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Clémentine
Moi, je déteste les casseurs et pourtant j'ai envie de tout voir péter, si possible dans la gueule des casseurs en premier.
Les casseurs, je leur ressemble beaucoup, et c'est pourquoi je n'ai guère de raison de les admirer. Ils me font penser à de vieux ados qui cassent des verres et jettent des assiettes par ennui et par colère, et laissent ensuite leur mère ramasser.
Les casseurs, ce sont des ratés : des gens qui mettent toute leur énergie à tout rater (facile de mettre beaucoup d'énergie dans un projet qui sert tant la pente naturelle). Quant aux bourges qui admirent les casseurs sans oser casser, je ne sais pas si je les déteste, mais ils me les cassent. -
charlotte
Rien d'autre à rajouter, tu (on est entre collègues) viens d'écrire ce que je pense à 200% depuis 2 ans déjà, alors que je n'ai que 6 ans de métier! Je pense aussi sérieusement à une reconversion qui me fasse me sentir plus en accord avec ce que je pense, dis et fais, même si ce jour-là sera pour moi une véritable déception et un échec, car ce travail était (est?) une véritable vocation auquel je croyais vraiment. Tant pis. -
charlotte
Bravo pour cette sincérité où, d'un côté, vous avouez briser le piquet de grève pour aller faire cours à vos élèves de BTS (vous pensez vraiment que chaque heure où vous auriez fait grève compte dans la balance sur 2 années de travail? Et si vous tombez malade 15 jours? Vous savez très bien que vous ne serez pas remplacée! Vous pensez réellement que ces étudiants vont louper leur exam à cause de 15h en moins de français?) et de l'autre, vous avouez admirer les casseurs qui ne font que discréditer les manifestants, donner le bâton pour se faire battre au gouvernement et aux médias conservateurs, sans aucun geste constructif (qu'on aille casser la bagnole de Sarko ou une bijouterie place Vendôme, à la rigueur. Qu'on brûle une pauvre twingo qui pourrait être la mienne, alors que je suis gréviste et manifestante, l'arrêt de bus qui me permet de ne pas me mouiller qd il pleut ou l'école où je travaille, désolée, je trouve ça stupide et contreproductif).
Exprimer son mécontement, oui, montrer que l'on en a ras-le-bol, bien sûr, mais la fin justifie-t-elle tous les moyens? Tous les moyens sont-ils bons, justement? Je n'ai évidemment pas de réponse, et personne malheureusement je suppose, sinon on en serait pas là après 2 longs mois, mais au moins vous avez le courage d'assumer vos sentiments, ceux d'une certaine schyzophrénie quand même.
Auriez-vous aimé avoir le courage d'aller casser les vitrines au lieu de faire cours? Qu'est ce qui vous en a empêché, votre côté "bon prof, bonne maman qui montre le bon exemple"??
Lâcheté des actes à demi-pardonnée par la non-lâcheté de la pensée? "Oui, j'ai brisé la grève, mais je l'assume, et m'en expliqe pour des raisons de sacrifice pédagogique, ça n'est pas pour moi, c'est pour mes étudiants, qui ne trouveront peut-être pas de job avec leur BTS, because réforme des retraites entre autres, mais qui auront eu leur diplôme grâce à ces fameux cours d'octobre 2010!!" donc faute avouée à demi-pardonnée?
Est-ce une demande d'absolution pour vous déculpabiliser, cet article, Judith? Ah, cette bonne conscience des profs, ça nous tue à petit feu, regardez la réforme des lycées...
Belle chronique néanmoins, toujours aussi bien écrite, je vous pardonnerai presque si je n'étais pas dans le métier. -
yannick G
Pour ceux qui ne sont pas matinaux, écoutez les trois dernières minutes, le diaporama, de l'émission PAS LA PEINE DE CRIER d'aujourd'hui.
Et suivez le conseil donné sur cette antenne.
;) yG -
Winston Smith : misanthrope
on sait désormais ce que légitime la fabrication du casseur
http://rebellyon.info/Temoignages-sur-la-prison.html -
Damien Babet
Merci -
Gavroche
Les casseurs continuent à frapper...
Cette nuit, à 3 h 10, le préfet de Seine et Marne et ses robocops ont investi la raffinerie de Grandpuits. Les salariés ont été "réquisitionnés" pour cause de "défense nationale"...
Quant à la requête en annulation de l'avocat de Julien Coupat, elle a été rejetée par la "justice"...
