autrement après avoir vu une peinture ou une photo "artistique" de celle-ci (banal escalier, alignement d'arbres ou de prés selon un angle attirant l'attention sur un détail de point de vue, drapé de nappes ...). -
Mel
"l'art est engagé, il ne peut y échapper" ?
Il me semble que l'art engagé a été une des tentatives du XXème siècle qui me semble avoir reculé :
"engagé" ça veut dire discursif... et qui cherche à convaincre. Je crois que l'art s'est détourné de ce qu'il ne pouvait pas faire: ce serait comme demander à un poisson de traverser le désert... ou alors faut qu'il triche et alors, il perd son statut d'œuvre d'art, justement.
du coup, l'art est devenu "subjectif" ; en fait il n'est pas devenu, il l'a toujours été mais il a assumé et travaillé la subjectivité qui est lui est intrinsèque. -
Mel
euh... ben... coucou... puis-je me permettre ?
Euh, non je ne connais pas grand monde parmi vous... Je suis venue sans mot de passe, c'est grave ?
j'essaie de suivre pourtant, j'essaie je vous jure... C'est un peu comme arriver avec trois quart d'heure de retard, en plein dans un débat de Polack (vous vous souvenez? c'était du temps où on avait encore le droit dans cette démocratie qui fut la notre de ne pas être tous d'accord, et de se le dire... ) et ouais c'était pas facile et pas toujours bien propre, parfois éclairant sur les termes du débat, parfois pas...
Donc j'ai retenu quelques trucs hein... YannickG serait une sorte de défenseuse officielle de Judith... y a parmi nous de séduisantes québécoises avec qui il est passionnant d'échanger... comment ça, c'est pas ce qui était à retenir ?
bon bon...
comme souvent dans les débats... j'écoute ou ici je lis (j'essaie...) et ça me laisse une sorte de malaise...
- De quoi voulait-on parler, au départ ?
- A-t-on réussi à dégager sinon quelques éléments de réponses, au moins quelques bribes d'analyses à ce qui nous posait question?
- Pourquoi ce qu'on ne dit pas, (Yannick l'explique à un moment) serait-il automatiquement classé dans ce que l'on ne pense pas ?
Dire, c'est d'abord faire un choix, et je reprends un exemple déjà traité, ce n'est pas parce que Judith ne parle pas des USA qu'elle ignore tout des relations entre les USA et l'iran (mais ça vaut aussi, sans doute, pour le débat entre vous... )
Il me semble que certaines questions posées par la chronique de Judith étaient intéressantes à reprendre, ou en tout cas j'y ai trouvé des questions qui m'intéressaient moi :
- Que nous apporte la subjectivité dans un discours ? Pourquoi en avons-nous besoin?
- Que sont les "arts narratifs" expression que je découvre dans la chronique de Judith, et que j'ignorais jusque là (est-ce inculture de ma part, ou est-ce Judith une de vos formulations personnelles?) J'ai trouvé cette expression très intéressante pour éclairer son propos. Quelles sont les spécificités de ces arts?
- Une œuvre d'art peut-elle être malhonnête ? (ça c'est dans vos débats, et ça complète... ) et j'ai lu une réponse qui disait : "évidemment que oui" (je crois que c'était encore Yannick) je sélectionne un peu parce que je dois lire en diagonale pour vous rattraper (lecture donc parcellaire et tout à fait subjective, mais pardon, j'ai aussi une vie dans la vraie vie, et je ne sais pas comment vous faites... (et donc, je suis le débat en m'accrochant aux basques de Yannick parce qu'en général, elle,il? écrit ce que j'écrirais si j'avais le temps... )
Et bien là, justement la réponse me semblait un peu rapide : il ne me semble pas (mais je ne suis pas sure hein... ne me jetez pas des pierres tout de suite : il ne me semble pas qu'une œuvre d'art puisse être malhonnête, elle a peut-être dans ce cas, chercher à être œuvre d'art ou s'est dissimulée pour nous le faire croire, mais elle y a échoué lamentablement: elle peut être subjective, engagée, provocatrice _espérons-le_ , absurde, mais malhonnête je ne crois pas... -
Gavroche
Parler de littérature et de son rapport au monde...
C'est exactement ça. La littérature, et l'art en général dessinent notre rapport au monde.
"Il faut de temps en temps nous reposer de nous-mêmes, en nous regardant de haut, avec le lointain de l'art, pour rire, pour pleurer sur nous ; il faut que nous découvrions le héros et aussi le fou que cache notre passion de la connaissance; il faut, de-ci de-là, nous réjouir de notre folie pour pouvoir rester joyeux de notre sagesse. Et c'est précisément parce que nous sommes au fond des hommes lourds et sérieux, et plutôt encore des poids que des hommes, que rien ne nous fait autant de bien que l'art pétulant, flottant, dansant, moqueur, enfantin et bienheureux pour ne pas perdre cette liberté qui nous place au-dessus des choses ..."
Nietzsche, Gai savoir