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Al Ceste
Les Libyens qui n’en peuvent plus de Kadhafi se battent avec l’énergie du désespoir, et des moyens bien inférieurs à ceux du clan au pouvoir. Désespoir car ils savent qu’en cas d’échec ils n’auront que la barbarie sans limites du Guide et les larmes de crocodiles du camp occidental. Certes, une intervention directe serait contre-productive, on l’a vu en Irak. Mais une aide indirecte ? On a bien armé le fou sanguinaire (en sachant son état) et on ne pourrait pas armer ceux qui veulent s’en libérer ?
Le temps passe, et quelque chose me dit que ça va faire comme en Côte d’Ivoire, que Kadhafi l’insubmersible va faire son Gbagbo. S’il arrive à écraser son peuple, combien de temps mettra-t-il à redevenir fréquentable ?
Quant à Chavez… Son anti-américanisme rabique le fait appuyer un salaud qui martyrise son peuple, lui qui n’a pas assez de mots ronflants pour dire qu’il défend la veuve et l’orphelin chez lui. Bah, il n’est nui le premier ni le dernier à faire sa realpolitik. -
LPR
Je n'arrete pas de penser a cette conclusion
"pourquoi on ne se casse pas plutôt la tête et les plumes à chercher le moyen de leur faire passer des gilets pare-balles?"
Et oui, je me pose beaucoup la question egalement devant la violence et la douleur de ce peuple.
Mais plus je vois la situation evoluer, plus je pense que ca serait une tres mauvaise idee : Serions-nous, francais les seuls a avoir eu la legitimite, un jour d'estre assez evolues pour renverser seul le pouvoir qui nous opprimait... Il y a trois siecles ?
Les peuples des autres pays n'ont-ils pas cette legitimite ? ne sont-ils pas assez evolues pour etre capable de creer leur destinee et de se prendre en main ?
Sans parler de la colonisation, et donc ne pas parler de culpabilisation par rapport a notre passe, regardons aujourd'hui et c'est presque pire : il faut bien comprendre que depuis la decolonisation, pratiquement tous les changements de regimes se sont fait avec l'aide de puissances etrangeres, et pas seulement pendant la guerre froide, et tres souvent avec l"aide" de la France : Ou donc retrouvons nous dans ces cas la toutes ces belles valeurs de libertes et de droits dont nous nous illusionnons encore etre representees par la France ?
C'est bien, a mon avis, a chaque peuple de pouvoir avoir non seulement le droit, mais bien la liberte de renverser ses dictateurs.
Seul !
Il n'y a qu'a observer la fantastique strategie internationale francaise : incapable de comprendre et reagir avec la Tunisie et L'Egypte, la Libye commence sa liberation, et pendant quelques jours, aucune reaction francaise. Puis, seulement au moment ou Kadhafi est en veritable difficulte, que des villes importantes sont tombees et que Sarko et consort pensent qu'il va se passer la meme chose que dans les autres pays, a savoir la chute rapide du dictateur, on a droit a un message officiel : "Kadhafi doit partir". Mais c'est uniquement parce qu'ils veulent essayer d'etre les premiers a etre reconnus comme "amis" par le prochain pouvoir en place en Libye * Faut dire que y quand meme plein de petrole *
Et Kadhafi ne tombe pas aussi vite que prevu, alors tout le monde panique. Et ils paniquent d'autant plus qu'ils ont peur que cela donne le temps a Kadhafi de sortir au grand jour tous les contrats et autres cadeaux amicaux passes entre la Libye et les pays occidentaux pendant ces 40 dernieres annees.
Le vrai courage serait de parler des regimes ou la contestation monte, mais ou le pouvoir conteste par le peuple est toujours en place, et rappeler a ces pouvoirs ce que sont ces notions de Droits de l'Homme et les "forcer" a les suivre tout comme ils "forcent" Kadhafi a lache le pouvoir.
Mais bon ....
Courage .... S'il y a bien au mot qui a disparu de la vie politique francaise depuis 4 ans, c'est bien celui la -
claude Martin
Attention, Libyen et non lybien (même si c'est joli) à la fin de l'article. -
yann astuce chébran
Nous n'avons pas le goût de la Liberté. Nous l'avons troqué pour la sécurité. Pas seulement celle des biens et des personnes, celle qui s'est insinuée dans nos esprits. -
ceci n'est pas un pseudo
L'intelligentsia ne manque-t-elle pas d'ailes ?
ce ne serait pas la révolution qui manque d'air ?
toutenbateau -
Robert·
ces "événements lointains"
ces "photos qui nous parviennent d'Orient"
"où l'occidental manque d'ailes..."