Quelle justice ? -
icare
très joli morceau de littérature, très touchant, propre à d'identifier sans doute... et cependant bien romantique non ? dire merci aux casseurs, c'est allez un peu loin - personnellement ce qui ne se pense plus, la violence à ce point, cela me fout plutôt la trouille non ? donc les casseurs on ne sait toujours pas, sont-ils des jeunes débordés par leur propre sentiment de révolte, ou sont-ils des envoyés des flics ? de l'UMP ? ou même des jeunes fachos ? alors d'accord, ces derniers temps on comprend mieux que la révolte réponde à la violence sociale par la violence, si on ne l'avait pas encore compris avant, cela devient un sentiment général - voir le téléfilm de Mordillat qui devient un exemple ici, malgré le festival de "bons sentiments". -
Kazoula
Pas de commentaire, mais puisqu'on parle de manipulation(s) :
http://www.facebook.com/video/video.php?v=153941754645608
Et souvenons-nous du 27 février 1933 ! -
Florence Arié
A propos de saboteurs et non de casseurs, j'ai entendu que la cour d'appel de Paris se prononce aujourd'hui sur la demande d'annulation de l'enquête sur Julien Coupat.
(Pardon si les termes juridiques ne sont pas exacts, 1er café en cours.) -
Annie Huet Annie
pour cet article juste, plein d'émotions, de contradictions humaines. Atmosphère, oui atmosphère... Merci. -
Olivier458
Message à caractère technique : allez-y mollo avec la compression (JPEG) des images incluses dans l'article, les artefacts sont vraiment moches, surtout sur du texte. Ça fait très amateur ! Essayez le PNG pour le texte, ou bien moins de compression en JPEG...
PS: Au cas où, une illustration claire du problème en animation : http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/7/72/Jpeg-text-artifacts.gif -
Juléjim
"Quelle est la scène qui vous a le plus marqué ?
Celle où Rudi se rue sur les CRS, une barre de fer à la main. Chez les Contis, nous n’avons jamais eu à affronter directement les CRS. Je crois que d’avoir cassé la sous-préfecture nous a fait respecter. A chaque sortie des Contis, il y avait évidemment des cars de CRS partout, mais ils ont toujours évité le contact. En regardant la scène où les CRS affrontent les ouvriers, où ils leur rentrent dans la gueule et tuent deux d’entre eux, j'ai été pris d'une telle haine intérieure que je ne peux m’empêcher de penser que dans la même situation, moi aussi j'aurais été capable de tuer. C’est un sentiment que je n’ai jamais éprouvé jusqu’ici. Sincèrement. Mais, tout ça est d’une telle injustice. "
Celui qui s'exprime ainsi c'est Xavier Mathieu le gars des Contis, interrogé par télérama à propos du film/série "Des Vivants et des Morts" de G. Mordillat. -
Cultive ton jardin
@ Tom-:
"Je ne jette pas la pierre, mais on ne joue pas impunément le rôle de jaune"
Mwarf! plus hypocrite, tu meurs! -
Eokia
Bravo Judith pour cette chronique !
Il en faut du cran pour osé dire merci "aux casseurs", même en temps de grève !
Je trouve qu'il faut un certain courage ou bien être totalement acculé par la politique actuelle pour oser saisir une pierre et la balancer sur des vitrines de banque ou de boites d'intérim. D'ailleurs, c'est bien pour cela que je n'ai jamais pu me résoudre à prendre moi-même des pavés pour les lancer, j'estime que j'ai encore des choses à perdre, trop peur des conséquences.
Mesdames et messieurs vous déplorez cette violence, vous vous en faites pour vos impôts, vous avez raison ! Sauf que ce sont les assurances qui payent les quelques vitrines. Et quand bien même, ça doit être hyper onéreux par rapport à un aller simple en jet privé ou de luxueux appartements de fonction ou même le fouquet's (quitte à être caricaturale) !
Je vous invite à regarder un très beau documentaire de Fernando E. Solanas qui s'intitule Mémoire d'un saccage et la partie 2 qui décrit les ravages de l'application des plans du F.M.I pour redresser l'Argentine. Vous y verrez des gens pris à la gorge et se révolter avec violence, des jeunes comme des vieux.
Pour l'instant, en France, c'est surtout des jeunes qui sont violents, étonnant, non ?
D'ailleurs, trop drôle, dans la dernière émission d'arrêt sur images, Mr Chauvel nous dit "en tout cas, c'est amusant de voir que c'est au moment de la question des retraites qu'ils sortent dans la rue". Je sais plus s'il faut rire ou pleurer. C'est uniquement maintenant qu'ils se manifestent ?
Je vous rappelle pour mémoire que l'on sait battu contre la loi sur l'égalité des chances (C.N.E, C.P.E, etc..), deux années de suite contre la loi sur l'autonomie des universités, les lycéens ont été en grève contre la réforme du lycée et quand moi j'étais lycéenne, c'était contre la loi Fillon et la réforme LMD que l'on manifestait. Par ailleurs, on peut pas dire que la mobilisation des jeunes sont si exceptionnelle que cela, aujourd'hui. Il y a eu que 11 universités bloquées (dont la mienne), c'est vraiment pas énorme, heureusement que les lycéens sont là !
Donc oui, il y a effectivement plusieurs générations de jeunes qui sortent presque systématiquement dans la rue, mais pas parce qu'on est manipulé mais plutôt parce qu'on ne nourrit plus beaucoup d'espoir pour notre avenir. On n'est conscient que la retraite nous passera sous le nez, mais c'est à priori la seule réforme qui s'attaque à toute la population et qui estompe le corporatisme qui existe dans les autres luttes, donc la seule a pouvoir mettre un joyeux bordel.
J'espère que l'insurrection viendra ( j'avais lu ce livre du comité invisible pendant le mouvement de la L.R.U), c'était agréable comme lecture et ça donne la patate. -
Tom-
"Je ne suis plus au cœur de l’événement, j’en suis l’otage. On attend, c’est long. Le temps est long quand on n’a plus aucun libre arbitre : soulagé du tremblement (avoir à choisir, à chaque instant, entre nos aspirations contradictoires), on découvre une nouvelle entrave: ne plus avoir le choix du tout."
Vous n'êtes plus au coeur de l'évènement dès lors que vous entrez par la petite porte de derrière pour donner votre cours. Votre condition d'otage, vous l'avez choisie. C'est vous qui avez fait en sorte de vous placer dans cette situation. C'est en exerçant votre libre arbitre que vous vous êtes livrée à la prise d'otage. Le piquet de grève devant l'établissement, lui, il n'est pas pris en otage. La Liberté est là. Ca n'est pas la liberté du "je", c'est la puissante, la belle Liberté du "nous".
Pardon pour ma rudesse, je ne jette pas la pierre, mais on ne joue pas impunément le rôle de jaune.
Par chez moi, dans les Ardennes, en assemblée générale de l'intersyndicale (tous les syndicats sans exception) on a voté l'appel à grève reconductible partout. Nous sommes les premiers à l'avoir fait. D'autres suivent.
Samedi, on avait organisé de longue date un loto avec mon association de quartier. On fait ça deux fois dans l'année. 1,5 euro la grille. C'est le seul moyen pour les habitantes (des mères de familles, principalement) d'avoir accès à des marchandises haut de gamme. Tout le monde met au pot commun et c'est le hasard qui décide qui va repartir avec une grande télé écran plat, un lot de viande à aller chercher chez le boucher, etc.
Avec la grève, on n'avait plus accès au matériel communal qui nous est ordinairement prêté. Plus de sono pour annoncer les numéros qui sortent uns à uns du boulier. Au service municipal des animations, on nous a assuré qu'en allant demander au piquet de grève, ils feraient une exception et nous laisseraient passer. Certains grévistes sont d'ailleurs de nos adhérants. On leur a apporté le café, l'autre matin. Bien sûr, de notre côté il n'en était pas question. Pas question de "rentrer par la porte de derrière" ou de "sortir du cortège" parce qu'on a peur de rater la soirée (c'est-à-dire d'y laisser les 1000 euros de notre fond de roulement). On ne s'est même pas posé la question. Ceux d'entre nous qui travaillent ont voté en assemblée générale. On distribue des tracts, on participe aux réunions, aux rassemblements, aux collages, aux blocages de carrefours ou de ronds-points, on attend avec anxiété les délégations aux départs des manifestations, "les lycéens, ils viennent ou pas ?". On s'interroge "alors, on est combien ?" On exulte "voilà ceux d'Electrolux, et ceux de PSA". On ne lit pas le journal pour savoir combien nous sommes : ça, on le sait très bien puisqu'on le constate nous-mêmes. On lit le journal pour se moquer ou s'indigner des appels à baisser les armes, pour se distraire et pour les belles images de cortèges dans lesquels on cherche le visage connu.
On discute énormément et l'information circule de bouche à oreille à une vitesse fulgurante. Ceux qui parlent pour nous dans la presse, comme les éditorialistes ou les journalistes, n'ont plus de légitimité puisque nous parlons nous-mêmes, parce que c'est nous qui informons. "La lutte créé le langage dans lequel se dit le nouvel ordre" (Insurrection qui vient, page 10).