Ces expressions sont les derniers relents du "paternalisme rance" que vous dénoncez.
Alors oui, soyons écoliers et apprenons déjà que le Maroc est à l'ouest de la France, que l'Algérie, la Tunisie et la Lybie sont à moins de deux heures de Paris, que ces pays ne font même pas partie du Proche Orient.
Cela nous aidera à comprendre un peu mieux qu'ils ne sont pas plus une Afrique du Nord qu'une Europe du Sud.
Ils n'attendent plus de leçons de personne et apparemment n'ont pas non plus l'intention d'en donner. Ils font preuve (voir les frontières egyto-lybienne et tuniso-lybienne) d'un grande solidarité mutuelle mais n'appellent à aucun soulèvement international. Nous allons vivre maintenant
à coté et avec eux.
Ce sera bien! -
folivier
Bravo et merci Judith pour cette chronique. -
Yanne
Je qualifierais votre texte de fécond, dans la mesure où il amène beaucoup de réflexion.
Mais je passerais des plombes à le réexaminer dans sa grande partie et à le critiquer.
Parce que je ne suis pas du tout d'accord avec vous. Ce qu'en dit Badiou, de cette révolution, c'est des conneries.
C'est un très bon philosophe, certes, et c'est un plaisir de lire ses merveilleuses envolées, et même ses analyses ne manquent pas de pertinence parfois. Mais c'est un vieux stalinien. Comme Béhachelle, il n'a pas remarqué que le mur de Berlin s'est écroulé. Pour lui, le pouvoir ne peut être qu'économique. Il continue à prôner le communisme comme si 80 millions de morts, ce n'était pas assez. Une erreur..... Bête à pleurer. Il est vieux et confit dans ses certitudes. Combien de fois il vous a fait faux bond ?
Pour moi, il y a un théorème de base, c'est que ce n'est pas parce qu'une analyse est satisfaisante intellectuellement, c'est-à-dire qu'elle est merveilleusement cohérente et harmonieuse, qu'elle est vraie. Oh que c'est beau, mon cerveau en chavire. Vous tombez trop facilement dans ce genre de panneau, Judith. Il y a le filtre de la réalité à appliquer à toute reflexion.
Je viens du courant pro-zapatiste, et effectivement, j'en suis fière, parce que les Mexicains m'ont appris quelque chose. Beaucoup de choses. Mais pas plus que les militants anarchistes ou altermondialistes que j'ai côtoyés à l'époque. Tout est dans le lien qu'on noue avec les autres, ce qu'on peut leur apporter, et ce qu'ils peuvent nous apporter.
Attendre de gens qui sortent à peine de la dictature et qui ne se sont pas construits politiquement, qu'ils nous enseignent quelque chose à nous, vieux débris de vieux régimes démocratiques, je ne pense pas qu'il faille trop y compter. Nous attendons trop de l'extérieur, c'est à nous, avec eux peut-être, mais à nous, d'affronter nos problèmes et de construire quelque chose de nouveau.
Cette idée qu'ils doivent nous apprendre à nous est lyrique, et très agréable philosophiquement.
Mais c'est un leurre. Ils sont tout juste en train de s'extirper de la dictature, ne mettons pas sur leurs épaules quelque chose qu'ils ne seront pas en mesure d'assumer sans que ça ne fausse leur combat qui doit être mené avec rigueur et détermination vers la disparition de la dictature. Il y a tant d'embuches sur leur chemin, tant de luttes à mener, avant d'atteindre ce qui ne sera guère plus que ce que des siècles de luttes ont permis aux dominés d'arracher aux dominants en occident, c'est-à-dire la démocratie. Et s'ils obtiennent plus, il sera toujours temps d'en apprendre d'eux.
Leur horizon, c'est la démocratie suédoise. Elle existe, elle est solide, elle sert de premier jalon sur leur route. Nous, nous n'avons pas d'horizon, parce que nous savons que la démocratie suédoise a quand même fait accuser, sans doute faussement, Julien Assange, et sans doute pour des raisons qui ont à voir avec le leadership américain allié en grande partie au prédateur capitaliste, même s'il a ses propres enjeux.
Nous, nous n'avons pas d'horizon, nous avons seulement devant nous une route sinueuse, et il faudra bien qu'on se décide à la parcourir, à travers quelque chose qui est une vraie réflexion de nature politique. Nous allons nous tromper, nous engueuler, mais il faudra bien trouver un horizon avant que le système de prédation ne nous élimine en tant qu'êtres humains, collectivement et individuellement.
Mais aujourd'hui, c'est encore une mince ligne au loin, à peine en pointillé. Hannah Arendt, Emmanuel Todd, peuvent nous aider à penser cet avenir qui a du mal à se dessiner. Pas les vieilles lunes du marxisme. Elles sont à intégrer dans un rapport au politique plus vaste qui expliquerait vraiment pourquoi elles ont échoué. Pas à cause des méchants, mais parce que l'explication économique, ça ne rendait pas compte de la réalité dans son ensemble.
Alors, cessons de regarder en arrière.
Transformation en statue de sel garantie. -
shantidas
Des gilets pare balle ? Plutôt une interdiction de voler à l'encontre de l'aviation militaire de K. ; puis, si K. résiste trop "bien" à l'insurrectionj en tuant "trop" de libyens, une intervention armée [modalités à préciser] de l'OTAN.
Badiou et les peuples arabes en révolte. On nage dans le romantisme brouillon révolutionnaire.
Un peuple peut renverser un tyran, un peuple ne peut pas se passer d'Etat.
Les peuples tunisiens, égyptiens et sans doute libyens ont renversé leurs autocrates.
Bien, très bien.
Mais, maintenant, ces foules héroïques doivent se transformer en citoyens. Un homme, une voix : tel est le peuple des citoyens constituant.
Et c'est le régime démocratique - le plus détestable de tous les régimes politiques, à l'exception de tous les autres, qui sera seul à même de concilier, ainsi que cela se passe cahin caha en Occident, l'affirmation des libertés individuelles et la discipline collective consentie au travers d'un Etat de droit. -
observer43
Intervenir militairement en Libye? Bien sûr que non! ça ne servirait qu'à rajouter encore à la détresse du peuple libyen et des travailleurs résidents. Ceux qui ont les moyens, expatriés et autres profiteurs, se dépêchent de fuir... Les autres n'ont pas le choix: ils seraient sous les bombes. Bien sûr que le colonel est un dictateur qu'il faut empêcher de nuire davantage, mais on voit bien que quand il s'agit d'un adversaire de la France ou des Etats-Unis d'Amérique, il y a deux poids et deux mesures: on aurait voulu autant de célérité et d'acharnement pour arrêter les gouvernements successifs qui ont assassiné et persécuté le peuple palestinien, notamment celui de Gaza. Bon, il n'y a pas de pétrole à Gaza, enfin si, dans leurs eaux territoriales, mais ça, c'est une autre histoire... à suivre. -
asinus erectus
Alain Touraine : "Notre rôle est de peser par l’analyse sur les événements pour renforcer ceux qui portent en eux l’avenir des libérations et de la démocratie".
Michel Audiard : "Un intellectuel assis va moins loin qu’un con qui marche." -
Christophe Dumont
Georges Lautner avait résumé ce concept en une phrase :
"Deux intellectuels assis vont moins loin qu'une brute qui marche"
C'est aussi simple que ça. -
Gavroche
Juste pour dire que tous les intellectuels ne sont pas moisis, finalement. Il en reste malgré tout quelques uns.
La preuve, ce texte magnifique des mis en examen de Tarnac, paru aujourd'hui dans le Monde.
A diffuser partout. -
DanetteOchoc
"nous devons être les écoliers de ces mouvements, et non leur stupides professeurs".
Je ne comprends pas ces propos ni même que vous puissiez y adhérer.
Si donc il vous semble que l'occident est "paternaliste", et que la chose est à vos yeux détestable, pourquoi renverser la proposition ?
Pourquoi célébrer cette posture d'"écolier", qui donnerait à la zone sud de la méditerranée la primeur des expériences seules capable de charrier des espérances politiques ?
Il y a là comme une incohérence logique.
Est-ce le fruit d'une repentance qui suggérerait à l'occident un "chacun son tour" ?
Que la parole circule, qu'elle soit libre, que les influences soient bilatérales et les rapports égalitaires, dans un respect mutuel, oui bien sûr.
Qu'ils suscitent l'admiration, bien sûr.