Si vous ne voulez plus être otage, alors décidez d'entrer dans la zone Libre. Avec le nous, pas avec le je. -
Cultive ton jardin
Très émouvant, ton texte, Judith, très vrai. Merci. -
charlie.lapared
Allez, un p'tit coup de Méluche...
http://www.dailymotion.com/video/xfaehl_qu-ils-s-en-aillent-tous-meeting-au_news?start=245#from=embed
Mince, les droits sont "réservés"... (voir le tout 1er commentaire au-dessous de la vidéo) -
Bob l'éponge
>>Les luttes sont faites de ces accommodements : pour durer, il faut bien faire place au réel tout entier, à leur angoisse
[quote=Jean Malaquais, Planète sans visa]-Nous en avons parlé plus d'une fois, Anne-Marie. Il m'a pourtant semblé que tu avais compris. Que deviendrais-tu avec un enfant? Même si je passe au travers des jours à venir, jamais je ne pourrai vous abandonner sans aussitôt me le reprocher. Ma vie-notre vie- est de cette sorte...
-De quelle, de quelle sorte!... -elle tenait la main vivante de Marc et la pressait sur son coeur. Aucune sorte de vie, de mort, de torture, ne m'empêcherait de devenir ta femme!
-Oui. Mais je n'ai que faire d'une "femme", ni toi d'un "mari". C'est comme si on nous proposait de nous établir commerçants. Il n'y a pas de place dans notre existence pour y planter des choux, faire souche, et nous y ancrer. Je veillerai à ce qu'il n'en soit rien. Non pas à cause de quelque principe moral, mais simplement parce que nous ne devons pas. Nous n'en pourrions pas assumer la charge. C'est trop onéreux: en temps, en énergie, en santé. La grossesse, l'allaitement, les langes, les coqueluches, les soucis matériels; t'éloigneraient du mouvement- et de moi. Des années d'illégalité nous attendent, Anne-Marie; des années où chaque jour portera sa menace de mort. Je me suis fait révolutionnaire comme d'autres font voeu de pauvreté; j'ai décidé de consacrer à cela tous les instants de ma vie, et tel je dois continuer. Cette jupe, cette blouse, sont tous tes biens, comme tous les miens sont dans ce que je porte sur moi. Nous n'en aurons pas d'autres. nous sommes incapables, nous nous sommes rendus délibérément incapables d'en avoir d'autres. En un sens, tout bien, même affectif, est une entrave dans l'existence que nous avons choisie. Je suis jeune, on me prédit que je m'assagirai. autant prédire que je me suiciderai. Je ne veux pas "m'assagir"; je ne veux pas à mon tour sombrer dans le cul-de-sac qu'on appelle la famille, où tant de révolutionnaires ont perdu leur âme en échange d'une tétine. Pas de cet assagissement qui est une momification. Si nous n'avions pas à lutter, si nous vivions dans un monde où un Audry ne gémirait pas sur les cendres du passé, ni nous sur celles du présent- ah! combien d'enfants je t'aurai faits. En attendant cet heureux jour, je ne veux pas que nous "gagnions la vie" de nos gosses en perdant la nôtre. si nous devons la perdre, que ce soit debout, la hache à la main, écrasé par l'arbre que nous aurons sapé de notre mieux jusque- tiens, jusque dans ses "racines profondes". Tant que tu ne comprendras pas cela, tant que tu n'en accepteras pas tous les risques, toute l'"inhumanité", nos deux vies fondues en une seule pour quelques instants auront vite fait de rompre leur moule. Te perdre pour forniquer dans le foin, Anne-Marie? Non, pas même si tous mes os craquent à ton toucher.
Le visage dans les mains de Marc, Anne-Marie pleurait. Ils en avaient parlé si souvent, si souvent, mais jamais il n'avait dit ces choses avec cette franchise. -
LPR
>< Le Monde : Selon des informations recueillies auprès de la majorité sénatoriale ce matin puis confirmées en séance au Sénat dans l'après-midi, le gouvernement utilisera la procédure de vote unique (ou vote bloqué) sur la réforme des retraites afin de faire adopter au plus vite le projet de loi. ><
>< Reuters ( ici sur Yahoo news ) Nicolas Sarkozy a justifié jeudi l'emploi de la manière forte pour débloquer les dépôts de carburant, accusant les manifestants qui en barrent les accès de prendre les Français en otage. ><
Lorsque l'on sait que seule la violence engendre la violence, on se demande qui est en train de vraiment detruire le pays
Bien sur que nous aimerions tous que les changements se fassent sans violence, mais lorsque nous sommes face a un gouvernement qui ne sait utiliser que la force et la violence, en contradiction totale avec toutes les valeurs republicaines, cette violence ne peut que s'amplifier et la situation degenerer.