L'émotion, l'espoir, le lyrisme, la vision, aussi.
Qu'ils nous inspirent, évidemment.
Nous ne deviendrons jamais "partenaires" en continuant à nous excuser du passé, dont par ailleurs nous portons guère la responsabilité.
Ni non plus en cultivant une détestation de soi. -
cécile clozel
Quand c'est vous, Judith, j'attends un peu avant de m'énerver parce que je me doute bien que ce "nous" va bientôt me lâcher les basquettes et laisser la place à un "je" franc du collier et qui a quelque chose à dire, "quelle cruche que je suis", et voilà, pas eu le temps de m'énerver :)
Quand c'est Badiou... hum. Je m'énerve.
J'ai passé l'âge de l'école et du catéchisme (fût-il maoïste, avec ses litanies, ses étincelles et ses plaines enflammées, et tout son tralala), et son "nous", je n'y crois pas, son "nous", désolée mais il sonne étrangement comme un "vous", "vous devez être les écoliers de ce mouvement", vous-autres, bande de stupides... -
Youri Llygotme
Très beau et juste texte! Judith, vous devriez écrire ;-) -
tr4nz1t
pourquoi l'ONU n'intervient pas? -
Rodèche
Bravo Judith pour cet article dans lequel je me suis beaucoup reconnu.
Il est peut être intéressant de noter que sur la même page du Monde où vous avez prélevé l'article de Badiou, on trouvait aussi un article de Roudinesco et un autre de Glucksmann. J'ai bien rigolé en lisant ce suppôt du sarkozysme (je cite: "je vote Nicolas Sarkozy car c'est le candidat des Droits de l'Homme !") prendre le parti des pays arabes. Comme quoi le ridicule ne tue pas. Et qu'on ne me dise pas que tout le monde a droit à l'erreur : quand on s'est aussi lourdement trompé que Glucksmann sur toute la ligne et en particulier sur Sarkozy, il serait convenable de la fermer définitivement au lieu de nous rabâcher les sempiternelles mollasseries des intellectuels bourgeois pétris de suffisance occidentales qui laissent couler sous eux leur vieille fiente.
J'aimerai rajouter que si les intellectuels occidentaux peuvent jouer un rôle, ce n'est pas en prodiguant leur conseils paternalistes aux populations arabes (sur le modèle du fameux "distiller le bon esprit de la démocratie" de BHL à propos de l'Afghanistan), mais bien en s'adressant à leurs élèves, à leur auditoire, dans leurs articles pour dire : "Notre société est moribonde. Si on ne se réveille pas rapidement, on court à la catastrophe". Si nous admirons, tremblons, trépignons face à la situation au Moyen-Orient et au Maghreb, face aux changements dans la société islandaise, face aux grèves qui se multiplient en Chine, ce n'est pas parce que nous voudrions "en être". C'est parce qu'ils font leur révolution (quelle est la nature de cette révolution? Ce mot est-il approprié? Qu'est-ce que cela va donner dans un futur proche? Qu'importe!) et que nous aussi on voudrait bien faire la nôtre. Réaction contre le livre de Stéphane Hessel, Indignez-vous : il y en a assez de s'indigner, on ne fait que ça, à longueur de temps, on en a la nausée d'être perpétuellement indignés par l'état du monde, de la France, de la société. On en a marre d'être indignés : on veut être révoltés !
Si la révolution des pays arabes peut avoir pour effet de nous "révolter" au sens où elle soulèverait en nous un espoir incommensurable de changement, un sentiment qui nous saisirait que "c'est possible de renverser ce que l'on nous disait impossible à renverser", alors elle aura fait bien plus que renverser quelques dictateurs : elle nous permettrait de renverser la dictature du profit et de la médiocrité.
Qu'elle soit ici ou ailleurs, Vive la Révolution ! -
Spacey
Un autre point me fascine vraiment. Comme si chaque peuple attendait son tour pour apprendre des autres, pour bénéficier de l'attention médiatique? Ou inversement, est-ce que ce sont les médias qui en font un grand feuilleton de l'hiver?
wakeview.blogspot.com -
emilie bouyer
On y pense tout le temps,on cherche les infos,on est déchiré par la monstrueuse répression,abasourdis qu'elle ne les fasse pas reculer et fous d'espoir qu'ils y arrivent. Et tout cela est bien au-delà de l'analyse d'intellectuels si pertinents soient-ils ...